— MAHOUTOKORO
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<solo> nothing good is truly lost
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Anonymous
/ disclaimer : rp pouvant être violent /


“It’s ironic how our hearts can still get hurt by something we’ve seen coming.”
j'ai eu des espoirs gâchés.
j'ai cru -oh, j'ai voulu si fort, j'ai souhaité les yeux fermés comme si la réalité allait frapper ma stupidité, effrayée par tous les espoirs que je crois bien fondés, horrifiée de ces schémas illuminés de mes refus de mes envies de continuer ah comme si de rien n'était
j'ai frappé. ça n'a pas duré bien longtemps oh je ne suis pas un combattant, je n'ai au bout des doigts que quelques ongles bleus du froid qui m'accompagne ; j'ai été taché rouge mais je reste toujours toujours toujours si glacial (elle me l'a dit elle me l'a dit elle a si raison)
j'ai attendu. j'avais la fierté jusqu'au bord des yeux, et elle débordait comme un de ses éviers bouchés, comme si elle ne savait pas où aller, comme si elle n'avait plus sa place en fond de mes idées. elle s'agitait tel un noyé qui abandonne, pas encore totalement morte, et encore beaucoup trop présente, vivante, sanglotante
j'ai compris. c'est un deuil comme un autre, même si la tombe porte mon nom. ce n'est pas si étrange. il y a déjà tant de dissociations. de choses qui ne collaient plus, des demi-mots à cracher pour mieux cacher ses pensées, des souffles au cœur qui donnaient envie de vomir.
je suis là.
le vent est si fort ah il ajoute des cris dans mes oreilles, de ceux sans colère.
ça me calme, après tant de haine. tant de peine. tant de gêne.
mais voilà :
ce n'était pas
moi.
ça fait des années que j’ai tenté de m’assassiner.
ce sont des choses d’une violence froide, d’une réalisation plus glaciale encore. j’ai voulu me tuer tant de fois sans même le savoir que maintenant, le bord de la falaise ne paraît même pas effrayant.
qu’y a-t-il d’apeurant dans la nature, de toutes manières ? elle n’a rien demandé. elle est là. elle nous reprendra un jour ou l’autre -ah, regarde, si j’avançais d’un seul petit pas, je reviendrais à la terre, et je rejoindrais la mer, et peut-être que mes poussières iront au fin fond de l’univers.
ça ne serait pas si mal.
ça serait loin d’ici.
j’ai dans la main des bouts de papier empêtrés de lettres bien formées. elles sont aussi belles qu’elles sont cruelles, couchée sur un rouge cardinal (impérial).
la revoilà. la haine. elle est partout. taguée dans les recoins de mon cerveau, imprimée sous mes paupières, gravée dans mes empreintes.
je relève un des papiers. je sais que c’est une mauvaise idée.
ce n’est pas acceptable.
de quoi parle-t-il ? c’est une liste qui n’a pas de fin. j’en ai noté tous les détails depuis que je suis tout petit. je crois que j’en ai d’autres -j’en ai fait des tableaux de défauts, des poèmes de mauvaise graine, des toiles cachées.
je crois que j’ai toujours su comment me saboter, comment laisser l’anxiété me guider depuis le fond de ses idées. elle m’avait demandé de la libérer et je n’ai que fait m’exécuter, caché derrière des vêtements oh si jolis. elle ne s’est jamais enfuie, et oh personne n’en sait rien. qu’est-ce que ça changerait ? mamoru, il -il n’avait que des rictus à offrir quand il voyait les restes de mes chefs d’oeuvres, de mes tracés de feu, juste là où on ne peut pas trop les voir, où on ne posera jamais de questions. est-ce qu’on a besoin de saigner quand le corps veut pleurer ? quand c’est trop pour lui de continuer ?
je n’ai pas ces réponses. j’ai des secrets qui ne veulent pas mon bien. je crois qu’on a au moins ça en commun.
j’ai eu le temps de penser. je suis resté ah même après la fin de la nuit tombée, le début des insomnies. je ne rêve jamais. maintenant, j’ai l’impression de ne plus savoir dormir.
et le vent -le vent ! il me berce si doucement, violemment, est-ce vraiment différent ? peut-être qu’il veut danser. essayer de m’amuser jusqu’à me tenter de voler à côté de ses joies non dissimulées.
je m’assois. les pieds dans le vide, la liberté au bout de cette égide infortunée. les papiers frissonnent dans ma main. ils s’affairent oh ils font du bruit comme pour me rappeler qu’ils vont toujours exister. je les ai tellement lu qu’ils me débordent des paupières depuis des jours oh des petits condensés d’émotions qui ne sont pas les miennes.
ça fait si longtemps -si longtemps.
voilà : je me suis coupé, je me suis empoisonné, je me suis frappé, je me suis sacrifié, je me suis oublié, je me suis tué.
vraiment, je pourrais sauter.
j’ouvre la paume ; et quand il s’échappe, un morceau vient ouvrir l’index. c’est le papier qui tranche. pas moi. et même loin, mon père arrive si bien à me blesser et
ah -s’il savait qu’il coupait ses propres effets, qu’il me préparait à son rejet
les papiers tombent -un à un, et ils s’en vont, et ils disparaissent, et peut-être eux aussi visiteront d’autres planètes, et peut-être qu’au fur et à mesure ils perdront de leur colère comme moi j’ai su le faire.
je ne vais pas glisser jusqu’aux doux bras de la mer
je dois faire la paix avec mes chimères, mon cerbère, le tonnerre
mon moi vernaculaire avec ses grosses oeillères et ses ornières, celui qui étouffe dans l’air, dans sa chair, dans sa misère
(dans son enfer)
il est temps qu’on me libère.