Alors que cette situation sans queue ni tête ne semble convaincre personne, les explications commencent à pleuvoir, dévoilant ainsi la vérité sur une bien triste phobie. Aritsune n'est pas dur de cœur, il ne se moque pas, car il est tout à fait possible que les casseroles soient des objets démoniaques, surtout au Japon. Qui sait à quoi elles peuvent servir. Il hoche juste la tête d'un air sérieux, ne disant rien, mais apposant sur l'épaule de Takashi une main réconfortante.

« Ok. »

Il n'a rien d'autre à dire à ce sujet, mais se doit d'expliquer la raison du nouveau surnom de son ami. Qui sait ce qui pourrait en ressortir. Une blessure de guerre ? Une photo souvenirs ? Autre ? Il ne le sait pas, mais un chevalier se doit d'être franc dans ses propos et de ne point mentir à sa dame.

« Si ce surnom ne vous sied guère, c'est que vous êtes en réalité une dame. Je vous ai porté comme une jouvencelle, mais j'aurai du y mettre plus de grâce. J'espère que cet affront sera pardonné, car jamais sur vos lèvres je n'aurai déposé de baiser. »

Et il s'incline.

On le remercie et il est ravi. Il est vrai qu'Aritsune n'a pas cessé de porter, ramper et souffrir. Pourtant, il ne se sent pas tout à fait à l'aise, car son esprit cache une terrible vérité. Il est celui qui a poussé Takashi dans la cuisine, bien que celui-ci ne semble pas s'en rendre compte. Mentalement, Aritsune sue, il n'est pas sûr d'avoir une place de chevalier légitime, surtout lorsque le mot échappe des lèvres de son ami. Il essaie d'agir comme si de rien n'était, mais cette idée n'échappe pas ses pensées.

« Je n'ai fait que mon devoir, mademoiselle n »

Autrement dit, je tente de faire oublier ma connerie qui était déjà oubliée, non pas en me faisant petit, mais en racontant des conneries. Le petit surnom et le noble acte font guise de fumée blanche.

Aritsune se relève et tend sa main vers Takashi afin de l'aider à se relever. Sait-on jamais, vu tout ce qui vient de se produire, Takashi allait peut-être être condamné à l'infirmerie. Il se devait de le vérifier avant de fuir comme si de rien n'était.

Ah. Il ne sait pas vraiment quoi répondre, Aritsune. Il hésite à sauter sur l'occasion ou non, comme il avait sauté sur Takashi plus tôt. Il ne savait pas s'il devait être fier ou non pour la comparaison de son ami, mais savait que tôt ou tard, la vérité allait finir par éclater. Alors, il se permet; il prend une voix triste et des yeux de chiens battus.

«  Je sais que je ne sens pas très bon, mais de là à me comparer à un ogre ... »

Parce que oui, c'est bel et bien lui que Takashi avait frappé, lui qui s'était retrouvé écrasé, lui qui avait souffert le martyre. Alors il ose charrier son ami. Gentiment, de peur que l'autre ne se rende compte que tout est quand même de la faute d'Aritsune. Il met ses mains devant ses yeux et fait semblant de pleurer, d'une manière si pitoyable qu'il est très clair qu'il s'agit là de comédie. Les larmes ne te vont guère, Aritsune.

Le message était passé correctement. Les messages, plutôt. Celui de son identité secrète, le super troll de Mahoutokoro, ainsi que celui de sa tristesse. Il pouvait donc arrêter d'imiter des pleurs, surtout que ceux-ci ne semblaient pas très ... vrais. Pour une fois, Aritsune était un bien mauvais comédien. Il cesse donc et retrouve son visage impartial. Son rôle n'est désormais plus celui du pleurer, mais de l'accompagnateur.

«  Je t'y dépose, sait-on jamais. »

L'idée de le porter de nouveau lui transperce l'esprit, mais il se retient fort bien d'agir. Il ne fera qu'une marche sérieuse en compagnie de Takashi. Il l'y déposera et avec un peu de chances, aura l'occasion de voir Usui. Dans ces cas là, les chances seraient grandes pour qu'il reste à l'infirmerie à lui parler et le déconcentrer de bon cœur.