Un potager dans la malle
TTu as beau vivre entouré de magie depuis ta naissance, le monde dans lequel tu vis ne cesse de te surprendre. Il faut dire que tu ne t’attendais pas vraiment à découvrir que ce que tu avais volé dans les cuisines, s’était transformé en radis, ou en petits poids. Tu ne sais pas trop quand le sort s’est produit, à vrai dire, tu n’as pas vraiment regardé quand tu es sorti de la cuisine, tout était soigneusement emballé et tu n’as pas non plus vérifié à nouveau quand tu as rangé le tout dans ta malle secrète.
Tu croyais encore avoir des bonbons, du pain, des gâteaux, des carottes, et des fruits secs. Il n’y avait donc aucun moyen que tu saches que les bonbons, les gâteaux, et le pain s’étaient transformés en légumes ! Ce n’est que quelques jours plus tard, lorsque tu as ouvert ta malle que tu t’en es rendu compte… Tu ne vas pas te nourrir exclusivement de légumes, si ? Et si tu avais besoin de sucreries avant tes entraînements, comment est-ce que tu pouvais faire ?
Tu n’allais tout de même pas dépenser tout ton argent en sucrerie et autre nourriture juste parce que tu rates les repas, si ?? En plus, il y a trop de monde partout, le problème ne serait donc pas réglé, c’est à cause des autres que tu rates l’heure des repas. Tu te retrouves alors avec un petit potager en ta possession, assez pour une ratatouille, a final… Les légumes, c’est bon pour la santé, mais tu mérites aussi d’autres choses à manger. Une moue déçue s’affiche sur ton visage et tu jettes un regard sur le plat qui t’as été apporté.
Il n’arrive que lorsque tu rates tes repas à cause des gens, et tu es content de pouvoir quand même manger… D’habitude, le plat repart dès que tu as terminé de manger, un peu à la manière des origamis. Mais cette fois, ce n’est pas le cas, tu souhaites le lui ramener toi-même, en plus de tes légumes parce que tu aimerais lui demander de te faire une cure de magnésium.
Tu as l’impression d’en manquer… Tu te redresses alors et enfourne tes légumes dans ton sac, attrapant aussi le plat sur lequel tu as jeté un Impedimenta afin de l’empêcher de repartir aux cuisines tout seul, et tu te mets en route, muni de ton masque, et de ton gel nettoyant fétiche. Il te faut un peu de temps pour arriver aux cuisines, notamment parce qu’il te faut encore éviter les possibles attroupements que tu pourrais rencontrer. Tu arrives finalement et tu entres après avoir faiblement frappé. Dès que tu as refermé la porte derrière toi, tu t’empresses de sortir ton gel et t’en badigeonner les mains, tout en t’adressant au cuisinier.
-… Bonjour, je viens vous ramener des légumes.
Une fois les mains propres, tu retires de ton sac les légumes que tu lui présentes, omettant de l’informer qu’ils viennent de sa propre cuisine. Enfin… qu’ils n’étaient pas des légumes, avant de sortir de cette pièce.
-Peut-être que vous pourriez en faire une ratatouille. Et je vous rends votre plat. Il était bon. Est-ce que vous pourriez mettre des aliments plus riches en magnésium ?... Je crois que je suis en carence.
Tu demandes de ton habituelle voix faible, un peu étouffée à cause de ton masque. Tu espères aussi que le cuistot n’aura pas remarqué ton vol, est-ce qu’il fait un inventaire poussé de ses stocks ?
-Et je trouve que vos assaisonnement sont encore un peu trop gras.
couleur • nervosité.
Les plats des retardataires revenaient doucement et lui se contentait de les laver à la main avant de laisser la magie opérer. Un tel soin qu’il s’accordait pour occuper son esprit et qui prévenait des quelques imperfections d’un usage intempestif de surnaturel. En tout cas aux yeux des simples moldus. Chantonnant presque, la monotonie du moment ne suffisait pas à l’extirper de sa bulle, jusqu’à ce qu’on frappe à la porte et qu’on lui ramène un plat. Akashi Awataguchi. Inutile de dire qu’il le connaissait bien pour le nombre de requêtes qu’il lui avait exprimé que ce soit par origami ou en lui laissant une liste. Il se demandait si le jeune homme faisait la même chose avec Akira ? Il n’en avait pas la moindre idée, mais il le remercia en inclinant sa tête et en récupérant l’assiette.
Ce qu’il craignait arriva : l’adolescent était resté, avait-il de nouvelles suggestions ? D’un œil suspicieux, Akihiro attend et voit les petits légumes sortis d’un sac qui lui sont disposés dans un bol. Le cuisinier avait pris soin de l’apporter en voyant le sac se déverser. Il les mit à laver et attendit la suite. C’était toujours un schéma redoutable n’empruntant jamais les mêmes chemins. Un peu comme s’il était enchanté tant il était déroutant. Ce garçon sans même le savoir avait surement été conçu pour lui nuire, c’était certain. « Du… magnésium d’accord, mais si tu souhaites que ce soit fait avec ces légumes-là, tu n’auras pas grand-chose en apport. Je te remercie de les avoir amenés cependant » puisqu’ils ne seraient pas gâchés à moisir dans un coin.
Pour une fois, ce n’était pas si exigent et il pouvait s’atteler à confectionner quelque chose sans trop de prise de tête, les idées affluant tandis qu’il passer ses doigts sur le rebord de son masque pour immédiatement les passer sous l’eau et les nettoyer. Ses mains aussi avaient l’aspect de celles du tsuchigumo. Pour la simple et bonne raison qu’il suivait un protocole strict d’hygiène, mais à la différence du garçon il n’y avait pas d’alcool et il en prenait soin, c’était également par mesure d’hygiène, ça n’avait rien d’agréable et c’était clairement contreproductif d’avoir les mains abimées en cuisine. « Ah… nous allons avoir un problème, monsieur Awataguchi, je peux vous préparer quelque chose, mais pour avoir du goût, il faut savoir accepter de faire de toutes petites concessions. Elles n’impactent en rien votre santé, croyez-en mon expérience » c’était lui le cuisinier après tout. Il savait ce qu’il faisait, non, mais.
Un potager dans la malle
Tu déposes les légumes devant le cuisinier que tu ne portes pas dans ton cœur depuis que tu as compris que les sucreries que tu volais, se transformaient immédiatement en légumes une fois la porte des cuisines passée. Tu ne perds d’ailleurs pas ton temps et lui donne tes exigences. Ce n’est pas que tu n’as pas de respect pour lui, c’est simplement que ce n’est pas un professeur, juste un cuisinier qui doit simplement suivre les exigences des enseignants et des élèves, à tes yeux.
Alors sans détour, tu lui donnes la liste de ce que tu veux manger dans les prochains jours. Néanmoins, tu tiques légèrement et observe les légumes, déçu qu’ils ne t’apporteront pas le magnésium que tu requiers actuellement. Tu tires un tabouret non loin de toi et t’y assois, posant tes bras sur le plan de travail en observant les mains du cuisinier, t’étonnant de le voir sans gants. Brusquement, tu imagines des peaux mortes tomber de ses doigts et se déposer sur la nourriture et tu as un haut le cœur, détournant le visage en déposant le dos de ta main au niveau de ton nez, quant bien même tu portes un masque.
-Trouvez-moi donc des légumes riches en magnésium, dans ce cas.
Tu réponds après quelques minutes. Tu reportes ton attention vers le cuisinier, évitant cette fois de regarder ses mains de peur régurgiter ton petit déjeuner.
-Vous ne savez pas donner du goût à votre cuisine sans y ajouter du gras ? C’est un peu paradoxal pour un cuisinier, non ? Je pensais que vous étiez doué, moi.
Tu dis, cette fois un peu de manière piquante. Il est voir de te voir ainsi, mais il semble que le petit tour de passe-passe de Akihiro t’ai vraiment agacé. Tu voulais manger des sucreries, aujourd’hui et ce n’est pas souvent que cela t’arrive ! Alors l’idée que l’on t’ai privé de ce petit plaisir si rare, te laisses un goût amer.
-Pourtant, vous transformez toutes vos sucreries en gâteau, comme si vous aviez tous les droits.
Tu commences à agiter légèrement tes jambes.
-Vous n’êtes qu’un cuisinier.
Tu ajoutes en haussant les épaules, jetant un regard sur le plan de travail qui est désordonné à ton goût. Même si pour l’albinos, c’est rangé, pour toi, ça ne l’est pas. Tu as une façon d’ordonner les choses d’une manière bien spécifique que seul toi comprends.
-Vous ne portez pas de gants ? Même si vos mains sont lavées, je ne veux pas retrouver des peaux m-mortes dans mes plats.
Tu déglutis, un nouveau haut le cœur te prend et brusquement, tu te lèves et te rue vers l’évier. Tu as simplement le temps d’abaisser ton masque, et tu recraches tout ton petit-déjeuner. Quelle horreur. Tu blêmis en voyant la chose, manquant de défaillir.
De tous les étudiants, il n’y avait pas pire comportement que ceux qui se méprenaient dans leurs intentions. Si elles étaient louables par leurs arguments, le résultat différait tant qu’il n’y avait aucune concession et cette confiance aveugle en son propre raisonnement induisait inévitablement en erreur. Toute progression s’avérait bien difficile. Affairé, comme toujours à préparer ce qui pouvait plaire à chacun tout en élaborant de la haute gastronomie n’était pas à la portée de tous, pourtant ses efforts n’étaient aucunement reconnus et le challenge que représentait le sang pur, s’il était accepté n’en était pas moins agaçant pour la forme imposée par son propriétaire.
Un sourcil arqué se profila en guise de réponse, du coin de l’œil le cuisinier se contenta de hausser les épaules. « Ça n’est pas un problème » laissa-t-il entendre, espiègle créature qu’était l’aigle, à l’affut de la moindre faille et il en avait trouvé de belles, à commencer par son manque de respect flagrant. « Ça n’est pas une question de talent, mais d’alchimie. On n’obtient pas d’or en modifiant la structure du plomb. Par ailleurs, je vous remercie de croire en mes capacités. Je fais effectivement partie des meilleurs sans quoi je n’aurais pas été recruté par ce prestigieux établissement où j’ai également passé mes études » devait-il prouver ses diplômes ? Par principe, il ne le ferait pas, sa présence démontrait à elle seule ses propos.
En revenant à ce mépris malheureux, il ne pouvait qu’être désolé pour l’adolescent au caractère peu tempéré, provoquant un soupire au travers du masque tant il était inconcevable pour lui qu’on soit si désobligeant envers cette profession. « Je ne suis peut-être qu’un cuisinier, mais je sais reconnaître mes torts, ayez au moins l’amabilité de ne pas dénigrer mon métier, particulièrement en énonçant des droits quand vous transgressez des lois, si le vol n’est pas punissable pour vous, ça l’est pour moi pour bien des raisons » et il était hors de question, malgré la sévérité de ses propres règles que l’on se permette un tel manque d’éducation.
« Sachez également que si vous l’aviez demandé, vous seriez repartie avec une sucrerie, un gâteau, ce que vous voulez et je me serais fait un plaisir d’en être le créateur, vous n’avez qu’à vous en prendre qu’à vous-même pour ces petits légumes dont j’ai tu la provenance »
Chacun de ses mots avait un air aussi monotone que celui de l’étudiant, sans l’imiter, il restait au possible calme et dénué de toute colère. S’il était agacé, pour autant il n’en montrait que l’indifférence et la fatigue. Ses mains passèrent une énième fois sous l’eau sous le regard du garçon dont l’estomac ne tenait plus. Surpris, l’adulte se contenta de lui apporter une serviette, sans la toucher, faisant appel à sa baguette et gardant son robinet ouvert pour avoir manié le bois. « Vous ne risquez pas d’en trouver, nous sommes des sorciers et si j’ai ce réflexe de passer mes mains sous l’eau, pour autant elles n’auront jamais la moindre imperfection à déverser dans vos plats » c’était plutôt amusant, même s’il était soudainement désolé pour lui, Akihiro constatait qu’un sang pur venait d’oublier les bienfaits de la magie. « Êtes-vous un minimum rassuré ? Si ce n’est pas le cas, je vous invite à préparer vos plats pour comparer ».
Si c'est un duel de cuisine que vous voulez alors... Commençons, je suis prêt !
-Pardon ?
Tu demandes, la face malmenée par le dégoût. Tu ne comprends pas pourquoi le cuisinier parle d’or et de plomb. Tu ne crois pas lui avoir parlé d’alchimie et tu n’es de toute manière pas vraiment doué dans la manipulation des métaux précieux, ou moins reluisants. Et puis, en quoi cela à un quelconque rapport avec la cuisine ? Ça n’a vraiment pas de sens à tes yeux. Peut-être que le cuisinier perd la boule, ce serait pour ça qu’il a lancé ce sort, parce qu’il ne sait plus où il en est. C’est au département des fous de l’hôpital qu’il faut l’envoyer. Il se sentira utile, à gérer les cantines.
-Je ne sais pas trop, si vous vous mettez à comparer votre cuisine avec des minerais. Je commence à douter de votre santé mentale ! On ne parle pas de plomb ou d’or ici, mais de légumes ! Il ne faut pas être doué en alchimie pour assaisonner des betteraves.
Tu dis en t’essuyant la bouche. Tu attrapes un verre d’eau pour faire passer le goût acre du reflux que tu as eu à cause de ce que tu imaginais à propos du cuisinier.
-Oui mais vous n’étiez pas là la dernière fois. C’est pour ça que je me suis permis de me servir. Et puis de toute manière, ce n’est pas illégal, à ce que je sache, si ? Il n’y a rien dans le règlement qui stipule que les élèves n’ont pas le droit d’entrer dans les cuisines pour se nourrir. Et si une telle règle existait, ce serait idiot parce que ce serait aller à l’encontre de la santé des résidents. Tout le monde n’a pas le même régime alimentaire et certains ont besoin de manger plus souvent ou à des heures différentes, ne serait-ce parce qu’ils ont le diabète.
Comment connais-tu l’existence du diabète ? Tout bonnement parce que tu as épluché tous les livres à propos des maladies moldues et que tu commençais à suspecter avoir contracté cette pathologie. Par chance, tu étais uniquement en hypoglycémie.
-Vous êtes un monstre que de vous réjouir de faire du mal ainsi aux gens avec vos légumes. J’aurais dû m’en douter, de toute manière. C’est bizarre, un cuisinier qui porte un masque. C’est louche, il n’y a que les criminels qui se couvrent ainsi le visage ! On se cache le visage quand on prépare un mauvais coup, et vous en préparez sûrement un. Il n’y a que des esprits louches pour s’amuser à créer un sort de la sorte et en être fier.
Tu plisses les yeux, suspicieux, avant de regarder les mains du cuisinier.
-Je peux préparer mes plats oui, si c’est un duel de cuisine que vous me demandez. Je ne suis pas le plus nul en cuisine, il m’arrive parfois de me préparer des plats au domaine quand les servants ne respectent pas mon régime alimentaire.
Tu ajoutes, attrapant déjà un couteau pour couper tes légumes.
Il n’y avait plus aucun doute, cet élève le détestait du plus profond de son cœur pour ses manières et s’il avait pensé à ce tour de magie, ça n’était pas dans le but de les contraindre, mais plus il recevait de menaces et plus il se sentait incompris. Ça ne changerait pas les règles de cette cuisine, pour une raison bien précise : qui voulait se servir n’avait qu’à se rendre aux cuisines et d’autres n’en seraient donc pas bénéficiaires. Par ailleurs, les injustices faites dans sa jeunesse, si tentées que son tempérament lui avait valu des heures de colles lui avaient appris que les plus silencieux subissaient dans l’ombre et c’était ce qu’il craignait en laissant libre accès aux pâtisseries et autres douceurs dont tous étaient apparemment si friands.
« Il ne faut pas tout prendre au pied de la lettre » laissa entendre le cuisinier, désemparé par la réplique du jeune homme dont il ne s’était aucunement imaginé l’incompréhension. « Mais que je vous parle d’alchimie ou de cuisine, vous n’en saisirez pas plus la subtilité et c’est bien là notre problème » car il était bien beau d’appréhender le travail des autres avec autant de dédain malgré une volonté pourtant saine au départ, mais la critique devait être constructive et sans les connaissances requises comment pouvait-il se le permettre ? « Et vous mourriez de faim au point d’en avoir des crampes aux doigts jeune homme ? Quant à la légalité de cet acte, il n’engage qu’à vous d’y réfléchir. Un vol dans la cuisine n’est certes pas condamnable du point de vue du règlement, mais si je laissais tous les étudiants dévaliser la cuisine, que resterait-il alors ? » d’autre part il marqua une pause et croisa ses bras. « Pour ce genre de cas, je suis préalablement averti, ce qui me permet d’anticiper et croyez bien que je ne laisserais personne dans le besoin. Quant à vous, il me semble que ça ne vous concerne pas ? Et n’oubliez pas que les cuisiniers servent encore relativement tard des collations par origami »
Cette insistance le rendait mauvais et cela se traduisit par des plaisanteries qui visiblement ne faisaient rire que lui. Dans sa patience mise à rudes épreuves, il avait tout de même une certaine retenue malgré l’appellation si connotée qu’il dut faire un effort pour ne pas laisser ses épaules trahir le rire étouffé au fond de sa gorge. « Jeune Awataguchi, je suis un monstre et alors ? Vous n’êtes pas mal nourri et encore moins dans une situation critique, je répondrais à vos exigences quand vous ferez preuve de bon sens et pour cela, oui, je vous invite à prendre conscience de ce que représente une cuisine à la fois savoureuse et riche en tout ce que vous aviez noté » et il ne l’y aiderait que si le maniement du couteau devenait un danger entre les doigts de l’étudiant. « Je doute que vous ayez un régime alimentaire stricte hormis celui que vous vous imposez et qui finira par vous faire du mal, tant par la fadeur qui occasionnera des manques et des carences que les effets provoqués, mais soit, je vous surveille, surprenez-moi »
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