le sentiment t’avait prise au dépourvu, inconcevable il était, l’idée de t’inviter sous ta propre initiative et sans préalable. pourtant, à épier l’horizon se teinter de rose et d’orange à mesure que le soleil s’éclipsait tu n’avais que de désir d’en faire autant. des heures à fixer les plantes pendant qu’elles te dévisageaient en retour, inertes, semblablement un miroir de ton vécu de cet instant. la journée avait été si longue, tu soupiras, et cette pensée même portait comme une étrange, comique sonorité. un symptôme des événements passés qui passait pour le centre de tes problèmes; te voilà à te plaindre de la longévité des jours et c’en était si dérisoire que tu poussas le vice un peu plus loin. ce fut sans scrupules que tu glissais dans ces fissures qui se présentaient à toi, te guidaient vers l’indécence.

et tu inspirais, venue des tréfonds de ta mémoire, la riche essence du thé infusé mixée au parfum frais des plantes — et tu visualisais, les cartes soigneusement placées alors que tu regardais avec enthousiasme le procédé. peine perdue de t’apprendre la divination mais tu tenais une admiration personnelle pour la professeure qui semblait trouver le courage de s’y reprendre chaque fois que tu en éprouvais l’envie. respectable était son implication, pas à l’instar de ton niveau.

aussi évidente la nature de cette visite imprévue s’affirmait être —bien loin d’un but instructif— tu balayais l’idée. tu ne la nommais pas, tu ne la raisonnais pas. une décision née de ton irritation accumulée, et si ton inconscient avait pris réalisation de cette duperie, il n’en fit pas le partage. ainsi tu arrivas à destination, devant la porte d’entrée de chez gao contre laquelle tu toquas deux fois consécutivement, sans payer à l’action davantage de réflexion. tu n’eus à attendre qu’une poignée de secondes devant le palier avant que la professeure ne se révèle à toi, toi-même l’accueillant d'une courtoise salutation (un silencieux pardon, pour avoir dérangé) et de ton habituel sourire.

asagao, la vue de ton visage est un éclat dans ma journée.

(il t’en était presque surprenant, à quel point cette affirmation se révélait vraie).