— MAHOUTOKORO
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
-39%
Le deal à ne pas rater :
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON AVR-X2800H, Enceinte ...
1190 € 1950 €
Voir le deal

divina comedìa (ieyasu)
Poppy Tsugikuni
divina comedìa (ieyasu) 53b116b12f3a84c19cb935f6c88b85899d9b78e8
Citation : Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua.
Age : 29 ans - 12.10.1968
Rang : 94/100
Ryujin
Ryujin
Poppy Tsugikuni
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1771-a-flicker
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1821-nyoom-origamis
Poppy Tsugikuni
divina comedìalasciate ogne speranzaje n’ai plus de larmes, que du sel dans les yeux
je rendrais les armes, je te dirais adieu
s’il pouvait n’y avoir que nous deux
et, stupide, je retrouve ce lieu

c’est la mort ficelée dans l’air et ce qui pourrait être du sang sur le sol que je foule mes pas sont hasardeux mon oeil rouge et ma main pansée d’un bandage à l’albe souillée
je jouais, quand ils me l’ont annoncé
sans archet, aux cordes le gras de mes doigts s’est accroché
(je crois que je les ai mordu que j’ai voulu ressentir
quelque chose
n’importe quoi)

au lieu de ça c’est un vide qui me happe et une phrase que les fantômes scandent dans ma tête mon crâne rongé de mille démons paraît silencieusement morbide
je la répète en boucle et son sens se dérobe
j’ai vidé mes tripes sur une terre noircie par la perte et j’ai marché plus loin jusqu’à ce que mes genoux grincent et que je me désarticule jusqu’à ce que mon coeur supplie et que quelque chose souffle dans mon oreille c’est ce qu’il ressentait

et quelle solitude l’accablait pour qu’il en arrive à s’ouvrir le ventre quel tourment m’a échappé pour qu’ainsi
il m’abandonne
(non, je ne lui en voudrai pas
je ne le blâmerai pas
je l’aimerai, moi)

pensées-parasites nécrosent la lisière de l’encéphale et mes ongles creusent dans mon poignet des stries-cinabres méritées
rien de plus rouge que le noir de cette nuit (ah! je divague
il fait encore jour
mais sous le linceul de ces arbres macabres, même la lumière prend la fuite)
le sang qui peint mes doigts dessine sur mon visage son doux miroir - son symbole sur ma peau la brûle d’un courroux coupable

je n’ai plus de larmes, que du sel dans les yeux
je rends les armes, mais je ne te dirai adieu
oh petit frère, je regrette le jour de tes adieux
au monde (je le croyais merveilleux)

derrière moi, une branche se casse et me fait peur
son bruit sec rappelle l’écho de mon coeur
(ah! qui trompé-je - mon dieu, je pleure)


Ieyasu Masamune
divina comedìa (ieyasu) Nfud
Citation : — "I'm not angry", he says angrily.
Age : 19 (02/11)
Amaterasu
Amaterasu
Ieyasu Masamune
https://mahoutokoro.forumactif.com/t699-saints-lendemains-ieyasu
https://mahoutokoro.forumactif.com/t815-ieyasu
Ieyasu Masamune

Il n'est pas de plus grande douleur
que de se souvenir des temps heureux
dans la misère

Camouflé d’intarissables palabres acérés, tapis sous ses airs de prince abâtardi, Ieyasu est une ruine.
Le chagrin l’harasse sous la gangue d’une fièvre tempétueuse, l’acmé de sa perdition acculée à mi-chemin entre son œsophage et son larynx tandis que son âme et son cœur se sont mutuellement évidés à la moindre de ses pensées ; il est vrai que la perte est dolente et la déréliction si vive.
Pour autant son œil est sec à l’instar du sable d’éternels déserts où nulle eau n’en foule la terre : aucune larme n’est encore venue humecter sa cornée et bientôt celle-ci tombera en poussière. Que nul ne vienne souffrir à l’araignée que le malheur l’en voit dépourvu de son théâtralisme, car même fustigé sous le coup virulent de la mort, celui-ci nourrissait son chagrin en terreau fertile.

La douleur perpétuelle tombe drue sur ses épaules et le couvre d’une lourde chappe, si bien qu’étriqué sous tant de voilures il en cuit à la moiteur algide de sa propre sueur. Pèlerin pénitent sur son chemin de croix à la poursuite de quelconque châtiment pérenne : absolvez-le de ses crimes, lapidez son corps et bafouez son âme si les dieux le veulent, mais par pitié anesthésiez cette peine.  
Sous ses pas, les branches craquent et se fissurent –un concerto de mille os broyés, mais non ceux de Takashi qui sont encore loin d’être blanchis.
Sous ses pas, nombre sont ses espoirs qui se brisent, au joug furieux de sa propre réprimande qui le délaisse si tant navrant que transi.

Takashi est mort, mort et enterré ou mort et incinéré, mais que peu importe puisque la mort demeure. Ieyasu en fantasme son épitaphe : ci-gît engeance de toute bonté, déserté de tous côtés, mort après avoir à peine vécu. Quelles douleurs esquintaient-elles son esprit, quelles peines rampaient-elles sous sa peau pour que l’invitation d’Izanami en soit plus bienheureuse ?

L’apogée de son périple est abrupt mais guère solitaire, car à la vue d’une sainte prostrée c’est le glas qui s’effondre au tandem de ses muscles, un reliquat cruel estampillé dans le moindre de ses pores. Que de contrits qui se pressent dans les profondeurs mortuaires d’une forêt, sont-ils tous deux si vides qu’ils en deviennent avides de résipiscence ?

Momo. Hachée, l’interpellation est tout autant questionnement que déclaration, en suspend tant en ses mots que dans ses gestes.
Ieyasu ne connait pas aussi bien son visage qu’il connaissait celui de son frère –ces traits qui même ôtés à ce monde hantent ses nuits de songes les plus immondes. Du sang raclé sous des ongles, encaqué si profondément que les arracher n’aurait suffi à en extirper l’entière consistance ; un corps chaud pressé contre le sien, le poids d’une dernière étreinte ; nombre de mots qui auraient pu franchir l’émail éburnéen de ses dents. Mais c’est trop tard maintenant.

Je, ah– Sous sa peau si tant rougie que rongée de honte, Ieyasu est un échec.
Poppy Tsugikuni
divina comedìa (ieyasu) 53b116b12f3a84c19cb935f6c88b85899d9b78e8
Citation : Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua.
Age : 29 ans - 12.10.1968
Rang : 94/100
Ryujin
Ryujin
Poppy Tsugikuni
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1771-a-flicker
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1821-nyoom-origamis
Poppy Tsugikuni
divina comedìalasciate ogne speranzale sol funèbre tapisse ma solitude et sa fange trace sur mes genoux de rances arabesques, mon souffle en buée fraîche, le parterre boueux s’abreuve des larmes que j’ai trop longtemps versées ; aussi sec que mon coeur et que tes yeux, il n’y a sur cette terre damnée que son sang et le mien mon coeur et le tien

mon nom sur ta langue brûle le bout de mes oreilles rougies et c’est la honte qui nous ensevelit plus que l’obscurité c’est ce qui nous dévore l’âme et je dis
ce qu’on m’a dit
ieyasu,
je suis désolée


ma gorge sèche se serre et la mélancolie-serpent m’étouffe tout est si fragile la crasse sous mes doigts oh mes ongles qui s’y cassent
ieyasu, je répète
je suis tellement désolée
et ça n’est pas de ma faute - ni la leur, celle des porteurs de la nouvelle, faucheuses improvisées qui m’ouvraient la poitrine de leur faux
mots

je voudrais me lever et te serrer dans mes bras mes mollets gémissent jusque dans mon gosier et c’est un sanglot que je hoquette un pardon et enfin me lève
pas fébriles sur jambes fragiles
et plus qu’une étreinte c’est ma main sur ta joue
un rire mouillé
tu devrais pas être ici
et moi non plus

oh tant d’horreurs vues par des yeux si jeunes
oh des yeux, que dis-je - un oeil, un pauvre oeil si sec que les miens sont embués

je déglutis et mes doigts glissent sur la peau rouge se veulent tendres mais, mais ils dessinent ce même symbole qui me tue et tache mon visage et je me hais un instant je souris le suivant
oh, ieyasu, c’est tout un océan là-dessous, je murmure l’index sous ta paupière
pourquoi es-tu venu ?

moi,
j’ai peur qu’il revienne
hanter les tréfonds de la forêt qu’il devienne un cauchemar pour les autres
après m’avoir tant fait rêver
rui, rui a fait la même chose à peine un gosse
pas le temps d’aimer vivre, et sous l’eau enseveli, il s’est jeté dans la tempête et aujourd’hui il est là, coincé à mi-chemin entre nous et les autres
et si takashi revenait, qu’est-ce que je pourrais faire ?
je sens mes épaules trembler et je ris, doucement
ça m’énerve tant et je suis folle de rage et je sais pas si c’est contre eux, contre toi, contre moi
contre ces dieux qui n’en ont que le nom
et plus tard je te demanderai
ce qu’il a dit
quel geste a été son dernier
la couleur de ses yeux et des arbres et du poignard
plus tard je te dirai
que ça n’est la faute de personne
ni la nôtre pour n’avoir pas vu ce qui était invisible
ni la sienne pour ce qu’il a pu ressentir
mais aujourd’hui je voudrais juste lui dire au revoir


Ieyasu Masamune
divina comedìa (ieyasu) Nfud
Citation : — "I'm not angry", he says angrily.
Age : 19 (02/11)
Amaterasu
Amaterasu
Ieyasu Masamune
https://mahoutokoro.forumactif.com/t699-saints-lendemains-ieyasu
https://mahoutokoro.forumactif.com/t815-ieyasu
Ieyasu Masamune

Il n'est pas de plus grande douleur
que de se souvenir des temps heureux
dans la misère

Et elle se redresse, fébrile sous l’égide d’un œil coupable, tandis que son prénom raisonne en un couperet immuable : la moindre répétition est une condamnation irrévocable, une justice péremptoire qui se répand alors que leur distance se comble. Le glas damoclétique qui cède et vient heurter le bois de l’échafaud est celui de sa main sur sa joue qui trésaille : eut-elle voulu dispenser sa vengeance qu’il n’en aurait guère démenti la sentence. Même sous toute cette étendue liliale, son épiderme n’a pas la même consistance que celle de son frère, et son rire aqueux est plus incisif que toute lame enfouie au plus profond de ses entrailles. Pourtant à l’assaut de cette main maculée, ses doigts restent doux au contact de cette peau qui l’assaille.

Le tu devrais pas être ici parait être une douleur si vive qu’elle manquerait de lui trancher le cou, pourtant si légitime car de quel droit se dresse-t-il en ces lieux, par quel prétexte s’exhibe-t-il en accord désharmonique à l’apogée de cet oratorio ?
Si c’est un océan qui se terre dans l’enclavation de sa peau, Ieyasu est un barrage si tant fissuré qu’implacable, ébréché non point par les années mais par une succession éhontée d’échecs innommables. Echappées des plus infimes de ces failles, les larmes immatérielles qui s’estampillent à la touche des doigts de Momo se déversent en long fleuve délicat, si étrangères comparées aux siennes qui coulent libres sur son visage et ne font que la rendre plus entière.
Non. Son larynx se serre en sursauts spasmodiques, gorgé de sentiments dont il aimerait se croire exempt mais desquels malheureusement il ne peut s’en soustraire. Non, c’est moi qui suis désolé Momo. Et son nom sur sa langue scelle l’apogée de sa défaite. Je suis arrivé trop tard.

Le remords suinte en goulées épaisses : Je ne sais pas pourquoi je suis là maintenant, mais je sais pourquoi j’étais là avant. Une inspiration enraye le rythme de sa confession. Il m’a envoyé un origami. Momo, il m’a prévenu, mais je suis quand même arrivé trop tard. Sa voix râpe contre sa gorge : Je suis désolé. Il hésite à la serrer comme il serrait Takashi : le cadet avait dompté la pudeur hautaine distillée par une éducation revêche pour se frayer un chemin jusqu’à ce que leurs membres se mélangent. Elle a beau partager son sang, de son œil Momo n’a de Takashi que son nom et de vielles histoires contées lors de nuits sorguées. Mais la douleur est telle qu’il flanche à son contact.

Momo rit et ses frémissements se répercutent sur sa joue telles des vagues qui s’échouent. Ieyasu entend chacun de ses mots : doué pour entendre à défaut de savoir écouter, et si le nom n’éveille en lui nulle accointance, il en déduit l’amère finalité. Je n’ai jamais parlé à un fantôme : ils disparaissent à chaque fois que je les approche. Mais j’ai tant de questions à leur poser. Il murmure car Ieyasu terrassé sous l’attrait du savoir est inlassablement répudié en toute chose. Leur as-tu demandé si c’était douloureux d’être ce qu’ils sont ? Un silence. Mort. Mort mais pas mort.
Le substratum de cette pensée fracasse son esprit et la révélation n’en est que plus affligeante : Takashi en éternel ectoplasme mi-absent mi-présent, une tentation à jamais déchirante.  
J’ai peur qu’il disparaisse. Un écho à ses dires, un aveu qui le fait souffrir. Ses pensées sont un cloaque où pullulent nombre de et si ; des affres noirâtres du néant où les morts ne sont guère plus que de fugaces pensées qui se dispersent dans l’oubli. Je ne veux pas lui dire au revoir.
Et il l’enserre de ses bras.
Poppy Tsugikuni
divina comedìa (ieyasu) 53b116b12f3a84c19cb935f6c88b85899d9b78e8
Citation : Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua.
Age : 29 ans - 12.10.1968
Rang : 94/100
Ryujin
Ryujin
Poppy Tsugikuni
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1771-a-flicker
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1821-nyoom-origamis
Poppy Tsugikuni
divina comedìalasciate ogne speranzatu t’excuses et mes poings veulent se serrer mes cordes vocales vibrer sur des protestations peut-être un peu insensées—mais quelque chose d’horrible se fiche
dans ma gorge
c’est toi qu’il a appelé toi qu’il a supplié pour être sauvé vous qui avez trouvé son petit corps vidé
d’amour
de sang
de lui

et moi où étais-je ? oh moi je riais avec deux ou trois monstres, j’avais les doigts entrelacés avec la magie et ce monde qui me l’a arraché
moi je suis fautive d’avoir été aveugle quand tout ce qu’il voulait, c’était qu’on le voie
je n’ai pas été sa grande soeur. c’est lui qui m’a toujours couvée, même sans le savoir. toi tu étais sûrement ce qu’il avait de plus proche d’un frère, et je suis—je suis contente qu’il se soit éteint entre tes bras
un demi-mensonge car je te jalouse, ieyasu
tu protèges et moi j’assassine

s’il revenait, il ne te fuirait pas non s’il revenait c’est dans tes bras qu’il se jetterait, car c’est là son tombeau et son repos
s’il revenait, peut-être qu’à ses yeux je n’existerais pas
les fantômes perdent des souvenirs—rui m’a dit que certains oublient qu’ils sont morts, et pleurent tous les soirs devant leur tombe
d’autres supplient les vivants de les délivrer, mais ne savent guère ce qui les ferait partir
les macchabées reviennent pour raconter des histoires, et moi je les écoute

mais je ne les aide jamais je n’en ai pas le pouvoir
petite sorcière au sang boueux

souffle court, j’ai peur qu’il disparaisse
vide enjambé, je ne veux pas lui dire au revoir
et tu brises mon coeur d’une étreinte, ce qu’il en reste coule sur le sol comme des larmes mais moi je ne pleure pas non je n’ai plus rien à verser que des hurlements coincés dans mon gosier et je veux
crier, les faire sortir
arracher cette bête triste qui me ronge les chairs
il le faut, je murmure contre ton cou, si tu ne le fais pas c’est toi qui deviendras fou et je ravale dans un déglutit ma salive et ma lâcheté
il ne disparaîtra jamais. je le ferai vivre jusque dans mon dernier souffle, et mes enfants connaîtront son histoire, porteront son nom dans un futur où ni toi ni moi n’existerons
je parle naïvement, idiote—je ne veux pas d’enfant

mes mains s’agrippent à l’uniforme et je me demande
s’est-il accroché à toi
est-ce que tu sens encore son poids lorsque tu t’effondres et que son fantôme—celui qu’on ne voit pas—s’écrase sur tes genoux
lorsque tu fixes le plafond de ta chambre
et que c’est le souvenir de son souffle endormi qui te hante

j’ai un oiseau dans le ventre il s’y débat et ses serres s’accrochent à mes tripes il me fait vomir mais ne parvient pas à sortir, il est coincé là depuis son départ et je sais pas comment l’extirper et quand il aura faim c’est moi qu’il mangera
quand je t’ai vu
il a chanté
c’était un petit sifflement un peu discret
comme s’il suppliait

je crois que j’ai besoin pour guérir mais je ne veux pas
le faire partir
et si—et si elle cette sorcellerie ces miracles cette abomination nous le rendait pas un fantôme pas une ombre pas des miasmes de lui mais lui tout entier
est-ce qu’on porterait le blanc et le blâme
est-ce que c’est égoïste ou altruiste
une deuxième chance
(une malédiction)


Ieyasu Masamune
divina comedìa (ieyasu) Nfud
Citation : — "I'm not angry", he says angrily.
Age : 19 (02/11)
Amaterasu
Amaterasu
Ieyasu Masamune
https://mahoutokoro.forumactif.com/t699-saints-lendemains-ieyasu
https://mahoutokoro.forumactif.com/t815-ieyasu
Ieyasu Masamune

Il n'est pas de plus grande douleur
que de se souvenir des temps heureux
dans la misère

C’est une douce idylle, un cruel fantasme : la volupté d’un songe doré nanti de marasme ; telle est l’exhumation de leurs hontes les plus voraces, de leur échec à la majuscule la plus grandiose, eux ivres dans leurs propres peines bues comme un vin poisseux au fade goût de vain.
Oh, il t’aimait. Cette vérité est estampillée dans un marbre immuable que nul vent ni flot ne pourrait en venir fracturer la calcite inaltérable. Mais il n’est pas— la réalité s’embrume d’un brouillard opaque qui par son ascendant n’hésite pas à en asséner le coup de grâce. Il était déjà mort quand je l’ai pris dans mes bras. Au commencement est le verbe et ce verbe est cru, nu, brute et réel. Puisée à la source du mal, cette affirmation pourtant n’est peut-être qu’un substrat de mensonge, mais dans le pêle-mêle membraneux de sa perdition Ieyasu en oblitère le tragique des circonstances à l’usure vorace de le ressasser sans cesse.
Momo il t’aimait ; moi je n’étais rien sinon un atroce ami et même si j’étais comme un frère, toi tu es et demeure sa sœur. Et que cet enfer lui soit témoin, il n’y a rien de plus puissant que le sang.

L’esquisse affaiblie d’un triste sourire, à peine la contraction de lèvres sèches cachées à toute vue, le murmure profané par le sang d’un secret coupable : Non, c’est moi qui l’ai fui lorsqu’il avait le plus besoin de quelqu’un —les histoires de fantômes errants, inconscients ou que trop de leur propre abandon ne sera désormais qu’un combustible de plus à la flamme ardente de son bûcher.

Elle l’étreint de concert et si tous deux s’agrippent l’un à l’autre, c’est pour mieux se perdre car est-ce que tu sens encore son poids : Parfois. Lorsque son attention s’ébrèche à la croisée de l’aurore et de la nuit, que ses mains sont couvertes de l’encre noire de devoirs parachevés à la seule force de sa volonté, la pensée perdue entre quelques croisades de considération : Parfois le matin je regarde vers son lit et je me plais à l’y voir. Puis je me réveille, et je sais que c’est faux.
L’entier poids du corps de Momo contre le sien soulève dans son gosier un odieux mal-être, le vertigineux ressac de vagues qui s’écrasent contre un obstacle, à l’assaut d’une perception de son propre être qui ne parait qu’inconvenant. Sa salive devient rance tandis que sa paupière éclipse l’éclat prasin de son œil à la confession amollie d’une intimité irrécusable : Si j’étais seul dans cet horrible dortoir, peut-être que je dormirais dans son lit. Ah, ou peut-être pas. Je n’ose pas m’en approcher : j’ai voulu pourtant. J’ai voulu voir si ses draps avaient gardé son odeur, s’ils étaient aussi doux que dans mes souvenirs. J’ai voulu voir si le poids des couvertures était le même, me remémorer des instants d’avant. Et il se fend lui-même du larynx au diaphragme, y dégobille ses viscères en un écœurant bouquet de sentiment : de sa trachée d’où s’arrachent tant de mots indésirables, de ses bronches où naissent et trépassent des souffles traîtres jusqu’à son cœur tranché en coupe transversale où palpitent les valves malades et où macère un sang vicié de tourment.  

Ce n’est pas— le borgne dément l’idée avant même d’en consacrer la pensée : car la magie dans toute son immensité spectaculaire n’en dispense nul miracle de main miséricordieuse.
Momo, ce n’est pas possible. Et… et quand bien même ce le serait, ce ne serait pas vraiment lui, pas comme nous le connaissons, le timbre éteint, le connaissions. Se meurt inexprimé sous sa langue un terrible hallali, extirpé des plus profondes fosses de l’envie, une tentation si tant viscérale qu’elle ne peut qu’en être animale. Mais ah, comme je le veux. Je le veux d’une force impitoyable, je le veux d’un amour égoïste, je le veux entier et chaud pour le serrer contre moi. Si les anges n’appartiennent pas en cette terre et ont délaissé le monde, Ieyasu du haut de sa ruine n’en aspire pas moins à leur étreinte, car les anges restent des anges même dans la mort.
Poppy Tsugikuni
divina comedìa (ieyasu) 53b116b12f3a84c19cb935f6c88b85899d9b78e8
Citation : Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua.
Age : 29 ans - 12.10.1968
Rang : 94/100
Ryujin
Ryujin
Poppy Tsugikuni
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1771-a-flicker
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1821-nyoom-origamis
Poppy Tsugikuni
divina comedìalasciate ogne speranzasavais-tu, ieyasu, ce que représentait le deuil, avant qu’on ne t’arrache ton ami ?
jusqu’à perdre mon frère, je le pensais aisé
comment se figurer l’absence de ce qui nous a toujours accompagné—lorsqu’il n’était pas à mes côtés je songeais à lui, je bravais les casseroles et m’appliquais dans la cuisine pour le nourrir malgré ses peurs

lorsqu’il a perdu son bras, a-t-il croisé la mort ? l’a-t-il saluée, comme une amie, et promis de lui revenir si vite ?
la saluerai-je moi-même avec le même engouement, si elle promet de m’amener à lui ?

si j’étais seul dans cet horrible dortoir, peut-être que je dormirais dans son lit. et tu me brises le coeur avec les fragments du tien mais tu sais cette tristesse c’est volontiers que je l’avale et je la rongerai jusqu’à l’os si ça pouvait l’extirper de tes côtes et te drainer de toute sa nécrose, je t’offrirais mon lit, si je le pouvais mais les maisons et les genres nous séparent—après tout il n’y a que le trépas qui nous rassemble, qui nous ressemble

dans un murmure coupable je pense à l’inimaginable et je vois déjà le blanc me vêtir (qu’ai-je à perdre) mais ta raison (tu as raison) te ramène sur le sol froid
la mienne m’a abandonné quelques années plus tôt
je frissonne entre tes bras et l’air glacial me mord vicieusement
je sais
oh ! n’aie crainte je sais qu’il ne serait le même que ce takashi est enterré et son âme perdue dans les cieux ; plus tard je l’imaginerai pourvu d’ailes et enfin à la hauteur de son petit coeur d’ange auréolé de tendresse
là où ils voudront le voir en enfer je le hisserai si haut que les dieux le jalouseront

pour l’instant c’est à la force de ma volonté et de ma peine que je le porte, péniblement, hors du sol qui s’est abreuvé de son sang
j’ai peur de rester comme ça toute ma vie
que mes os s’imprègnent de cette tristesse et qu’elle les tâche comme une gangrène
j’ai peur qu’il ne devienne jamais un souvenir cher qu’il reste une plaie purulente et qu’à force de la lécher je m’habitue à son goût âcre
j’ai peur que le deuil me soit refusé et qu’elles
ces petites voix ces piques enfoncées dans mon crâne et ces pulsions qui m’habitent continuellement me forcent à garder son poids sur mes épaules

elle pèse trop lourd pour moi
elle m’écrasera un jour ou l’autre
et si je m’effondre, qui pourra bien me réparer quand même la magie aujourd’hui n’y peut rien ?


Ieyasu Masamune
divina comedìa (ieyasu) Nfud
Citation : — "I'm not angry", he says angrily.
Age : 19 (02/11)
Amaterasu
Amaterasu
Ieyasu Masamune
https://mahoutokoro.forumactif.com/t699-saints-lendemains-ieyasu
https://mahoutokoro.forumactif.com/t815-ieyasu
Ieyasu Masamune

Il n'est pas de plus grande douleur
que de se souvenir des temps heureux
dans la misère

Si le deuil, dans ses multiples parures —tantôt de grâce dolente dépeinte à la coupe d’un romantisme transi, tantôt des pires fléaux hantant les consciences humaines— mérite comme reconnaissance celle de la détresse véritable, alors elle ne peut être consacrée qu'au travers de l'amour. Cet amour gît-là, distillé entre deux jeunes âmes, un amour qui peut bâtir des empires et les mettre à bas d’un même élan.

Je t’offrirais mon lit, si je le pouvais. Et Ieyasu, borgne mais entier dans sa douleur, rit : un rire aux soupçons aqueux qui déchire et martèle ses poumons, car il aimerait épouser la réalité de cette offre, épancher sa peine au gré de la chaleur d’un corps contre le sien, d'une consolation non pas dispensé au joug lascif de plaisirs coupables mais en nom et pour cause d’une peine véritable. Un oui désespéré borde la commissure de ses lèvres cependant le borgne avale cette vérité avant qu’elle ne soit exposée au monde.
Je crois— mais l’incertitude l’étreint et soudain, il ne croit plus en rien si ce n’est sa propre honte. Moi aussi j’ai peur, Momo, si tu savais. J’ai peur d’enfouir mon visage entre ces draps qui lui appartenaient jadis et de me rendre compte que son odeur y est depuis longtemps absente. J’ai peur qu’un beau jour un autre corps vienne s’emparer de son lit, dormir là où lui-même échappait à la tourmente de ses jours, investir des souvenirs où avant seul Takashi régnait en maître.
Ieyasu en sa grandiloquente misère avait pleuré à des déboires moindres et certains plus grands encore : il avait pleuré de rage lorsque sa peau s’était teintée de nuances fuligineuses sous des coups dispensés par des mains impérieuses ; il avait pleuré, hurlé comme un martyr que l’on écorche quand son œil avait été déchiré et sa tête fendue sous la douleur de tourmentes infernales ; avant encore, il avait pleuré au chevet de mots insidieusement glissés au creux de son oreille, des murmures violents au tandem de caresses illusoires ; après, il avait pleuré la mort d’un amour du plus pur sous le couvert d’une peau d’ivoire et d’un nom de Sang-Pur ; et, les dieux en soient témoins, il avait même pleuré à l’insatisfaction de ses propres espérances académiques.
J’ai peur que sa pensée vienne hanter les miennes chaque soir, mais je redoute de toute mon âme, de toutes les forces qu’ils me restent, le jour où il les quittera pour ne devenir qu’une brise fugace et passagère, seulement remémorée lointainement au gré d’une piété vieillissante. Ieyasu n’était guère étranger aux larmes, mais peut-être en avait-il tant versé continuellement que même le malheur le plus profond ne parvenait plus à les extraire de sa carcasse de sel brisé. Je ne parviens pas à percevoir le moindre mal, Momo. Finir par l’oublier, qu’il ne survive dans ma pensée qu’une seule fois par décennie ? Ou vivre avec l’accablant rappel de cette douleur, l’ombre de son sourire ancré derrière mes paupières pour que je puisse le contempler chaque minute, chaque seconde de mon existence ?
Il fend leur étreinte de chair et de peine, mais si la première se brise aisément lorsqu’il s’en écarte, la seconde colle à leurs peaux comme une mue infecte, purulente pourtant inodore, dont sa jouissance ne se trouve qu’une fois profondément enfouie à la moindre de leurs anfractuosités et blottie sous le frêle couvert d’uniformes qui durant quelques laps de temps interdits, furent fantasmés du plus pur des blancs.
Et le voilà qui s'éloigne, le faux-frère, l'ignoble ami, le né de rien, lui qui chancelle sous son propre poids alourdi de larmes retenues par une main devenue étonnement leste pour les contenir.

Si je parle trop, c’est parce que ma peine est trop grande. Pourtant voici un désir bien égoïste qui m'habite : toi Momo, doit souffrir de maux qui ne sauraient valoir les miens. Si la peur est haïe elle en est pour pourtant légitime, et cette faiblesse exhibée honteusement entre une renarde et une araignée bientôt n'appartiendra qu'au passé.
Poppy Tsugikuni
divina comedìa (ieyasu) 53b116b12f3a84c19cb935f6c88b85899d9b78e8
Citation : Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua.
Age : 29 ans - 12.10.1968
Rang : 94/100
Ryujin
Ryujin
Poppy Tsugikuni
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1771-a-flicker
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1821-nyoom-origamis
Poppy Tsugikuni
divina comedìalasciate ogne speranzasous mes ongles grincent les cordes d’un violon désaccordé, sa mélodie parasitée de ma détresse — symphonie de désespoir qui rythme tes paroles dans le creux de mon esprit, ses brumes tapissées d’étoiles aphones et d’un voile macabre
ce ciel qui aujourd’hui l’abrite et m’écrase, je ne le distingue même plus ; je n’en sépare le bleu de mes sanglots
cette mer qui parfois lèche la pointe de mes pieds et bientôt (je l’ignore) surplombera mes épaules éreintées, je ne la remarque même plus ; je n’en démêle le sel de mes pleurs

non je ne vois plus que l’écho qui nous sépare — lui narcisse, inconscient de notre malheur que tout son être distille, je t’écoute conter tes peines et les miennes tirent sur l’aorte de mon coeur, comme pour m’exhorter à ressentir ce qui t’agite
Pourtant voici un désir bien égoïste qui m’habite : toi Momo, doit souffrir de maux qui ne sauraient valoir les miens.

ma gorge se serre c’est un serpent qui s’enroule autour et presse contre ma trachée ses écailles glaciales
je voudrais te dire — non
je voudrais t’affirmer — la douleur est incomparable, d’un être à un autre elle se manifeste en danse complexe et chacun de ses mouvements se fiche en flèche dans nos coeurs ; elle se reflète dans mes yeux et mes griffes rongées mais je la lie tout aussi vive dans la fatigue qui cercle les tiens et les larmes dissimulées dans ta voix
mais le silence s’engouffre dans mon gosier et arrache (malheur) un rire

je le sens comme on sentirait la main gelée de la Mort sur notre épaule, son souffle inéluctable hérissant les poils de notre nuque
je le sens comme s’il ne m’appartenait pas, extirpée de mon propre corps dans une plainte inaudible
va-t-en tant qu’il est temps, tant qu’aux commandes de mes cordes vocales s’accrochent faiblement mes doigts

dans une saccade, la machine infernale s’enclenche — j’en perçois les rouages rongés par la rouille et la bête dévoile dans un sourire des dents que je ne reconnais même pas (ah, ce sont les miennes)
le bruit atroce de ma félicité factice fait fuir un oiseau au loin ; il déchire le mutisme de la forêt et, sous son règne despote, mes mâchoires craquent

ah! je m’entends crier, on devrait rentrer. je dois lui faire à manger, et mes mains s’agitent seules, mimes affairés à trancher quelque légume que je devrai le forcer à consumer — j’en constate les muscles tirés mais mon encéphale muselé ne semble donner aucun ordre
en rires et en pleurs je m’agrippe à ton bras et t’attire à ma suite sépulcrale

j’entends au loin des violons noircis, leurs cordes entaillant mon âme comme mes ongles s’enfoncent, mauvais mais surtout—crois-moi—instinctifs, dans ta chair
c’est un appel à l’aide que j’espère ignoré, quand mes pas mécaniquement dansants piétinent la terre qui s’est vue sanctifiée de son dernier souffle et quand je sifflote, gaie, un air qui pas plus tard qu’hier me faisait pleurer


Ieyasu Masamune
divina comedìa (ieyasu) Nfud
Citation : — "I'm not angry", he says angrily.
Age : 19 (02/11)
Amaterasu
Amaterasu
Ieyasu Masamune
https://mahoutokoro.forumactif.com/t699-saints-lendemains-ieyasu
https://mahoutokoro.forumactif.com/t815-ieyasu
Ieyasu Masamune

Il n'est pas de plus grande douleur
que de se souvenir des temps heureux
dans la misère

Ieyasu absurde prince de la déception toise son royaume d’amertume et de mépris : bien que nul sujet ne se presse à sa cour, car de celle-ci n’en demeure à ce jour que de vagues ruines jonchées d’espérances défaites, trop éparses ou trop vieilles pour accueillir ne serait-ce que sa propre âme appauvrie. Nulle cour, nul sujet, nulle grandeur faussement seigneuriale ni éminence de fierté exhibée à bras-le-corps, pas même de roi pour pontifier d’obscures cérémonies — le seul qui s’y était pressé un jour s’était tant gorgé de désolation que dans sa peine surabondante il s’en était percé le ventre.
Ce même roi qui, en ce jour faiblissant, était tant à la fois encore pleuré que déjà oublié.

Ainsi Ieyasu, à l’esprit sans cesse bouleversé, ouvrageait lui-même sa propre ruine du haut d’un zèle passionné qui en effleurait l’indiscipline tandis que Momo, princesse esseulée, sœur d’un frère arraché, se voyait éprise d’un rire dont la force faisait trembler le borgne et d’un cri dont l’essor l’achevait d’un sursaut.
De qui— Ah. A son rythme quasi languissant, l’incertitude presse de ses mains les jeunes épaules en un carcan immuable ; mais nulle chaleur, nulle douceur n’en est perçue, seulement le poids oppressif si ce n’est calleux d’une vérité que trop affligeante —et ces mains, des mains d’artiste qui tissaient tissent et tisseront d’innombrables mélodies, à cette triste échéance devenues tout autant adroites qu’orphelines, ces mains réellement fermes et fermement réelles qui l’agrippent et l’entraînent. Ah—reprit-il, l’embarra embrassant l’entièreté ébréchée de son corps, dès lors mu à l’encontre de sa faible volonté, le blême d’un visage aux lèvres assaillies par des dents émoussées, des mains serrées en poings aux phalanges blanchies et l’hésitation d’une voix aux accords dissonants. Oui. Oui, je pense que nous devrions. Mais déjà le silence s’enlise dans sa propre bouche, l’air aléatoirement comblé sous le joug intempestif de la fougue de Momo.

Je suis désolé : le murmure, bien qu’incontestablement monotone, trahit tourmente et désarroi ; et enfin, enfin, Ieyasu déverse quelques larmes silencieuses à l'abri de tout regard. Que ces regrets soient adressés au défunt ou à celle qui lui succède, le roux lui-même ne saurait le dire. Mais le temps passera, le jour passera alors que la nuit s'en suivra pour se voir supplantée par un nouveau jour, et il n’y aura plus de larmes luttant parmi l’éternelle sécheresse d’un œil unique, plus de vides sanglots avortés, ni même de soupirs face à des draps abandonnés.
Fuyant l’accablement que la forêt profonde fait peser sur eux comme un vélarium feuillu, fuyant ce lieu désormais craint au mausolée plongé dans l’ombre membraneuse : pour peu, ils auraient pu y discerner complaintes et lamentations si ce n'est pour les sifflements heureux d'une renarde et les pleurs pénitents de sa comparse araignée.
Et voilà deux âmes inconnues que la peine a dépouillé, qui à jamais se disent adieu.
Contenu sponsorisé
Contenu sponsorisé