— MAHOUTOKORO
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Poppy Tsugikuni
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Age : 29 ans - 12.10.1968
Rang : 94/100
Ryujin
Ryujin
Poppy Tsugikuni
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Poppy Tsugikuni
Cadenassé en-deçà de ses côtes, le deuil dormait paisiblement ; au fil des jours et sous l’impérieux joug du souci, Poppy ne trouvait ni le temps ni l’envie de pleurer celui qui lâchement l’avait abandonnée. Elle n’en haïssait pas plus le suicidé, à peine saisie de ponctuelles poussées de colère impuissante — que cette même impuissance face à l’extermination des siens. En tout juste quelques heures, le domaine principal s’était changé en refuge gangréné par l’effroi, l’idéologie uedienne condamnant ses héritiers au rapt de leurs proches.

A l’enfer avait suivi le calme, percée dans un ciel noirci de remords ; l’accalmie était précieuse, et Poppy en avait profité pour prêter son allégeance à l’indescriptible Ryujin, non sans l’un de ses plus tendres cousins. Semaine passée dans le clignement gracile d’un œil, et l’attaque se propageait non plus par le sang versé mais par les possessions volées — territoires mis à nu, conquis par ceux-là même qu’elle soupçonnait responsables de la mort de ses aïeux.

Contre toute attente, elle demeurait d’un calme olympien, guidait au mieux ses pairs égarés et ne rongeait le derme rougi de ses doigts que sous le regard attentif de la lune ; aussi, la distraction ficelée d’une tension apatride — mais sans équivoque — de l’invitation de Kohaku sonnait comme un glas salvateur. Traînaient encore sur sa table de chevet les missives bleutées, injonctions ne souffrant nulle objection ; elle en avait repassé la surface, effacé les plis qu’elles avaient subi, broyées entre ses doigts quelques semaines plus tôt. Elle en avait relu les idéogrammes, à maintes reprises, jusqu’à les revêtir comme une armure : les larmes n’avaient pas leur place dans le trouble des temps, et elle avait fini par ne plus en ressentir le besoin.

La téléportation de Ryujin lui laissait encore la sensation, singulière, d’être couverte d’eau l’espace d’un instant — si elle en craignait chaque fois (pour le peu qu’elle l’avait utilisé) d’en ressortir trempée, il n’en était rien et elle se pâma, encore, de la beauté du domaine Tsugikuni. Poppy n’avait pas vu Kohaku depuis quelques temps et, à vrai dire, ne s’était risquée à y penser tant que le soleil encor brillait ; pourtant, à présent qu’elle s’apprêtait à le retrouver, force lui était de constater à quel point il lui avait manqué.

Sentiment teinté d’une inquiétude bien différente de celle qui la dominait depuis l’orée de Février, il laissait au bout de ses doigts un grésillement subtil, ainsi qu’une décharge électrique qui n’attendait que de se déverser dans le premier réceptacle qui vînt à sa portée. Aussi dissimula-t-elle ses mains dans l’ampleur de ses manches, chaque pas l’amenant jusqu’au le bâtiment — qu’elle devinait principal — chargé d’une impatience candide.

On l’avait guidée, finalement, jusqu’à une pièce qu’elle ne sut nommer ; et quel intérêt y avait-il à connaître l’utilité d’une salle, lorsqu’en son centre se tenait la source, inexplicable, de tout ce que Poppy avait pu quêter ces derniers jours. Les épaules se déliaient, le visage se fendait sur les prémices d’un sourire transi, et la nuque se courba dans l’instinct d’une révérence mécanique, quoique familière.

Kohaku, quel plaisir de te revoir ! Elle étouffa l’engouement à la conclusion de l’exclamative, la pointe de son nez d’ores et déjà rougie d’une gaieté sereine. Comment vas-tu ? Ses yeux, quant à eux, se hissèrent enfin jusqu’à l’objet de sa visite, et la pupille se dilata un instant sous la surprise. Oh— tu es— guéri ?


Kohaku Tsugikuni
次国琥珀
Citation : I like to just lie on the floor and feel like garbage.
Age : 27 ans. 18/04/1970.
Rang : -
Orochi
Orochi
Kohaku Tsugikuni
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Kohaku Tsugikuni
Il planait en l’esprit de Kohaku les récentes circonstances ayant écumé son visage d’une souillure si longtemps gravée, purgeant ses pensées comme les bribes de son égo de toute vestige de honte : débarrassé de l’opaque tissu comme pudique voile d’une malédiction d’antan, ses lèvres épousaient la douceur presque intangible d’une brise naturelle, ôtant à sa respiration ce filtre qui l’avait si longtemps contenu à même une détresse personnelle, silencieuse, opprimante.

Comme une reconnaissance, il n’avait jamais semblé de plus sincère sourire que celui que dessinèrent ses fines lèvres dans la plus intense liberté, dans cette liberté avare et pétrie de sentiments bien trop nébuleux pour n’être clairement qualifié, bien trop puissants pour n’être possiblement ignorés.

Beaucoup mieux, ainsi que tu peux le voir.

De ces antiques coutumes subsistaient les mœurs d’une distance courtoise, la nécessité presque grisante d’une timidité, toute feinte soit-elle ; noyant toute expression d’audace au creux d’une rigidité frustrante, conservatrice, épuisante. Ayant dépassé le prisme de pareilles obligations au travers d’un tutoiement anticipé, Kohaku ne pouvait néanmoins se permettre de telles familiarités en public—aussi avait-il dû se plier aux lois tacites et inhérentes à son statut, feignant l’indifférente supériorité de son nom par le biais de l’immobilité.

Il n’était cependant de muscle, sinon de seule fibre résistant au brûlant désir de la revoir—et le sourire gravé à même le tendre visage de Poppy acheva les braises restantes de son scepticisme, confortant le jeune homme dans la doucereuse certitude de ses sentiments. De leur intensité, tout du moins.

Pardonne-moi de n’être venu te chercher en personne, je déplore qu’il subsiste encore aujourd’hui de si déplorables traditions. Je t’en prie, assieds-toi.

Son sourire avait-il jamais été aussi tendre—ou n’était-ce que la surprise d’un visage à présent découvert, libéré de l’étroite alvéole de ses craintes, présentant au monde toute l’ampleur de sa confiance, de sa personnalité, de ses émotions ? Il n’était de plus instable réceptacle qu’un cœur qu’il savait tiraillé par l’incompréhension de son propre statu quo, de plus aveugle vision que celle de leur futur imminent, et auquel il accordait la moindre parcelle de son attention.

Ses prunelles scrutaient ses épaules, la disposition de ses cheveux ; s’attardaient, lorsque Poppy se détournait enfin, sur les détails de son visage, la forme de son menton, l’ensemble d’une silhouette si frêle qu’on l’eut cru faite de porcelaine.

Je suis ravi de te revoir, Poppy.