Le ciel était pur, la lune sauvage et impérieuse, l’air accueillait ton souffle dans un fin nuage. Berceau des ténèbres, l’obscurité t’enserrait, noire comme un puits où l’on se noyait. Ton âme invincible et fière rendait grâce à la faucheuse et à ce nouveau rôle de Kumicho. Chef de clan, chef des Yakuzas et des Yamaguchi, les responsabilités alourdissaient ce rôle que tu avais attendu durant toute ton existence. Tu régnais à présent sur cette barbarie des bas-fonds et de la cruauté humaine. Dans la nuit, tu te profilais telle l’ombre de la mort.

La brise caressa ta peau, pareille à la sienne frissonnante. Maître de ton destin, les châtiments pleuvraient sur ce monde voué à la destruction. Un temps de discorde approchait, la tempête grondait et les puissants se réveillaient d’un long sommeil. Les choses bougeaient. Les choses changeaient. Entourer ton clan d’une protection devenait inévitable et même vitale. Et là, sous tes yeux gît une lumière intense, un intérêt dévorant. La tige incandescente au bout de tes lèvres faillit s’échouer au sol, tes pupilles s’accaparèrent sa présence. Dans le flot des passants, cette ville aux étincelles avaricieuses, sa silhouette t’interpella. Tu ne compris cette curiosité soudaine, brûlante dans tes veines. D’un geste instinctif,  tu t’avanças vers lui, le suivant dans la masse humaine, cherchant à le rejoindre, l’appeler.

Puis, tu te retrouvas face à lui. Un sourire mua tes lèvres. Il était une perle rare. Don de trouver les êtres particuliers, seuls, solitaires et en proies à la bonté des monstres, tu lui accordais ton attention. Les mots n’existaient pas pour décrire cette clairvoyance. Desseller les étoiles confuses, veiller sur les vagabonds.

- Âme esseulée, tu es bien seul, soufflas-tu en détaillant chacun de ses traits. Ça tombe bien, je suis là pour te tenir compagnie.

Tu ne le connaissais pas. Tu ne savais point son nom. Tout ce qui était sûr, c’était l’attrait particulier qu’il dégageait et ton envie irrésistible de l’avoir à tes côtés. Bizarrement parfait.

Cela est peut-être trop brusque mais je dois dire qu’on ne rencontre pas des gens comme vous tous les jours. Quelque chose me dit que je rate quelque chose si je vous laisse filer.

Une expiration alourdie par le tranquillisant. Un brin de silence, où tu ne voyais plus que lui dans la foule. Était-ce les effets illicites des plantes qui te montaient à la tête ou bien l’anxiété grandissante ? Non, peut-être n’était-ce que ta désinvolture et ton attrait pour la débauche. Une rencontre inopportune.

Soyez-mien.