Quelque part en Grèce

Il y a de ces mystères que la vie ne peut expliquer et ceux qui doivent être préservés tels quels pour le bien de l’humanité tout entière. Les guerres par leurs horreurs sont une solution envisagée par facilité, ainsi préférée pour répondre aux facteurs inconnus sans penser la noirceur pouvant éclore des cœurs les plus purs en conséquence. Un instant, sa joue tressaute dans un rictus nerveux dissimulé sous sa capuche. Il a opté pour sa tenue la plus élégante et adéquate à sa formation d’exorciste. Néanmoins, sa jeunesse ne justifie en rien son excentricité tout comme il serait malvenu de le croire inexpérimenté. Son nom suffisait à susciter cet entretien auprès de mages, on ne l’avait pas envoyé à plus de neuf-cents kilomètres pour figurer dans le décor, en dépit de nombreuses singularités accumulées à lui seul.

Les nuits sont fraiches et les journées chaudes, voire étouffantes, aussi s’attendait-il à devoir retirer sa longue robe couvrant une chemise noire enserrée à la taille par une ceinture en cuir à lacets. Son pantalon ample est emprisonné entre des bottines à mi-hauteur de ses mollets. Être un sorcier et qui plus est religieux lui offrait des libertés pour lesquelles d’autres à sa place auraient été condamnés. Qu’ils sont cons. Nos chers primates d’ancêtres se souciaient bien peu des apparences, peut-on vraiment parler d’évolution quand aujourd’hui la vue de mon vernis en a fait fuir certains ? Quelques braves s’étaient retirés de l’excursion pour quelques dérangements futiles auxquels Qiu avait répondu avec autant d’indifférence que de politesse par une ignorance équivalente à la leur. Il s’était tut, feignant une naïveté qu’il n’avait aucunement sur le sujet.

Le groupe progressait parmi les touristes de plus en plus rares sur le chemin pour l’accès restreint en fonction des grades et nécessairement dans le cadre de leur affaire. Les yeux dorés du jeune homme gravaient en sa mémoire les paysages imprégnés de ces mythes et la beauté majestueuse des lieux qu’il pourrait plus tard visiter sans se soucier de la masse oppressante, plus encore que les températures devenant trop sèches à mesure que l'astre s’élevait. Les passages se faisaient plus secrets, plus étroits jusqu’à l’illusion magique préservant leur monde. Enfin, les pas se figent. Les parois rocheuses gardent la chaleur contrariante de la saison, le soleil frappe au-dessus d’eux cependant, entre les branches fleuries de quelques arbres ombrageant les amas poussiéreux de part et d’autre du lieu. Il y avait deux sentiers à peine visibles selon la position de chacun et le jeune diplômé comprenait que leurs accompagnants ne pouvaient guère plus progresser.

On leur expliqua enfin en détail le problème rencontré et non des moindres. Ce n’est pas trop tôt. De l’autre côté les attendent quelques statues dont le réalisme était aussi époustouflant que terrifiant. À juste titre, il s’agissait d’hommes emprisonnés dans l’or et ils devaient en déterminer la cause. A priori un objet ensorcelé et gardé par le fantôme comme la prunelle de ses yeux. Les plus fréquents sont les plus radins et cupides, ça n’arrange pas mon affaire. Mais soit. Qui est apte à me suivre ?

Balayant la pièce du regard, il se rend compte ne pas avoir été présenté et son impolitesse était aussi irrécupérable que celle de ses semblables. Toutefois, c’était le moindre de ses soucis et il savait faire fi de ces formalités au profit de son professionnalisme. Envolé. Ainsi, il n’était pas seul à susciter un intérêt tant positif que négatif. Bien. Nous sommes deux alors… voilà qui me rassure. Et l’intriguait fortement, sans la moindre gêne, il le dévisageait, ses émotions insondables par son inexpressivité.