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And turn it into the silver screen dream— Novocaine// Fall out boy
L’engrenage de l’horloge est bruyant, dans cette pièce où règne le calme, en dehors des heures de cours. En particulier à cette période de l’année, où les étudiants préfèrent profiter des dernières chaleurs d’été, plutôt que de s’enfermer. Le bruit régulier ne souffre d’aucun arrêt, ne cessant de résonner. Et résonner, c’est exactement la sensation qu’il te donne, se répercutant aux tréfonds de ton être, jusque dans tes pensées. Chaque son provoque une hausse de la pression dans tes artères ; hausse de la tension artérielle ; et ta patiente s’effrite.
Elle aurait déjà atteint ses limites, en temps normal.
En temps normal, tu ne serais pas assis là, dans une salle de classe vide et silencieuse, avec pour seule occupation celle d’écouter les minutes passer – littéralement. Seulement, tu ne sais plus réellement ce qu’est le "temps normal ", ni s’il peut encore être considéré comme une normalité. On a beau dire : le temps guérit toutes les plaies.
Il ne ramène pas les morts à la vie pour autant.
L’envie d’écraser l’objet agaçant sur le sol te parvient enfin, mais c’est le moment que choisi le second protagoniste de cette histoire pour entrer dans la salle. Tes iris se déplacent instinctivement en direction de la source du bruit de pas, pour y découvrir un élève à l’encadrement de la porte. Tu le reconnais, sans vraiment saisir de qui il s’agit ; avant de te souvenir.
« Ah. T’es la copine d’Ange. »
Ça tombe comme un cheveu sur la soupe, mais eh, t’es pas réputé pour ton tact.
Les Hayashi ne le sont pas, en règle générale.
playtime
tac tac, tac tac
c'est rare dans ce bahut
que son bruit de pas
tac, tac, tac
résonne comme ça
il faut croire que l'air est comme les murs du château
et comme beaucoup de coeurs
vide
tac tac tac
il ne porte même pas de talons
Ça irait pourtant si bien avec ma jupe et mes belles jambes
ah… Mamoru lui n'est pas vide
au contraire il est relativement indifférent (silencieusement perturbé, on se pose des questions et on les fait taire juste après — que va-t-il se passer comment va-t-on
continuer ?)
rempli d'ennui vous dira-t-il
(le deuil n'est pas son fort)
(et le silence non plus)
tac, tac
un bruit sourd de porte qui coulisse
"Eh ?" pourquoi la salle est vide ? me serais-je trompé d'endroit ou d'heure ?
il cligne des yeux
regarde les lieux
l'horloge qui concurrence le bruit de ses pas (comment ose-t-elle !) et ce kitsune assis au beau milieu de la salle (c'est à peine si on le remarque dans tout ce vide)
Oh là là l'air est lourd d'un coup, déguerpissons avant d'avoir à faire à tout ça — il n'aime qu'à moitié ce regard fixé sur lui.
C'est déjà trop tard.
l'ingénu se tourne à nouveau vers l'autre, le toise un trop long instant de ses yeux faux (et s'empêche de ricaner — oh c'est donc comme ça que ça se passe ici)
Mamoru sourit
ce sourire qui donne vraiment, vraiment
envie de l'étrangler et de m'embrasser à la fois, vous dira-t-il
tac tac, tac tac, tac
il s'assoit et croise les jambes sur la table d'en face
"Oui. Et toi, tu es sa meilleure amie, c'est ça ?" quand le vide se fait lourd il suffit de le remplir
de rompre le silence
Ça tombe bien, puisqu'on ne se connaît pas plus que ça.
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Qu’est-ce que Ange lui trouve ? La question t’a déjà traversé l’esprit, quand ce dernier te parlait de son nouveau crush extraordinaire – on aurait dit un enfant venant d’ouvrir ses cadeaux de Noël, quand il t’a dit qu’il pouvait l’embrasser. Mais, Mamoru ou un autre, tu n’as jamais compris le cœur d’artichaut de ton ami.
Tu sais juste que c’est ennuyant, quand il accapare son attention avec d’autres personnes que toi.
Et toi, tu es sa meilleure amie, c'est ça ?
Tes sourcils se froncent et la colère monte – mélange d’outrage et d’indignation. Est-ce qu’il a osé ? Vraiment.
« Son meilleur ami. Les problèmes de vue sont communs dans cette école ou bien ? »
Réplique sèche.
Eh, c’est la deuxième fois en quelques mois, qu’on te prend pour une fille. C’est déjà deux fois de plus que ce que tu acceptes de supporter. Sans savoir que c’est volontaire, sans savoir que c’est toi qui es dans l’erreur – tiens, ça non plus, ce n’est pas la première fois.
« Qu’est-ce que tu viens faire là ? »
C’est stupide comme question, il a hésité à partir. Et toi, toi, tu ne fais rien de particulier. Et dans une salle de cours vide, il n’y a rien de particulier à faire.
Surement que ça te déplait déjà, qu’il soit là.
playtime
tic tac le bruit de l'horloge
et plap palap ses doigts qui tambourinent contre la table
et ahaha haha Mamoru qui
s'esclaffe
oh toi je t'aime bien, à peine quelques banalités échangées
et tu fais déjà déguerpir l'ennui qui me pesait !
"oui, ils m'ont l'air extrêmement répandus si tu veux mon avis"
non, vraiment
tu ne crois pas si bien dire petit renard
(encore un ricanement)
devrais-je te dire maintenant
que tu n'es qu'un piètre arroseur
arrosé d'ignorance ?
Mamoru ne te lance qu'un regard énigmatique
respirant l'amusement moqueur et
la caractéristique fierté
de celui qui mène l'animal par le bout du museau
(il a envie de jouer)
une main faussement recoiffe ses cheveux
son sourire toujours aussi grand que provocant
pas de chance, vraiment
petit renard
(c'est quoi ton nom, déjà ?)
"je suis venu pour discuter, quelle question"
des mots bien vite sortis comme si c'était
naturel
comme s'il était venu juste pour toi
quelle drôle d'idée
"et toi, tu fais quoi dans une salle de classe vide ?"
néanmoins Mamoru
est bel et bien resté pour toi
rien que pour le curieux plaisir
de s'amuser un peu
palap plap pap
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De son regard, de son sourire, tu te sens traqué. C’est une sensation désagréable – comme si le prédateur s’imagine avoir un tour d’avance sur sa proie. Ce n’est surement pas difficile, quand l’animal n’a pas l’instinct de la fuite.
« Discuter ? Avec moi ? Parce que sinon, tu as mal choisi l’endroit. »
La preuve : hormis vous, la pièce est vide. Peut-être qu’il y a plus de monde, ici, à certaines heures. S’enfermer dans une salle de classe, durant les heures de libre, c’est typiquement Tsuchigumo. Ou Yatagarasu, peut-être. Certainement pas une habitude de renard et certainement pas une des tiennes – c’est une période un peu particulière.
« Moi j’attends. Je m’ennuie. J’en sais trop rien. »
Attendre est un ennuie, selon ta propre définition. Et attendre quoi ? Que le temps passe ou s’arrête. Que l’horloge se taise ou accélère. N’importe quoi qui sorte de l’ordinaire.
« De quoi tu veux parler ? »
Oh, peu importe, du moment que ce tic-tac se taise derrière vos paroles.
playtime
et vraiment oh vraiment
j'ai envie de chanter et de rigoler
oh je ne m'en prive
même pas
petit kitsune tu es si amusant
petit kitsune tu es si étonnant
(à chaque parole un peu plus
à chaque son chaque grimace un peu plus
et peut-être t'érigerais-je mon bouffon si
tu réussis jusqu'au bout
sans même essayer
à me divertir)
"oui avec toi, tu vois quelqu'un d'autre ? t'as des problèmes de vue aussi, c'est ça ?" ou peut-être que tu vois
des fantômes ? qui sait moi
j'en rien je fais l'autruche je sais bien faire ça
et j'ai la tête dans les nuages et de là-haut j'y vois bien
que je peux jouer
(et l'araignée ricane
hihi
ça résonne
— et de mon nuage mes jambes se balancent mes yeux pétillent mes doigts sautillent :
on s'amuse bien
tu ne trouves pas ?)
"on pourrait parler de toi les bras qui s'étirent et les muscles qui baillent qu'est-ce que tu en dis
mais c'est pas une question mon bouffon
tu m'intrigues et tu me divertis
tu fais passer le temps tu remplis mon esprit vide
c'est une qualité
que je ne saurais t'ôter
dis-moi, tu attends quoi ?
et dis-moi aussi
et tu t'appelles comment déjà ?"
les yeux qui clignent les lèvres qui dansent
c'est chouette ce qui s'annonce
tu trouves pas ?
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On pourrait parler de toi. La perspective te flatte, un peu ; t’étonnes, surtout. Ça sonne comme un piège tendu : la toile d’une araignée, prête à t’accueillir – à te cueillir. Qu'est-ce que tu en dis. Tu en dis qu’il n’a même pas l’air de te laisser le choix, ce qui est aberrant – de ne pas te demander ton avis ; à toi. Tu en dis qu’il a des airs de prédateur et que ton instinct s’alerte.
Mais tu n’as pas peur. Tu te sens davantage lassé – agacé.
Dis-moi, tu attends quoi ? Coude sur la table, ton visage posé contre ton poing, tu réponds avec flegme.
« Actuellement ? Que tu t’en ailles. »
Et tu t'appelles comment déjà ? Et c’est un nouveau froncement de sourcil. Ah, après tout, tu ne connais pas son prénom, non plus – c’est pas faute de te l’avoir déjà répété.
« Nael. Hayashi. »
Ce nom, porté comme un symbole ; une fierté dont tu ne comprends pas l’ampleur – juste une manière de dire : ma famille est réputée.
« Et toi, c’est quoi déjà ? Je crois qu’Ange ne parle pas assez de toi. »
Mensonge. Mais jamais il ne lui ferait le plaisir de le lui avouer.
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