Levé aux aurores, le ciel n’était pas encore dégagé. Plongé dans les ombres de la nuit, seules les lumières tamisées de la ville reflétaient sur le visage déjà débouffi de l’oiseau matinal. Sur les hauteurs du domaine, il admirait le passage des inconnus dans les rues, fourmilière déjà travailleuse, déjà en marche vers le labeur quotidien. Pourtant, il ne se doutait pas encore que ses cheveux avaient pris la couleur des ténèbres et que la journée serait inhabituelle.

S’habillant d’un peignoir en soie zinzolin, il s’affrétait à sa routine matinale lorsqu’il fit tomber une tasse en grès, alors qu’il s’apprêtait à l’abreuver d’un thé chaud. En 40 ans d’exercice, l’affaire ne s’était jamais produite. Le coeur léger et le ventre vide - il ressentait la gourmandise, très rarement la faim - une sensation d’évanouissement le prit. Un vertige ? Une fatigue ? Cela semblait plus phénoménal et tandis qu’il se dirigeait à sa salle d’eau pour rafraichir son visage; le reflet n’avait plus rien de solaire. La potion était prise régulièrement et mensuellement, il n’avait pas raté la date clé. C’était l’incompréhension; et le brouhaha des rues passantes ne fit qu’accéler son coeur déjà bien inquiet. Une boule pressait sa gorge, l’anxiété qu’il avait troquée pour la tristesse profonde - aux frontières du deuil - réapparaissait soudain.

Et puis le soleil ne se levait pas, et l’air puait; et le temps était humide et touchait ses os; et les frissons parcouraient son dos et d’un geste de dément, il se rendit à nouveau à sa fenêtre, constatant l’inimaginable. Le monde magique avait été coi des siècles durant; et il assistait à la nouveauté effrayante de la montée des Enfers. Seimei, Orochi, les dieux magiques et splendides et de nouveau le noir.

Le domaine s’agitait tout autant que la nouvelle était spectaculairement incroyable et, les genoux flageolants, Hiiro Oikaze; bientôt à la tête d’un empire économique, ne sut que courir vers la personne dont il avait placé tous ses sentiments paternels (et maternels). Ouvrant la porte comme un fou; le peignoir à moitié ouvert; il s’agenouille aux côtés du lit de la touffe vermeil. « XUE, XUE ! Par Saruta-Iko ! Dis moi que tu es en vie ! »

Ses yeux sortaient de leurs orbites, le palpitant accéléré, la peur au ventre avait rempli le creux matinal; ses mains si douces étaient gelées.

HRP : Hiiro est redevenu brun, et panique.