— MAHOUTOKORO
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COME BACK TO ME
12.02.97
Il t'a envoyé tant d'origamis. Tant, tant, tant. Un, deux, trois, par jour, tous les jours, sans s'arrêter, à juste te raconter ses journées. Il te parle, te raconte les choses, et toi, toi, tu lis, Kiyoshi, allongé sur ton lit, la cuisse douloureuse, le cœur au bord des lèvres, l'âme en peine. Et des fois, tu lis, observes les couleurs, et tes yeux se remplissent de larmes, encore, encore, toujours. Et tu pleures, pleures, pleures, sans t'arrêter, sans savoir comment tu vas faire pour te relever.

T'as mal, à la jambe, souvent, et tu détestes cette canne que l'on t'a donné, comme un vieux qu'on devrait tuer. Et t'as mal au cœur, parce que Tetsuya n'est plus là, il n'est plus là, avec toi, et pourtant, pourtant, pourtant, ah, comme tu aimerais le prendre dans tes bras, lui dire que l'aimes, encore, encore, toujours, que tu l'aimerais toujours toujours toujours. Ah, et tu sais, Kiyoshi, Kiyoshi tu veux juste qu'il revienne, qu'il te console comme il l'a fait, quand ta mère est morte, qu'il te prenne dans ses bras, qu'il te dise qu'il est là, qu'il est là pour toujours.

Il t'avait promis, d'être là pour toujours.
Lui et toi, c'était censé être pour toujours.
Et puis, et puis vous vous êtes disputés, éloignés, pour des bêtises, des choses inutiles, pour des trucs sans conséquence, des choses idiotes, parce que c'était si idiot, parce que maintenant, maintenant il est plus là, plus là du tout, et plus jamais, plus jamais tu ne pourras le prendre dans tes bras, entendre son rire, observer son regard, détailler sa silhouette, embrasser ses lèvres. Plus jamais. Et vous n'aviez jamais partagé un vrai baiser. Un vrai baiser, Kiyoshi, plein d'amour et de tendresse, un vrai baiser, sans le besoin intense de se savoir vivant l'un et l'autre, sans le besoin d'être rassuré, sans les larmes qui humidifiaient vos joues, vos lèvres, vos cœurs tout entier. Jamais, Kiyoshi, vous n'aviez partagé un vrai baiser.

Et tu te dis, tu te dis que ça aurait du être toi, à la place de lui. Parce que toi, toi, tu sers à rien. Parce que toi, t'es qu'un boulet accroché à la cheville d'une prof qui n'en a que faire. Parce que toi, t'es celui qui détruit les couples qui s'aiment. Parce que toi, t'es celui à qui on vient dire qu'il sert à rien, qu'il est inutile, qu'il a tout cassé, tout brisé. Ça aurait du être toi, toi, toi, toi, et seulement toi, pas lui. Parce que lui, lui, il méritait pas tout ça.

Et t'as le cœur qui saigne, Kiyoshi, alors que tu grattes cette cuisse, cette cicatrice, horrible, que tu enfonces les ongles dans les chairs jusqu'à ce que ça fasse mal, jusqu'à ce que ça saigne, et peut-être, peut-être que ça te soulage un peu, de voir ce rouge, de temps en temps, colorer ta peau si pâle. T'es en vie. T'es en vie et tu détestes ça. Tu te détestes, tu te hais.

Et de l'autre côté, ah, de l'autre côté, y'a Yume. Yume qui t'envoie tous les jours des petits bouts de papiers, Yume qui fait s'illuminer ce pendentif que tu gardes bien accroché autour de ton cou, Yume qui est ta lumière dans la nuit. Ah, et tu te détestes, tu te détestes encore plus, Kiyoshi, quand tu te dis que tu veux juste disparaître, comme l'égoïste que tu es. Parce que t'as promis à Yume l'éternité.

Pour toujours et à jamais.

hrp : m d r pardon de la pls jtm dis-moi si la date te va pas et je changerai ♥
Yume Ueda
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Citation : But It's Better If You Do
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Yume Ueda
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Come back to meAnd for a while things were cold,
They were scared down in their holes.
The forest that once was green
Was colored black by those killing machines.
But she and her furry friends
Took down the queen bee and her men.—Dirty Paws // Of monsters and men

The forest of talking trees,
They used to sing about the birds and the bees.
The bees had declared a war,
The sky wasn't big enough for them all.
Je n’ai pas cessé de m’inquiéter – pour lui, mais pour tant d’autres aussi : ma mère, mes frères, le reste de ma famille, mes amis. J’essaie de me rassurer, de penser à ceux qui n’ont rien. Qui, je l’espère, ne craignent rien. Je sais que Kiyoshi ne craint rien, qu’il est entre de bonnes mains – avec Uehara, je suis persuadé qu’il est en sécurité. Mais je sais, aussi, qu’il ne va pas bien. Et même si je ne sais toujours pas, exactement, ce qu’il s’est passé, j’ai vu, dans le tramway, combien il avait l’air brisé.

Je n’insiste pas ; Kiyoshi parlera quand il aura besoin de parler. Je ne veux pas réveiller des sujets encore trop difficiles à aborder – à quoi bon risque de le faire se braquer, pleurer, renfermer ? Je veux seulement lui rappeler que je suis là, que je ne l’abandonne pas, que même loin je pense toujours à lui. Je veux lui faire oublier, le temps de quelques mots ; lui faire penser à autre chose, même s’il s’agit de n’importe quoi. Alors je lui parle de tout, de rien, d’un tas de chose qui n’ont surement pas la moindre importance, mais qui me permettent de garder contact.

J’évoque mes rêves, au réveil – seulement les meilleurs et, quand mon sommeil n’a été peuplé que de cauchemar, je lui en invente des plus beaux. Je parle de mes journées – ce que je fais, qui je vois et des anecdotes qui me font sourire. Parfois, je dis n’importe quoi : mes pensées les plus récentes, des trucs auxquels je réfléchis. Je raconte mes lectures et mes jeux.

Je n’obtiens jamais de réponse, mais je n’en attends pas vraiment. C’est comme tenir un journal intime, mais avec lui comme destinataire – il y a un but précis, ce que je trouve un peu moins idiot que d’écrire pour moi-même. Je crois que ça me fait du bien, à moi aussi, de me concentrer sur les bonnes choses et te les envoyer.

J’ai envoyé des messages à notre (ancien) professeur d’astronomie. Beaucoup – trop. Pour m’assurer qu’il va bien, mais aussi pour demander à venir le voir. Kaede devait être lassée, mais elle a accepté et je me suis arrangé pour passer quelques jours là-bas.

Quand j’arrive, c’est le silence qui m’accueille. Je ne m’en offusque pas et, d’ailleurs, je t’ai dit que j’allais venir, mais je ne sais même pas si tu lis tout mes origamis.

« Kiyoshi ? »

Je m’approche, doucement ; heureux d’enfin te voir, mais avec un pincement au cœur de te trouver encore dans cet état. Et je vois cette plaie, encore ensanglantée – tes ongles qui creusent la peau déjà malmenée.

« Eh, Kiyoshi, je suis là, maintenant. »

Et je prends tes mains entre les miennes, faisant fi du sang qui les recouvre.
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COME BACK TO ME
12.02.97
Tu entends ton prénom, là, quelque part derrière toi, et tu relèves la tête, à peine, juste pour dire que tu es vivant, même si t'es roulé sur ta couette. Y'a que ça qui importe, non ? Que tu sois vivant. Mais il s'approche de toi, trop proche, beaucoup trop proche, et toi, toi, toi, tu grattes toujours cette cuisse que tu ne vois que trop bien, cette cicatrice horrible, si laide, qui rend ta peau comme ton âme...

Eh, Kiyoshi, je suis là, maintenant.
Des doigts qui attrapent les tiens.
Et tu relèves la tête.
Tu trouves ce regard que tu ne connais que trop bien.

Yume.

C'est Yume, qui est là, devant toi, qui tient tes mains, qui te regarde, qui t'observe, c'est Yume, qui est là, tout proche de toi. Et tu te redresses, défais ses mains de ton emprise et elles glissent le long de son cou, s'accrochent à sa nuque et ton visage vient se réfugier, là, contre cette peau fine et chaude et tu l'étreins si fort, si fort, si fort. Yume est là, avec toi, il est là. Il est vivant. Il respire, avec toi, juste là. Et même si tu as lu chacun de ses origamis, c'est différent, c'est différent de le voir ici, avec toi, tout proche de toi.

C'est différent, quand tu peux sentir son souffle se perdre dans tes cheveux.
C'est différent, quand tu peux entendre sa respiration proche de ton oreille.
C'est différent, quand tu peux ressentir sa chaleur contre ton corps.
C'est différent, quand tu peux sentir son cœur battre contre le tien.

Écoute, Kiyoshi, il bat, tu le sens, tu l'entends, et ça fait poum poum, poum poum, poum poum, et c'est la plus belle des mélodies, le plus beau des sons. Il est en vie, il est vivant, avec toi, vraiment là. Yume... Et ta voix tremble, tremble, tremble... et alors, tu t'effondres un peu plus dans ses bras, et finalement, les vannes s'ouvrent.

Et tu pleures, Kiyoshi. Tu pleures cet ami que tu ne retrouveras pas. Tu pleures cette amitié qui a duré tant d'années. Tu pleures ces souvenirs enfantins, ces châteaux de sables et de cartes qu'un simple souffle a brisé. Tu pleures, Kiyoshi, cet amour perdu à jamais.
Yume Ueda
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Mon prénom, murmuré une première fois, me rassurant un peu – d’entendre sa voix. Je ne savais pas si je devais m’attendre au même silence que celui qui accompagnait mes messages. Et si tel était le cas, j’étais prêt à reprendre la même méthode : simplement rester là, près de lui, pour faire office de présence ; parler de tout et de rien. Mais il se redresse, aussitôt et l’étreinte est aussi soudaine que forte (désespérée) ; alors je le serre contre moi, avec cette même hâte – le sentir contre moi et me prouver qu’il est bien là, bien vivant et bien conscient.

Yume, une seconde fois, mais les sanglots l’accompagnent. Kiyoshi font en larmes, pour de bon, entre mes bras – l’a-t-il fait, ne serait-ce qu’une fois, depuis ce jour-là ? L’idée qu’il puisse enfin évacuer me rassure autant qu’elle me brise le cœur et, impuissant, je me contente de le bercer, doucement.

« Je suis là, je répète. »

Et j’aimerais ne jamais avoir à le laisser ; juste le garder contre moi, en sécurité – parvenir à le réconforter et lui dire qu’il n’a plus à s’inquiéter.
Mais j’ignore encore tout de ce qui lui est arrivé. De ce qui l’a autant marqué.

« Je serais toujours là, comme on se l’est promis. »

Et j’y crois, dur comme fer.
Parce que jamais je ne pourrais abandonner Kiyoshi, quoi qu’il arrive.
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COME BACK TO ME
12.02.97
Il t'enserre, te serre contre lui, et toi, toi, toi, toi tu l'enlaces, toi tu glisses tes lèvres sur sa joue, et tu l'embrasses, doucement, doucement, encore une fois, encore une fois, et encore une fois. Il est là, avec toi, il est vivant, puis tu enfouis de nouveau ton visage dans son cou, l'enserres encore, encore, encore, encore. Et il te dit qu'il est là, il te dit qu'il sera toujours là, comme vous vous l'êtes promis. Il reste, il va rester, pour toujours, pour toujours et à jamais.

Et alors, alors, alors, la voix abîmée, rauque d'avoir si peu parlé, et la jambe qui te tire légèrement, et le cœur qui saigne, encore, si fort, tellement fort. Yume... Yume ne pars jamais, jamais... m'abandonne jamais... pars pas... jamais, jamais, s'il te plaît... Et tu l'enserres, encore, encore, encore. Et t'as si mal au cœur, Kiyoshi, si mal à la tête, si mal au corps, si mal à l'âme. T'as l'impression que l'on t'a tout arraché, tout déchiré... et tu te contentes de l'enserrer encore plus fort, plus fort, plus fort encore.

Qu'il ne te quitte pas, jamais, jamais, jamais.
Tu ne pourrais pas le supporter.
Yume Ueda
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Des baisers sur mes joues et ses bras qui m’enserrent toujours.
Je suis là. Et lui est là aussi. On est là, tout les deux. Ensemble. Et je me demande si c’est ça, la sensation que nous avons, quand on survit à une guerre. S’imaginer perdre chacun de nos proches, s’imaginer perdre notre propre vie. Le soulagement de retrouver les vivants, mais la peine éprouvée pour ceux qui n’ont pas eu cette chance.

Ne pars jamais ; m’abandonne jamais ; pars pas. Les supplication se multiplient, dans une alternance hasardeuse. J’embrase doucement son front, puis ses cheveux.

« Je pars pas. Je reste là. »

Mes promesses deviennent des murmures, destinées à l’apaiser.

« Je ne t’abandonnerai jamais, Kiyoshi. Jamais. »

Et je ne pense pas à tous les aléas de la vie qui pourraient me faire manquer à ma parole – qu’importe, je ferai tout pour le réconforter, en cet instant. Tout pour réussir ne serait-ce qu’à le rassurer.

« Qu’est-ce qu’il s’est passé… ? Je – T’es pas obligé d’en parler, si tu ne veux pas… ou si c’est trop dur. Je voudrais juste comprendre. »

Connaître les points sensibles, comprendre ce qui lui est arrivé ; savoir comment l’aider, peut-être. Ou juste, juste pouvoir lui permettre de lâcher ce qui reste bloquer sur son cœur.
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COME BACK TO ME
12.02.97
T'as mal. T'as mal. T'as mal, si mal, si mal. T'as la cage thoracique qui s'écrase, qui s'écarte, tu ne sais pas. Et y'a l'air dans tes poumons qui entre, mais qui sort pas, ou qui veut plus rentrer, tu sais pas, tu sais plus. Et y'a les larmes, les larmes, qui coulent, toutes seules, encore et encore et encore et ça ne s'arrête pas et rien ne s'arrête et et et et... et t'as si mal, si mal, si mal.

Pars pas, pars pas, pars jamais, viens, on reste ensemble pour l'éternité, pitié, pitié, m'abandonne pas, pas toi, pas toi aussi, s'il te plaît, s'il te plaît, parce que si tu disparais, y'a rien qui me retiendra, rien, rien rien rien, y'a que toi que toi que toi.

Et il te le dit, te le murmure, caresse tes membres, embrasse ton front, tes cheveux. Et toi, tu le serres, tu le serres, si fort, si fort. S'il te plaît s'il te plaît s'il te plaît. Et il te demande, ce qu'il s'est passé, il te dit, que t'es pas obligé d'en parler, mais il veut comprendre. Il sait pas. Comment. Comment. Pourquoi. Pourquoi ne sait-il pas ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi ?

Ah. Tu lui as rien dit, rien du tout, c'est normal, tu ne parles pas, tu ne parles plus. Et tu pleures, pleures, pleures encore. Et après de longues secondes, de longues minutes, ah, c'est si long. Tu enfonces ton visage dans le creux de son cou, et alors, alors, alors tu murmures, les larmes coulant encore, ne s'arrêtant pas, la voix brisée, cassée, rauque des pleurs, de la colère, de la tristesse, de toute cette douleur : Tetsuya... Tetsuya est... Seimei l'a... Tetsuya reviendra plus... il reviendra plus jamais... Et c'est si dur, si dur, si dur, de prononcer ces mots maudits.

Tetsuya est mort.
Tetsuya a été assassiné.
Tetsuya, Tetsuya, mon aimé,
On me l'a enlevé.
Yume Ueda
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Il s’agite (panique), pleure encore et encore. Et j’écoute – son souffle, ses sanglots – et je serre – son corps, contre le mien – et je caresse – son dos, ses cheveux – et j’attends – les réponses.

Je m’inquiète, à chaque respiration entrecoupée. Je désespère, à chaque larme versée.
J’ai la sensation que rien n’ira plus jamais.
J’ai envie de retrouver les jours passés.
Le bonheur viendra-t-il, à nouveau, nous transcender ?

Alors, j’entends sa voix s’élever : brisée par les pleurs, hachée à chacun de ses mots. Tetsuya. Et je ne comprends pas immédiatement, à l’entente du prénom. Ce n’est pas la première fois que Tetsuya est la cause de sa peine – je pense même que ça a plus souvent été lui, qu’autre chose.

Une nouvelle complication dans leur relation ? – c’est stupide, ça n’aurait aucun rapport avec le 31 janvier, mais… ils étaient ensembles. Quand on a été séparé.
Est-ce qu’il a été blessé ?
Est-ce que…

Tetsuya est... Non. Seimei l'a... Non. Tetsuya reviendra plus... Non, non, non.
Il reviendra plus jamais..
Non.

Ma bouche s’entrouvre, sans ne laisser aucun mot s’en échapper. Je ralentis mes mouvements ; je me fige.

« Kiyoshi… »

Mes yeux me piquent – je sens déjà les larmes monter. Et je resserre encore ma prise, jusqu’à venir enfoncer, à mon tour, mon visage dans son cou.

« Je suis désolé… »

De ne pas avoir été là. De ne pas t’avoir retrouvé. D’avoir été séparé.
De ne pas avoir su. De te l’avoir demandé.
De ne rien pouvoir y changer. De ne pas pouvoir réparer – ton cœur brisé.
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COME BACK TO ME
12.02.97
Ton prénom. Ah. Tu l'entends dans sa voix. Tu l'entends. Tu sais, déjà, ce qu'il va dire. Tu sais, Kiyoshi, et tu détestes déjà ça. Parce que c'est pas de sa faute à lui. C'est pas de la faute de Yume. C'est de la tienne, c'est toi qui devrais demander pardon, encore, encore et encore, et sans cesse. Il n'y a que toi qui devrais demander pardon, encore et encore. Et même, même, on ne devrait pas te l'accorder.

Tu grimpes sur lui, viens glisser tes jambes autour de ses hanches, s'asseoir sur ses genoux, et tu l'enlaces, l'enserres, comme un koala s'enlacerait à son arbre. Et tu restes là, calé contre lui, à ne plus bouger, juste à pleurer contre son torse, contre son cou, et juste... juste... et tu restes là... et enfin, enfin... Tetsuya... Tetsuya est mort... Il est mort, Yume... il reviendra plus... j'pourrais plus... plus jamais... Je pourrais plus lui dire que je l'aime, je ne pourrais plus le regarder dans les couloirs, je ne pourrais plus plonger mon regard dans le sien, je ne pourrais plus serrer ses mains dans les miennes, je ne pourrais plus déposer un baiser sur sa joue, sur son menton et et et et sur ses lèvres, je ne pourrais plus lui demander pardon, je ne pourrais plus imaginer une vie avec lui, je ne pourrais plus penser à ce que notre vie pourrait être... plus jamais... plus jamais, Yume... je pourrais plus jamais l'aimer.
Yume Ueda
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Mort. Le mot sonne, comme une fatalité – ce qu’elle est. Il résonne, dans mes pensées.
Mort. Et je pense à ses parents qui, peut-être, l’attendaient. Aux amis qu’il avait.
Mort. Et je n’ose imaginer à quel point Kiyoshi doit être dévasté.
Mort. On ne le reverra plus jamais.

Au milieu de ses pleurs que rien ne vient tarir – de l’humidité qui menace de déborder de mes propres cavités – je ne peux m’empêcher de penser : et si c’était arrivé à Kiyo ; serai-je capable de me relever ? Et si ça avait été Kiyoshi ; si le pendentif, contre ma poitrine, avait perdu toute lueur ?

Incombé, pour la première fois, par ces questions morbides, je réalise avec horreur que je vis désormais à une époque où la mort est une menace aussi constante que prématurée – une épée de damoclès que je ne parviens plus à oublier. Elle semblait loin, jusqu’à ces derniers mois – jusqu’aux premiers décès. Elle ne cesse de se rapprocher.

« Je… Je te laisse pas. D’accord ? »

Quoi dire, pour apaiser un mal que seul le temps saurait soulager ? – et jamais guérir, entièrement.

« Je reste avec toi. »

Je te conterai des histoires, dans lesquelles la vie et plus belle ; je resterai à tes côtés, le temps que tu t’endormes ; je soignerai ta jambe, à défaut de pouvoir guérir d’autres plaies.
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COME BACK TO ME
12.02.97
Et ça fait mal, Kiyoshi, comme une lame, enfoncé dans ton corps, dans ton âme. Et ça fait si mal, de prononcer ces mots maudits. Et ça fait mal, mal, mal, t'as l'impression que tu vas plus jamais vraiment vivre, que t'arriveras plus jamais à te relever. T'en as même pas envie. T'as juste envie de t'endormir, plus jamais te réveiller. T'endormir, fermer les yeux, et tout oublier.

Tu devines plus que tu n'entends les promesses de Yume, et tu te serres un peu plus contre lui, à ne pas le lâcher, à l'enserrer si fort... jusqu'à ce que les larmes tarissent, jusqu'à ce que les tremblements cessent. Pars pas... S'il te plaît s'il te plaît... Et tu aurais presque envie, Kiyoshi, de lui murmurer ces mots interdits, juste pour lui dire à quel point tu tiens à lui. Mais ils t'ont déjà enlevé ta mère, ils t'ont déjà enlevé Tetsuya... alors tu sais pas, si tu pourrais supporter de le dire encore une fois.
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