Veste en jean sur les épaules, la lanière de ton sac sur ton épaule, tu slalomes entre les élèves rapidement, faisant attention à ne pas bousculer certains de tes camarades dans ton empressement. Tu n'avais pas vu l'heure passer, pris dans tes propres révisions, calé dans ton lit à grignoter. Tu montes les escaliers quatre à quatre, bouscules presque quelqu'un, t'excuses un instant ou deux avant de d'arriver au sixième étage. Tu ouvres la porte de la bibliothèque avec violence, peut-être trop brusquement et tu t'excuses immédiatement face aux regards que l'on t'envoie.

Tu avances entre les ouvrages, cherches la chevelure blonde de Clovis. Comme à chaque fois que tu entres dans la bibliothèque, ton regard vagabonde sur l'immense squelette, et c'est en te tournant que tu aperçois le jeune français. Tu avances vers lui, poses ton sac sur la table et laisses un sourire étirer tes lèvres :

« Je suis désolé, je n'ai pas vu l'heure passer. »

Tu es ponctuel, habituellement. Tu n'arrives jamais en retard, toujours en avance, surtout pour ce genre de rendez-vous. Tu t'installes alors en face de lui après une deuxième excuse.

« Alors. Mh. Sur quoi on travaille, aujourd'hui ? »

Tu espères juste pouvoir lui expliquer, la pédagogie ne t'est pas innée.

Ton regard s'accroche au sien et ton sourire se fane légèrement. Tu l'observes, fronces les sourcils sous ses yeux cernés de l'adolescent en face de toi. Tu restes un instant surpris, désorienté par sa fatigue bien trop visible. Tu te doutes qu'arriver avec un mois de retard n'est pas simple, que la barrière de la langue est difficile. Et tu as cette envie terrible de l'aider, Hajime.

C'est presque un appel à l'aide qu'il t'envoie, et tu te mordilles la lèvre inférieur, chuchotes en te redressant, pour être plus proche de lui, pour entrer dans son espace vital, un peu comme pour lui dire que tu es là, bien présent.

« Hé, ça va aller, je suis là pour t'aider. Et si t'as besoin que je rédige quoi que ce soit, ou que je t'explique des choses, je suis là pour ça. »

Tu prends ton devoir de tuteur très à cœur, Hajime. Et tu décides de quitter ta chaise pour venir t'installer à côté de lui, abandonnant ta veste sur le dossier de ton siège précédant. Tu observes les mots qui défilent sous tes yeux avant de repousser les œuvres un peu plus loin. Loin de sa vue, loin de son regard.

« Est-ce que tu as dormi, au moins ? C'est important de se reposer. »

Parce que sincèrement, Hajime, t'aurais presque l'impression qu'il allait s'effondrer.  

Son regard attrape le tien, et si proche, tu vois réellement ses cernes, toi qui pensais qu'ils n'étaient pas si profonds, que ce n'était qu'une nuit... mais ce n'est pas qu'une nuit. Tu aurais presque envie de fermer ses livres et de le faire sortir d'ici ; mais tu le comprends, Hajime, car des fois, tu agis de la même façon. Alors tu inspires profondément avant de récupérer une feuille et un crayon, l'un des siens. Le crayon tapote la table de la bibliothèque alors que tu réfléchis. Tu ne sais pas si tu es un très bon pédagogue. Tu espères, en tout cas.

« Mmmh, comment expliquer. »

Tu cherches dans ta mémoire. Tu aurais peut-être du prendre tes notes avec toi pour avoir les dates exactes. L'histoire de la magie n'a jamais été ta matière préférée, mais tu es plutôt bon en général... alors tu espères juste ne pas te tromper de quelques années.

« Seimei a fondé l'école à la fin du dixième siècle. »

Tu marques les dates et les faits au fur et à mesure que tu récites ton cours que tu connais presque par cœur, à voix basse, pour que lui seul entende :

« Il fait un pacte avec certains yokai, qui deviennent plus ou moins les protecteurs de l'école. Y'en a trois qui sortent du lot : Tamamo no Mae, Ootengu et Jorogumo. Ils sont respectivement les... euh... fondateurs ? Non, genre, on s'en inspire pour créer les trois groupes d'élèves : Kitsune, Yatagarasu et Tsuchigumo. Je suis pas clair. Je suis clair ? Je sais pas trop si j'explique bien, pardon. »

Une grimace étire ton visage et tu te tournes vers lui, plongeant ton regard dans le sien.


hrp : PARDON C'EST KK ljrhejgre j'espère ne pas avoir dit n'importe quoi pour l'histoire de l'école (même si j'ai pas dit grand chose). DES BISOUS D'AMOUR 

Tu vois dans son regard l'incompréhension, puis alors, les questions fusent, et tu les écoutes avec attention. Il soulève des points que tu n'as jamais vraiment questionnés, tes pensées se bousculent et tu l'observes un long moment, surpris.

« Non non non, du tout, elle l'est pas, t'inquiète pas. »

Tu tapotes ton crayon sur la table en bois, regardes la mine faire quelques petits points sur la feuille sur laquelle tu écris et gribouilles quelques fois avant de lui répondre, ton regard attrapant le sien :

« On était plus sur une cohabitation, si je ne me trompe pas. Après... il faudrait que je revérifie pour ne pas te dire de bêtises. Mais les sorciers étaient supérieurs aux Yokais. C'est depuis la cinquième directrice qu'il y a une vraie cohabitation. »

Ah, Hajime, t'as soudain l'impression d'être un mauvais élève qui a tout oublié.

hrp : bon du coup si j'ai dit du kk hésite pas

Un instant d'hésitation, il semble essayer de comprendre que tu viens de lui annoncer... puis il change de sujet, reste toujours sur l'histoire de l'école, mais celle que tu connais un peu plus, celle où tu es sûr de toi. Tu hoches vigoureusement la tête en lui répondant :

« Oui, tout lui. Après, pour les protections les directeurs en ont sûrement rajoutés au fur et à mesure des années je pense ? Entre la création de nouveaux sortilèges. Je pense pas qu'on doit avoir une liste entière qui est répertoriée. Si c'est le cas, j'pense que c'est plus logique que seuls les professeurs et le directeur y aient accès. Par rapport à la sécurité, tout ça. »

Puis, sa curiosité disparaît, l'éclat dans ses yeux se terne et tu fronces légèrement les sourcils. Il ne te répond pas, semble perdu dans des pensées soudain noires, peut-être même trop sombres, et ta main vient se poser sur son avant-bras.

« Hé, tout va bien ? »

L'inquiétude s'entend au son de ta voix, se voit à la crispation de ton visage, à la douceur de ton regard. Ta main sur son bras, tu le ramènes à la réalité avec ton simple toucher et ta voix. Tu n'aimes pas le visage qu'il te montre en ce moment, il t'inquiète plus que de raison.

Il y a encore un moment de silence, avant que sa voix ne vienne briser le silence. Et tu l'écoutes attentivement, Hajime. Une, deux questions, et tu secoues la tête de gauche à droite pour lui répondre. Non, pas de tournoi magique, pas de mage noir non plus qui veut conquérir le monde. Seulement de moldus qui partent à la chasse aux sorciers et sorcières.

Il a besoin de se confier, de parler, alors tu l'écoutes. Tu l'écoutes attentivement jusqu'à ce qu'il se taise et qu'il se perde de nouveau dans ses pensées.

« On en a entendu parler, mais vous êtes plutôt éloignés de nous donc... on s'en est pas trop occupé. Tu veux... tu veux en parler ? »

Et tu grimaces sans même t'en rendre compte. Bien-sûr, Hajime, c'était la meilleure idée du monde de lui proposer de parler d'un évènement traumatisant, bravo.

Un silence qui s'impose dans cette librairie où l'on entend que les chuchotements des élèves qui travaillent calmement, où l'on entend simplement les frottements des étagères qui glissent sur le sol, les glissements des pages les unes contre les autres. Silence absolu entre vous toutefois, le jeune Clovis semblant réfléchir un instant avant que son chuchotement passe la barrière de ses lèvres.

Il n'a pas grand chose à raconter. Tu es persuadé que c'est faux. Il y a son histoire, sa façon de réagir aux évènements de la Coupe du Monde, plus tard de ce tournoi dont tu ne connais que les grandes lignes. Evidemment, qu'il a beaucoup à raconter, ses émotions, ce qu'il ressent... tout ça c'est important, et c'est ça aussi dont tu aimerais qu'il te parle, pour se libérer de ses pensées noires.

« C'est pas parce que t'es loin de tout ça, que ça peut pas te toucher. T'as le droit d'avoir peur de ça, ou d'être surpris, ou même terrifié, ou juste dégoûté. Et t'as le droit de m'en parler si t'en as besoin, ou envie. Je suis là pour ça. Et pas juste parce qu'on m'a demandé de t'aider au niveau des cours. Je suis là pour ça parce que, on s'entend bien, et que je t'apprécie, et que si tu as besoin de quoi que ce soit, je suis là. »

Tu lui souris alors, d'un sourire tendre, amical, peut-être même de façon fraternel. Clovis te fait penser à ton frère, en un peu plus vieux, avec cette tendresse, cette gentillesse, cette aura autour de lui qui semble juste vous dire à quel point cet enfant est pur. Tu aimerais qu'il le reste, qu'il ne voit pas trop d'horreurs...

« Je suis là, alors hésite jamais. »

Et tu passes une main dans ses cheveux pour les emmêler légèrement, geste tendre et affectif que tu fais à ton frère et à ta sœur. Tes pensées t'accompagnent vers eux un instant avant que tu ne reviennes à la réalité, si éloignée de leur présence.

C'est un énorme sourire qui vient prendre possession de tes lèvres, et tu n'arrives pas à l'enlever. Grâce à toi, il a l'impression d'être comme chez lui, comme à la maison, comme dans cette école qui te semble si lointaine. Et ça te fait sourire, Hajime, plus que nécessaire, parce que tu es simplement heureux de savoir que tu lui es utile, que tu es important, d'une certaine façon. Parce que tu veux l'être, important pour lui.

Puis ton sourire se fane légèrement. Ton cœur se serre. Quatorze ans, et déjà effrayé par l'avenir qui semble si terrible. Tu détournes le regard avant d'inspirer profondément. Que lui répondre ? Que lui dire ? Que tout irait bien ? Non. Parce que c'est faux, Hajime. On ne sait pas de quoi l'avenir est fait.

« C'est pas grand chose, mais si demain est pire qu'hier... ça m'empêchera pas d'être là quand même. Et dans ce genre de moment, faut qu'on se serre les coudes alors... alors je serai juste là, d'accord ? »

Oui, Hajime, tu seras simplement présent, tu le souhaites terriblement. Tu aimerais pouvoir ne pas être absent, rester proche de lui, correspondre avec lui à son retour en France. Peut-être même pourriez-vous vous voir à la prochaine coupe du monde de quidditch. Qui sait. Mais tu aimerais vraiment, Hajime, être juste présent dans sa vie.

Ton sourire revient prendre possession de tes lèvres et tu glisses une main chaleureuse dans ses cheveux. Clovis est tendre, Clovis est doux. Clovis est cet enfant beaucoup trop pur que tu veux protéger envers et contre tout ; tu aimerais vraiment pouvoir le faire.

« Merci, je m'en souviendrai. »

Tu observes devant vous les livres et les manuels, ainsi que les parchemins et tes notes de cours. Tu commences alors à les ranger sans trop lui demander son avis, puis tu te lèves, quittant la table de la bibliothèque :

« On va se promener ? »

Quitter les murs et aller savourer un peu de liberté. Quoi de mieux, pour deux enfants comme vous.