Pour l’heure, tu n’avais rien à faire, l’ennui t’enlaçait amoureusement, te faisant déambuler sans but dans l’école. Comme sans âme, perdu dans tes songes, seul secours à tes soucis actuels. Un bruit de pas, plusieurs, une personne qui court plutôt, ça t’interpellait d’une manière soudaine, et tu te retournais vers la source, voulant en découvrir l’origine. Un cri. Ton nom. Et ta seule vision fut un masque souriant, avant de sentir un poids et ton dos cogner contre une porte quand tu basculais – si soudainement – en arrière. L’enchainement se termine, tu étais au sol, un corps sur le tien, avant que tu ne comprennes – enfin – ce qu’il venait d’arriver. Aritsune, que tu avais reconnu à son masque si singulier. Un garçon bien sympathique, quoiqu’un peu étrange, mais que tu appréciais.

Le dos un poil douloureux, tu sentais qu’il se relevait, avant de voir sa main, là, tendue pour t’aider, il s’excusait et c’est d’un sourire sincère que tu lui répondais.

« Ce n’est rien, je ne m’y attendais pas, c’est pour ça. »

Debout, tu n’avais pas encore remarqué, tu ne voyais que la porte, mais curieux tu avais fait le choix irréparable de te retourner, remarquant une chose.

Une seule chose.

La cuisine.

Des casseroles, des chaudrons, des marmites, des cocottes-minutes : par dizaine, par centaine, tu ne savais plus. Ton cœur s’emballe, tu as peur, tu flippes, tu ne sais plus où tu es et ce que tu dois faire, des larmes montent et tu t’écroules à nouveau en tremblant, observant les yeux effarés ces monstres qui te terrorisaient.

Elles se rapprochent, elles te semblent terribles, affreuses, effrayantes, elles s’approchent de toi, cruelles, elles viennent à toi et tu as peur, terriblement peur. Ton corps tremble, tu n’entends plus rien, hormis un rire sourd qui semble s’échapper des monstres qui t’entourent, tu as peur, tu es effrayé dans cette pièce démoniaque. Tu bouges, sans comprendre comment, tu finis assit sur une chaise, juste à côté d’elles.

Elles.

Elles sont là.

Si proches de toi.

Comme prêtent à te blesser. T’agresser.

Tu trembles, tes pleurs s’intensifient sans que tu ne puisses te contrôler, paniquant. Tes mains se posent avec hâte sur tes oreilles, tu te crispes, tu entends ce rire, ce rire, seulement ce rire, il te donne envie de vomir, ton bras gauche te démange sans que tu ne saches pourquoi, tu flippes, tu veux sortir, tu ne sais plus.

Et ta respiration se coupe quelques secondes, alors que tes yeux s’écarquillent, tu te bloques, quelques secondes, avant de trembler de plus belle, faisant tomber ta tête sur tes cuisses tant tu n’en peux plus.

Sortir, sortir, sortir, sortir. Tu veux fuir. Courir loin d’ici, tu as l’impression de mourir tant tu suffoques.

Ton cœur s’emballe de plus en plus vite, tu secoues ta tête, tu ne veux pas qu’Aritsune s’éloigne, tu n’arrives pas à hurler, tu n’arrives pas à lui dire que tu veux sortir de cette pièce. Tu n’arrives tout simplement pas à parler quand bien même ta bouche s’ouvre, non, tu ne peux que pleurer ta frayeur, suffoquer de peur.

Et soudain, l’une des casseroles s’effondre dans un claquement sonore, tu bondis, presque, et tu t’écrases au sol en tremblant encore et encore avant d’hurler de peur.

Les ténèbres t’enlacent alors que tu continues de trembler, la peur t’enivre, te fige, te rend fou. Qu’importe ce que tu fais, tu as cette impression d’étouffer, de crever sur place, tes forces t’abandonnent et tu n’entends plus que l’écho du rire qui te hante. Ce « huehuehuehue » qui ne te lâche pas, ce son affreux qui te fait pleurer à chaudes larmes, le cœur palpitant de frayeur.

Elles t’entourent.

Ne te quittent pas du regard.

Et comme un enfant, tu tentes de te cacher dans tes bras, tu t’enfermes dans un cocon, suffoquant, effrayé, apeuré, tu ne peux fuir, alors tu te protèges bêtement. La voix d’Aritsune, tu ne l’entends pas, il te positionne et pourtant tu t’agites, tu as peur, si peur.

Les larmes qui dévalent tes joues se font plus nombreuses encore, tu le regardes comme si tu voyais un fantôme, une chose informe s’approche (en réalité son masque, mais tu ne comprends plus rien), ta peur t’enlace encore plus, elle te serre si fort que tu manques de mourir.

« NON ! »

Tu hurles en sentant le bois contre ta peau, tu te recroquevilles en tremblant de plus en plus fort après l’avoir violement poussé en arrière, peut-être l’as-tu frappé, tu ne sais pas.

Tu as juste peur.

Tu veux fuir.

« NE M’APPROCHE PAS ! TU VAS ENCORE ME BRÛLER. »

Les casseroles sont les démons de ton passé, des monstres aux allures affreuses, ton cœur s’emballe des frayeurs que tu subis, tu sombres, tu coules dans les méandres de tes souvenirs. Pauvre enfant, effrayé par de simple objet, traumatisé d’un bras brûlé à cause de l’inconscience de tes gestes d’antan. C’est idiot, cette peur, ce n’est qu’une erreur dans tes songes, mais dès que tu les vois, tu te souviens de cette douleur insupportable, de ta peau cramée, de la fragrance putride qu’elle dégageait, et ça te fait trembler, ça te donne la nausée, tu veux crever et ne plus jamais subir cette douleur.

Car tu en gardes les séquelles, encore aujourd’hui, ton bras meurtri, gangréné, ébouillanté. Oh oui, tu en as si peur. Tu te souviens du regard paniqué de ta mère, de la mine effrayée de ton père, des urgences, de la douleur. C’était étrange. Elle était tombée, simplement, tu voulais l’attraper sans te souvenir de la raison, elle a basculé et tu vois encore l’eau attaquer ta peau.

Tu ne le sens pas te bouger, tu n’es plus conscient, juste affolé, tu veux sortir de cette pièce, la fuir, la quitter. Quitter tes peurs, tes démons, tes frayeurs.

Simplement.

ps : j'ai éclaté de RIRE PTN.

Le cœur en panique, la peur aux tripes, tu flippes sans plus rien comprendre à ce qu’il t’arrive, tu veux juste sortir de cette salle, fuir, courir, t’éloigner afin d’échapper. On te parle, tu t’affoles, tu voudrais pleurer mais tu n’as plus la force de le faire, ou peut-être es-tu en train de pleurer, tu n’en sais plus rien, c’est le vide, tu souffres, tu as peur.

Tu te mets à respirer un peu mieux, tu ne remarques plus les monstres de ton enfance, ceux qui te hantent encore maintenant, ton rythme se fait plus doux et tu remarques que vous êtes maintenant hors de la cuisine bien que la porte soit toujours ouverte.

« La porte… »

Presque rien ne sort, tu veux juste couper de ta vue cette horreur infâme.

Tu sens ton visage se faire tirer par le sol, se déformant contre la pierre froide sans que tu ne comprennes ce qu’il t’arrive, ton corps est aussi mou que celui d’un mollusque, tu pourrais croire qu’une moule est plus vivace que toi en cet instant, et tu ne sais pas toute l’énergie qu’Aritsune déploie pour te sauver de tes démons. Tu imagines cette grande casserole à dents qui te pourchasse et tu voudrais hurler, sauf que tu ne sens rien d’autre que tes traits contre le sol, s’écrasant parfois violemment, ça te sonne bien que tu ne sois plus conscient depuis déjà bien longtemps.

Huehuehue fit-elle, te poursuivant, folle et désireuse de te dévorer, ton cœur s’emballe et une fois hors de la cuisine, tu t’écrases lamentablement au sol, sur lequel tu étais trainé, fusionnant presque avec celui-ci, devenant son franc adorateur.

Huehuehue.
HUEHUEHUE.

Elle continue, et toi, tu te relèves d’un coup, prêt à fuir sans remarquer le corps au sol que tu te prends dans le pied, tu tombes à nouveau, ton front rencontrant le mur, puis le sol, t’es KO parce que tu crois qu’une casserole géante veut te bouffer, si ça ce n’est pas con.

ps : jspr ça te va si takashi te trébuche dessus de peur snn je changerais <3

Tu étais semblable à un mort, le front rouge dû à ta chute, les joues encore inondées des larmes de ta panique passée, les cheveux en bataille et l’âme ailleurs. Si tu étais conscient, Takashi, tu t’excuserais des heures à Aritsune qui te sauve tel un prince, mais ton état est plus proche d’un zombie que d’une princesse, à vrai dire on dirait plus qu’il transporte un cadavre qu’un être vivant. Tu ne sais même pas où vous êtes, ce qu’il se passe ou bien si tu vas mourir avaler par l’effroyable casserole qui te poursuit.

C’était compliqué d’avoir une phobie des casseroles, impossible d’approcher les cuisines, impossible de cuisiner tout court.

Putain.

Tu n’aurais pas pu te blesser avec quelque chose de moins courant, être traumatisé par un truc plus random et moins commun qu’une casserole. Bien que ça ne soit pas de ta faute, tu aurais pû mieux vivre cette chute dans les cuisines, simplement.

Quand tu reprendras connaissance, tu t’excuseras de l’état dans lequel tu es.

Tu te le promets.

Tu es sonné, Takashi, c’est limite si tu comprends ce qu’il se passe, non en réalité tu ne comprends plus rien. T’es ce mec avec des canards en plastique qui tournent autour de ton crane, ce type tellement ailleurs qu’on pourrait te croire dans un autre monde, dans le coma ou mortellement drogué, difficile de savoir. Ce qui est sûr, c’est que tu t’es tapé une sacrée crise de panique dans la cuisine parce que t’as vu des monstres, des trucs assurément effrayants, effroyables.

Baam.

Tu clignes des yeux, ta joue te pique un peu, la droite sans que tu ne comprennes pourquoi, tu vois juste la tronche d’Aritsune, une main sur la joue opposée à la douloureuse, encore dans les vapes des peurs précédentes. Est-ce qu’il venait de te foutre une tarte ? Certainement, mais tu n’étais pas en bon état, fallait se l’avouer, mais quand même, pourquoi il t’en fout une ? Tu lui as fait du mal ? Ah non, t’étais ailleurs, les casseroles oui.

LES CASSEROLES.

Soudainement tu tournes la tête dans tous les sens, vous êtes dans le couloir, y a pas de casserole géante qui fait huehuehue pour te manger.

« Elle n’est… plus là ? Elle ne me veut plus de mal ? »

Tu demandes, prêt à céder une nouvelle fois à la folie de l’angoisse.

« Dis-moi qu’elles ne sont plus là. Elles sont où ? Elles veulent encore me faire du mal, j’en suis certain ! »