Ce soir, il n'était pas question de dormir dans de semblables conditions. Aritsune ne pouvait pas l'accepter; non. Déjà qu'ils n'avaient plus de vacances, ils n'allaient pas non plus être privés de tendresse. Alors, il se devait d'agir. Il se devait de faire régner l'ordre, le vrai, tel le préfet du bonheur qu'il est. Il fit la seule chose qu'il était intelligent de faire dans ces conditions là : il avait tiré son matelas à même le sol, pour le mettre au centre de la pièce. Puis, il avait refait de même une fois, puis deux, et ensuite trois. Plus de lits utilisables comme tels, non, mais une magnifique ronde de matelas au sol, prête à être utilisée. Il avait ensuite pris les coussins et les avait déposé dessus, rajoutant à cela sa couverture afin de préparer au mieux le terrain.

Ce soir, il n'était pas question de dormir dans de semblables conditions. Il y avait une nécessité, si ce n'est une obligation, d'agir pour le bien commun de la chambre. Ce soir, pas de disputes, pas d'attente interminable allongée sur un lit dans d'étranges positions, ô que non. Ce soir, Aritsune sauvé l'ambiance. (insérez un dab mental) Le voilà près; il s'installe. Il s'allonge sur le ventre, le visage posé entre ses mains, ses bras s'appuyant contre l'un des matelas sous lui. Ses jambes sont croisées en l'air, et il patiente en fixant la porte. Qui sera le premier à rentrer et voir l'annonce de cette sublime soirée ? La réponse était claire; Hajime sûrement. Reste à savoir qui suivrait.

Il fait la vague avec ses sourcils, mouvement de visage pittoresque parodiant les plus grands charmeurs de tous les temps. Il ne manquerait qu'un petit bruit de félin et tout y serait pour penser que cette chambre est un étrange plateau de cinéma. Son initiative ne semble pas laisser de marbre et il en est plutôt fier. Il prend sa plus jolie voix ainsi que sa plus belle pose, c'est à dire accoudé contre le matelas, une main sur les hanches, l'autre sous sa joue, un regard caliente.

« Je vous attendais, misters Bond. »

Et suivi de cela, ses bras s'ouvrent en grand, causant sa chute, le dos s'écrasant avec peu de bruits sur ses oreillers qui se trouvaient derrière lui. Il s'offre, Aritsune, il offre tout son amour à travers son corps, comme si cette cause lui avait été montré par une quelconque entité divine.

« Les amis, ce soir, nous nous câlinons. Alors venez vous serrez dans mes bras, car un câlin est bon quand on sert fort. »

Hajime le suit dans son entreprise tactile, ce qui le rend fort joie, mais voir son petit Sora ainsi brise le cœur d'Aritsune. Il a presque envie de lui rendre son matelas. Presque. Mais déjà, il ne savait plus lequel était exactement le matelas de Sora et il avait peur de lui dire. Il préférait donc garder les bras grands ouverts pour accueillir les deux retardataires. Aritsune va même jusqu'à pousser le vice et prononce les mots magiques.

« S'il vous plaît ... »

Mielleuses paroles ayant pour seul but d'attendrir les cœurs. Il supplie poliment pour réconforter quatre cœurs grâce à quatre corps. S'ils disent non, il ne forcera hélas pas, car cela n'est pas dans son pouvoir, mais il aimerait juste que son cher préfet puisse s'allonger et se détendre. Un massage crânien, peut-être. Faut-il déjà qu'il se joigne à eux. Une étreinte chaleureuse attend juste qu'on la serre, après tout.

Il est heureux. Ses amis, frères de chambre, acceptent tous de se joindre aux matelas pour ne former qu'une seule tendre entité. Aritsune accepte au moins de les laisser se changer sans rien, car l'important dans cette histoire, c'est de se sentir confortable. Il est tout sourire, le vieux jeune, et trépigne littéralement d'impatiance.

Une fois qu'ils se trouvent sur les matelas, le brun se permet de passer ses bras autour des épaules de ... Il doit faire un choix, car il n'a que deux bras pour trois personnes. La logique voudrait qu'il enlace d'un côté Hajime, car il était le plus partant dans cette histoire, mais à la place, il décide d s'occuper des deux autres. Voilà ses bras qui entourent les épaules de Sora et Yue.

« Peuple de cette chambre, j'ai besoin de votre aide. Vous devez vous aussi vous enlacer, car nous sommes trois, et n'avons que deux bras chacun. Il faut mettre tous nos bras au service de cette noble mission, celle d'un grand câlin. »

C'est du boulot sérieux ça.

Il le savait. Tout au fond de lui, il était déjà au courant de cette cruelle vérité. Les gens préfèrent les bonbons plutôt que les câlins. Pourtant, Aritsune avait les bras aussi tendres que des ours en guimauve, et pouvait avoir des mots aussi sucrés que les haribo. Mais soit. Très bien. Pas de câlin pour Sora. Il ne sait pas ce qu'il loupe. Et Aritsune, de ce fait, se venge en câlinant avec encore plus de tendresse Yue et Hajime. Il se doit de relâcher le dernier, puisque celui-ci doit aller chercher les gourmandises. Yue allait donc devoir supporter un koala. Tant pis pour lui. Le voilà qu'il s'accroche à lui, prêt à être materné.

« Ô, Yue, Yue, subis mon tendre courroux. »

Tout en prononçant ces mots, il met un coup de masque sur l'épaule de son ami, pas très fort, afin de le surélever un peu sans l'usage de ses mains, pour que sa bouche ne soit pas cachée en-dessous. Le bébé se prépare à être nourri. Parce que oui, aujourd'hui, plus que les autres jours, Aritsune est un Tanguy.