* ＼ harmonie fluette; asagao
Poppy Tsugikuni
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Age : 29 ans - 12.10.1968
Rang : 94/100
Ryujin
Poppy Tsugikuni
Poppy avait, dans l’ombre doucereuse de l’habitude, traversé un couloir morose et effleuré d’un doigt la pierre piteuse, imbibée de la détresse étudiante. Elle avait assisté, en retrait, à l’exécution - et n’avait nullement été étonnée de sa conclusion. Son père l’avait mise en garde, et la promotion d’un distant cousin au rang de Juge en Chef ne faisait que souligner la position qui lui était due. En soupirs et en souci, elle erra quelques minutes avant de se trouver devant une porte tendrement familière.
Ses phalanges contre le bois résonnèrent en timide concert, et elle attendit à peine l’assentiment pour s’engouffrer dans le bureau, les prémices d’un sourire illuminant déjà son visage.
Asagao, murmura-t-elle, un tantinet réticente ; non pas qu’elle n’eût envie de voir sa collègue, mais plus qu’elle en craignait l’état. Les teintes circulant dans l’air n’auguraient rien de bon à son oeil malade, et Poppy s’inquiétait de l’impact que les événements, si nécessaires étaient-ils d’après le Ministère, pouvaient avoir sur les insulaires. C’est moi, continuité inutile de ses interventions - elle avait déjà mis le pas dans la pièce, et la bichromie singulière de ses cheveux la distinguait aisément des autres adultes.
Tout en mécaniques et en instincts, elle avait traversé le vide jusqu’à la divinatrice, et déposé sur son front la douceur quotidienne d’un baiser. Asagao avait, aux yeux de l’héritière, un visage qui poussait à l’embrasser, et à la couvrir de l’affection si aisée dont elle semblait cruellement manquer, à tout instant. Les doigts de Poppy s’étaient déjà égarés au creux de quelques mèches sombres, les caressant tout en tendresse alanguie et en sourires transis.
Hier était un jour obscur. J’ai voulu te proposer de terminer la journée ensemble, par peur de dormir seule - mais craignais d’être de piètre compagnie. Tout en parlant, elle s’était négligemment hissée sur le bureau de sa comparse - prenant gare à ne rien abîmer - et n’osait retirer sa main, dans la constatation presque douloureuse qu’il était trop agréable de lui emmêler les cheveux. Comment te sens-tu ? Quelques ironies se bousculaient à la lisière de sa bouche, et elle ne put s’empêcher d’en chuchoter une, un ris secret lui décorant le visage : j’aurais préféré que tu rencontres ma famille dans d’autres conditions.
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