hot sipi've always liked to play with fire Notes qui chutent et le moral dans les chaussettes, y a ses zygomatiques qui crissent à force de grimaces et des sacs sous les yeux de regarder les étoiles ; il ravale trop de soupirs claque trop de sourires rêve trop de dormir mais au final y a que Clochette sur son épaule pour l’aider, que la lune à contempler.
Ca tient que quelques semaines, et on retrouve le même schéma.

Tutorat rappelle Kiyo et Kiyo rappelle Yume et Yume rappelle— stop.
Coincé dans une spirale Ange comme toujours inhale. Il dévale les escaliers deux fois avant de se rappeler que la bibliothèque (encore, toujours cette foutue bibliothèque et quelques cauchemars qui s’y agrippent) est en haut, presque au sommet, juste assez pour tutoyer le ciel et soupirer dans les nuages.

Il grimpe et grimpe et l’entrée lui serre la gorge oh tu sais c’est pas contre toi — l’idée lui plaît, pas d’étudier mais d’apprendre, de découvrir. Quelqu’un de nouveau, une approche nouvelle, moins de souvenirs et plus plus d’avenir, ah. Arrivé avant le bourreau, enseveli sous les bouquins et deux ou trois mauvaises histoires entre les dents, et c’est l’entrée du roi qui lui coupe le souffle.

On lui avait dit, peut-être, qui allait l’aider ; il a entendu un nom (fujiwara) et a cessé d’écouter. Fujiwara, ça lui rappelle sa tante — pas connue, à peine mentionnée dans l’oeil triste de Tsubaki et la moue dédaigneuse de son père (il aurait voulu l’épouser, sûrement). Fujiwara, ça lui rappelle la blonde au bras de Yori et son professeur, ça lui rappelle l’incompréhension et la fausse inquiétude.
Mais toi ? Toi, t’évoques le goût sucré qui quitte jamais son palais quand il s’attache.

Coups du coeur qui tambourine dans sa poitrine, son nom sur des lèvres étrangères et la tension de ses épaules génère une poignée d’éclairs. Ah—bonjour ! qu’il crie presque, comme un con ; politesse forcée, si stressé qu’il en manque de démonter une pile de livres. Je vais être ton tuteur jusqu’à ce que tes notes remontent, cela ne te dérange pas ? Rose aux joues deux coquelicots qui tirent plus sur le carmin que le jasmin, Ange tire un sourire juste assez tordu pour avoir l’air cassé. Bah non, pourquoi ça me dérangerait ?
Inconcevable — un peu comme ton attitude, si différente de… Si différente.

Il ravale un nom calé dans sa gorge et les mèches rousses trouvent du rouge furieux entre deux cheveux. C’est plutôt toi que ça devrait déranger… J’en avais un autre, de tuteur, mais j’ai plus envie de le voir. Du coup, ils ont dû te demander à toi, mh. Il sent le danger dans tes mots, dans tes gestes, c’est écrit partout sur ton visage, et ça lui fait penser à Mamoru.
Ange plonge déjà.

Tu veux qu’on travaille quoi, ensemble, Ange…? Les lèvres se pincent, yeux posés sur la montagne d’ouvrages. Je sais pas. Je galère partout, c’est un peu misérable. Un rire, maladroit. Peut-être la calligraphie. J’ai encore du mal à apprendre certains kanjis, et je crois que le professeur va finir par me planter mon pinceau dans l’oeil. Lèvres pourléchées, y a l’impression subtile d’être une proie qui lui caresse l’échine et ça lui tire un tremblement, ça l’empêche de lever le regard du texte qu’il parvient même pas à déchiffrer. Enfin, jusqu’à ce que tu reparles. Hésite pas à me poser des questions hein, je suis là pour ça. L’oeil s’élève, trébuche sur l’éclat d’une lippe prédatrice, et s’y perd une seconde de trop — finit dans des iris luisants de péril. Il frissonne. J’ai du mal à, euh, comprendre cette partie, il marmonne en pointant son extrait, en tendant son livre et un bout de son âme.

hot sipi've always liked to play with fireLe regard lui flambe la peau chaque centimètre carré passé au peigne fin et le sentiment de danger lui lèche l’échine, grimpe jusqu’à sa nuque pour y laisser courir son souffle chaud, sa menace fantôme. Il met ça sur le compte d’une Clochette trop enthousiaste, sa poussière juste assez blanche pour jurer avec le rose de son nez ; et si ses mains tremblent c’est d’appréhension d’une nouvelle rencontre. Peu importe si c’est jamais arrivé.

La pomme d’Adam s’agite sur un déglutit un peu trop bruyant dans le silence de la bibliothèque - pas assez de monde pour protéger la proie, décourager le monstre. Position de faiblesse qui chuchote d’autres noms contre son oreille ; tu les balaies d’un murmure. Je vais te guider, tu glisseras ton pinceau sur le papier, je vais te tenir les doigts, mais ne peins pas trop vite; tu risques d’éclabousser la feuille d’encre… Il se demande un court instant, si c’est pas du sang yokai qui pourrit tes veines, et songe à abandonner. L’envie de dire - non tu sais sinon la calligraphie ça peut attendre je suis pas si mauvais - mais la divination en traumatisme pousse le petit chaperon rouge à se jeter dans la gueule du grand méchant loup.
Au pire, c’est pas sa faute.

Tu parles des kanjis comme d’une femme et le néophyte n’y voit qu’une ode lascive, trop gracile et à peine éclos il a pas eu l’occasion de s’y pencher ; ses mains déjà brûlantes de s’être glissées trop loin dénoncent juste assez vite leur candeur, et tremblent autour d’un pinceau qui ne l’a jamais autant terrifié.
Même pas le temps de protester - en a-t-il seulement envie - que tu glisses derrière lui, serpent sifflant d’autres promesses dans le creux de son oreille. Vide dévoré par la proximité soudaine ; y a plus que le son de ta voix, l’odeur que tu dégages, ton visage qu’il distingue du coin de l’oeil et la pression de tes doigts contre les siens. Tu t’accapares le moindre de ses sens et pauvre ensorcelé se surprend à t’imaginer sur le bout de sa langue - chasse l’idée dans un frisson de sa main, et tente de porter l’attention sur l’encre, les dessins sur la feuille.

Une seconde interminable et, enfin, il se racle la gorge. Euh, t’as pas besoin d’aller aussi loin, enfin aussi près, j’veux dire… La langue qui pèse dans le fond de sa bouche il a beau ravaler sa salive y a plus rien qui fonctionne sous sa peau. Les traits s’enchaînent et c’est l’efficacité qui le surprend un instant, le museau tourné dans un éclat quasi optimiste - imminence inattendue le pousse à stupidement lâcher le pinceau et ça claque contre la feuille, ça gicle jusque sur sa joue. Encore un temps, la honte dans le fond du gosier. ...Désolé. Tes mains, tes mains ont l’air un peu euh, pelées ? Ca fait pas mal ? Ses doigts autour des tiens, l’examen en subterfuge ; oh Ange pitié pas encore un, pas encore un.

hot sipi've always liked to play with fireCa arrive, j’ai les mains sèches. Montre-moi ton visage, tu en as partout. Ses lèvres se pincent et ses épaules tressautent - pauvre renard impressionné sursaute à l’approche de ta main, les yeux affolés dans un réflexe qu’il abhorre. Préparé à l’impact, il frissonne sous la douceur et c’est instantané ; les muscles se détendent naïvement, la tendresse juste assez intime pour ne rappeler qu’à moitié d’autres doigts qui l’ont touché. Mh, merci ! Et si ton regard est intense, le sien l’est plus encore - il dévisage et dévore et l’idée de t’avoir rendu nerveux plus qu’agacé tire sur sa bouche l’ombre d’un sourire suffisant. C’était pas méchant, tu sais ? Ca a juste l’air de faire mal. Mais c’est pas moche, hein !

L’envie de plaire le besoin d’attention - cocktail molotov le ferait tomber à tes pieds, et si ses joues rougissent c’est d’un plaisir infini. Tu veux passer à autre chose peut-être que la calligraphie ? On va éviter de noyer la bibliothèque d’encre, non ? Léger rire penaud, son regard fuit un instant de honte éphémère. Ah, oui, désolé, ça m’a juste surpris. Que tu viennes aussi proche, je veux dire. Les autres faisaient pas ça, c’est tout. C’est le sang qui bat à ses tempes et son menton relevé qui fait souffrir sa nuque - qu’importe.

Tes joues sont rouges, j’ai peut-être un peu trop frotté, excuse-moi Ange… Tu as la peau sensible non ? Elle réagit vite, je connais un moyen simple de vérifier ça. Et oh ; le niais laisse sa tête pencher pensivement, un sourcil arqué et une main hissée jusqu’à ses pommettes constellées d’éphélides. Mh, c’est pas grave, ça fait pas mal. Mais, euh, je sais pas, pour ma peau, peut-être. Enfin, je me suis pas vraiment posé la question ? Non Ange se demande plutôt qui il aimera aujourd’hui et qui le happera qui le sauvera de la fosse aux lions dans laquelle on l’enferme chaque jour - il lâche un soupir et ses yeux caressent le papier taché, dépité. T’es doué, en divination ? C’est là qu’il creuse sa pire tombe, pense-t-il bêtement, quand la mort elle-même le toise d’un doux sourire.

hot sipi've always liked to play with fireAh bon… la calligraphie est un art du corps pourtant. Sous mes ongles frémit la tendance d’un prédateur—je la ressens dans mes os et elle lèche le creux de mon cou comme pour en testamenter la saveur et s’essayer à sa texture et moi je la laisse faire, docile et indolent—et dans ta voix couve l’érotisme paresseux d’un habitué, de ces hommes qui ne me toisent que lorsqu’on les y ordonne.

Légende du Renard en porte de sortie, je songe à ma peur des araignées ; es-tu réellement l’un des camarades de mon cousin, quand ses sourires à lui paraissent si tendres et les tiens si voraces ? Non, je connais pas. Mes doigts s’accrochent au pinceau comme à une bouée dans ces eaux troubles, ancré dans le sol par la seule odeur de l’encre sur le papier. Enfin, ça dépend laquelle, peut-être, mais.. C’est mieux de partir de zéro. Lippes pourléchées en nerveux gestes et ton timbre langoureux claque dans le silence comme un fouet contre mon dos.

Qu’est-ce qui est pas méchant ? Sourcil candide haussé et quelques caractères introductifs se couchent sur mon papier ; je ravale la peur viscérale et laisse la curiosité prendre le dessus—aranéide ne devrait pas faire le poids face au renard. Désolé, je sais pas trop pourquoi je suis aussi nerveux. Ca doit être l’idée de pas réussir mon année, sûrement ! Faux sourires placardés sur la tronche, une tentative d'auto persuasion un peu maladroite ; je surenchéris, la gorge un peu sèche. Ah, et, la dernière fois que je suis allé dans la bibliothèque, quelqu’un a failli mourir. Donc… Et cette fois c’est l’honnêteté qui dégouline d’entre mes lèvres, le frisson sincère aux souvenirs macabres qui diaprent encore mes rêves. Mais, désolé. Parle-moi de ta légende.