» you can stand under my umbrella (nael hayashi)
Haku Awataguchi
Citation : Um... Ah, first let's check out the situation.
Age : onze ans
Rang : e5
Orochi
Haku Awataguchi
Told you I'll be here forever
Au bord du lac à la surface secoué par les gouttes de pluie, il pense, réfléchit, se questionne intérieurement, et se remémore. Tout était arrivé si vite. Un regard, un sourire, une rencontre impromptue provoquée par la destinée. Le monde s'était arrêté brutalement à l'instant même où il t'avait vu, toi et tes cheveux blancs. Avec cette allure, ces manières, ce regard, il t'imaginait hautain et effronté. Il ne s'était pas trop trompé. Mais ça ne l'avait pas dérangé le moins du monde. Parce que Clovis aime tout le monde, parce que Clovis est incapable de détester quelqu'un, parce que tu étais différent dans la masse des élèves de cette école. Il se rappelait des battements anarchiques et incontrôlables de son cœur, du sang qui cognait si fort contre ses tempes, de ses jambes incapables d'avancer, et toi qui restait bloqué dans son regard.
Un coup de foudre. Le genre de scène improbable hormis entre les pages d'un roman niais. Mais il n'avait rien dit. Vous étiez juste des amis proches, très proches. Mais il n'avait rien dit. Rien.
Il t'avait envoyé un origami une heure plus tôt, pour te donner rendez-vous ici, près de ce lac qu'il trouve si charmant avec ce cerisier en fleurs. Il t'attend, assis en tailleur dans l'herbe humide, tenant un grand parapluie noir au-dessus de sa tête. Dans l'eau, les ondes s'étalent et se rencontrent, aucun oiseau, aucun bruit, juste le clapotis de la pluie. Et tu n'es pas encore là. Mais il t'attend. Il doit te parler.
Nael Hayashi
Just to cure it cause I can't ignore it if it's love
Makes me wanna turn around and face me but I don't know nothing about love — Accidentally in love // Counting crows
Même Clovis n'est pas là et en un mois, tu t'es habitué à ce qu'il soit près de toi. Tu l’as vaguement cherché, sans succès. Alors tu t’es posté dans la salle commune, en attendant son retour. C’est un peu bizarre : tu t’auto satisfait, en général. Rechercher autant la présence de quelqu’un, tu n’y es pas vraiment familier.
Clovis, il t'a envoyé un origami, finalement. Il t'a demandé de le rejoindre, près du lac. Enjoué par l’idée, tu voulais l'y retrouver de suite, mais il t’a précisé une heure pour venir. T’as eu du mal à contenir ton envie, à ne pas céder à ton caprice. Pourtant, tu as obéi. Peut-être parce qu’il y avait ce quelque chose, dans cette lettre, qui t’as fait comprendre que c’était sérieux. Loin de l'habituel insouciance de ton ami. Donc tu attends, même si c'est difficile pour toi.
Le gris de l’origami aurait pu te donner des indications sur sa confusion, si tu y prêtais un minimum d’attention.
L’heure approche plus vite que tu ne le redoutais et tu te redresses avec impatience lorsqu’il est temps pour toi de te rendre au lieu de rendez-vous.
Le lac. Tu te demandes ce qu’il peut vouloir y faire, par ce temps. C’est pluvieux. C’est même plutôt frais. Mais aucune de ces préoccupations ne viennent à bout de ton énergie débordante, tandis que tu files jusqu’à l’endroit susnommé.
Et il est là. Assis sous la pluie, dans cette herbe certainement humide. Tu ne sais pas depuis combien de temps il attend là, mais ça ne te semble pas très raisonnable, bien qu’il ait la décence de s’abriter sous un parapluie.
« Tu vas attraper froid, à ce rythme-là, tu lui lances, franchissant les derniers pas qui vous séparent. »
Tu t'installes près du lui, à l'abri du parapluie. Tu as déjà les cheveux et les vêtements mouillés par ton chemin jusqu'ici, mais tu ne t’en préoccupe pas. Tu observes un instant les gouttes de pluie dessiner des ondes sur la surface du lac.
« Si tu espérais te baigner, c'est loupé. »
Haku Awataguchi
Citation : Um... Ah, first let's check out the situation.
Age : onze ans
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Orochi
Haku Awataguchi
Told you I'll be here forever
Et toi tu es là, à ces côtés, finalement arrivé au bord de ce lac qu'il aime tant. Et tu n'as aucune idée de ce qu'il prépare, de ce qui traverse son esprit en ce moment même. En réalité le garçon ne sait pas trop lui-même ce qu'il va se passer. C'est là une question de courage, de témérité, d'affronter sa peur et de tout te balancer au visage. Il aurait pu faire un feu, utiliser sa baguette malgré l'interdiction dans le règlement, mais il n'y avait pas pensé. Il aurait pu agrandir le parapluie pour mieux se protéger, mais il n'y avait pas pensé non plus. Penser, réfléchir, voilà deux choses qui deviennent de plus en plus complexes pour Clovis à mesure que les secondes s'égrainent et que tu restes à ses côtés.
Tes mots dérangés par la simplicité de la pluie qui tombe. Il n'ose pas te regarder dans les yeux, il a trop peur de ce que tu pourrais y voir, de la vérité qui s'est logée au fond de ses iris azurés. “Je voulais te remercier pour tout ce que tu fais pour moi depuis que je suis arrivé ici”, il te parle en français, comme s'il voulait que toi seul comprennes le dialogue qui va suivre, “Grâce à toi j'ai le sentiment de ne pas être à près de dix milles kilomètres de mes amis, et de ma famille...”. Le texte est préparé, c'est un acteur qui déclame sa tirade. On sentirait presque poindre au creux de ses cordes la scène quatre de l'acte trois du Cid de Corneille, le moment où Chimène et Rodrigue s'unissent et s'opposent. C'est toute la tragédie, toute la cruauté d'un instant. Il n'y a ni vengeance, ni meurtre entre vous, et pourtant l'histoire qui pourrait s'écrire pourrait prendre un tour tout aussi triste.
Parce qu'il t'aime mais il n'ose pas te l'avouer. Parce qu'il t'aime mais il ne sait pas ce que ça veut dire. Parce que tu pourrais lui dire non. Parce que tu pourrais lui dire oui. Mais que dans quelques mois, dans un battement de cil, tout s'arrêtera. Parce qu'il rentrera chez lui, toi tu resteras là. Et voilà qu'en pensant à tout ça, l'enfant verse une larme qui coule sur sa joue et se mêle aux gouttes de pluie qui s'écrasent sur l'herbe verte. “C'est vrai que s'il avait fait beau, on aurait pu se baigner”, la voix est monotone, loin de ce ton enjoué qu'il utilise habituellement.
Nael Hayashi
Just to cure it cause I can't ignore it if it's love
Makes me wanna turn around and face me but I don't know nothing about love — Accidentally in love // Counting crows
Il te parle en français et cette fois c’est la chaleur qui t’envahie. Cette langue, c’est la première chose qui vous a rapproché. Tu ne fais jamais rien sans raison personnelle. Et la tienne, pour le guider parmi les japonais, c’est l’envie de retrouver un peu de ton enfance. Parce que Clovis te rappelle tes années passées en France, symbole de ta vie en dehors de cette école. Pas que tu n’aimes pas Mahoutokoro, mais la transition était difficile à gérer. Même si mère t’as appris le japonais, même si elle vous a ramené quelques moins avant ta rentrée. Tu ne voulais pas t’y habituer. Tu es né japonais, mais tu as été élevé français et à tes yeux, c’est celle-ci ta langue natale. Celle qui tu parlé toute ton enfance.
« Tu dis ça comme s’il s’agissait d’adieux. »
Tu lui réponds dans sa langue, à ton tour, mais ton enjouement est retombé suite à ses paroles. Tu sais que c’est difficile de se retrouver loin de tout ce qu’on connait, aussi soudainement. Ce que tu sais moins, c’est comment réagir dans cette situation.
« Tu pouvais me remercier ailleurs, tu sais. On va finir par attraper froid ici. »
Tu hausses les épaules, comme si ce n’était pas vraiment important. Mais c’est vrai que c’est dommage, qu’il ne fasse pas beau. Vous auriez pu en profiter un peu. Vous baigner, comme il le fait remarquer.
Tu tournes ton visage vers les sien, l’espoir dérisoire de le voir sourire. Sauf que c’est une larme qui se dessine, te perdant un peu plus. Tu ne comprends pas et ce n’est pas faute d’essayer.
« C’est pas grave Clovis, on est qu’en avril. On pourra se baigner en été, faut pas pleurer pour ça. »
Tu es à côté de la plaque, Nael, mais tu ne le sais pas.
Haku Awataguchi
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Orochi
Haku Awataguchi
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Tu lui parles en français, comme pour perpétuer et resserrer ce lien unique qui vous relie. Deux garçons dans une école japonaise sachant parler une langue que personne d'autre ne peut comprendre. Hasard. Un heureux hasard. Tu es le souvenir de sa vie à Beauxbatons, de ses journées passées à courir dans le parc du manoir familial, des câlins inoubliables de sa mère. Tu es tout ça et tellement plus à la fois. Car tu es son lien avec ce pays qu'il admirait tant autrefois, qu'il voulait visiter, où il se trouve. Il ne réalise pas encore très bien la chance qu'il a de faire cette échange. Et grâce à toi tout devient un peu plus irréel chaque jour, un peu plus beau.
Nael, tu es un idiot, un idiot charismatique et terriblement mignon, mais un idiot quand même. Et tu ne comprends pas que le gamin en face de toi en train de t'ouvrir son cœur, et tu ne comprends pas qu'il s'apprête à faire quelque chose qu'il n'avait jamais fait auparavant. Cette larme se n'est pas une tristesse futile, une baignade qui ne se fera pas, c'est de l'inquiétude, de la passion, des sentiments contraires, mêlés et emmêlés : c'est de l'amour tout simplement. Et il est là à regarder le lac, à regarder la pluie tomber. Il essuie cette larme, et sourit à ta remarque. Ta stupidité est drôle, c'est déjà ça. “Ce n'est pas un adieu Nael, je ne compte pas partir tout de suite.”, il reprend son souffle, ces quelques mots l'épuisent, lui demandent tant d'énergie, “Je ne sais pas très bien comment m'y prendre, comment te le dire et ... je me sens stupide”. Une blocage, un arrêt. La peur l'envahit. La peur que ce ne soit pas réciproque, que tu ne l'aimes pas comme lui t'aimes. “Tu m'as tellement aidé depuis que je suis arrivé, tu m'as permis de garder confiance, tu m'as soutenu. J'ai aimé nos moments tous les deux. J'ai aimé me promener avec toi. Je...”, au loin un oiseau chante, un clairon annonçant le crieur-public, “Je t'aime Nael. Follement. Éperdument.”
C'est une bouteille à la mer couleur hortensia. Un message qui ne veut pas être lu mais accueilli à bras ouverts. Un petit mot qui n'est destiné qu'à toi.
Nael Hayashi
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Tu essaies de comprendre où veux en venir sa déclaration. Le souvenir de ces dernières semaines. Les compliments ne t’ont jamais surpris, mais tu es plus accoutumé aux preuves de ta souveraineté qu’au rôle du héro ayant aidé. Puis il y a ces mots et tu te sens définitivement perdu, cette fois. Je t’aime. Personne ne t’a jamais dit ça, à part ta maman. Sauf qu’encore une fois, t’as la sensation que ça n’a pas la même signification que lorsque c’est elle qui prononce cette phrase.
« Tu m’aimes… style être amoureux ? »
Tu as une vague idée de ce que c’est. Tous les adolescents autour de toi en parle, comme si c’était un sujet à la mode. A la différence que celui-ci ne se démode pas.
Le problème, c’est que si tu sais ce que c’est, en théorie. Tu ne connais pas réellement ce sentiment. La seule personne qui tu es sûr d’aimer, c’est ta mère. Et encore. Vous avez cette relation particulière, plus proche d’un roi et de sa servante que d’une mère et son enfant. Elle t’a toujours offert cette emprise sur elle, t’habituant à te sentir bien plus puissant qu’elle.
Genoux repliés contre ta poitrine, yeux rivés sur les gouttes de pluie, tu te décales jusqu’à ce que ton épaule touche celle de ton ami.
« Comment tu sais que t’es amoureux ? »
Il n’y a que Clovis pour te faire te poser cette question. Toi qui ne t’étais encore jamais intéressé au sujet, malgré les années. Et c’est aussi pour cette raison que ça t’intrigue. Clovis, ce n’est pas ta maman. Clovis c’est… un égal. Comme s’il était le roi d’un pays voisin.
Tes neurones tentent des connexions hasardeuses et tu as l’impression que de la fumée va s’échapper de tes oreilles à force de réflexion.
« M’en veux pas, Clovis, j’y connais rien à tout ça. »
Tu poses ta tête sur tes genoux, avec la moue d’un enfant boudeur face à un exercice trop compliqué.
« Mais moi aussi j’aime passer du temps avec toi. Et j’ai pas envie que tu pleures. »
Haku Awataguchi
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Orochi
Haku Awataguchi
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Mais ça fait mal. De ne pas avoir une réponse claire et précise. Sans mentir, il ne s'attendait pas à ce que tu lui dises oui je t'aime marions nous, mais quand même ... c'était peut-être les romans d'amour qui l'avaient trompé. Clovis est trop niais. Il rêve d'un monde merveilleux, peint en rose, où tous ne seraient que bisounours C'est ridicule. Mais c'est Clovis.
Et sentir ton épaule contre la sienne, sentir la chaleur de ton corps aussi prêt, dans ce froid. Sentiment étrange. Nouveau. Clovis t'écoute et ne peut s'empêcher de sourire avec tes questions un peu stupide, digne d'un enfant qui découvre son environnement. Il n'arrive pas à t'en vouloir. C'est pour ça aussi qu'il t'apprécie autant, pour cette touche de naïveté sous ton apparence. Il te regarde, ne peut s'empêcher de garder ses prunelles azurées rivées sur toi. Alors il prend sa voix tendre, cette voix qui le ferait passer pour un ange d'après sa mère : “Je ne sais pas, je le sais c'est tout. Comme si c'était la chose la plus évidente sur terre. Comme je sais qu'un oiseau vole, et que l'eau mouille.”, que dire ? Comment répondre à une question aussi profonde que définir l'amour ? L'enfant ne sait pas. C'est trop compliqué pour lui. Mais il fera tout son possible pour que tu comprennes. Parce qu'il veut savoir si c'est réciproque ou pas.
Alors il continue, il déroule son discours à la manière de la brodeuse qui déroule délicatement son ruban de soie avant de le travailler, “Être amoureux c'est vouloir à tout pris rester avec la personne qu'on aime. C'est regardé une foule et la remarquer au premier instant. C'est avoir mal lorsqu'elle pleure. C'est sourire lorsqu'elle est heureuse... Aimer c'est la plus belle chose au monde. C'est embrasser l'autre et sentir le monde s'effondrer autour mais ne pas y prêter attention...”, il s'arrête, et comprend. Il ne fait que répéter ce qu'il a lu, entendu, c'est un perroquet qui répète gentiment ce que son maître lui a appris. Mais ce n'est pas lui.
“En fait je ne suis pas sûr de pouvoir te l'expliquer, mais je peux peut-être te le fair ressentir...”, et l'enfant se rapproche de toi. Parce qu'il est poussé par une force invisible, parce qu'un voix lui susurre au creux de l'oreille ce qu'il doit faire. C'est peut-être sa conscience, comme dans Pinocchio ? Il est juste à côté de toi, pose sa main sur ta joue et te fait tourner la tête. Face à face. Yeux dans les yeux. Il ne sait pas ce qu'il fait. Mais il s'en fiche. Il ferme ses yeux. Pose ses lèvres sur les tiennes. Et le monde semble s'effondrer tout autour de lui, comme le disait les belles histoires. Et le sol semble se dérober sous ses pieds, mais il s'en fiche. Il se recule, au bout de quelques secondes qui ont semblé une éternité à ses yeux, rougissant de honte, le regard planté dans le sol, “C'est ça aimer. Tout simplement. Et je t'aime Nael”.
Nael Hayashi
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Alors tu écoutes avec attention les informations supplémentaires qui te sont donnés, dans l’espoir de te voir confirmer ce que tu commences à penser. Certaines de ses paroles te font écho. Parce que depuis que tu le connais, tu voudrais toujours être avec lui. Que perdu dans une foule, c’est lui que tu remarques en premier. Que quand tu l’as vu pleurer, à l’instant, tu as voulu le réconforter.
Et finalement, c’est peut-être suffisant à dire que tu es amoureux, toi aussi.
Bien que tu n’aies pas connaissance du dicton disant que s’aimer ce n’est pas de se regarder l’un l’autre, mais de regarder dans la même direction, tu le démentirais volontiers quand la main de Clovis sur ta joue t’amena à le regarder. Les yeux dans les yeux, vos visages proches, tu te sens déjà rougir face à cette proximité à laquelle tu n’es pas accoutumé. Ses lèvres de lient aux tiennes et cette fois c’est ton cœur qui loupe un battement.
Sentir le monde s’effondrer autour, mais ne pas y prêter attention. Le monde ne s’effondre pas autour de vous. Tu ne crois pas, en tout cas. Mais honnêtement, tu n’es pas sûr que tu t’en rendrais compte.
Peut-être pour compenser son arrêt momentané ou sous l’effet de l’adrénaline, tu sens ton cœur s’accélérer avec le baiser. Tu n’as aucune idée de combien de temps s’est écoulé lorsque vous vous séparez. Quelques minutes ? Surement quelques secondes surement. C’était long et beaucoup trop court, à la fois.
« Je crois que je comprends. »
Devant son visage rougi, tu comprends surtout que tu voudrais recommencer. Ne pas le laisser s'éloigner. Une de tes mains vient chercher la sienne, de peur de le voir s'échapper et cette fois c'est ton visage qui s'approche du sien. Épaules tendues, pas certain de ce que tu t'apprêtes à faire – généralement trop sûr de toi, pourtant – tu avances tes lèvres vers les siennes pour les joindre encore une fois. C'est un peu plus brutal, pas aussi léger que ce qui a précédé. Un baiser qui te ressemble.
Tu oublies la pluie qui n'a pas cessé de déverser sa peine, malgré que toi tu aies effacé celle de Clovis. Malheureusement, elle se rappelle à ton souvenir lorsque des gouttes d'eau viennent s'écraser sur ton visage. Tu te sépares enfin du visage de l'être adoré, pour réaliser que le parapluie s'est échappé durant votre étreinte.
« La prochaine fois, on s'évitera la pluie. »
Tu replaces l’objet au-dessus de vos têtes. Espoir futile de ne pas finir plus mouiller que vous ne l’êtes déjà. Un plongeon dans le lac ne serait peut-être pas pire, finalement.
Haku Awataguchi
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Orochi
Haku Awataguchi
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C'est ça aimer. Tout simplement.
Le parapluie était tombé pendant leur long et langoureux baisé mais il n'avait rien senti. La pluie ne lui faisait plus rien. Il ne sentait pas les gouttes d'eau glacé lui glisser dans le cou. Il ne sentait plus l'étreinte froide du vent lui griffer chaque parcelle découverte de sa peau. Il n'en avait plus rien à faire. Tu étais là pour lui et c'était tout ce qui comptait dans ce monde. Plus d'école, plus de cours, plus de famille trop loin, juste vous deux, pour un instant qui lui paraissait à la fois merveilleusement long et atrocement court. Il souriait bêtement à ta remarque, pas parce qu'elle était stupide ou naïve, pas parce que c'était toi, mais pour une raison mystérieuse qui le poussait à sourire bêtement, “C'est vrai que la prochaine fois ça serait mieux d'éviter la pluie”.
Il ne savait plus quoi dire. Il voulait juste profiter de ce moment, le graver au plus profond de son âme, au plus profond de son cœur, pour ne jamais l'oublier.
Aux yeux de Clovis il n'y avait rien de plus entre eux qu'une passion, un attachement naïf et absolu comme peut l'être le premier amour. Il pensait que ça ne s'arrêterait. Il n'imaginait pas que la distance, la brutale fin de l'année scolaire mettrait fin à leur relation. Elle serait plus forte que ça. Il en était sûr. Son cerveau était obnubilé par cette confiance insolente, parce que l'amour rend aveugle, parce que la jeunesse n'a pas à penser aux affres de la vie. Alors il n'y pensait pas. Il n'y avait que toi et ça lui suffisait.
Sa main tient la tienne comme si tu allais t'enfuir. Il pose sa tête sur ton épaule. “Promets moi qu'on sera toujours heureux ensemble. Aucune larme. Jamais. Même quand je retournerai en France...”. La phrase prêtait à sourire. Mais il était sincère. Il ne voulait pas être triste avec toi. Jamais.
Nael Hayashi
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Si le souvenir de ce moment pourrait te faire porter une certaine affection envers les journées pluvieuses, tu ne peux t’empêcher d’être satisfait à l’idée que vous soyez d’accord pour les éviter, à l’avenir. Parce qu’un avenir, tu en imagines un, sans pouvoir en douter. Digne de l’adolescence rêveuse. Pourquoi ne serait-ce pas le cas, après tout ?
Ce sont les paroles de Clovis qui te ramène à une certaine réalité : son départ. L’unique année qu’il doit passer ici, avant son retour en France. Vous n’êtes qu’en avril et tu ne veux pas y penser maintenant, alors qu’ils vous restent encore du temps, mais la vérité est bien là. Tu te sens un peu jaloux à l’idée que lui retournera dans ce pays que tu vois davantage comme ta maison que le Japon, mais tu laisses cette émotion de côté, pour le rassurer. Parce que Clovis a déjà pleuré et que tu ne tiens pas à le voir recommencer.
« On se verra moins, c’est sûr… mais on pourra toujours s’envoyer des nouvelles. Et puis, tu sais, ma mère ne sera jamais contre l’idée d’aller passer du temps en France. Donc, je pourrais venir durant les vacances ! »
Promesse d’enfant, persuadé que chaque chose se déroulera aussi simplement que ce qu’on les prédit. Mais qui pourrait vous reprocher de rêver ?
« Je te le promet, d’accord ? »
Tu reprends possession de ses mains, tes yeux plongés dans les siens, parce que tu y tiens vraiment, à cette promesse.
La fraicheur de tes vêtements humidifiés se rappellent à toi, te faisant frissonner malgré la protection amenée par le parapluie.
« Et si on rentrait, maintenant ? »
Haku Awataguchi
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Et tu serrais ses doigts dans tes mains si douces.
Et il réalisait peu à peu que cette année à Mahoutokoro serait la plus belle de sa vie.
La pluie tombait toujours. Mais il s'en fichait, vous étiez ensemble. Ta promesse le rassurait, il avait confiance en l'avenir, persuadé que le destin serait bon avec eux, que Celui qui régnait au-dessus, peu importe sa forme, prendrait en pitié ces deux enfants et serait généreux. Pourquoi avoir peur ? Que pouvait-il leur arriver de mal ? Rien. À cet instant, ils étaient les maîtres du monde. “Oui. Rentrons avant d'attraper froid.”.
Il souriait. Il ne pouvait pas s'en empêcher. Rien ne pouvait effacer la joie de son visage. Parce que l'enfant était allé au bout du monde pour étudier, et qu'il avait trouver un trésor au moins aussi précieux que la connaissance : l'amour. Et pendant qu'il revenait vers l'école, il se rendit compte que la pluie s'était arrêtée. Alors il leva les yeux au ciel, et il le vit, l'arche aux sept couleurs, ce joyau de la nature, un arc-en-ciel. Il se dressait fièrement au-dessus de l'île. Tout irait bien.
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