birds fly in every direction (yume)
Ange Ueda
Citation : risus abundat in ore stultorum -- à la bouche du sot, le rire abonde
Age : 17 (29/02)
Rang : 60/100 dsl
Amaterasu
Ange Ueda
Il avait passé quinze nuits et quatorze jours à compter les étoiles - dans le ciel et sous la terre, celles qui riaient à minuit et pleuraient à midi. Le travers de son oeil s’était accroché à d’idiots détails: la tâche d’humidité à quelques mètres de son lit, qui s’élargissait de douloureux centimètres à chaque jour, sous la négligence des employés ; le ricochet du soleil contre sa vitre à six heures cinquante-quatre minutes, qui créait dans son faisceau un arc-en-ciel contre le dos de sa main.
On ne lui avait cédé que quelques paires de pantalons et, au bout d’à peine dix jours, sa peau le démangeait.
En réalité, elle avait commencé à tirer sur ses os au terme d’une poignée d’heures, l’aiguille trop longtemps retirée du bras. Il s’était réveillé, deux semaines plus tôt, avec une autre dans la veine - perfusion, c’était tout de suite plus légal ; avait fait face au visage mortifié de sa douce tante à quelques mètres. Overdose, encore.
Quinze nuits, quartoze jours. Peut-être serait-il resté plus longtemps, sans l’intervention de son père. Hanzo Ueda, dans sa quarantaine fièrement creusée, n’avait pas plus fière allure que l’air accueillant - il avait arraché Ange à sa perspective d’asile, s’était attelé à graver dans son crâne de nouveaux préceptes, annihilant si bien ceux des infirmiers que du reste de leur famille. Au terme de leur discussion, il ne sentait rien.
Et c’était une expérience singulière, pour Ange, de ne rien ressentir ; il n’y avait plus que le contact froid et brutal d’une main sur son épaule, la pression des ongles enfoncés dans sa peau et la présence glaciale de son père, juste derrière lui. Il n’y avait que sa voix, aboyant sans cérémonie qu’on laisse Ange partir, qu’on le rende à son père (pour qu’il l’abandonne plus facilement, ne dit-il pas. Ange l’entend.) Il n’était pas rentré chez lui. Au lieu de ça, il avait supplié qu’on le laisse au pas de ta porte, promettant qu’il allait suivre les indications de Hanzo et prendre ses médicaments - en avait glissé un entre ses lèvres pour faire bonne mesure, dans l’espoir d’un peu de liberté.
Il n’avait été relâché qu’au bout de deux cachets.
Plutôt que de frapper à la porte et d’affronter les parents, il s’était faufilé dans l’arrière-cour, avait vaillamment escaladé un des arbres et, armé de cailloux, tenté d’attirer ton attention. A la nostalgie qui s’incrustait entre ses os et à la vitre subitement ouverte, Ange décocha le plus beau et le plus triste de ses sourires ; car séraphin ne passait par la fenêtre que lorsque le moral traînait dans le fond de ses chaussettes, et que la simple vue de ton doux visage ne suffisait à le rehausser convenablement. En équilibre sur sa branche, les muscles vaguement engourdis par la prescription, il rampa jusqu’à ta fenêtre et se laissa gracieusement tomber au sol.
Hey. Le timbre rauque, rouillé. Ah, il n’avait pratiquement rien dit, là-bas. Papa m’a fait sortir. Surprise ? Et, sur le ricochet suraigu de sa voix, il fondit en larmes.
Yume Ueda
Citation : But It's Better If You Do
Age : 18 (8/11/79)
Ryujin
Yume Ueda
Become so tired so much more aware
I'm becoming this all I want to do
Is be more like me and be less like you— Numb // Linkin Park
Deux semaines déjà, depuis le début du mois d’août. Deux semaines, déjà, depuis le début de ces vacances que vous vouliez passer ensemble, que vous avez touché du bout des doigts à leur arrivée. Et deux semaines, déjà, que vos espoirs se sont envolés en même qu’il a été emmené loin de toi.
Un centre de désintoxication, bon sang. Qu’importe à quel point ça te semble important, tu n’en es pas moins sur les nerfs pour autant. Justement parce que c’est important, en fait. Parce que ça montre à quel point Ange a un problème et que personne n’a rien pu y faire avant que ce ne soit déjà trop tard. Et ça te rend dingue, parce que les conséquences auraient pu être bien pire encore. Tellement pire. Alors tu t’es rongé les sangs en même temps que les ongles, en attendant d’avoir des nouvelles et, finalement, ce qui t’as le plus énervé, c’est de ne pas pouvoir être à ses côtés.
Tu as fini par t’y faire, à ces quatorze jours seul – encore que, seul, c’est assez relatif chez toi ; l’avantage ou l’inconvénient, selon le point de vu, d’une famille nombreuse. Passant le plus gros de ton temps dans ta chambre, devenue ton meilleur refuge avec les années. Tu ne pensais pas revoir ton cousin avant la rentrée scolaire ou, avec un peu de chance, quelques jours avant. Pourtant, en entendant les cailloux percuter ta fenêtre, tu as su immédiatement.
Qu’il ne pouvait s’agir que de lui.
Tu as traversé la pièce d’une enjambée, abandonnant le livre qui recueillait ton attention un instant auparavant. Ouvrant la fenêtre, tu as contemplé Ange, ne semblant que l’ombre de lui-même, entrer. Bien sûr, il n’y a que quand il va mal qu’il choisi d’entrer par là. C’est votre façon à vous, de n’être vu que par l’autre. De rejoindre le refuge. Il fond en larme après une tentative d’humour et tu n’as pas la moindre hésitation à l’enserrer dans tes bras ; à le rattraper, lui, qui semble si prêt à s’écrouler.
« J’étais si inquiet… Qu’est-ce qu’il s’est passé ? »
Tu lui murmures ces mots, comme si tu craignais de le voir s’effondrer sous une intonation plus forte. Tu ne veux pas le brusquer, ni risquer de le fragiliser plus encore qu’il ne l’est. Tu as juste besoin de le réconforter, autant que tu en es capable. Parce que tu seras toujours là, Yume. Mais tu as aussi besoin de savoir. Savoir ce qu’il s’est passé.
« Ne pleure pas, s'il te plait... »
Sinon tu sais que tu vas avoir envie de pleurer, toi aussi.
Ange Ueda
Citation : risus abundat in ore stultorum -- à la bouche du sot, le rire abonde
Age : 17 (29/02)
Rang : 60/100 dsl
Amaterasu
Ange Ueda
Il s’était abandonné à la panique, et se haïssait - les poumons fermés, aucun oxygène pour répondre à leur incessante supplication. Les goulées étaient désordonnées, troublées par d’insipides sanglots et Ange répugnait à s’effondrer devant toi, dans tes bras. Pourtant l’étreinte pansait tant de plaies qu’il n’osait les compter et contre ton épaule c’était si simple de se laisser aller qu’il n’eut guère la force de résister, le flot de pleurs à peine entrecoupé d’inspirations misérables.
Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Et quelle juste question ! Lui-même n’en était pas sûr ; aux souvenirs déjà brouillés, il se heurtait continuellement. Je suis pas sûr… Je crois qu’ils ont eu- qu’ils ont eu besoin de lui, et il a pas voulu. Les bégaiements revenaient à la charge et il avait l’impression d’avoir de nouveau 6 ans, la langue emmêlée derrière ses crocs et le corps engourdi des cachets de papa. Il m’a forcé à reprendre mes cachets.
Les sanglots cédaient leur place à de faibles hoquets et il hocha la tête dans un souffle chaotique, tranché de rires mort-nés. Désolé, ça va aller. Mensonge auquel il aimerait tant croire - il allait y arriver, il y était presque. Quelques mois, grands dieux, c’était tout ce qu’il demandait ; quelques mois pour annihiler le venin et les fièvres qu’il engendrait, quelques mois pour purger son corps à défaut de son âme. Au lieu de cela on lui avait offert deux maigres semaines et une nouvelle boîte probablement illicite.
J’avais vraiment envie d’aller mieux, tu sais ? Il se recroquevilla alors contre ton torse, si avide de contact qu’il en manquait de se crever la peau. J’étais prêt, je crois. J’étais prêt à commencer, et- et il a tout cassé. Je veux pas reprendre ça Yume, j’ai pas envie de plus pouvoir.. de plus pouvoir changer. Nez niché dans ton cou et quelques larmes furent vaillamment retenues, ses bras passés derrière ta nuque. Je veux pas rentrer. Il va rester jusqu’à la rentrée il a dit. Sa voix devenait murmure rauque, saturée d’effroi. Est-ce que je peux rester ici ? S’il te plaît ?
Yume Ueda
Citation : But It's Better If You Do
Age : 18 (8/11/79)
Ryujin
Yume Ueda
Become so tired so much more aware
I'm becoming this all I want to do
Is be more like me and be less like you— Numb // Linkin Park
Il t’explique, il essaie du moins. C’est hésitant, bafouillant, gêné par les pleurs venant hacher les paroles. Néanmoins, les mots prononcés et compris suffisent à éveiller la colère dans l’esprit du plus âgé, comprenant les raisons du chagrin de son cadet ainsi que celles – les mêmes – de son retour. Le père d’Ange, bien sûr, était lié à cette sortie soudaine du lieu providentiel destiné à le sortir de l’addiction. Avec lui, avait eu lieu le retour des médicaments dont le nom n’avait pas l’usage, car destiné à ne guérir non pas une affection, mais seulement la bêtise immense dont le paternel pouvait faire preuve.
Tu ne pouvais nier être soulagé de retrouver ton tendre cousin, préférant le savoir auprès de toi que parmi les inconnus, mais tu n’appréciais guère les conséquences en contrepartie. Et celles-ci te semblent d’autant plus terrible qu’au-delà de ta raison, te signalant les mauvaises décisions prises par le patriarche Ueda, il y a la peine de son rejeton, ne désirant rien de tout cela.
« Je sais, Ange. Je sais. »
Ta voix prend la tonalité du chuchotement apaisant, essayant de contenir la rage grondante au fond de tes entrailles. Tu n’es jamais parvenu à beaucoup apprécier le père d’Ange, mais c’est d’autant pire dans ces moments où tu souhaiterais lui faire entendre le fond de ta pensée.
« Non seulement tu peux rester ici, mais surtout, tu vas y rester. C’est hors de question que je te laisse seul avec lui. »
Tu te le promets, avant même de le lui promettre. Tu le protègeras plus que tout, même si ça signifie se confronter à un adulte et même si tu sais, qu’au bout du compte, tu n’as aucun droit d’empêcher son père de reprendre ses droits.
Ange Ueda
Citation : risus abundat in ore stultorum -- à la bouche du sot, le rire abonde
Age : 17 (29/02)
Rang : 60/100 dsl
Amaterasu
Ange Ueda
Son corps lui paraissait brûlant - il hésitait à s’enfuir, à courir jusqu’à quelqu’autre cousin qui saurait l’arracher à ce venin pour le plonger dans celui d’ordinaire. Plus de poussière de fée dans ses poches, rien d’autre qu’une poignée de cachets qui le tiraient du sommeil pour l’ensevelir sous pléthore de cauchemars éveillés ; il en abhorrait l’inéluctabilité mais se résignait déjà aux semaines (aux mois, aux années - à l’éternité) qui lui tendaient des bras cerclés de barbelé.
Pour l’heure, il se contentait des tiens, tendres et assez chauds pour chasser sa peur glacée.
Non seulement tu peux rester ici, mais surtout, tu vas y rester. C’est hors de question que je te laisse seul avec lui. C’était un beau mensonge, teinté d’opal et d’améthystes bleues ; Ange s’en reput tant qu’il le pouvait, gobant les artifices que tu lui servais dans la sincère affection. Ah, il se surprenait même à y croire - à fantasmer le reste des vacances recroquevillé dans ta chambre, à vivre uniquement de l’attirante rébellion d’un adolescent effronté. Pas s’il revient - je refuse qu’il s’en prenne à vous, à toi. Si Akira foulait le sol de vos quartiers le lendemain, il n’allait souffrir le moindre refus.
Finalement, il parvint à s’écarter juste assez pour frotter ses yeux à vif et inhala tout l’air que ses poumons pouvaient contenir ; il intimait la panique à s’insuffler dans son souffle, l’expulsant en un lent et mesuré (bien que tremblant) soupir. Désolé, murmura-t-il péniblement, grimaçant au travers de sa vision troublée. Il est déjà si tard, et je t’agresse avec mes problèmes. Un rire, amer, agita ses frêles épaules - il vibrait encore d’une énergie sombre, mêlé de peur et de vulnérabilité. Raconte-moi quelque chose. Je veux oublier aujourd’hui, et tous les jours d’avant. Tu m’as manqué, Yume - alors dis-moi, qu’est-ce que t’as fait quand j’étais pas là ?
Une lueur dans l’iris, fugace ; la curiosité qui s’efforçait de primer sur le reste. Masashige aurait appelé ça the kitsune way, songea-t-il dans un fin sourire, alors même qu’il enterrait l’émoi dans les tréfonds déjà saturés de son poitrail.
Yume Ueda
Citation : But It's Better If You Do
Age : 18 (8/11/79)
Ryujin
Yume Ueda
Become so tired so much more aware
I'm becoming this all I want to do
Is be more like me and be less like you— Numb // Linkin Park
C'est frustrant de te sentir si faible, si incapable de le protéger, malgré toute ta volonté. De ne pouvoir lui offrir que ton corps, comme seul rempart face à son malheur ; que tes bras comme seuls réconforts.
Tu le laisses s'écarter, sans pour autant le lâcher, tes mains toujours ancrées autour du corps frêle que tu ne veux laisser. Finalement, tu l'entraîne avec toi jusqu'au lit, plaçant les oreillers contre le mur pour vous installer contre ces derniers.
« Ne t'excuses pas. Tu seras toujours le bienvenue, même pour parler de tes problèmes. Surtout pour ça, même. D'accord ? »
Une demande qui aurait plus de sens si vous preniez tous deux le soin de vous confier ce qui importe. Et en parfaite opposition avec tes paroles, tu songes aux sujets que tu souhaites esquiver si Ange tiens réellement à ce que tu lui racontes tes vacances. Cette prise de conscience a au moins le mérite de te faire culpabiliser, te poussant un peu plus aux limites des aveux.
« Je me suis languis de ton absence… tu commences, doucement, ton regard peiné presque pas feint. Et j'ai passé plusieurs jours avec Kiyoshi, de mon année. »
Tu rabats les couvertures sur vos genoux et te colle à lui, le regard un peu ailleurs, sans savoir quoi ajouter. Les précisions quant à ce que tu fais de tes journées n'ont jamais été ton fort, persuadé de n'avoir jamais rien de bien intéressant à raconter.
« On est allé voir les étoiles filantes, c'était sympa… mais tu m'as manqué, toi aussi. »
Ange Ueda
Citation : risus abundat in ore stultorum -- à la bouche du sot, le rire abonde
Age : 17 (29/02)
Rang : 60/100 dsl
Amaterasu
Ange Ueda
Gamin tremblotait entre tes mains, intimement persuadé qu’en aucun cas tes épaules n’étaient faites à porter les poids qu’il y mettait - mais l’égoïsme régnait entre ses côtes et poussait ses griffes à se resserrer dans ta tunique, la gorge juste assez contractée pour que ses poumons protestent. Ses excuses sont balayées si naturellement qu’il y croirait, rien qu’un instant.
Je me suis languis de ton absence… Et j’ai passé plusieurs jours avec Kiyoshi, de mon année. Son coeur manqua un battement, mais Ange ne dit rien - il se réfugia docilement sous les couettes et, sans protester, enroula ses bras autour de toi. La familiarité de l’acte étouffait la tragédie alentour ; il ne l’aurait échangée pour rien au monde. On est allé voir les étoiles filantes, c’était sympa… mais tu m’as manqué, toi aussi.
Tête hochée pensivement, les sourcils froncés dans l’effort de visualiser ledit Kiyoshi. Mh, je crois que je vois qui c’est. Joli, mais triste, c’est ça ? Il avait croisé Tetsuya à ses côtés, avait plusieurs fois abandonné l’idée de présenter ses excuses pour cette simple raison - justifications qui n’avaient besoin d’aucun témoin ne méritaient pas pour autant d’interrompre une discussion. J’espère que t’as compté les étoiles. Vous avez fait que ça ? La question pesait sur sa langue, comme un mauvais augure ; en quelques jours, on ne regardait pas que les étoiles. S’il a pu combler mon absence, alors je ne suis qu’à moitié jaloux.
Sourire railleur, l’étreinte raffermie et le nez tendrement plongé dans ton cou.
Yume Ueda
Citation : But It's Better If You Do
Age : 18 (8/11/79)
Ryujin
Yume Ueda
Become so tired so much more aware
I'm becoming this all I want to do
Is be more like me and be less like you— Numb // Linkin Park
Couette rabattue sur vous deux, tu raffermi votre étreinte, déposant ensuite un baiser sur ses cheveux. Les questions ne tardent pas et sous son impérieux besoin de changer ses idées, tu cèdes à lui en offrir chaque réponse.
Joli, mais triste. La description est concise, mais correspond tant à Kiyoshi que tu ne peux la démentir.
« C’est ça. On ne se parlait pas beaucoup, mais on a appris à mieux se connaître. C’est vraiment quelqu’un de bien. »
Tu rougis un peu, à la pensée des jours précédents, tentant futilement de ne pas rendre la gêne trop voyante – difficile quand notre physique s’accorde littéralement à nos émotions. Et c’est peut-être pire, encore, quand on maitrise mal ses pouvoirs, d’essayer de les empêcher de faire ce qu’ils veulent. Heureusement, il n’y a que la pointe de tes cheveux qui s’accorde à prendre une teinte rosée, détonnant parmi tes mèches noires.
« Je les ai comptés jusqu’à vingt, après j’ai abandonné, ce qui n’est pas très glorieux. J’étais plus occupé à inventer des constellations. J’en ai même appelé une : Ange. »
Beau parleur, à tes heures perdues, tu deviens pro dans l’invention de mensonges. La vérité, c’est que tu étais trop occupé à penser à Kiyoshi, puis à Kiyo, puis à tout ce qui entourait les deux, pour songer à compter les étoiles.
« On a passé les autres jours à la maison et je lui ai un peu fait visiter Tokyo. Rien d’extraordinaire, tu sais. Mais c’était bien. »
Le sourire contre ton cou ravive le tien, à l’écoute du terme "jaloux". Peut-être que tu prends un peu trop plaisir à l’imaginer aussi possessif que ce que tu aimes montrer quand il s’agit de lui aussi. Vous aviez toujours fonctionné ainsi, de toute façon.
« En fait, on s’est un peu laissé emporter… et je l’ai embrassé. Mais, c’était pas grand-chose. »
C'est tellement plus simple de s'en persuader.
Ange Ueda
Citation : risus abundat in ore stultorum -- à la bouche du sot, le rire abonde
Age : 17 (29/02)
Rang : 60/100 dsl
Amaterasu
Ange Ueda
Niché au creux de tes bras, juste assez chauffé par les couvertures pour s’y sentir bien - Ange assoiffé de contact, d’une affection qu’une seule personne saurait combler, tait son nom en chuchotant le tien et quelques remerciements bénins. Il hésite un instant, songe à fuir ; se rappelle bien vite qu’en dehors du patronyme, de Mamoru il ne sait rien.
Je les ai comptés jusqu’à vingt, après j’ai abandonné, ce qui n’est pas très glorieux. J’étais plus occupé à inventer des constellations. J’en ai même appelé une : Ange. Et ces étoiles ne sont rien, rien comparées à celles, naïves, qui brillent alors dans son regard. Mioche ballotté par trop d’ennuis trouve son réconfort dans des mensonges qu’il avale, avare. Il n’y voit que du feu, et coince deux ou trois astres dans l’émail de son sourire. En fait, on s’est un peu laissé emporter… et je l’ai embrassé. Mais c’était pas grand-chose.
Un court instant, il se tait - assimile l’information, la répète entre deux pensées volages comme pour en saisir le sens total. Embrassé ? Sur la bouche ? Juvénile insouciance transpire d’entre ses mots et Ange se hisse, un peu plus haut, jusqu’à pouvoir te dévisager. Yume !, qu’il crie, l’outrage presque palpable. Pas grand-chose, tu parles. Tu me parles jamais de tes histoires amoureuses. Je pensais que c’était parce que t’en avais pas, mais… Ah, mon coeur ! Tu me caches combien d’autres choses ? Rire gracile, la désinvolture quasi réelle ; l’idée de te voir heureux noie sa peine.
Raconte-moi tout. Enfin, pas ce soir, si t’es fatigué. Je sais pas si je le suis. Pilules effectives, une poignée d’horreurs sous les ongles - au milieu, toi, pilier, sûreté. Tu es réel, rien d’autre ne compte. Mh. Kiyoshi, hein ? Peut-être qu’il est comme moi. Aux amours plurielles, l’âme cédée à trop de mains maladroites. Sourire devient rictus, et tendresse prédation. Par là, je veux dire fou amoureux de toi. Et il rit, laisse ses doigts s’accrocher à tes côtes dans l’espoir puéril de te chatouiller. Les cachotiers méritent le pire des châtiments. Je suis sûr que t’as même pas pensé à moi, tu voulais juste ! Ta langue dans sa bouche. Pff, et voilà, je suis remplacé. Tragédie.
Ses lèvres pincées pour murmurer la plus triste mélodie des violons, dramaturge écrit son désarroi dans un excès théatral.
Yume Ueda
Citation : But It's Better If You Do
Age : 18 (8/11/79)
Ryujin
Yume Ueda
Become so tired so much more aware
I'm becoming this all I want to do
Is be more like me and be less like you— Numb // Linkin Park
Malheureusement, il y a bien d’autres choses que tu lui cache.
Et le sujet vient, discrètement, sans être attendu. Tu me parles jamais de tes histoires amoureuses. Je pensais que c’était parce que t’en avais pas, mais… Ah, mon coeur ! Tu me caches combien d’autres choses ? La gêne, celle pudique, apportée par l’évocation du baiser partagé, se voit remplacé par celle, plus insidieuse, de la honte. Si Ange savait, en rirait-il comme maintenant ? Oh, tu sais que non.
« Ce ne sont pas vraiment des histoires d’amour. »
Un demi-mensonge – tu te sauves toujours de ce genre de situation par ce biais-là – au milieu d’une réponse laconique. Tu feras passer ce manque d’entrain sur l’excuse de la fatigue, qu’il te tend de lui-même.
Kiyoshi est un ami avec lequel tu t’es égaré et, par l’occasion, tu justifies une autre relation dont il n’a pas connaissance – avec Kiyo non plus, ce n’est pas vraiment une histoire d’amour, parce que pour ça, il faut considérer que ça l’est.
Mh. Kiyoshi, hein ? Peut-être qu’il est comme moi. Par là, je veux dire fou amoureux de toi. L’annonce t’effraie autant qu’elle te ravi : tu ne souhaites pas que Kiyoshi le soit, amoureux de toi ; tu ne veux pas lui faire subir une amour à sens unique. Qu’Ange le soit, en revanche, ne provoque qu’une satisfaction qui n’a d’égal que l’affection débordant de ton cœur.
« Je ne pense pas. Tu sais, on a promis d’être ami. Pour la vie. Et puis… toi, tu as Mamoru. »
Tu le prononces avec une moue déçue, éveillant la jalousie endormie par ses marques d’affection envers toi. Moue que tu laisses rapidement s’envoler, remplacée par de légers rires lorsqu’il entreprend des chatouilles maladroites – tu es un peu trop chatouilleux, de toute façon, pour y résister. Je suis sûr que t’as même pas pensé à moi, tu voulais juste ! Ta langue dans sa bouche. Et c’est la gêne qui revient finalement, la rose reprenant sa place parmi tes cheveux. Ange a cette manière d’imager ses paroles.
A la fin de sa complainte, tu viens embrasser son front.
« Je ne pourrais jamais te remplacer. »
Une certitude, bordée d’une promesse.
« Est-ce que tu veux dormir, un peu ? J’ai pas envie que tu partes maintenant. »
Ni maintenant, ni jamais ; en réalité, tu aimerais le garder avec toi éternellement, mais il y a des souhaits qui ne sauront jamais se réaliser.
Ange Ueda
Citation : risus abundat in ore stultorum -- à la bouche du sot, le rire abonde
Age : 17 (29/02)
Rang : 60/100 dsl
Amaterasu
Ange Ueda
Ce ne sont pas vraiment des histoires d’amour. Sa main s’agite, démonte l’argument d’un vague mouvement. Tu te voiles la face. L’amour est partout, Yume, et même toi t’y échapperas pas. Lui s’en enivre chaque jour de sa vie, s’étrangle d’émotions qu’il ne saurait nommer - et toute la tristesse qui s’enroule autour de sa gorge ne fait guère le poids contre la douceur mielleuse de son affection, noyée sous son flot et annihilée par son intensité.
Il étouffe un soupir contre l’étoffe de ta tunique, recroquevillé contre toi pour happer ta chaleur et ta douceur ; rien de plus rassurant que ta familiarité, barrière contre l’immonde imprévisible de son père. Je ne pense pas. Tu sais, on a promis d’être ami. Pour la vie. Et puis… toi, tu as Mamoru. L’égoïsme ronge ses mots rassurants, tord sa bouche d’une grimace sans conviction. J’en suis pas sûr. Je dirais plus que Mamoru m’a, en fait. Mais ça me convient, tant qu’il ne se lasse pas de moi. Si honnête qu’il n’en décèle pas ses propres mensonges, la face voilée par un candide espoir - peu importe, il le répètera sous son souffle jusqu’à y croire.
Un baiser sur le front, et une promesse. Je ne pourrais jamais te remplacer. Ses lèvres se déchirent sur un sourire, les tâches de rousseur luisantes des sillons séchés de ses larmes. N’essaye pas. Tu le regretteras. Et la menace a des allures enfantines, ses sourcils froncés sur une moue saturée de puérilité. Est-ce que tu veux dormir, un peu ? J’ai pas envie que tu partes maintenant.
Je pensais rester quelques jours, si possible.. mais peut-être que Papa viendra me chercher demain. On verra. Pour l’instant, on devrait dormir. J’espère rêver de toi - je déteste perdre des heures à dormir ! Il soupire et s’écrase enfin contre toi, les yeux déjà fermés. Au pire, songe-t-il, demain c’est loin.
|
|
|