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You made me a believer // Jian
Yori Hayashi
Ils nous ont pris pour de sombres imbéciles. — Debout les fous // Mozart l'Opéra Rock
Tout ce que je fuis
Mes rêves interdits
Me font mal
Pas de nouvelle, bonne nouvelle, c’est un dicton auquel tu te conformais lorsqu’il s’agissait de tes parents. Ainsi, en recevant une lettre de leur part, tu en as pressenti le danger avant même d’en lire le contenu. Si tu as souvent hésité à déchirer les rares missives reçues sans prendre la peine de les ouvrir, tu as amèrement regretté de ne pas avoir cédé à cette tentation avant de découvrir le sujet de celle-ci.
Fermer les yeux ne t’aurait pourtant pas épargné.
Qu’importe à quel point tu savais que ça arriverait, qu’importe à quel point tu t’y pensais préparer, tu ne t’attendais pas à te sentir aussi démuni face à cette manière qu’ont tes parents de décidé de ta vie, pour ensuite te l’exposer sur un vulgaire morceau de parchemin.
Humilié.
S’ils te l’avaient annoncé en face, c’est certainement ta colère qui aurait primé, avec le besoin de te rebeller. C’est peut-être mieux, finalement. Pour eux, principalement. Ils s’évitent une colère inutile sur une décision qui est déjà prise.
Pour un peu, tu rirais de l’ironie de la situation. Surtout du choix de ta prétendante.
Des fiançailles, c’est déjà d’une stupidité.
Ils t’avaient promis dix-neuf ans de liberté ; t’en ont retirés sept mois. Faute à la confiance que tu as perdu avec eux, certainement – ou à celle que tu n’as jamais su gagner, plutôt.
Tu laisses le message prendre son envol, observant sa direction depuis l’entrée de la pièce dans laquelle tu as trouvé refuge. La salle de bain des préfets. Un besoin de solitude, qui s’est rapidement soldé en un autre besoin : celui de voir Jian. Celui de l’avoir lui, juste lui, à tes côtés.
Un besoin qui se faisait de plus en plus omniprésent, au fil des dernières semaines.
Comme promis, tu as laissé la porte entrouverte, attendant à l’intérieur. Les pieds plongés au bord du grand bassin, tu contemples l’étendue d’eau, si semblable au ciel étoilé.
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Tu avais enfilé le premier jean, le premier t-shirt, peut-être même avais-tu deux chaussures différentes aux pieds, mais tu n'en avais que faire. Te voilà en train de parcourir les couloirs, la peur au ventre, parce que Yori était rarement confus, rarement incertain et indécis sur ses émotions principales.
Tu pénètres dans la salle de bain des préfets, retirant tes chaussures, les laissant traîner quelque part, et tu te précipites presque sur lui. Tes doigts trouvent son visage, viennent caresser ses joues, appuyer sur ses tempes avant de plonger dans ses cheveux. J'ai fait le plus vite possible... Qu'est-ce qui se passe ? Et alors tu le rejoins dans le bassin, un pied après l'autre, ton front se posant contre le sien.
Yori Hayashi
Ils nous ont pris pour de sombres imbéciles. — Debout les fous // Mozart l'Opéra Rock
Tout ce que je fuis
Mes rêves interdits
Me font mal
Tu aurais pu lui dire de ne pas se presser, qu’il n’y a rien d’urgent. De ne pas s’inquiéter, non plus. Mais tu sais à quel point toute ces précisions auraient été inutiles. Il serait venu tout aussi rapidement et tout aussi soucieux. Parce qu’il est ainsi, Jian : prêt à accourir à chaque fois que les autres ont besoin de lui. Et peut-être plus encore quand il s’agit de toi.
Il te rejoint et c’est sans hésitation que ses mains encerclent ton visage, longent ta nuque et se mêlent à tes cheveux. Tu fermes les yeux, profitant de la douce sensation apportée par son geste, cédant à l’envie de se détendre sous ses doigts. Tu laisses passer quelques secondes, avant d’accepter de revenir à la réalité et de plonger ton regard dans le sien.
« Tu vas finir par croire que j’aime t’inquiéter. »
Un sourire, léger – tu ne veux pas rendre la situation plus inquiétante qu’elle ne l’est, mais le sérieux reprend finalement ses droits sur tes expressions faciales.
« J’ai eu des nouvelles, de mes parents. Ou plutôt, de leurs décisions. »
Une pause. Tes yeux se sont baissés, à l’évocation de tes parents, se concentrant cette fois sur le mouvement de l’eau, troublé par son entrée.
Tu ne sais pas comment en parler.
« Dis, Jian. Tu crois que c’est quoi la meilleure solution : faire semblant d’accepter des fiançailles en attendant qu’on s’en aille ou leur faire comprendre que je n’accepterais jamais ? »
Et tu sais parfaitement qu’il n’y a que la première possibilité qui t’est proposé, mais tu n’es pas sûr d’être capable de t’y tenir.
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Des fiançailles.
Yori est fiancé.
Tu devrais l'être toi aussi. Mais peut-être que tes parents sont plus malléables que tu ne l'aurais pensé.
Des fiançailles.
Ses fiançailles.
Yori est fiancé.
Et tu as l'impression que ça marque la fin de quelque chose qui n'a pas encore commencé.
Tout repart. Tout s'éveille et tu te recules légèrement, assez pour plonger ton regard dans le sien alors que tes doigts attrapent son visage en coupe, alors que tu le forces à te regarder. Yori. Yori... quoi qu'il se passe, on s'en va. Quoi que tu décides de faire, je t'attendrai, je viendrai te chercher. Une de tes mains coule sur sa nuque et tes lèvres frôlent les siennes. Mais tu ne l'embrasses pas. Tu as comme l'impression de ne plus en avoir le droit. Tu détestes ça. Un baiser aux coins de ses lèvres. La sensation est terrible. On va s'en aller... je te le promets, on va s'en aller, chuchotes-tu, ton nez frôlant le sien.
Tu sais qu'il n'a pas le choix, qu'il va devoir accepter, parce que sinon, ce sera pire. Mais si... mais s'il commençait à l'apprécier ? Et si, au fur et à mesure du temps, il n'avait plus l'impression d'être prisonnier ? Et si ces fiançailles devenaient sa nouvelle liberté ? Est-ce que tu serais prêt à t'effacer ?
Jian, est-ce que tu serais prêt à tout abandonner ?
Yori Hayashi
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Tout ce que je fuis
Mes rêves interdits
Me font mal
Ça pourrait arriver.
Non, ça va arriver. Certainement. Fatalement.
L’idée te blesse, sans que ce ne soit très pragmatique. Jian ne voudrait pas plus d’un mariage arrangé que toi.
Quoi qu’il se passe, vous partirez. C’est ce que vous vous êtes dit. C’est ce qu’il te promet, à nouveau. Le même rappel qu’à l’infirmerie : c’est lui et toi. C’est vous deux, quoi qu’il en soit. Tu as l’impression que la situation extérieure ne fait qu’empirer de semaine en semaine. Quand il ne s’agit pas des attaques, c’est ta propre situation sentimentale ou familiale qui fout le camp – encore que, pour la dernière, elle n’a jamais été au beau fixe.
« Je veux pas nous causer d’ennui avant qu’on parte… mais j’ai aucune envie d’imaginer leur air satisfait. »
C’est ce qui te rend le plus malade, dans cette histoire. Parce que tu sais parfaitement qu’à leurs yeux, ils ont déjà gagné.
« Je m’attendais pas à ça maintenant. »
Non, vraiment pas. Alors que tu aurais dû te méfier, quand ils ont accepté de te laisser rester pour les vacances. C’était une première. Tu devrais savoir que tes parents jouent toujours avec un coup en avance.
Les lèvres de Jian sont si proches des tiennes, ses doigts longeant encore ta nuque, mais il se contente d’un baiser qui n’en est pas vraiment un. D’un baiser juste aux coins. Avec frustration, tu cherches à dévier le contact, à poursuivre ses lèvres jusqu’à lui voler un baiser. Un vrai, cette fois. Et déjà, tes mains vont jusqu’à son visage, plongeant tes doigts parmi les cheveux courts, pour vous rapprocher encore.
« Ça ne change rien, Jian. Ok ? »
Tu dois lui assurer, le rassurer, que ça ne changera rien entre vous deux. Ce qui est un peu téméraire, car il n’y a encore rien de vraiment défini entre Jian et toi. A cause de toi.
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Il ne s'y attendait pas. Toi non plus. Tu arrives à la fin de ta scolarité, et pourtant, tes parents ne t'ont toujours pas emprisonné dans des fiançailles que tu ne désires pas. Peut-être sont-il plus malléables que tu le pensais. Ou peut-être sont-ils convaincus que tu reviendras à la raison une fois ton diplôme en poche. Après tout, tu ne leur as jamais donné l'impression d'être contre toutes leurs envies et leurs idéaux. Et lui, un an et demi avant son diplôme, le voilà déjà fiancé. Peut-être comptent-ils l'avoir à l'usure. Peut-être espèrent-ils qu'il va s'y faire, accepter, petit à petit, se laisser aller. Après tout, la pensée t'a effleuré, s'infiltre dans ton esprit, prend place et semble vouloir s'installer.
Un baiser. Qu'il t'impose. Et ton cœur bat la chamade, tes doigts serrent ses cheveux, le rapprochent de toi. Ce n'est pas un baiser d'adieu. Non, ce n'est pas un baiser d'adieu, Jian. Alors pourquoi tu as l'impression que tout fini, que tout s'arrête, que tout s'écroule autour de toi ? Il se recule, t'affirme que ça ne changera rien, que ça ne change rien. Mais qu'y a-t-il à changer ? Vous n'étiez rien. Rien de défini, rien de nommé. Et ça te convenait, ça te convient, tant que les choses ne changent pas. Et tu ne sais pas si c'est la jalousie, la peur, l'angoisse, mais tout semble te dire que tout va changer.
Tu fermes les yeux alors tes mains quittent le haut de son corps, se glissent sur ses hanches. Ton front se pose sur le sien. Et la question terrible, terrible, terrible, celle que tu veux poser depuis le début, mais tu n'oses pas, tu as trop peur, tu es terrifié de la réponse. Parce que... Qui est-ce ? Et si c'était quelqu'un que Yori appréciait déjà ? Et si c'était quelqu'un que Yori pourrait apprécier, adorer, que Yori pourrait aimer ? Qu'est-ce que tu deviendrais, Jian ?
Yori Hayashi
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Mes rêves interdits
Me font mal
Tu t’es parfois demandé s’ils étaient capables de s’aimer l’un l’autre. Et la seule réponse à laquelle tu es parvenu, c’est qu’ils n’ont pas de temps ni de réflexion à perdre avec ce genre de sentiment. Se marier entre Hayashi était déjà une facilité, en soi.
Tu leur as toujours connu les paroles doucereuses et le ton menaçant. Sans appel, ne tolérant aucune protestation.
Et tu t’es toujours senti si faible, face à eux. Dire que tu les crains serait plus exacte que de dire que tu les détestes.
Tu ne souhaites pas penser à ça, en embrassant Jian, mais tes pensées s’entremêlent et ne deviennent plus qu’un mélange incessant et sans sens de toutes les choses qui te submerge depuis la réception de la lettre.
Tu rêves de liberté, Yori. Et il n’y a que des choses que l’on n’a pas dont on peut rêver. Tes parents te diraient, encore, que tu pourrais obtenir tout ce que tu désires, si tu acceptais ta place. Mais la seule chose que tu désires réellement, c’est y échapper.
Les mains de Jian glisse jusqu’à tes hanches, échauffant tes sens. Il reste si proche, malheureusement l’heure en est encore aux confessions. Alors, il te pose la question. Celle que tu redoute ; celle que tu souhaiterais le plus oublier.
Qui est-ce ?
« Eirin. Fujiwara. »
Tu as failli ne prononcer que son prénom, peu habitué à l’appeler par son nom complet. Un nom qui, pourtant, à tant d’importance aux yeux de ta famille. Les Fujiwara, ce n’est pas le premier mariage qui a lieu avec les Hayashi – ce qui doit faire d’Eirin une cousine éloignée, par ailleurs ; suffisamment pour que ce ne soit pas étrange. Les Fujiwara, c’est ce que tu pouvais imaginer de pire.
Eirin, en soit, est ce que tu pouvais imaginer de pire. Tu te souviens de la satisfaction de tes parents, quand vous vous affichiez au cours d’événements. Qu’ils t’imaginaient déjà être revenu à la raison. Ta satisfaction, à rompre leurs espoirs en même temps que ta relation.
Et tu en es là, aujourd’hui.
Les enflures.
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Tu mets de la distance entre vous, parce que tu ne te sens pas capable de lui dire, de lui avouer, à quel point ça te fait mal. Parce qu'il est promis à quelqu'un, Jian, et ce n'est pas toi. Et c'est idiot, parce qu'il n'y a rien entre vous. Si ce n'est... quelques baisers, quelques caresses peut-être un peu plus appuyées. Et tu aimerais, au contraire, le garder contre toi, lui dire qu'il est à toi, que tu ne le laisseras jamais à personne, mais tu t'en sens incapable. Tu ne sais même pas s'il le désire véritablement.
Parce que c'est Eirin, et quoi qu'il puisse en dire, tu sais qu'il l'apprécie, qu'il l'aime beaucoup, même. Alors ça change la donne. Ce n'est pas une inconnue, ce n'est pas quelqu'un qu'il déteste, ce n'est pas quelqu'un dont il se fout. Non, c'est quelqu'un qu'il apprécie, quelqu'un qu'il pourrait aimer. Et les voix dans ta tête te chuchotent que ce n'est qu'une question de temps avant que lui et toi, ne devienne elle et lui.
Tu retrouves son regard, soupires légèrement sans même t'en rendre compte. Pardon, ce n'est pas à moi de... enfin, c'est pas moi qui suis important. C'est juste que... je voulais pas que ça change. Tu ne voulais pas perdre ce que vous aviez mis tant de temps à trouver, ce que vous aviez mis tant de temps à accepter... et que vous auriez mis tant de temps à assumer.
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Me font mal
Tu as rarement vu Jian utilisé le sarcasme, tu ne t’attendais certainement à ce qu’il le fasse contre toi.
« Sérieusement ? Tu te fous de moi ? »
C’est ouvertement offensif, mais merde, ça te fait mal de le voir réagir de cette façon.
Il s’éloigne, il débute son rituel macabre avec ses doigts, de venir maltraiter la peau de ses bras et tu entrevois déjà toutes tes limites succomber face à ce qui arrive. Il entreprend une plaidoirie qui vise à le faire s’effacer, à nouveau. Comme à chaque fois que tu trouves quelqu’un d’autres. Tu t’en rends compte, juste là, après tout ce temps, que toutes les périodes où Jian et toi vous retrouviez le moins étaient celles où tu étais avec quelqu’un.
Et à y réfléchir, tu entrevois enfin la jalousie dans sa voix.
« C’est quoi ça, une crise de jalousie ? Tu prononces, te mordant la lèvre inférieure. Eirin, c’était… une erreur. Jian. De celles que je ne ferais pas deux fois. Et j’avais aucune envie que ça tombe sur elle. »
Vraiment aucune. Tu aurais préféré une inconnue ou quelqu’un avec qui tu n’a pas de passif, mais pas elle. Votre histoire était déjà assez compliquée et destructrice comme ça.
Comme chacune de tes relations, finalement.
Tu te fixes sur le geste répété de ses doigts. Tu as presque envie de faire de même, là, confronter à cette situation. Mais tu n’as aucune envie de le voir faire, lui, donc tu attrapes ses poignets pour tes mains pour le faire lâcher prise avec fermeté.
« Arrête ça, vraiment. Jian… si c’est pour se faire du mal, alors autant arrêter les frais là. Tu regrettes tes mots dès l’instant où tu les laisses s’échapper. J’ai pas envie que ça change, alors… on est pas obligé. Je t’ai dit que ça ne changeait rien. »
Tu secoues la tête, comme si tu refusais tout ce qui est en train d’arriver. Et c’est le cas. Et tu as l’impression que tes mains tremblent contre les siennes.
Bon sang, tu aimerais revenir un peu en arrière et tout reprendre au début.
Mais c’est ta vie entière que tu devrais reprendre à zéro, si tu voulais bien faire les choses.
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C’est quoi ça, une crise de jalousie ? Non. Oui. Tu t'éloignes de lui, d'un pas, ou deux. Assez pour que la distance soit visible, tangible. L'accusation, même si elle est vraie, te fait mal. Parce que c'est jouer avec tes sentiments, avec ce que tu ressens. Parce qu'il sait très bien comment tu es, avec tes doutes, tes peurs et tes angoisses, parce qu'il sait que tu as peur qu'il parte, qu'il te laisse, qu'il t'abandonne. Parce qu'il sait. Il sait. Il sait tout de toi. Et même si tu ne lui as pas dit, explicitement, tu lui as dit que tu ne voulais pas perdre ce que vous aviez, tu lui as montré, chuchoté. Tu l'aimes à ta manière. Tu l'aimes comme il t'autorise à l'aimer.
Il s'avance, arrête le massacre de ta peau et tu déglutis. Puis sa phrase te fige. Oh, elle te fait si mal. Tellement mal. Ses mots sont terribles. Ses mots sont horribles. Il se reprend pourtant, te dit qu'il ne veut pas que ça change, qu'il te l'a déjà dit. Et pourtant, il n'y a que les premiers mots qui restent dans ta tête, qui vont et viennent. Autant arrêter les frais là. Parce qu'il a raison, finalement. Si tu réfléchis un instant, maintenant qu'il est fiancé... continuer ce que vous faisiez, continuer ce que vous commenciez à peine... c'était le mettre dans une position difficile, à la vue de tous, surtout aux yeux de ses parents. Parce qu'une fois fiancé, tout le monde s'observe, vérifie ; tout le monde devient les yeux de tout le monde. Et ils finiraient par être au courant. Car tout ce sait dans cette école. Et tu ne veux pas mettre Yori dans cette position.
Alors oui, tu l'attendras. Tu l'attendras toujours.
Mais maintenant, tu te demandes simplement s'il viendra un jour.
Tu te défais de son emprise, glisses tes mains sur son visage, tes lèvres sur les siennes. Tu l'embrasses tendrement, amoureusement. Ce n'est pas qu'un baiser, Jian, que tu lui donnes. Ce sont tous ceux que tu avais voulu lui donné, tous ceux que tu aurais aimé lui donné, tous ceux que tu ne lui donneras jamais.
Et t'as le cœur qui bat si vite, si vite, tellement vite quand tu le rapproches de toi, quand tu laisses tes lèvres épouser les siennes. Un peu comme la première fois. Un peu comme une dernière fois.
Et ça sonne comme un au revoir,
Ou plutôt comme un adieu.
Yori Hayashi
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Tout ce que je fuis
Mes rêves interdits
Me font mal
Parce que toute les fois où tu as menti avec un non, c'était pour échapper à tes sentiments que tu préférais nier. Et si c'est ce que désire Jian, qui serais-tu pour l’en empêcher ?
Tu n'aurais pas du poser la question, il ne s'agissait finalement que d'une provocation. Et la réaction escompté n'est même pas celle espéré. De la même façon que les paroles que tu fais suivre ne sont que le reflet des craintes que tu ne cesse d'avoir : celles d'être à nouveau blessé. Celles qui t'empêche déjà de mettre les choses au clair avec Kuro, après qu'il t'est rejeté.
Il se défait de ton emprise et, pendant quelques secondes, tu penses qu'il va partir, mais ce sont ses mains sur ton visage et ses lèvres sur les tiennes qui viennent te démentir. C'est différent de d'habitude. Plus doux – non, ça a toujours été doux. C'est tendre. Aimant. Et derrière toutes les émotions qu'il te fait ressentir dans ses gestes, c'est un arrière goût amer qui te dérange.
Toute l'amertume de découvrir que, pour lui, c'est peut-être la dernière fois. Que c'est comme un au revoir. Que c'est finalement ça, la réponse à ta constatation.
Cette fois, c'est toi qui le repousse. Juste un peu. Juste assez pour décrocher vos lèvres. Les éloigner juste assez pour ne plus être tenté d'y succomber.
Pas maintenant. Pas encore.
La main qui t'a servi à le reculer ne l'a pas lâché, profondément agrippée à son t-shirt, comme tu pourrais t'agripper à une bouée. Tu laisses ta tête retomber, jusqu'à appuyer ton front contre sa clavicule. Tu n'es pas certain de vouloir affronter son regard pour tes prochaines questions.
« Pourquoi ça sonne comme des adieux ? C'est vraiment ce que tu veux… ? »
C'est comme si ton rôle s'inversait, assez ironiquement. Tu découvres ce que c'est que d'être celui qui veut rester, face à celui qui préfère ne pas tenter d'en payer les frais. Mais Jian a toujours été là pour toi. Plus que pour lui-même. Tu ne pourrais pas lui reprocher de penser à lui, pour une fois.
Et pourtant, tu t'es habitué à ce qu'il fasse passer tes désirs en premier.
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Mais il te le demande déjà.
Il te repousse.
T'éloigne.
Et tu as presque envie de pleurer.
Il te repousse, et pourtant s'accroche à toi. Il te repousse, et pourtant ne te lâche pas. Il te repousse, et pourtant se glisse contre toi. Tu ne sais même plus si ton cœur bat la chamade, ou s'il ne bat tout simplement plus. Tu ne sais plus, Jian, si tu veux le sentir battre, ou si tu aimerais qu'il s'arrête. Tu ne sais plus si tu es capable d'assumer tout ça.
Tes doigts glissent le long de sa chevelure. L'une de tes mains vient se poser sur sa nuque, l'autre glisse jusqu'à sa taille. Tu ne sais pas si tu peux l'enlacer. Depuis quand te poses-tu la question ? Depuis quelques instants à peine. Et pourquoi ce simple évènement devrait tout changer ? Est-ce que ça change ses sentiments pour toi ? Est-ce que ça change tes sentiments pour lui ? Non. Et pourtant, ce qui n'était déjà pas simple ; votre statut social, votre image, l'homosexualité ; devient encore plus compliqué par son simple statut modifié : il est fiancé.
Et alors, la question que tu ne voulais pas entendre, la question qui risque de tout bouleverser, qui risque de tout faire flancher, de tout faire écrouler. Tu ne dois pas, Jian, parce que ce n'est pas toi qui es important, actuellement, c'est lui, et tu sais dans quel état il doit être, avec ses fiançailles. Et tu as l'impression que, si tu dis je alors tu feras comme si c'était toi, le plus important, et pourtant, tu as l'impression qu'il n'attende que ça, que tu dises je. Comme si tu avais ton importance. Et tu as ton importance, Jian. Tu comptes pour lui. Tu aimes à penser que tu comptes pour lui alors... alors tu songes, encore, et encore, et tu réfléchis alors que tes doigts se serrent contre lui. Tu vas laisser échapper les paroles terribles, et tu vas dire je alors que tout devrait tourner autour de lui. C'est pas ce que je veux. Un murmure. Pas plus. Ta voix se brise. Je veux que tu sois heureux. Je veux pas qu'on te pointe du doigt, qu'on dise des choses fausses sur toi. Je veux pas que tu l'aimes elle. Ou n'importe qui d'autre. Non. C'est pas ce que je veux. Mais ça change quoi ? Tes doigts coulent jusqu'à son visage, le redressent pour le forcer à te regarder. Et tu plonges ton regard dans le sien. Tu as toujours aimé ses yeux. Ses si beaux yeux. Ceux dans lesquels tu as toujours plongé sans jamais hésiter.
Je te veux toi.
Tu le veux lui.
Dans son intégralité.
Tu n'en as juste pas le droit.
Yori Hayashi
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Tu ne t’es jamais senti aussi tactile que ses derniers mois, avec lui. Pourtant vous l’avez toujours été, ensemble. Mais maintenant, tout te semble différent.
La réponse tarde, dans une attente insoutenable. Tu ne sais pas vraiment si tu as coupé ta respiration, dans l’expectative ou si, au contraire, tu te laisses respirer, dans un dernier sursis, avant le résultat qui pourrait vous mener à votre propre fin. Celle d’un vous, qui n’a même pas vraiment eu l’occasion d’exister.
Les mots te parvenant finalement n’ont pas la cruauté redoutée. Ils ont davantage la couleur d’une déclaration. Déclaration de quoi exactement, tu ne sais pas. Pas d’amour. Pas encore. Ça s’en rapproche, pourtant. Ça s’en rapproche d’autant plus qu’il admet, d’une certaine façon, sa jalousie. Parce qu’il admet, Jian, qu’il ne veut pas que tu aimes quelqu’un d’autre que lui. Mais il te demande aussi ce que ça change et tu as envie de lui dire que.
Ça change tout.
« Depuis le temps, tu devrais savoir qu’être pointé du doigt ne me dérange pas. »
Ta réplique est douce et ton regard n’a pas quitté le sien depuis qu’il ta obligé à relever les yeux.
Te faire remarquer de mauvaises façons est devenue une de tes façons de vivre, depuis l’adolescence. Donc, peu t’importe les regards sur tes travers. Ils sont ta richesse, ton étendard et ta terre*.
« Ce qui serait faux, se serait de les laisser croire que je me complais à être fiancé à elle. C’est là-dessus que je n’aimerais pas les laisser se fourvoyer. »
C’est toujours assez ironique de penser que tu as menti sur ton identité propre durant toutes ces années, alors que tu n’aimes pas mentir dans tes propos, en général. Une honnêteté corrompue par ton désir d’être un autre.
Tes mains quittent sa taille pour rejoindre son visage, plonger dans ses cheveux, encore. Le rapprocher de toi et embrasser ses lèvres. Encore. Et encore. Prenant conscience réellement, entièrement, de toute sa déclaration.
« Peu importe ce qu’ils penseront et ce qu’ils diront. Au bout du compte ça ne changera rien, si on part ensemble. Si tu veux toujours qu’on parte ensemble, tu prononces contre sa bouche. »
Parce que toi, tu n’as jamais été aussi sûr de ce que tu souhaites qu’aujourd’hui.
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Mais il te rapproche, abandonne ta taille, glisse contre ta nuque et tu fermes les yeux avant même que ses lèvres ne rejoignent les tiennes. Tu l'enserres, plus fort, plus proche encore, et tu l'embrasses comme la dernière fois, à en perdre haleine, à en perdre le souffle, à en perdre la raison.
Sa bouche contre la tienne qui te promet mille tendresses. Et tu n'arrives pas à soulever les paupières. Tu ne veux pas les soulever, tu veux juste... juste profiter, espérer que rien ne change, que tout soit parfait, comme ça l'a toujours été. Tu l'embrasses à ton tour, avant même de lui répondre. Tu l'embrasses encore, et tu rapproches vos corps encore. L'eau remonte un peu plus sur tes mollets, un frisson te parcourt. Tu avais presque oublié.
Tu te recules légèrement, à peine. Un baiser, encore, lèvres contre lèvres. Chaste. Tendre. Appuyé un peu plus. Plus. Je veux qu'on parte. Loin de tout, loin des autres, loin de vos familles, loin de ce pays tout entier. Loin, loin, loin. Juste lui et toi. Qu'importe où. Juste lui et toi, là où personne ne vous retrouvera.
Tes doigts enserrent ses hanches et tu restes là, le front contre le sien, les lèvres si proches, si proches des siennes, les frôlant, les embrassant à peine, à moitié. Et tu aimerais lui murmurer, lui dire, lui hurler.
Je t'aime.
Je t'aime
Je t'aime.
Yori Hayashi
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Mes rêves interdits
Me font mal
Tu as trop souvent pris ses paroles à la légère, quand il te disait que ce n’était que lui et toi. Tu as toujours eu tendance à l’oublier, lorsque vous étiez séparés.
Et tu donnes tout pour y croire, maintenant, que ce sera toujours lui et toi. Toi et lui.
Tu t’accroches à lui, de la même manière que ses mains s’agrippent à tes hanches. Vous êtes si proche et pourtant, encore pas assez à ton goût. Tu aimerais le sentir encore plus près. Toujours plus près.
C’est le bruit de l’eau, à son mouvement, qui te rappelle l’endroit où vous vous trouvez. L’endroit où il se trouve, surtout, parce que si tu avais prévu de te placer de cette façon au bord du bassin, ce n’était pas le cas de Jian qui y était entré trop précipitamment pour songer à son pantalon s’imbibant doucement d’eau.
« Tu vas finir trempé, tu murmures, sous le ton de l’évidence. »
Tu ne veux pas le lâcher, malgré tout, seulement le garder là, contre toi.
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Je t'aime.
Un murmure contre tes lèvres, et c'est un sourire qui t'échappe, qui étire tes lèvres qui viennent épouser les siennes de nouveau. On s'en fiche. Qu'est-ce que tu en as à faire, d'être un peu mouillé ? Je t'aime. Il est là, avec toi, et c'est tout ce qui importe. Et peut-être que ce n'est pas la chose la plus agréable du monde, c'est vrai : tu sens le tissu coller à tes jambes, s'imbiber petit à petit, monter un peu plus à chaque mouvement. Mais tu t'en fiches, tu t'en fiches, tu t'en fiches. Je t'aime.
Je t'aime.
Un baiser qui s'éternise contre ses lèvres, qui te donne chaud, trop. Un baiser que tu accentues encore, un baiser que tu ne veux pas quitter, qui laisse ta respiration erratique. Je t'aime. Un baiser, et un autre, et encore un autre, et toujours un autre.
Je t'aime.
Et tu as la terrible envie de lui dire. Mais tu sais qu'il ne faut pas, ce n'est pas vous, ça ne l'a jamais été. Ça ne le sera sûrement jamais. Parce que tu lui en as déjà trop dit. Parce que vous êtes trop fiers, l'un comme l'autre. Peut-être un jour, le dernier jour. Oui, le dernier jour.
Yori Hayashi
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Tu laisses une de tes mains appuyée contre sa nuque, le gardant toujours un peu plus proche de toi. L'autre est venue enlacer son dos, avec toujours l'envie de le rapprocher. Et tes jambes entrent dans la partie, venant enserrer ses hanches de chaque côté, laissant vos corps s'épouser encore un peu plus.
Toujours plus.
Alors, perdu au milieu de vos baisers. La cohérence de tes pensées perdue dans les limbes. Tu finis par détacher vos lèvres, quelques secondes seulement ; les yeux dans les yeux et le regard fiévreux.
« Je t'aime. »
Ce n'est qu'un souffle, qu'un murmure. Tu te demande même si tu l'as dis ou si ce n'était que dans ta tête. Mais ton rythme cardiaque s'accélère, plus encore que ce que tu ne croyais possible. Il y a l'excitation de la situation, mais il y a aussi la pression soudaine dans tes artères. Le stress soudain, de ce que tu as laissé échapper. De ce à quoi tu n'es pas encore habitué et qui t'effraie.
Mais que tu te sens prêt à assumer.
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