— MAHOUTOKORO
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Partir de ce monde [Event 12] - Solo
Aiichiro Okano
Partir de ce monde [Event 12] - Solo 02i7
Citation : Tic toc, goes the clock...
Age : 24 ans (14/06/1973)
Rang : A3
Susanoo
Susanoo
Aiichiro Okano
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1875-tic-toc-goes-the-clock-aiichiro-terminee
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1902-origamis-aiichiro
Aiichiro Okano

Aiichiro, tu as toujours été trop con.
Tu es de ceux qui jamais ne souhaitent combattre.


On essaye de s’évertuer et de se convaincre que c’est là par pureté d’âme, que toujours le pacifisme gagnera aux dépends des armes et des combats, du sang qui coule et des blessures qui heurtent. On essaye de se faire croire que ce n’est pas par pure lâcheté, alors que l’on subit toute notre vie et que les rares fois que l’on utilise les poings, c’est uniquement pour les retourner contre nous-même afin de calmer la rage qui s’anime dans le creux de nos tripes. On essaye de se persuader que l’on est mieux qu’eux, que ceux qui luttent pour imposer leurs personnes et leurs idées par une violence qui nullement n’est nécessaire.

Et pourtant, Aiichiro, tu as toujours été trop con.
Tu es de ceux qui jamais ne souhaitent combattre.
Au risque de laisser périr sous tes yeux ceux qui te sont chers.


Alors c’est ainsi que l’on finit par lever la baguette, non pas pour attaquer mais pour protéger les siens, pour protéger ceux qui sont chers et protéger comme on le peut la ville face aux assaillants. Mais toujours on est bien trop con, car personne on ne souhaite blesser, alors on reste, on se complaît dans notre pacifisme passif, on protège - Protego !- on immobilise - Petrificus totalus ! - et on aveugle - Obscuro ! - et surtout on espère que tout ceci sera bien suffisant.

Et pourtant,  Aiichiro, tu as toujours été bien trop faible.
Tu es de ceux qui espèrent protéger mais tu sais...
Tu ne fais pas le poids contre ceux d’en face.


Car on finit ainsi, otage parmi d’autres, ennemis pour les uns et soutient pour les autres. Et pour nous-même, on est rien, juste un boulet supplémentaire de ce chaos qui règne. On se tait, baguette confisquée et visage en sang - on s’est pris un Diffindo en pleine tempe sans pour autant que l’on parvienne à s’en rappeler - les mains et les bras ligotés, les cordes commencent à nous brûler les poignets. L’un des verres de nos lunettes est pété, un objet a volé dedans alors on voit flou d’un œil. Mais on aurait pu avoir pire blessure, on aurait pu le perdre si jamais la protection de ce verre brisé n’avait pas été là. Pour l’instant on laisse couler le temps, on ronge du noir et ne dit mot car on sait qu’en face les assaillants nous exècrent, peut-être même encore plus si jamais ils apprennent nos origines moldues.

Et surtout on pense, on pense aux siens et à nos proches. On espère que notre chouette a réussi à s’enfuir de la ville. On espère la famille en sûreté aussi loin dans les terres, aussi loin de ces histoires qui ne les concernent. On espère que les amis se sont enfuis, ou du moins qu’ils parviennent à résister à l’ennemi. On essaye de ne pas laisser les sombres idées envahir notre esprit - des blessés, des morts peut-être, on ne veut y croire ni même y penser. On pense un instant à toi, Juri, on espère de tout cœur que tu vas pour le mieux.

Peut-être que tu avais raison, Juri.
Peut-être que l’on n’est pas fait pour ce monde.


Ce sont ces pensées qui nous envahissent lorsque les flammes commencent à lécher les parois du lieu où l’on est captif, les assaillants s’enfuient et nous laissent crever ici,
au milieu de la chaleur qui monte
et du bois qui craque et qui crisse et qui casse et qui cède sous son poids
et l’on voit finalement le toit et les murs s’écrouler sur le groupe
de survivants qui s’évertue à vouloir s’enfuir
a vouloir sauver leur peau et leur vie.

Et finalement on tombe dans les affres sombres de l’inconscience et de la douleur qui résonne dans la tempe et le crâne qui craque et l’épaule qui casse et le bras qui brûle. Autour de nous, on entend encore les gens qui hurlent et qui cherchent à partir. Mais combien parmi eux parviendront à sortir, combien parmi eux resteront en vie au milieu de cette fumée acre et noire, au milieu de ses flammes qui ravagent tout sur leur passage ?

Aiichiro Okano
Partir de ce monde [Event 12] - Solo 02i7
Citation : Tic toc, goes the clock...
Age : 24 ans (14/06/1973)
Rang : A3
Susanoo
Susanoo
Aiichiro Okano
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Aiichiro Okano

On s’oublie quelques temps, sous les décombres et les ruines et la ville qui part en flamme et en fumée, et on finit par se réveiller, la douleur frappe sur notre crâne et notre tempe, l’œil aveugle empli du sang séché et croûté et encore les mains liées dans le dos et le creux des hanches. On ne se rend pas encore compte de l’état dans lequel on est, une épaule démise et un bras brûlé, perdu sous les débris et les ruines, coincé ici assez proche d’une poche d’air pure pour échapper à la fumée âcre et meurtrière. On respire et on essaye encore de bouger et de s’enfuir, mais bloqué ici la jambe écrasée sous une poutre de bois lourd qui lentement continue de se consumer. C’est lorsqu’on la voit qu’enfin la douleur envahit notre esprit et que l’on songe que l’on pourrait crever ici, on cherche d’un regard paniqué la baguette perdue dans l’immeuble ravagés mais on ne peut la trouver alors on reste coincé ici à fixer les flammes et les hommes et les cadavres.

Aiichiro, tu as toujours été trop con.
Sans magie, tu n’es rien. Et avec non plus.


On laisse la douleur lentement s’insinuer dans nos veines et le corps fauché et perdu, doucement on se rend compte des blessures et des pertes. On voit un bras sous un mur et on s’imagine qu’il n’y a plus rien de l’autre côté, un corps détaché et décharné, des yeux vides et creux alors on détourne le regard et le cou. Dans l’épaule, la douleur est telle que l’on finit par se sentir tourner et voir danser des étoiles sous nos yeux ébahis. On vomit aussi, on vomit la douleur et la peur et la terreur et les larmes et les cris qui encore résonne dans notre esprit. On hurle et on chiale et on crie qu’on est ici, bien vivant sous les décombres et les ruines mais encore les sortilèges pleuvent au-dehors, alors on s’échine et on finit fatalement par laisser tomber, abandonner, la voix faiblit et s’éteint.

Finalement tu n’es rien.
Alors autant crever ici.


Et lorsque s’élève la voix dans le ciel, on perd espoir encore un peu plus, à penser aux morts et aux blessés et à nous également. Combien de temps on va mettre avant de parfaitement décéder, à voir doucement le bois qui se consume au-dessus de notre jambe coincée. Et on pense à notre frère également, jamais on ne pourra lui dire à quel point on fut con d’avoir voulu l’emmener dans ce monde qui n’est fait ni pour lui ni pour nous, à quel point on est désolé de lui avoir mis en tête ces idées qu’un jour il pourrait nous rejoindre ici, à quel point on est idiot de n’avoir jamais compris d’où venait sa jalousie maladive. Et c’est maintenant que l’on est aux portes de la mort que ces pensées viennent à nous, on se perd encore un peu plus, à pleurer sur cette vie que l’on n’a pas connu et que l’on ne connaîtra plus.

En vérité, on a peur de mourir ici.

On reste encore quelques heures ici, à ne rien dire, à se laisser partir et à oublier de prévenir les secours qui passent et qui ratissent la place encore fumante des flammes. On se terre dans notre tête et nos pensées comme pour essayer d’oublier le son des cris et la vision des corps qui encore fument à nos côtés, on s’oublie quelques heures enfermé dans le mutisme jusqu’à ce qu’on finisse par nous sortir d’ici, un miracle que l’on dit.

Apparemment, on est le seul en vie.