dehors, c'est le chaos, ça s'affronte à coups de sortilèges, de sabres et de mots ça s'entredéchire ça se tue peut-être et toi, toi niji, tu t'es tiré dès que possible. risquer ta vie pour un camp ou l'autre, merci mais non merci ; tu ne veux pas mourir, pas maintenant, pas comme ça. tu as choisi la solution de facilité, profitant de ce que personne ne faisait attention à toi (personne ne fait jamais attention à toi, de toute façon) pour disparaître.

sur le moment, ça t'a paru une bonne idée de retourner vers l'école, puisque tu ne voyais personne partir dans cette direction, et pour ta décharge t'as pas vraiment pris le temps de te poser et de réfléchir. tu t'es juste enfui là où tes pas te menaient. après réflexion, c'était peut-être pas un choix très éclairé de ta part, mais il est un peu tard pour avoir des regrets alors que tu grimpes les marches des étages aussi vite que tes jambes te le permettent, ta baguette à la main, bien que tu doutes qu'elle te soit utile en cas de duel—t'as jamais été très doué en sortilèges. personne ne songerait à se rendre à la bibliothèque dans un moment pareil, tu penses. là-bas tu seras tranquille ; là-bas tu seras en sécurité.

(sauf que tu t'es trompé)

à peine un pied mis dans la pièce et déjà on t'attrape, on te confie un livre dont tu ne sais que faire, on te donne une mission dont tu ne veux pas—putain j'aurais dû rester en bas, si j'avais su—et tu secoues la tête de droite à gauche c'est débile tu reposes le livre sur une des piles au hasard c'est pas un bouquin qui va nous sauver la vie, débrouillez-vous sans moi

tu t'apprêtes à faire demi-tour mais sous tes pieds, la terre tremble. tu vacilles un peu, résistant de ton mieux à la gravité pour conserver ton équilibre et à l'agacement montant pour ne pas soupirer lourdement quand un prof se pointe. maintenant, c'est sûr, tu vas être coincé là ; toi qui voulait rester seul dans un coin et attendre la fin de la tempête sans prendre parti, c'est raté. tu as vraiment choisi le pire endroit où te réfugier.

j'en ai marre tu marmonnes pour toi-même, et t'as la sale envie de faire voler les piles de livres et de parchemins d'un coup de pied. mais il faut voir le bon côté des choses, niji ; peut-être que tu as plus de chances de t'en sortir en compagnie de deux adultes. peut-être qu'ils savent ce qu'ils font.

peut-être.


dsl c'est un peu long, il fallait que je pose les bases mais je ferais plus court la prochaine fois promis!! en gros: niji a fui les combats et s'est réfugié dans l'école pck il est stupide, il pensait que la bibliothèque serait déserte, constate avec dépit qu'elle ne l'est pas et se lamente sur son sort

l'école brûle.

si le feu arrive jusqu'ici... vous êtes foutus, concrètement. mais bien sûr, dans ta précipitation, ce détail t'a échappé. tu t'en mordra les doigts plus tard ; pour l'instant, il ne faut pas laisser la panique t'envahir. tu dois rester calme et prendre une décision. rester ici, dans la bibliothèque remplie de papier inflammable, mais avec deux adultes sûrement plus à même de te protéger que ta baguette et les quelques sorts que tu sais correctement lancer ? ou bien tenter de fuir le bâtiment pour échapper à l'incendie, quitte à prendre le risque de croiser seimei ou ses partisans au détour d'un couloir ?

tu ne sais pas. le doute monte en même temps que l'angoisse ; tu n'écoutes pas un mot de ce que dit la bibliothécaire, ne prête aucune attention à ses découvertes. tu t'en fiches d'inverser le rituel, toi, tu veux juste rester en vie bon sang.

il faut que tu te tires d'ici, tu décides. pour la deuxième fois, tu fais un pas en direction de la porte, et tu n'as parcouru que deux mètres quand le sol se remet à tanguer. cette fois, tu perds pied et tu te casses la figure, la tête heurtant une étagère de livres avec assez de force pour en faire tomber quelques uns ;

aïe
ça fait mal putain.

tu te relèves, portant une main à ton front douloureux, tâtonnant pour récupérer ta baguette de l'autre, et tu as le malheur de poser les yeux sur une des fenêtres. de l'autre côté, c'est une vision d'apocalypse qui s'offre à toi. c'est déjà assez effrayant d'être sous la mer ; maintenant, elle s'agite comme pour vous engloutir encore plus profond. tu te laisses glisser au sol avec un gémissement plaintif, ayant atteint la seule conclusion logique : celle de votre condamnation.

c'est fini. on va tous mourir.


niji hésite à se barrer ou rester avec ren et juri, décide finalement de tenter sa chance tout seul, mais se casse la gueule lamentablement à cause des secousses et se laisse aller au désespoir en voyant les tourbillons d'eau dehors.

la tentative de la bibliothécaire pour te rassurer te passe au-dessus de la tête, et quand tu sens qu'on t'attrape par le bras, tu ne protestes pas, mais tu ne fais pas le moindre effort pour te relever non plus. à quoi bon ? ce n'est pas comme si tu avais la moindre chance de t'en sortir.

enfin, la douleur dans ton crâne reflue, seulement pour être remplacée par la morsure amère des mots. il ne les a pas mâchés, ça c'est sûr. ce n'est pas très agréable à entendre et tu as presque envie de répliquer. sauf qu'il n'y a rien à dire, parce qu'au fond, il a raison et tu le sais. tu baisses les bras beaucoup trop vite, dès que le plus petit obstacle se dresse sur ton chemin. c'est souvent plus facile d'abandonner que de chercher une solution à tes problèmes.

tu restes planté là pendant un bref instant, regardant le garde-chasse s'éloigner. la panique t'envahit en réalisant que tu risques de rester seul ici - c'est exactement ce que tu voulais au départ, mais tout à coup la perspective ne te semble plus si rassurante, et tu t'élances à sa suite, éperdu attendez ! tu lui cours après dans le couloir je viens avec vous... tu souffles, mal assuré vous allez me protéger, hein ?

après tout c'est son boulot, non ? c'est celui de tous les adultes. toi, tu n'es qu'un gosse, t'es pas censé devoir te battre.


niji est trop en pls pour réagir jusqu'à ce que ren le secoue ; il décide que rester avec lui est sa meilleure chance de survie et se barre à son tour de la bibliothèque, suivant ren jusqu'au 7e étage