Ils s'étaient engagés à ne pas se fréquenter et elle respectait en tout point cette décision. N'était-elle pas la première dans cet accord à se refuser de côtoyer celui qui avait demandé -imposé sa main ? Totalement, à une chose près. Dans ce tout nouvel univers, la seule chose qui lui était réellement familière c'était cet étranger qu'elle avait accepté d'épouser ; cet homme qu'elle ne connaissait que de brefs échanges et dont elle désapprouvait la philosophie - ce qu'elle se tenait bien de se garder. Lorsqu'elle songeait à la manière dont Takamori s'occupait de sa fille ramenée de Chine, de sa gestion de l'implication politique de la famille, de sa prétendue nonchalance, elle avait les nerfs qui s'agitaient et son talon lui claquait contre le sol à répétition. Il papillonnait.

C'est dans une après midi que trop libre et que trop ennuyante qu'elle céda à tous ses fantasmes. C'est d'un pas décidé que ses escarpins la guidaient jusqu'au bureau du professeur de maniement du sabre. Il n'y avait qu'une seule manière d'apprendre un connaître un homme et surtout un Fujiwara et il n'allait pas y échapper. Elle s'imposa dans son bureau, ouvrant la porte sans le moindre gène avant de lancer à sa victime un de deux bokens qu'elle avait apporté. Affronte-moi, maintenant et tout de suite. Elle n'avait rien perdu de ses longues années d'apprentissages et n'avait jamais cessé de manier le sabre même lorsqu'elle s'était isolée de longues années aux archives. Elle se mit en position, elle n'attendrait pas de réponse et n'accepterait aucun refus. Je jure que ça fait un moment que j'en rêve. Peut-être était-elle juste en quête d'une personne sur qui s'acharner, sûrement. Frustration accumulée, il l'avait tiré de sa tranquillité. Elle aurait pu déchanter, refuser, mais elle n'a confiance en personne et encore moins en lui. Trop jeune pour diriger, il était peut-être devenu un homme, mais à ces yeux il était resté l'enfant de sa jeunesse. A ses yeux, il avait encore tant de chose à prouver. C'est sans attendre qu'elle porte le premier coup. 

Elle n’avait pas perdu de temps, ne t'avait nullement laissé terminer ta sentence que la sienne s'appliqua immédiatement. Son bokken de bois fut paré avec justesse par ton tachi. Elle savait pertinemment que tu ne te laisserais pas abattre pour si peu. Son talon planté sur le plan de travail de ton bureau, elle se retira d’un pas lorsque tu quittas ton siège perdu et surpris par ses actions. Elle, c’était un mélange d’amusement et d’agacement qui l’habitait, mais tu le sais déjà ô combien elle est mauvaise pour s’exprimer autrement que de son sabre. Suiren, c’est une Fujiwara avant tout chose.

Tu retires la lame de son fourreau et elle se craque le cou songeant à renforcer par un sortilège le bois du sien avant qu’il ne cède sous les coups du tien. Cette fois-ci, ta phrase trouvait sa fin, mais à peine avait-elle eu le temps d'entrouvrir ses lèvres que tu l'assenais d’une nouvelle attaque. Elle l’évita sans grand mal, parant le fer pour le repousser avec la tranche de sa lame et venir te rendre le même l'appareil. Oh, j’ai bien des raisons de m’en prendre à toi mon cher... mari. Et elle entoura son arme d’un tempest informulé. Mais une question, à quoi penses-tu en tant que chef de cette famille tout juste ? Non qu’elle doutait de tes décisions, mais elle avait besoin d’en avoir le cœur net pour pouvoir justement te soutenir quand le moment viendra.