L'origami était venu se poser doucement sur tes jambes, juste après la dernière pliure de ta jupe d'uniforme. Tu l'avais déplié, avec cette grâce qui ne te définit pourtant pas et tu l'avais parcouru du regard rapidement. Il ne t'avait fallu que quelques instants pour abandonner tes douces révisions tortionnaires et pour quitter le lit sur lequel les nombreux ouvrages prenaient place.

Abandonnant alors ton dortoir sans un regard pour tes colocataires ainsi que ta salle commune, tes pas claquant sur le sol du couloir puis sur les marches des escaliers, tu marchais tête haute, obligeant presque les autres à se décaler sur ton passage.

Tu étais alors arrivé au terrain d'entraînement, visage fermé et mine désabusée. Il ne t'avait fallu alors que quelques secondes pour l'apercevoir et pour te diriger vers lui :

« Incapable de faire du quidditch tout seul ? »

Ton sarcastique et sourire ironique, tu es alors l'intégralité de ce que tu es. Et pourtant, il est peut-être le seul à savoir qu'il n'y a pas que de la distance dans ces paroles narquoises. Il y a entre vous une légère proximité, et tu préfèrerais te damner que de l'avouer.


hrp: PARDON C'EST COURT. je tente des trucs avec sawa c'est un peu bizarre. J'ESPERE QUE CA IRA. Sinon, j'imagine ça début avril, genre, le 3 ou le 4 ! Voilàààà

Un sourcil se hausse. Pas biaisée ? Tu l'étais, en théorie. Autre maison, autre équipe, tu hurlais le nom de tes camarades lors des matchs, à hurler d'écraser leur adversaire comme l'on écrase le moustique qui nous tourne autour depuis des heures. Alors biaisée, évidemment que tu l'étais ; mais c'était bien parce que c'était Rin que tu acceptais d'être objective et de donner tes conseils, certes moins avisés qu'un joueur qui remarquerait tous les petits détails, mais les conseils d'une fervente fan qui connait toutes les faiblesses de ses joueurs préférés. Rin était l'un d'eux.

Et la jalousie sort de tous les ports de sa peau, à Rin, et tu le regardes, non pas surprise, mais plus intriguée par ce comportement envieux que tu ne lui connaissais pas.

« Jaloux d'un poursuiveur des yatagarasu ? Peut-être que si tu jouais mieux, monsieur Tsukino te regarderait plus. »

Remarque blessante et terrible, finalement, Sawa, lui qui a besoin de réconfort. Mais ce n'est pas toi, le réconfort, toi, tu secoues les autres. Alors si lui dire qu'il était pas assez bon pour que votre professeur de vol pose les yeux sur lui, ce n'est pas toi que ça allait déranger. Le voilà qu'il s'envole et tu détailles sa façon de se tenir. A l'aise, sans problème d'équilibre. Peut-être penche-t-il un peu sur la droite, tu n'es pas sûre. Tu sors de ton sac une légère paire de jumelle, pour observer sa posture avec plus de précision. Oui, il penche sur la droite, c'est léger, mais c'est là. Et tu attends les premiers tirs pour te faire une idée plus précise, sans répondre à sa question qui attend remarques et observations.

Tu détailles chacun de ses mouvements, prenant quelques notes mentales. Très peu de difficultés sur le droite, quelques coups ratés sur le gauche. Et ça balance d'un côté et de l'autre, sans trop de difficultés. Un temps de retard, un peu comme si ça entrait dans son angle mort. Peut-être ? Tu ne sais pas trop, un léger doute s'installe. Et il arrête des buts, encore, encore, jusqu'à ce qu'il s'arrête tout court. Et il redescend en piquet, se stoppe à tes côtés et tes sourcils se haussent à sa remarque.

« C'est pas la modestie qui t'étouffe, hein. »

Pourtant, il réplique. Oui, il est moins bon à gauche. Son bras ? Non, tu ne penses pas. Tu penses juste qu'il est plus concentré du côté droit, comme si sa vision était meilleure ? Ou tout simplement parce que sa gauche est son angle mort. Ça arrive même aux meilleurs. Tu hausses les épaules, lui lâchant alors en remettant une mèche rebelle derrière ton oreille :

« Je pense juste que t'es plus concentré quand la balle arrive sur la droite, c'est tout. Plus de facilité d'un côté ou d'un autre. Va falloir t'entraîner si tu veux pas que les yatagarasu vous mettent la misère. Faut avouer que Sakurai est pas mauvais. »

Le comparé à toi reste silencieux, mais ton regard est suffisant. Tu n'es pas méchante, juste réaliste. Certains étaient meilleurs car tout simplement plus expérimenté. Rin pouvait aller loin s'il continuait de s'entraîner. Tu l'observes un instant avant de continuer, bras croisés sur ta poitrine :

« Bref. J'pense pas que ce soit pas rattrapable avec de l'entraînement. Faut juste que tu t'entraînes et que tu laisses pas les autres équipes capter que t'es mauvais à arrêter des buts venant de gauche. »

Mauvais, tout de suite les mots dans les extrêmes, il n'était pas mauvais, il avait juste un petit peu de difficultés, mais il ne pouvait pas être parfait. Mais toi, Sawa, grande impératrice que tu es, tu n'acceptes à tes côtés que les meilleurs.

Il se vexe, il en bouderait presque et toi, t'en rirais presque. Et il continue, et son ton te fait froncer les sourcils, fait croiser tes bras sur ta poitrine. Tu es impartiale. Tu es juste plus dur avec lui parce qu'il t'a demandé ton avis, alors tu lui donnes, et sans prendre des pincettes, parce que c'est ce que font les amis.

« Je suis pas biaisée. »

Tu le prends presque comme une insulte, les traits se tirent sur ton visage beaucoup trop sérieux pour une simple conversation, mais tu n'aimes pas que l'on juge ton impartialité, encore plus si c'est Rin. Il te connaît assez bien pour savoir que tu l'es.

« Et si t'es trop jaloux des autres équipes pour accepter les critiques que tu m'as demandé, faudrait peut-être que tu te remettes en question. »

Et tu restes là, les pieds bien plantés dans le sol, les bras croisés sur ta poitrine. Et tu attendrais presque des excuses, toi grande impératrice qui ne courbe jamais l'échine.

Il s'excuse, semble avoir compris ton énervement, et tu te détends légèrement. Voyons, Sawa, c'est Rin, tu peux pas rester très longtemps fâchée contre lui, en réalité. Après tout, ce n'était pas réellement une insulte, c'était plus lui, qui était blessé dans son ego. Tu ne peux t'empêcher toutefois de taper ta main dans la sienne juste avant qu'il ne reprenne son balai et qu'il ne s'envole une nouvelle fois. Et tu t'installes alors sur le sol, en tailleur, mains derrière ton dos pour observer les cieux.

Il n'y a pas à dire, Rin est fait pour voler.

Toi, tu es faite pour rester les pieds sur terre, bien accrochée au sol, trop terre à terre. Lui, il est fait pour s'élever, pour s'envoler, pour rêver, pour s'échapper au travers des nuages que tu ne fais qu'admirer.

Les secondes s'écoulent, puis les minutes, et il descend de nouveau de son perchoir, venant te rejoindre. Tu restes assise sur l'herbe, ne prenant pas la peine de te lever. Pourquoi faire ? C'était Rin.

Son ton se fait plus sérieux, quand il te parle de Kyoto et tu secoues la tête de gauche à droite.

« Mh, j'y vais pas. J'ai pas trop envie de faire des visites pendant des jours et des jours. Puis c'est pas comme si on passait jamais de temps ensemble. »

Haussement d'épaule avant que ton regard ne trouve le sien. Et c'est un léger sourire qui vient étirer tes lèvres, un peu comme pour lui dire, finalement, que t'aimais bien, passer du temps avec lui.

Son visage s'éclaire sans que tu n'en connaisses la raison, et tu te contentes de hausser les épaules de nouveau, désintéressée soudainement. Puis il te fait l'article du voyage, ce qu'il veut faire précisément, ce dont il a besoin, ce qu'il te racontera. Et tu laisses échapper un léger rire à peine amusée.

« Comme si ça m'intéressait de savoir qui roule des pelles à qui. Rin, voyons. »

Il se lève alors, tend sa main et tu la saisis sans y réfléchir à deux fois. Vos doigts s'entrelacent un instants avant que tu ne te remettes sur tes pieds, ajustant ta chemise sur tes épaules.

Tu secoues alors la tête de gauche à droite à sa proposition. Non. Tu ne mettais plus les pieds sur un balai depuis que tu n'y étais plus obligée, pas question d'enfourcher cette chose, même si Rin en était le conducteur. Surtout si Rin en était le conducteur.

« Non, je préfère marcher. Mais vas-y, toi. »

Parce que votre petite réunion s'arrêtait ici, et ça ne te dérangeait pas.