Après avoir boudé Ange, pour des raisons que lui seul connaissait – à savoir : la négligence de ce dernier, envers lui-même, au profit d’un petit-ami – pendant ce qui devait être près de deux semaines (une éternité), l’enfant roi l’avait finalement retrouvé, réclamant sa participation à une quête de la plus haute importance : s’enquérir de denrées alimentaires en quantité suffisante pour les sustenter – le tout, bien sûr, en dehors de l’heure du repas. Avec le printemps approchant, peut-être pourraient-ils profiter du beau temps et manger sur la plage.
La cuisine, lieu béni par les dieux (qu’ils existent ou non), n’avait heureusement pas changé. Retrouver son chemin était aussi naturel qu’habituelle ; contrairement à d’autres salles, ayant changé de place, lui laissant au moins l’excuse (fausse) d’expliquer ses retards par l’oubli de leur nouvel emplacement.
Aussi discrets que des ninjas – ou plutôt, aussi bruyants que les deux adolescents turbulents qu’ils sont – l’infiltration se déroule parfaitement. Nael entra, sans avoir frappé, avec l’insolence d’un enfant qui se croit tout permis – Mahoutokoro est chez lui. Sur le pas de la porte, il s’arrête et se retourne vers son comparse, un doigt sur les lèvres lui intimant silence.
« Si ça se trouve, il n’y a personne. »
Et avec un peu de chance, ils pourront s’emparer de quelques provisions, sans avoir à fournir le moindre effort.
Oh, mais pas d’erreur. J’ai faim—une faim monstre qui me ronge et m’empêchera sûrement de dormir cette nuit, si j’y fais pas quelque chose. Le problème avec le premier château tombé en ruines, c’est que toute la nourriture que j’avais amassé sous mon lit a disparu, et qu’il m’avait fallu des années pour un tel buffet. Alors je le suis docilement, sur un chemin qu’on a emprunté tant de fois qu’il devient mécanique. Si ça se trouve, il n’y a personne.
J’ai du mal à comprendre : on est à l’école depuis autant de temps, on se fait choper à chaque fois, et à chaque fois il réussit à s’accrocher à un espoir aussi futile. Y a jamais personne, Nael. On va se faire prendre par un yokai ou un cuisinier, et ça va être la fin. A part si c’est Mori ! Lui il est facile à amadouer, il suffit de le lancer sur le masque bizarre qu’il porte sur la tronche. S’il est là, je ferai ça et toi tu prendras la bouffe, ok ? Et prends-en pour moi aussi, pas comme la dernière fois. J’attache mes cheveux en queue de cheval déterminée, et j’ouvre la porte.
Les couloirs inondés d’une lumière spectrale envoutante ne suffisent pas à captiver l’attention du cuisinier. Il est de garde et s’il n’a pas obligation d’y passer la nuit, arpenter les couloirs reste un plaisir coupable pour la satisfaction de saisir sur le fait les petits garnements qui bravent l’interdit. Il l’a fait si souvent que ses doigts caressent les murs à la recherche de ces souvenirs où les pas lourds se voulaient plume pour gagner l’extérieur, les jardins ou simplement découvrir un peu plus de terrain, pas après pas pour emplir ses poumons d’un air plus pur où l’odeur convoitée de liberté était seul guide.
Une ombre passe et les chuchotements peu discrets le stoppent un instant. Sa main délaisse le papier, doigts engourdis par leur parcours sur la surface non lisse imprégnée du courage de ses ainés. Mais il ne sent que l’essence même de deux petites allumettes d’ores et déjà embrasée. Lentement, félin, il s’approche et écoute avec attention les seuls mots qui percent le silence, le calme qui règnent à Mahoutokoro lorsque la lune a pris le relais sur l’astre ardent.
Là dans l’obscurité, il se sent rassuré d’entendre qu’il ne représente aucunement une menace aux yeux d’étudiants malicieux. Cependant, c’était le sous-estimer de croire qu’il laisserait si facilement ses précieuses pâtisseries se faire dérober. Akihiro sort de l’ombre, penchant sa tête sur l’épaule de l’élève dans un sourire équivoque. Sa main retient sans force la queue de cheval aux couleurs vives. « Je peux vous aider peut-être ? » dit-il à voix basse d'une tonalité plus grave que les deux garçons, proche, sans doute trop de l'oreille de l'un d'entre eux.
S’il se retourne, c’est seulement le temps de quelques regards noirs, quand son faux frère geint de ses capacités à toujours faire la tête – comment ose-t-il même lui en demander les raisons ?
Il devrait savoir. Tout le monde devrait deviner, sans qu’il n’ait à s’exprimer – déjà, parce que c’était toujours leur faute, à tous. (insistons sur le .)
Heureusement, la destination est proche et les enfants y pénètrent avec tant d’insolence que de témérité ; leur plan (presque) (ou pas du tout) étudié.
La pièce est silencieuse, au premier abord ; à peine troublée par les pas et les respirations des deux Kitsune. C’est pourtant un cri, qui fini par déchirer le calme, lorsqu’une voix se faire entendre si près de leurs oreilles. Un peu plus et l’enfant Hayashi fuirait, abandonnant Ange à son sort – puisse-t-il être favorable – néanmoins, c’est avec honte qu’il comprend qu’il ne s’agit que de l’entrée brutale du cuisinier.
« Ah, Monsieur Mori, j’ai cru mourir ! Vous vous rendez compte ? Faire une frayeur pareille à de pauvres enfants déjà martyrisés ! »
Au ton plaintif est ingénieusement ajoutée une larme de crocodile, glissant le long de sa joue – Nael n’est maître de ses émotions que lorsqu’il s’agit de se donner l’air larmoyant.
« Nous qui venions, affamés, quémander quelques douceurs pour survivre. »
Maître chanteur use de son art, mais reprend un peu de contenance, pour finalement glisser insidieusement :
« Pour la peine, vous devriez nous montrer ce qui se trouve sous votre masque ou, au moins, nous expliquer pourquoi vous ne l’enlevez jamais ! »
Je peux vous aider peut-être ? Dans un élan dramatique digne des plus théâtrales couleuvres—celles au nez retroussé—, je m’effondre en soupirant ma peine, et espère quiètement que quelque part, Saburoo perçoit ma prestation, et la trouve légendaire. Mes genoux tremblent (mensonge) contre le sol froid et des yeux que je lève vers mon bourreau, des larmes (factices) débordent. M’sieur, j’aurais pu mourir. Pire, me pisser dessus. Ca aurait été particulièrement déplaisant pour nous trois, vous savez ? Ce que je tais c’est que, une fois sûr que c’était bien Mori qui me tirait—doucement, qui plus est—les cheveux, c’était pas si douloureux, et un peu autre chose.
Mais c’est du détail.
Nael, dans son infini génie (tousse), poursuit l’opération comme prévue, et bifurque sur le masque ; moi, si subtil et fluide que la même couleuvre qu’aujourd’hui j’incarne, je glisse hors de portée et, tout en sourires innocents, contourne l’obstacle. J’essaye de me concentrer—mais la question du masque me happe. Si je manquais la réponse ? Pire, une démonstration ? Si la faim de ce tortionnaire que j’appelle, sans doute à tort, ami, me prive d’une découverte pionnière, comment vivre derrière ?
Nourriture oubliée en un battement de cils fugace, je pourfend du regard l’objet de toutes mes questions. Si vous montrez ce qui se cache en-dessous, je dirai rien sur l’agression physique que je viens de subir. Les menaces n’ont jamais marché, mais c’est une triste réalité que j’ai tôt fait d’oublier.
Le félin s’était mû en lion, empreint de fierté aux cris honteux d’une terreur justifiée. S’il savait se faire prédateur, il n’avait de redoutable que son pas de velours et la surprise provoquée ne faisaient qu’exalter son amusement. Une perle dévale la peau diaphane du premier. Sans hésitation ses mots inverses les pôles et si Mori n’y était pas habitué il aurait ronronné à devenir la proie. Seulement, dans sa tête un cliquetis accuse le défaut de l’improvisation. « Si vous aviez l’intention de demander je doute que le silence qui régnait dans les cuisines avant mon arrivée fût nécessaire » en quel cas il n’aurait pu se délecter de leurs exclamations.
Doux mensonges qui effleurent ses sens et ne les émoustillent que pour la sentence à venir. Passée la frayeur, le renard troquait sa fourrure contre une information à se mettre sous la dent. Non des moindres, ce masque dont le cuisinier ne se séparait jamais nourrissait de nombreuses rumeurs. Rêve ou cauchemar, nul ne saurait dire ce qui se trouve au-delà du voile noir.
L’onyx brille et dérive dans l’écume, glisse à fixer sa lueur sur le rubis mutin dont les priorités semblaient porter l’estime plus haut que son essence. Akihiro ne le corrige pas, il avait tant à apprendre et ça n’était pas à lui de le faire pour cette fois. Seul le temps se chargera de démontrer la futilité d’une jeune arrogance face à l’inestimable valeur d’une âme. Le regard enthousiasme et fort expressif du garnement s’était agrippé au masque à son tour. S’il ne le pointait pas du doigt, l’adulte sentait presque l’ordre intimé. Le sens en était si dangereux qu’il ne put résister. Redressé de toute sa longueur, il n’oublie pas de fermer la porte derrière lui dans un grincement aigu. « Une agression physique ? Si je devais être accusé, autant que ça ne soit pas à tort en ce cas » l'issue se verrouille d’une main habile, davantage un leurre qu’un obstacle réel, il se joue d’eux. « Je ne sais ce qui est le plus imprudent : le chantage par fausse accusation ou cette curiosité. Ne vous a-t-on jamais dit qu’il y avait une raison pour garder caché quelque chose ? » dernièrement avait circulé un bruit selon lequel son entrave l’empêchait de dévorer les enfants de l’école. Sa petite préférence dans l’obscurité : jouer de ces murmures diffamatoires.
Avançant vers ses cibles avec lenteur, il s’applique à marquer chaque foulée pour en faire craquer le bois. Une fois certain de ne pas les manquer, chacune de ses mains se pose sur l’épaule d’un garçon et il se baisse à leur hauteur. « Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire de vous… si je vous révélais ce qu’il y a sous le masque, hm ? »
Les deux renardeaux entreprennent donc de se défendre et, devant les arguments de l’ange, Nael ne cesse d’hocher frénétiquement de la tête, preuve de son soutien. Ça, pour être déplaisant, ça l’aurait été, si son compère s’était fait dessus – l’adolescent, préférerait surement avoir à faire une réanimation, plutôt que subir cette humiliation par procuration.
Mori, malheureusement, n’est ni dupe, ni stupide et sa réplique est faite de trop de bon sens pour qu’ils puissent la contrer. L’enfant Hayashi pourrait bien tenter un "nous ne voulions pas vous déranger" pour se montrer autant poli que plein de bonne volonté, mais si l’adulte a contré son premier argument, il se doute que celui-ci ne leur fera perdre que du temps – et le temps, c’est aussi la patience du cuisinier, qu’ils feraient mieux de ne pas effriter.
Une agression physique ? Si je devais être accusé, autant que ça ne soit pas à tort en ce cas. Il frissonne, tentant de se convaincre qu’il ne s’agit que d’une mauvaise plaisanterie.
« D’accord, on a nos torts, mais… vous aussi ! On ne s’en prend pas aux élèves comme ça. Vous imaginez, après tout ce que nous avons vécu, si nous devons même avoir peur des adultes supposés nous protéger…. »
Déçu que sa première tentative d’attendrissement n’ait pas fonctionné, mais continuant de croire en son talent de martyr, il s’y essaie à nouveau.
La prochaine étape serait d’employer des menaces dignes de celle d’un Draco Malefoy japonais – si ma mère en entend parler… !
« Bah, Ange garde tout le temps caché ses résultats scolaires, mais c’est juste parce qu’il en a honte. Alors quoi, vous avez honte de votre visage ? »
Ça avait tout d’une provocation, oui. Mais sa belle assurance vacilla, dès qu’Akihiro reprit parole. Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire de vous… si je vous révélais ce qu’il y a sous le masque, hm ? Uuh, il avait beau essayer de croire qu’il ne leur ferait pas de mal, il ne pouvait s’empêcher de craindre le pire – après tout, ce ne serait pas le premier membre du personnel de cette école à essayer de tuer les élèves.
« V-Vous allez pas nous toucher, hein…. parce que – si ma mère l’apprend… »
Il passait à la prochaine étape.
Mais avant même que je puisse m’extasier à l’idée d’enfin connaître la vérité, Nael me jette sous les roues du bus et se carapate sans une once de pudeur. Forcément, je proteste - Mais Nael, ferme ta gueule ! C’est pas moi qui ai redoublé avant même que les cours deviennent durs, si ? - et j’enfonce un doigt mauvais dans les côtes du malfaiteur. On peut m’humilier, mais que sous mon consentement explicite.
Gorge raclée et, après un regard furieux jeté à mon ami qui n’en a décidément que le nom, je jette mon dévolu sur le cuisinier, m’accrochant à son cou dans le surjeu d’une demoiselle en détresse. M’sieur, regardez comme il me trahit, alors que j’ai mis ma vie en péril pour le nourrir ! Pas qu’une fois, qui plus est - pas plus tard qu’avant-hier, j’ai fait la même chose qu’aujourd’hui, sauf que.. vous étiez euh… pas là… Et le timbre descend en même temps que mes chances de survie lorsque je confesse mes crimes, à nul autre que le juge lui-même. Mais euh, j’ai pas volé grand-chose et, ben, ça peut pas vraiment être du vol si c’est censé être cuisiné pour les élèves, si ? Haha…
Le rire décomposé, le recul jusqu’au mur dans l’espoir vain qu’il mette plus de temps à enjamber le vide entre nous que moi à sprinter hors de portée, j’ai l’attitude du parfait récidiviste. Si vous me mangez, s’il vous plaît, montrez-moi d’abord votre visage. Et dites à tout le monde que c’est Nael qui m’a tué, je ferai en sorte d’appuyer vos propos depuis l’au-delà. De toute façon, il m’a déjà planté un poignard dans le coeur - quelque part, je suis déjà mort !
Les rires se sont tus et l’insouciance de leurs actes est devenue tourment. L’un raisonne, vaine tentative de dissuasion lorsqu’il s’agissait du cuisinier tant il paraissait évident qu’il ne reculerait pas. Nul autre dessein que celui d’effrayer deux renards aux oreilles déjà affaissées et dont l’instinct de survie semblait s’éveiller tardivement. Au-delà du rôle endossé, les mots transpercent comme une lame l’organe vital qui ne battait que pour eux. S’il ne s’agissait pas d’une ruse, peut-être aurait-il consenti à les laisser filer, cependant la correction, aussi originale soit-elle, devait être appliquée pour leur servir de leçon. Piètre façon d’enseigner que de fournir une chance d’éviter la sentence et les points retirés ne seraient davantage qu’une coupure de papier rapidement oubliée.
Le pas ne se presse aucunement, il poursuit le dialogue, esquissant au-delà du tissu un sourire plus tendu laissant sujet à interprétation quand il s’agissait pour lui d’une nervosité exprimée malgré lui. « Le règlement n’est-il pas assez strict pour vous faire comprendre ce qui arrive aux enfants qui désobéissent ? » d’un soupir, sa tête se penche nonchalamment sans quitter du regard l’isatis « Quant à vos expériences, elles ne vous ont visiblement pas appris la prudence, vous en êtes seuls responsables » d’apparence calme, il laisse la douceur prendre le pas sur l’agilité et les attrape, autoritaire sans user de plus de force que nécessaire à leur maîtrise simple. Le masque est une diversion qui lui est bien utile, tant il est sujet des plus curieux et possible rédemption dans ce cas. Intérieurement pourtant, Mori se meurt d’endosser ce que redoute le plus ces adolescents éhontés.
« Ce n’est en rien lié si cela peut vous rassurer. Mais je doute que ce soit le cas, n’est-ce pas ? » nulle fierté à porter ce masque, moins encore à l’en retirer, bien que depuis longtemps la crainte se soit évaporée, le voile sombre en reste seul témoin rassurant plus qu’il n’assure véritablement de fonction précise. Mais l’entrave évoquée le fit rire sans ménagement, braquant par réflexe son regard en biais vers le pelage automnal « C’est en effet une muselière » il n’y a point de mensonge en cela, si ce n’est l’absence de détails provoquant par volonté l’inconfort d’une imagination prospère. Les querelles reprennent sans mesure, aucune, du danger qui pesaient sur eux. À son cou se perdent les mains du kitsune avant réalisation de son erreur, car d’une main le cuisinier se saisit de sa taille et si le choix de s’en défaire en était totalement remis au garçon, l’adulte omit de le lui faire savoir. « Le vol reste condamnable, la seule question que vous devriez vous poser c’est : êtes-vous capable d’en payer le prix ? » la dangerosité de ses mots lui glaçait le sang autant qu’il avait tressailli faiblement au contact physique.
Il aurait suffi de politesses pour acquérir sans mal les précieuses pâtisseries, mais pour une raison abstraite, c’était la voie la plus sournoise qui était empruntée comme si la sévérité des cuisiniers représentait un obstacle plus grand encore que celui de s’aventurer dans les couloirs sombres et de mettre possiblement leurs vies en danger. Le plus bavard recule enfin et sans avoir lâché le second de sa main, Akihiro le force à suivre le mouvement jusqu’à e que le mur les contraigne à l’immobilité. « Maintenant que j’ai toute votre attention et que vous me preniez au sérieux, nous allons pouvoir nous y mettre » ses manches glissent jusqu’au-dessus de ses coudes. Il tend ses mains, une à chacun d’eux et ordonne « Vos mains. Tout de suite. » Sans leur révéler son objectif premier, si simple qu’il ne leur traversera pas immédiatement l’esprit étant donné ses formulations expressément douteuses.
L'agression physique ne vient pas, mais celle, verbale, ne manque pas de le transpercer d'humiliation, le faisant tourner son regard, outragé, vers l'ange qui n'en porte que le nom. Est-ce que tu viens de me dire de fermer ma gueule, Ange Ueda ? Sous l'offense, il en oublie la menace. J'ai pris du retard, parce que je ne parlais pas japonais en arrivant. Mensonge éhonté, puisque l'enfant, bien qu'il n'eut été à l'aise avec la langue, n'en savait pas moins la comprendre parfaitement. C'était là, cependant, son excuse favorite.
Ils n'étaient pas moins mélodrames l'un que l'autre, mais si le renardeau blanc se complaisait dans les menaces et les plaintes, il n'oserait se jeter au cou de leur bourreau, tel que le faisait le rouquin – quoi qu'à priori, ils étaient autant tortionnaires l'un pour l'autre, que l'adulte. L'entrave, contre son poignet suffit déjà à lui faire pousser une plainte d'animal apeuré. Ah ! je vous jure, si vous ne le tuez pas, je le ferai de moi-même – de toute façon, il veut m'accuser ! Voyez comme il me manque de respect ! Mais je vous en prie, si vous décidez de le manger, laissez-moi partir avant, je ne tiens pas à voir ça. Tant qu'il n'était pas celui que l'on menaçait, il pouvait s'en accorder et maintenant qu'il se trouvait prisonnier, il ne pensait qu'à se sauver. Car, à la question du cuisinier, sa réponse était déjà toute trouvée : bien sûr qu'il n'était prêt à payer le prix de leurs vols. L'argent, en soi, ne lui posait problème, mais face à un monstre, il ne s'attendait à ce que l'or suffise et il se refusait à offrir son corps en offrande - celui d'Ange, à la rigueur ; avec regret.
Son souhait, malheureusement, ne se trouve pas exaucé et Nael se voit entraîné, lui aussi, jusqu'au mur, plaqué dans un cri d'agonie. Pas les mains ! Comment jouerai-je au Quidditch, sans elles ? Ni le reste de mon corps, ayez pitié ! Dans sa frayeur, il exagérait probablement toute l'horreur qu'il pensait subir, mais le Kitsune, piégé, ne pensait plus qu'à son malheur.
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