Tu traines dans les couloirs entre les cours; avant, après; toujours entre à la recherche de quelques malices à faire, à choper, à palper. Adossé contre le mur, tu as pourtant la tête plongée dans un bouquin; depuis peu, tu as décidé d’augmenter ton niveau, et si Takehiko te surplombes en sabre, tu le supplanteras en sorcellerie et en potions. Tandis que tu révises tes pages, tu lèves un sourcil lorsqu’une voix trop ennuyante prononce ton nom. Tu le dévisages, Nael et sa peau tirée comme une poupée, si fausse et hypocrite, ses cheveux beaucoup trop longs pour être gracieux, ils pendent comme des poids, tu fais la moue, tu ne t’en empêches pas.

« Quoi ? »

Tu baisses les yeux finalement sur la lettre. Tu cales le bouquin sous ton bras et lui arraches le papier des mains. « Depuis quand tu joues les hiboux hum ? » Tu hausses tes épaules et libères la lettre de son enveloppe.

Ryuu Fujiwara,
Nul ne sait apprécier votre juste valeur. Vos avis, votre famille, Takamori Fujiwara. Nous savons que tous vous sous-estiment. Rejoignez ceux qui connaissent votre valeur, venez dans nos rangs.
Les partisans de Yuutsu.


« C’est quoi cette connerie, Nael ? » demandes-tu sévèrement alors que tu replies le papier. « Qui te l’a donné ? » Et ton ton se fait menaçant, tu n’as pas confiance. « Pour qui te te prends, petit français de m… » Tu ranges le papier dans ta poche. Le monde est fait pour t'ennuyer et t'empêcher de briller, hein.

« Oh calme toi l’oiseau » dis-tu sèchement, ses airs supérieurs t’insupportent, il n’est pas même pleinement japonais et il ose pourtant s’adresser à toi comme un roi, il n’a rien de royal et c’est d’un geste de la main que tu lui incombes de se taire.

« Si c’est à toi qu’ils ont confié ce mot, ils doivent être en grand manque de renfort dis moi ah » Tu le toises pleinement, le torse gonflé et l’orgueil grand. Tu t’adosses finalement contre le mur à vos côtés, aux oreilles sans doute traînantes. « Je ne veux pas de ton avis Naël, je veux juste savoir pourquoi ils s’adressent à la fois à toi pour transmettre le mot, et à moi qui reçoit ce-dit mot… étrange. » Tu croises les bras dans une moue pensive. « Pourquoi c’est le bon moment ? Tu les connais ? »

Tu le regardes longuement soudain soucieux. « Es-tu un de leurs sbires ? »

Tes bras se croisent tandis que tu te reposes contre le mur, et tu l’écoutes s’exciter comme un piaf et tu ne peux t’empêcher de rire doucement avant de rouler des yeux et se pencher sur lui, lui remettre une mèche de cheveux derrière l’oreille; l’oiseau a ébouriffé ses plumes. « Alors, dis-toi que tu leur as fait perdre un partisan. » Tu le repousses de quelques doigts vers l’arrière.

Honnêtement tu n’as pas encore décidé, si vite mais le voir s’énerver t’amuse davantage que réfléchir quelle ère adorer. « Pas même réussir une simple mission, Hayashi, tu es ridicule.» Tu fais un oust de la main pour le chasser de ta cour. « Laisse moi, j’ai à faire maintenant sauf si tu veux essayer de te rattraper et m’expliquer ce que les partisans de Yuutsu font de bien concret si ce n’est envoyer des enfants raccoler. » Tu lui offres un grand sourire puis recroises les bras.

« Tu es pitoyable, Hayashi. » tonnes-tu finalement à ses tentatives d’explications. « Note moi le nom de la personne que je peux contacter pour plus d’informations, puisque tu es incapable d’éclairer d’avantage cette lettre. » Tu lui retends le papier, attends qu’il s’exécute et puis tu le ranges à nouveau dans ta poche.

Tu te détaches de ton mur pour prendre la route de la bibliothèque. « Que je ne te voies plus traîner dans mes pattes, il t’en coûtera Hayashi ! » Et tu le dis assez fort pour éveiller la curiosité des passants. « Tu es ridicule ! »

Ton ris bouloche dans ta gorge et tu t’éloignes, si fier mais pourtant bien intrigué par la situation. Le papier est froissé sous ta poigne, tu as peur qu’il glisse de ta poche et au détour d’un autre couloir, tu cours dans ta chambre pour le cacher et le garder précieusement. Au cas où. Qui sait.