— MAHOUTOKORO
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winter fairies // suzu [fini]
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winter fairies // feat. suzu
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Vingt heures, et la salle commune est vide. Chose plutôt normale en ces derniers jours du mois de janvier. Bientôt les vacances et les élèves restent des heures à discuter dans la grande salle, mangeant tous ensemble, la joie et l'excitation des vacances qui arrivent. Et toi, Kiyoshi, tu es là, assis sur le sol, appuyé sur un canapé, les jambes vers la cheminé, Panpan ronronnant contre tes cuisses. Tu as toujours été frileux, Kiyoshi, alors être si proche de la cheminé, dans le calme de ta salle commune est pour toi un petit plaisir de la vie.

Tu trépignes d'impatience aussi, ta valise est déjà presque faite et le côté de ton dortoir, qui est toujours plutôt rangé, est encore plus propre et nickel que d'habitude. Les vacances arrivent, on sent l'air qui se change, qui se transforme, et la fin de ta neuvième année est enfin là. Bientôt, tu seras libéré de cette prison dorée, maison enfermée. Tu ne sais pas trop, mais tu es toujours heureux de partir, et pourtant, toujours bien content de revenir.

Panpan s'étire contre toi alors que tes doigts passent dans sa fourrure rousse. Un sourire vient étirer tes lèvres alors que tu apprécies le calme ambiant. La salle commune est toujours plutôt vide aux heures du dîner, et ce n'est que quand tout le monde commence à remonter que tu abandonnes ton coin auprès du feu pour retourner dans ta chambre, ou dans un coin de la pièce, prêt d'une fenêtre, pour pouvoir observer les étoiles que l'on voit de moins en moins tôt ces temps-ci.

Ta tranquillité est vite brisée toutefois, et tu soupires. Tu n'avais pas trop envie de quitter la cheminée si tôt, mais apparemment tu vas devoir. Tu relèves la tête, sait-on jamais, la personne pourrait partir directement ou être quelqu'un comme toi, solitaire et sans conversation.

Mais non, ce n'est pas une personne solitaire et sans conversation, et la voir seule ici, à cette heure-là, reste assez surprenant pour être noté. Alors tu ouvres la bouche, Kiyoshi, tu te l'autorises. Parce que Suzu et toi, c'est une amitié un peu bizarre, des moments de silence sous les étoiles à partager la même passion. Alors Suzu, tu l'acceptes dans ta bulle de tranquillité, tant qu'elle ne la brise pas.

« Bonsoir. »

Et peut-être va-t-elle sentir la touche de curiosité dans ce mot si court. Pourquoi est-elle là, toute seule ? Pourquoi n'est-elle pas avec les autres, comme tout le monde, elle qui est si entourée ? Pourquoi est-elle là, le visage brisé ?
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Elle avait pleuré. Elle en avait même rougi ses yeux, bien mieux que le froid ne rougissait son nez en cette période hivernale. Qu'elle détestait ça, se sentir s'écrouler de l'intérieur et craquer. Elle avait tant bien que mal retenu la crise d'angoisse qui avait failli l'emporter, comme une vague viendrait lécher une côte avec gourmandise. Il y a des choses qui ne changeraient jamais et sa peur de retourner chez elle à chaque vacances scolaires en faisait partie. C'était à chaque fois la même chose : plus la date de retour approchait, plus le poids dont elle se libérait partiellement à son retour à l'école revenait avec toujours plus de force. Elle arrivait à se maîtriser en temps normal, sans trop de difficultés. Cette année, c'était bien différent. Les insomnies s'étaient enchaînées à une fréquence effarante et hier soir, elle avait dû s'enfermer dans les toilettes pour calmer sa crise.

Evidemment, elle s'était jeté sur elle-même un Silencio. Pour qu'on ne l'entende pas en train de gémir, de suffoquer, de chercher de l'air autant qu'elle le pouvait. La jeune sorcière était restée longtemps, en pyjama, le coeur battant et les pensées qui ne faisaient que s'emporter dans sa tête. Ce soir, de nouveau, tout s'était emballé et elle avait du aller se passer de l'eau sur le visage. Pour se rafraîchir et pour calmer toutes les questions qui ne faisaient que la hanter. Elle avait validé sa neuvième année, sans surprise. Sa mère voudrait en parler sans cesse, la féliciter et jeter des regards fiers, tout en observant son père avec de légers coups d'yeux. Suzu savait déjà comment se déroulerait la soirée. Elle le savait parce que c'était toujours le même scénario depuis ses treize ans. La dispute finirait par éclater et elle se cloîtrerait dans sa chambre pour éviter ses deux parents se traiter de tous les noms d'oiseaux qu'ils connaissaient. S'ils avaient fait une compétition, ils auraient probablement gagné. Malheureusement, tout cela n'avait rien d'une compétition. Elle se boucherait les oreilles, essayerait d'oublier et partirait discrètement dans la chambre de son petit frère, malicieux et joueur, à qui elle raconterait des histoires pour se distraire. C'était les rares moments où elle se sentait normale, où elle pouvait être elle-même sur tous les aspects qui la constituaient, que ce soit le monde des Moldus ou le monde des sorciers. Katsuo ne serait pas suffisant pour lui changer les idées cependant, et les vacances promettaient d'être longues. Est-ce que son père lui adresserait enfin la parole de nouveau ? Est-ce qu'il remarquerait enfin qu'elle fait tout pour être proche de lui lorsqu'elle rentrait ? Qu'elle mettait son uniforme, ses affaires et même sa baguette au placard. Qu'elle faisait le thé, la cuisine sans enchanter quoi que ce soit - ce qui n'empêchait pas sa mère de la rabrouer sévèrement pourtant. Elle voulait qu'il la regarde dans les yeux, mais il ne faisait pas. Réaliser quelques heures avant le train que ce ne serait pas le cas encore cette année lui avait donné un des pires maux de ventre qu'elle avait eus de toute sa vie.

Le temps de passer aux toilettes, de pleurer un bon coup, de contempler son visage et ses yeux bouffis par les pleurs, elle devinait que tout le monde devait déjà être parti du dortoir et qu'il ne lui restait qu'à attraper sa grosse malle. Saki, sur son épaule ronronnait doucement à son oreille, tandis qu'elle s'engouffrait dans la salle commune, éclairée par le feu de cheminée qui y brûlait joyeusement. On lui poserait des questions dans le train du retour. Pourquoi n'étais-tu pas avec tout le monde ? Qu'est-ce que tu faisais ? Ses yeux ne seraient plus rouge, elle aurait alors retrouvé son léger sourire habituel et tout irait bien. Comme d'habitude.

Il lui suffisait de traverser la salle pour enfin arriver à sa chambre. Il lui suffisait. Alors qu'elle fixait ses pieds, ses pensées uniquement fixées sur le fait de récupérer sur sa valise et sur la nécessité de rester calme, ses yeux rencontrèrent d'autre pieds. Puis, une silhouette. Enfin, les yeux de Kyoshi, son air à la fois posé et légèrement distant, qui signifiait plus souvent qu'il souhaitait du silence et de la tranquillité. Drôle de relation qu'elle entretenait avec ce camarade. Leur première rencontre avait été plutôt mouvementée et ils ne pouvaient pas vraiment se considérer comme amis, étant donné le peu qu'ils savaient, et de l'un, et de l'autre. Ils regardaient les étoiles, et la petite sorcière se taisait à côté de lui. C'était une connivence en astronomie, un lien qui se faisait dans le mutisme, par des bonjour et des au revoir. A la fois banal et étrange.

Suzu s'était figée malgré elle, avait essayé de rajuster un peu ses cheveux en désordre et elle avait souri en retour, sans bien y réussir. Son "Bonsoir" sonnait comme une question. Une question plutôt claire, vu l'état dans lequel elle était. On la croisait souvent sur le balcon ou sur un joli point de vue, pour observer le ciel, mais on la croisait rarement seule.

« Bonsoir ! Je  dois aller chercher ma valise, qu'est-ce que tu fais encore ici ? Tu cherches à profiter encore un peu du feu ? » avait-elle répondu, en essayant de regagner son entrain habituel. Mais tout sonnait faux, comme le léger sourire qui pointait sur ses lèvres et qui semblait plus embarrassé qu'autre chose. Il portait sur lui les crispations de ses préoccupations. Est-ce qu'on pouvait parler réellement de sourire ? C'était dur, ce soir, de faire marcher les maxillaires et d'étendre en cercle les deux pointes d'une lune. On ne l'écoutait pas bavasser sur ses problèmes, on la voyait encore rarement pleurer. C'était elle qui écoutait les autres, c'était elle qui les avait toujours écoutés. Et si Suzu se retenait de s'écrouler encore comme un château de cartes, il suffirait à Kyoshi de sentir que derrière les paroles qu'elle tentait piteusement de sortir, tout comme le maigre sourire qu'elle lui donnait ce soir, il y avait quelque chose.

Il lui suffirait de souffler un peu, pour que le pissenlit s'échappe aux vents et que les graines éclosent, comme autant de larmes.
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Ça sonnait faux. Un entrain factice qu'elle mettait en place, comme si elle pouvait te tromper. Tu n'es pas quelqu'un que l'on peut tromper facilement, Kiyoshi. Ce n'est pas parce que tu ne parles pas que tu ne vois pas, et les autres ont tendance à l'oublier. Mais ce n'est pas comme si tu allais lui en vouloir, tu comprends parfaitement le besoin des apparences, tu comprends tout ce qu'elles représentent, tout ce qu'elles signifient. Elles sont terriblement importantes, les apparences.

Son sourire te tord l'estomac et tu viens te mordiller la lèvre inférieure, cherchant comment lui répondre. Devais-tu essayer de comprendre la cause de ses yeux rougis ? T'en parlerait-elle seulement ? Ou peut-être était-ce une mauvaise idée d'essayer ? Après tout, tu n'es pas très doué pour ça, Kiyoshi. Les mots, les relations, les gens, les liens. Toutes ces choses que tu n'arrives à faire qu'avec ta mère, jamais avec les autres. Mais tu apprécies sincèrement Suzu, vraiment. Elle fait partie de la constellation de personnes qui gravitent autour de toi, à qui tu ne parles pas, mais qui te manquent si tu ne les vois pas assez souvent. Elle fait partie d'une stabilité, d'une routine. Son sourire, son calme, sa bienveillance restent toujours présents malgré toutes les fois où tu l'as envoyée paître.

C'est peut-être à toi de faire un effort, désormais.

Tu te racles la gorge, cherchant les mots. Essayant de trouver une façon de les agencer qui ne finirait pas en énorme catastrophe. Les mots. Chose si compliquée que l'on utilisait pourtant tous les jours. Tu humidifies tes lèvres, te redresses alors que Panpan abandonne des cuisses pour filer plus prêt de la cheminée. Tes doigts tapotent le sol à côté de toi et tu détournes les yeux, n'osant pas vraiment la regarder. Peut-être parce que tu as un peu peur du rejet.

« Tu veux... en parler ? Je dirai rien à personne. »

Une promesse que tu murmures, les yeux plantés sur les flammes, n'osant toujours pas la regarder. Et tu ne sais pas vraiment si tu préfères le refus ou l'acceptation. Tu ne sais pas vraiment si tu seras capable de gérer l'un comme l'autre. Elle refuse, et tu hausserais les épaules en faisant comme si tu n'étais pas déçu que ton pas vers elle soit avorté si facilement. Elle accepte, et tu ne saurais pas comment gérer les émotions qu'elle libèrerait sûrement devant toi. Dans tous les cas, tu es piégé, Kiyoshi, au moment même où tu as accepté de te lier.  
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Ne pleure pas.
T'as pas le droit de t'effondrer comme ça.
T'as la tête sur les épaules, normalement.
Pourquoi tu l'as toute retournée à présent ?


Même s'il ne lui avait pas répondu, qu'il haussait les épaules, ou que ne savait-elle, Suzu aurait continué son chemin. Elle ne se serait pas arrêtée là, les bras ballants, à sentir son coeur, ses émotions et son assurance chavirer. Ce qui est dur, quand on a l'air fort comme une falaise, c'est de continuer à résister aux assauts des vagues, alors qu'elles vous ont déjà effrité et fragilisé. Elle était comme une falaise. Elle s'apprêtait à partir du côté du dortoir des filles et s'engouffrer dans sa chambre pour attraper sa valise, elle avait même entamé un premier pas, mimant la nonchalance insolente qui l'animait en temps normal. Kiyoshi n'avait pas répondu "rien" ou "pareil", ou quoi que ce soit d'autre qui aurait pu être banal et n'être qu'une pichenette sur elle.

A la place, il avait senti. Il avait demandé. En toussotant et en étant nerveux. Il avait pas l'habitude, ça se sentait. Cette voix, ce gars, qu'elle n'entendait pas, si ce n'est jamais, qui avait l'attitude la plus insipide qu'elle ait jamais vue lors de leurs premiers cours d'astronomie en groupe, qui avait accepté peu à peu sa présence mais qui ne disait ou ne demandait jamais grand-chose, il était étrangement accueillant. C'était l'occasion, le moment, les circonstances. Le hasard, une coïncidence. Un accident de la vie qui lui donnait peut-être un air aussi bienveillant que celui des étoiles.

La jeune fille allait se retourner, avec un sourire, pour lui dire que, non, tout va bien. Tout va très bien. Elle est un peu fatiguée, c'est tout. Sa grand-mère est malade, vilain mensonge, et elle s'inquiète un peu pour elle. Le temps passe, la neuvième année est bientôt finie, ça l'angoisse aussi un peu, ça, c'est au moins un peu la vérité. Mais ne t'inquiète pas pour moi Kiyoshi, c'est juste un coup de bas, ça arrive à tout le monde. Ce sont les excuses qu'elle aurait pu bafouiller avant de s'enfuir d'un pas léger.

« Je ne veux pas rentrer chez moi, Kiyoshi. » bredouilla-t-elle à la place, sans s'en rendre compte. Elle n'arrivait même pas à sourire. Et elle ne se rendit même pas compte qu'elle pleurait à nouveau. Elle avait juste chaud, à ce moment-là, comme si elle avait attrapé une bonne grippe et que la fièvre l'aurait faite délirer sans discontinuer. « J'aimerais passer les vacances avec des gens comme toi, à regarder les étoiles ou à faire des choses que j'aime. Que ce soit de la magie, ou que ce soit tout à fait banal. J'aimerais être moi-même, sans qu'on me reproche ma baguette, qu'elle soit entre mes mains ou oubliée dans un placard le temps d'être chez moi. »

Les paroles sortaient. Résonnaient avec encore plus de force dans la salle commune immense et vide des Yatagarasu. Le seul qui pouvait entendre tout cela, c'était Kiyoshi, assis devant ce feu. C'était violent, c'était abrupt et inattendu. Autant pour elle que pour lui. Elle avait envie de rester et de partir loin en même temps. D'être totalement sorcière ou d'être totalement banale. De ne s'être jamais posé toutes ces questions ou d'avoir été capable de les ignorer. Elle aurait aimé que son père lui pardonne ou l'accepte, elle aurait aimé que sa mère arrête d'ajouter de l'huile sur le feu. Elle aurait aimé ne pas se sentir dépassé par son frère. Elle aurait aimé ne plus sentir les regards froids de son père. Il y a beaucoup de choses qu'elle aurait aimés. Tous ces regrets s'étalaient ici à présent. Son pas énergique, sa posture fière au quotidien, son sourire, tout cela était une partition jouée de manière fausse par moments, comme maintenant.

« Je ne veux pas être un sorcier au placard pendant les vacances. Mais je ne veux pas non plus rester ici et mettre le monde non-magique et mon père au placard. » Sa voix tremblait, tandis qu'elle essayait de retenir ses larmes, à grand peine. Les larmes, c'est presque comme l'eau, ça vous échappe des mains mais ça vous écorche dès qu'une plaie trop béante et fraîche est ouverte. « Je pensais que je pouvais concilier tout ça et qu'à force, de l'un ou l'autre, je finirai par être totalement acceptée. Mais ce n'est pas le cas. Et je suis juste terrifiée à l'idée de monter dans le train et de devoir retourner chez moi. Je ne suis pas la meilleure en divination, mais je sais déjà ce qu'il va se passer. Pas besoin de boule de cristal pour entendre déjà les disputes et les remarques. » C'était décousu. Comme ses pensées et ses émotions, que la pression et l'angoisse avaient déchirées. Et ça s'arrêta là, d'un coup. Kiyoshi ne comprendrait peut-être pas. Elle avait craqué, elle revenait un peu à elle et elle avait honte à présent. C'était pas elle qu'on écoutait et qu'on consolait normalement. Peut-être qu'il ne pourrait même pas le faire. Peut-être qu'il ne saurait pas le faire. Peut-être même qu'il ne voudrait pas le faire.

Elle n'osait même plus croiser son regard à présent et elle s'excusa, sans qu'un son ne passe ses lèvres. Il pourra comprendre aisément ce qu'elle voulait dire.

Pardon. Pardon. Pardon.
C'était pas le bon moment.
T'aurais pas dû craquer maintenant.
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feat. suzu
Et tu n'as pas le temps de dire quoi que ce soit, tu n'as pas le temps de la regarder vraiment quand elle prend la parole qu'elle pleure déjà, et ça te sert le cœur. Tu n'aimes pas voir les gens pleurer, Kiyoshi et pour deux grandes raisons : la première, c'est que ça te met mal à l'aise, car les gens qui pleurent sont souvent très bruyants, n'arrivent jamais à se contrôler, et toi, tu dois attendre que ça passe ; la seconde, parce que tu ne sais pas y faire. Tu ne sais pas s'il faut les consoler, comment il faut le faire. Est-ce que tu dois les prendre dans tes bras ? Est-ce que tu dois dire quelque chose ? Dans les deux cas, tu n'es clairement pas fait pour ça, Kiyoshi, alors tes pauvres tentatives seraient sûrement avortées avant même d'avoir émergées.

Elle veut pas rentrer chez elle, Kiyoshi, et sur le coup, tu ne comprends pas trop, toi qui ne désire qu'une chose : rentrer chez toi. Et tu ne comprends pas vraiment, ce qu'elle te dit, car tout à l'air compliqué dans ce qu'elle t'explique. Ses parents n'acceptaient pas la magie ? Comment avait-elle fait pour l'accepter elle, si ses parents ne l'acceptaient pas ? Comment accepter quelque chose que tout le monde rejette autour de soi ?

Et elle pleure, Suzu, elle pleure devant toi, s'effondre, laisse tomber ses murailles. Et elle tremble, Suzu, elle tremble de tous ses membres sans même s'en apercevoir, sa voix tremble, ses paupières tremblent, son cœur tremble, s'écroule. Et pourtant, Kiyoshi, tu ne sais pas quoi faire. Tu ne sais pas quoi faire et tu restes là, assis, à la regarder, figé comme une statue de marbre avec l'impossibilité de bouger. Tu ne sais pas quoi faire, Kiyoshi. Elle est terrifiée, Suzu, la si douce et si tendre Suzu, toujours présente comme un électron libre dans ton espace. Elle est terrifiée, Suzu, et tu ne sais pas quoi faire pour la rassurer, pour lui dire que ça va aller, que tu es là, que tu peux l'écouter, que tu veux l'écouter, que tu es présent.

Tu ne sais pas faire, Kiyoshi.

Et pourtant, pourtant tu essaies, tu essaies de faire comme ta mère, quand elle te rassure, quand elle te dit que la prochaine année va bien se passer, quand elle te prend dans ses bras avant que tu ne partes à l'internat. Tu veux essayer, Kiyoshi, essayer de t'ouvrir, essayer d'aider, parce que Suzu, elle a toujours été là, présente, elle n'a jamais baissé les bras. Comme Sora.

Tu te mordilles la lèvre inférieure, encore, toujours, tic nerveux que tu n'arrives pas à arrêter malgré les années qui passent, malgré le temps qui défile et les secondes qui s'écoulent. Tu te penches un peu, arrives à lier tes doigts aux siens. Ta main est si froide, Kiyoshi, comparée à la sienne. Vos doigts s'entrelacent et tu la forces doucement, presque tendrement, à venir s'asseoir à côté de toi, là, sur le canapé de la salle commune.

Tu ne sais pas faire, Kiyoshi, mais tu veux tenter. Alors tu te rapproches d'elle, gardes vos mains liées, et ton pouce caresse doucement le dos de sa main. Tu veux essayer, tu veux réussir, alors tu colles cuisses ensemble, vos mains posées sur vos genoux côte à côté. Tu veux vraiment réussir à la faire aller mieux, mais tu ne sais pas quoi dire, Kiyoshi, alors ta main, ta main si froide serre la sienne, d'une pression délicate, affectueuse. Et tu ne sais pas quoi faire d'autre, Kiyoshi, alors tu te contentes de rester là, silencieux, à chercher tes mots, maltraitant ta lèvre avec violence, quitte à en détruire la peau fine.

« Je... je sais pas trop quoi dire. Mais je suis là. »

Tu es là, Kiyoshi, et c'est tout ce que tu peux lui offrir pour le moment. Alors ton pouce caresse toujours le dos de sa main, alors ta cuisse reste collée contre la sienne, alors tes doigts continuent de presser les siens. Et tu restes là, Kiyoshi, les yeux fixés sur vos mains liées, le cœur un peu déchiré. 
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C'était si étrange de pleurer comme ça. D'avoir tout lâché, d'un coup. Elle n'y pensait pas, mais cela avait dû l'assommer, Kiyoshi. Suzu était un barrage dont on avait ouvert les écluses et elle se déversait sur les plaines, sur les forêts. Plutôt que de réguler le débit, elle l'avait bloqué et tout s'effilait, s'effilait, s'effilait maintenant... Elle aurait longtemps pleuré, si le jeune homme n'avait pas été là. Elle aurait pleuré toute seule et se serait enfermée dans sa chambre pour éviter de croiser qui que ce soit. Elle en serait ressortie quelques heures plus tard, un sourire aux lèvres, mais le coeur déchiré.

Là, elle revint rapidement sur terre, après que ses pensées et ses émotions se soient envolés à la manière des papillons, de manière désordonnée et tendue. Est-ce que ce fut la voix hésitante de Kiyoshi qui éclata doucement sa bulle ? Ou le contact de sa main contre la sienne, elle qui ne le savait pas capable d'autant de délicatesse ou de contact ? Est-ce que ce fut sa maladresse et sa gêne qui lui permirent d'atterrir en sûreté ? La jeune fille lui aurait probablement fichu une claque, si elle n'était pas aussi surprise et fatiguée. Perdre ses repères et s'entendre dire "je suis là", sans rien de plus, c'est parfois ce qu'il suffit pour changer la donne.

Il a les mains gelées, remarque-t-elle, à demi mot, plus bouleversée par lui que par elle-même à ce moment-là. Il a les mains gelées, mais elle ne s'était jamais autant sentie rassurée que pendant ces quelques secondes. Il n'y avait plus rien à penser à ce moment-là, que ce soit le passé, ou ce qu'il arriverait. C'est comme si elle n'avait plus à rentrer ou à partir, qu'elle était là où elle devait être. Dans quelques minutes, ils iraient sur le toit avec sa lunette astronomique et ils observeraient les constellations occupant le ciel à cette période de l'année. C'était un rêve, mais un rêve tel qu'il avait presque l'air réel.

Un sourire léger se peignit sur ses lèvres. Elle ne souvient plus de ce qu'elle lui dit exactement, mais elle le remercia, certainement. En bafouillant un peu, alors qu'elle continuait de renifler un peu bruyamment. C'était suffisant, même s'il avait l'impression que ce n'était pas assez. C'était suffisant parce qu'elle n'était pas toute seule. Qu'elle avait quelqu'un sur qui elle pouvait s'appuyer sur l'instant alors qu'elle détestait ça.

« Pas besoin de baguette, quand les mots suffisent à être magiques » avait-elle rajouté en riant un peu, à la fois de tristesse et de soulagement. Elle le disait surtout pour elle-même et le disait pour Kiyoshi, pour qu'il n'ait pas à se sentir coupable. Ce n'était pas lui qui la rendait triste.

Elle lui avait offert ses grands yeux noirs, tous rouges sur l'instant, mais qui avaient déjà récupérés un peu de leur éclat. Tout s'y mêla à la fois, reconnaissance, honte, curiosité et étonnement. A la fois d'elle-même et de lui.  Suzu ne se rendit même pas compte qu'elle n'avait pas repoussé ou lâché sa main, inconsciemment, ça lui faisait beaucoup de bien, et à vrai dire elle ne la lâcha pas. Elle se frotta fort, fort, fort, ses yeux rougis. Si fort qu'elle s'ébouriffa un peu plus ses cheveux noirs déjà en bataille, un peu gênée.

« Désolée de te poser ça sur les épaules alors que t'as rien demandé. Je t'en reparlerai pas, promis. Ça ira mieux, je crois. » murmura-t-elle doucement. Elle évitait son regard à présent, par honte. Parce que la Suzu que chacun connaissait, elle était jamais comme ça. Elle ne devait pas l'être. On ne prenait pas soin d'elle, parce qu'elle n'en avait, en apparence, pas besoin. Plutôt qu'un vase de porcelaine, on l'aurait comparé à un mur de fer sans aucune faille. Se mordillant la lèvre avec anxiété, elle espérait simplement que cela ne pouvait pas devenir pire que ce ne l'était déjà. Kiyoshi ne le répéterait pas, naturellement ?

Il était difficile de garder la tête haute quand on est aussi vulnérable qu'une poupée de chanvre.
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Et ton pouce va et vient sur sa peau douce. Petit à petit, ta main se réchauffe dans la sienne et tu les observes, vos mains serrées, vos doigts entrelacés, vos mains liées. Et c'est un instant un peu magique, un peu tendre qui se crée entre vous. C'est là, vraiment, que tu peux te dire enfin qu'il y a vraiment un lien.

Elle sourit, d'un si joli sourire malgré ses larmes qui dégoulinent. Même ses yeux sourient, quand elle te regarde, quand tu la regardes, et tu lui rends, ce doux sourire, Kiyoshi. Elle balbutie, te remercie, et tu secoues la tête de gauche à droite, comme pour lui dire que ce n'est rien, comme pour lui dire que c'est normal, et pourtant, pourtant, les mots ne sortent pas, ils restent là, bien ancrés au fond de ta gorge, sans que tu ne puisses répondre. Tes mots ne sont pas magiques, Kiyoshi, t'es loin de l'être, même, mais tu es content de savoir que tu sers à quelque chose, que tu peux la consoler, celle qui a toujours été à tes côtés depuis tant d'années.

Elle se frotte ses yeux déjà bien trop rouges à cause des larmes, et tu gardes sa main dans la tienne, ton pouce caressant toujours avec tendresse le dos de sa main. C'est rassurant, Kiyoshi, pour elle, pour toi, pour tous les deux, finalement.

Et c'est à son tour, d'éviter ton regard, et pour une fois, tu le cherches. Tu t'abaisses un peu, pour la forcer à te regarder, et quand, enfin, enfin vos pupilles se croisent, tu lui souris, de ce sourire tendre, de ce sourire que tu ne donnes qu'à celle qui t'a donné la vie, qui t'a aimé comme personne ne le fera jamais.

« On peut... on peut en parler, si tu veux. Je suis pas très doué, mais si tu veux, si t'en as besoin, je veux bien essayer. »

Oui, tu veux bien essayer, Kiyoshi, de créer des liens, de l'aider à aller mieux. Tu veux bien essayer de la comprendre un peu mieux, autant qu'elle te comprend elle, quand vous êtes que là, tous les deux, à observer les cieux. 
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Elle essayait de retrouver sa stature, son aura habituelle, Suzu. Tant bien que mal. Celle qui est forte, celle qui se fraye un chemin, aussi bien dans la foule que dans les airs sur son boulot. Celle qui est sûre de tout sans douter de rien. Celle qui sourit, celle qui pousse les autres et qui n'a jamais peur de rien, si ce n'est des araignées. A ce moment-là, c'était difficile, si ce n'est impossible. Au moment où elle s'était effondrée, quelque chose s'était fissuré. Le joli masque qu'elle portait serait désormais inutilisable face à Kiyoshi.

Il la consolait sans dire un mot ou une parole. Comme il l'avait dit, il était juste là. Elle, elle voulait s'enfuir à présent. C'était probablement ce qu'il préférerait. Il n'avait jamais été bavard, se disait-elle, en se rappelant leur première rencontre, amusée. Dans quelques minutes, incident clos et elle prendrait sa valise pour rentrer, comme chaque année. Elle allait laisser partir sa main, cette main avec laquelle il l'avait rassurée avec douceur, quand ce dernier au lieu de la laisser partir, chercha son regard, ce même regard qui le fuyait quelques minutes plus tard.

Et il lui souriait, lui qui était le plus souvent silencieux et impassible. Ils aimaient les étoiles, mais ils n'avaient jamais tant parlé que ça. Elle ne comprenait pas, mais ne chercha pas à fuir cette fois-là, happé par ses grand yeux noirs et la demi-lune qui se dessinait sur ses lèvres. Si elle n'était pas si fatiguée et chamboulée, peut-être se serait-elle laissée emporter par la vague d'émotions qui la prit sur l'instant. Peut-être lui aurait-elle sauté dans les bras, pour y chercher la chaleur et l'affection que son père ne lui donnait pas. Elle se serait perdue dans ses bras pour ne pas en ressortir et respirer à pleins poumons. Kiyoshi était sa bouée, sa bulle d'air à cet instant-là, chose perturbante puisque leur relation n'avait rien d'aussi intime quelques minutes avant. Il avait suffit d'un soir, d'une angoisse, d'un éclat pour que tout change du tout au tout. Maintenant, il était attentif et il était sincère quand il lui disait qu'il était là pour l'écouter, cela se voyait dans ses pupilles.

Suzu hésita. Est-ce que c'était sûr ? Est-ce qu'il avait vraiment envie d'entendre ses problèmes. Elle remit en place ses cheveux en bataille derrière son oreille, tâtonnant pour trouver les mots. Des mots qui ne sortaient pas en général, qu'elle gardait pour elle ou sa famille.

« Je... T'es sûr ? Ça va mieux maintenant, grâce à toi... Je veux pas t'embêter plus que ça, c'était pas très classe de me mettre à pleurer d'un coup. »

Elle tergiversait. On ne lui avait jamais appris à s'ouvrir de cette manière. Encore moins à quelqu'un avec qui elle n'avait rien partagé de si particulier que l'amour des galaxies et des nébuleuses. La brune inspira un grand coup, comme pour se donner du courage, et commença doucement à s'ouvrir, à la manière d'une rose qui éclot au printemps :

« Je ne veux pas rentrer parce que mon père et ma mère ne s'entendent plus. L'un est un moldu et est allergique à la magie, tandis que l'autre me pousse vers elle sans cesse. C'est compliqué entre eux. Entre nous. Ça fait quelques années que mon père ne m'adresse plus la parole et que je ne sais plus ce que je dois faire, ce que je suis ou ce que je dois devenir. » Prenant une pause, elle réfléchissait à des mots plus appropriés. Son regard se tourna à nouveau, avec plus de tristesse vers Kiyoshi, alors même qu'elle riait en même temps et haussait les épaules : « Je suis tiraillée entre les deux aujourd'hui et c'est difficile de me dire que je devrais me retrouver au milieu des disputes. Mais je n'y peux rien, il faut bien, on ne choisit pas ses parents après tout ! Je ne sais pas quoi en dire de plus, tant c'est ridicule en soi ! Il y a pire dans la vie, je ne suis pas la plus à plaindre ! »

Elle essayait de relativiser, de rire sans vraiment rire. Que pouvait-elle dire de plus, alors qu'en reparler la soulageait et lui donnait en même temps la nausée ? Qu'y avait-il à dire de plus en soi ? A seize ans, se plaindre de sa famille, est-ce que c'était juste ? Est-ce qu'en pleurer alors qu'elle devait être forte, comme toujours, était une bonne chose ? Elle ne savait plus, elle ne savait tout simplement pas.
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Il y a un moment d'hésitation, et peut-être que tu devrais reculer, ne pas forcer, parce que finalement, Kiyoshi, tu la forces un peu à parler, n'est-ce pas ? Elle te pose toutefois la question, comme si elle attendait à ce que tu la repousses, à ce que tu la laisses toute seule. Pourquoi le ferais-tu ? Ses amis le faisaient-ils alors qu'elle en avait besoin ? Pourquoi te semblait-elle si distante, éloignée de tout, comme si elle souhaitait ne pas en parler ? Et pourtant, pourtant elle est là, elle te regarde, elle te demande.

Elle veut peut-être en parler, finalement, elle veut peut-être laisser tomber le poids qu'elle a sur le cœur, qu'elle n'arrive pas à lâcher, à laisser tomber, à abandonner. Mais tu l'y aides, finalement, ta main dans la sienne, ton regard ancré dans le sien. Tu l'aides, Kiyoshi, à enfin se confier.

Et elle te parle, et elle t'explique, avec des mots que tu ne comprends pas tellement, et pourtant, avec un sentiment d'abandon que tu connais véritablement. Son père l'abandonne comme ton père t'a abandonné, sans un regard, sans même une pensée. Et pourtant il reste là, sans s'échapper, sans partir, mais peut-être que c'est pire ? Si proche, si prêt, qu'on pourrait presque le toucher ; et pourtant intouchable et inatteignable.

« C'est pas parce que y'a pire, que c'est pas grave. »

Ta main lâche doucement la sienne, peut-être que tu ne devrais pas être si proche d'elle, peut-être qu'elle ne veut pas, peut-être que tu n'es pas prêt, sûrement pas. Tu as envie de l'aider, mais tu n'en es pas capable, que peux-tu dire sur sa vie ? Rien du tout, maintenant qu'elle t'a raconté, tu n'as rien à dire, parce que tu ne sais pas le formuler, parce que c'est compliqué d'essayer de dire qu'elle a le droit de se sentir mal, et en même temps qu'elle y survivra. Tu veux trouver les bons mots, Kiyoshi, mais tu en es simplement incapable. Tes deux mains se lient entre elles, se bloquent entre tes genoux et tu te mordilles la lèvre inférieure. Ton regard abandonne le sien et tu observes tes doigts cachés contre ton jean.

« C'est important ce que tu ressens. »

Oui, aussi important que ce que toi tu ressens, Kiyoshi. Alors il faudrait peut-être arrêter l'hypocrisie, et enfin laisser tomber le masque d'adulte qui va si mal à ton visage d'enfant.
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« C'est pas parce que y'a pire, que c'est pas grave. »


Kiyoshi ne le verrait pas, mais intérieurement, Suzu avait tressauté. Tressauté de surprise. De soulagement. De joie aussi, malgré elle. Elle passa par plusieurs stades, ne sachant pas comment réagir, mais le poids que Kiyoshi mit dans ses mots suffit à la délester de celui qu'elle portait sur ses épaules. Elle se sentit plus légère, elle pouvait enfin respirer et la seule réaction qu'elle eut au final fut de pleurer. Doucement. En silence. Et cette fois-ci, cela ne lui était pas douloureux. C'était comme laisser prise et lâcher enfin un papier, une sale note, un truc qu'on aurait dû lâcher depuis longtemps. Elle se sentit idiote de pleurer encore, bien plus quand elle vit que le jeune homme avait l'air tout aussi penaud qu'elle et qu'il fixait ses doigts.


« Désolée », dit-elle encore, parce qu'elle ne savait que dire cela ce soir. Parce que les mots étaient passés, qu'il n'y avait rien de plus à en dire. Qu'il ne pouvait pas en dire plus.


« C'est pas parce que y'a pire, que c'est pas grave. »

Il n'imaginait peut-être pas le poids de ses mots, mais ils avaient eu le même effet qu'une étoile filante. Avec la pointe d'excitation et de joie en moins, mais il avait eu le même effet. Un peu comme une lanterne qu'on allume dans un long couloir. On galère, on tâtonne et finalement, on trouve le bout du tunnel. Enfin. Suzu se mit à rire malgré elle, tout en pleurant et elle finit par se claquer les joues et à se secouer la tête, essuyant en même temps ses larmes et retrouvant du même coup sa bonhomie habituelle. Sans s'en rendre compte presque, oubliant que Kiyoshi était plutôt du type distant, elle lui saisit les mains qu'il regardait, l'air un peu penaud. Il cherchait les mots, mais il n'y en avait pas plus à dire.

« Merci Kiyoshi ! Tu n'imagines pas à quel point tu m'as aidée. »

Ça m'a fait du bien d'en parler, aurait-elle voulu rajouter, mais elle n'osa pas. Par pudeur peut-être, mais aussi parce qu'elle avait retrouvé un peu de sa bonne humeur. Bon, son estomac était toujours angoissé à l'idée de rentrer. Mais au moins, elle avait le coeur plus léger. Avec ses yeux rougis, ses yeux noirs brillants, ses cheveux ébouriffés, elle avait l'air bien maligne. Elle ne s'en rendait même pas compte, alors qu'elle aurait bien eu besoin d'un sort pour arranger son apparence. Le sourire qu'elle lançait à Kiyoshi était sincère cependant, et il le fut bien plus quand elle lui répliqua avec sérieux :

« Toi aussi, quand ça ne va pas... Enfin, tu n'es pas obligé mais... Comment dire ? Je fais ça tout le temps, normalement, c'est moi qui écoute tout le monde  » Elle cherchait ses mots, en fronçant les sourcils, avec tout le sérieux du monde et sa vivacité retrouvée. « Ce que je veux dire, c'est que, quand ça ne va pas. N'hésite pas à te tourner vers moi. Je suis plus douée pour écouter que pour parler en général. Même si je n'en ai pas l'air ! »

Elle se laissait peut-être un trop emporter. Mais les mots de Kiyoshi, aussi petits, aussi discrets qu'ils avaient été, avaient été suffisants. La jeune fille se sentait si heureuse, si libérée sur l'instant. Elle aurait eu l'énergie de sauter partout et de jouer un match de Quidditch, si elle avait pu le faire.
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Elle rit. C'est soudain et tu la regardes, surpris. La voilà qu'elle rit, qu'elle vient claquer ses joues de ses mains et tu restes un peu bouche bée, sans trop savoir quoi faire ou quoi dire. Elle vient saisir tes mains, vivement, et tu secoues légèrement la tête de gauche à droite lorsqu'elle te remercie. Tu n'es pas sûr d'avoir fait grand chose pour être remercié.

Tu restes perdu par le flot de paroles qui s'écoule de ses lèvres avant de les comprendre peu à peu. Tu l'observes, la détailles et lui souris légèrement. Oui, tu te doutes qu'elle est plus douée pour écouter que pour parler, mais tu n'es pas du genre à t'ouvrir si facilement, Kiyoshi, c'est si difficile pour toi de créer des liens. Même Sora avait du mal, alors que ça faisait des mois et des mois qu'il essayait.

Tes doigts serrent légèrement les siens et ton regard reste fixé sur vos mains liées. Tu restes silencieux, c'est tellement plus simple, pour toi, Kiyoshi, de l'être. Silencieux et calme. Renfermé.

« J'essaierai. »

Tu ne promets pas, mais c'est déjà beaucoup pour toi de chuchoter cette promesse dans l'intimité de votre étreinte.
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Surpris, qu'il est Kiyoshi. Son visage le dit, comme un livre qu'on aurait ouvert sans précautions. La jeune sorcière se rend compte de l'aspect brusque qu'elle a ressorti malgré elle. A son sourire, elle répond par un autre sourire, plus calme. Plus doux aussi. Plus sincère. Le silence revient peu à peu, seul troublé par la réponse du jeune homme qui retourne se murer dans son silence. Mais Suzu ne s'en inquiète pas plus que ça. Elle a appris à le connaître peu à peu avec les années, ces silences. Les mots ne suffisent pas parfois, et rien suffit à combler tout.

Le regard un peu vague, elle observe les lueurs des lanternes dehors. Elle comprend que le départ est pour bientôt et qu'ils sont peut-être restés un peu plus longtemps que ce qui était prévu. Il faut partir et elle n'a pas vraiment envie de s'en aller. Elle aurait aimé profiter de ce moment, où l'on part et où n'est pas encore parti. C'est un peu ça, l'entre-deux entre le monde des hommes et des sorciers. Un monde où, alors qu'elle cède à la panique, quelqu'un l'aide à se raccrocher. La pression de la main de Kiyoshi sur la sienne la surprend un peu, mais elle ne dit rien et sourit simplement. Cherchant son regard, elle rajouta avec un froncement de nez et une grimace qui se voulait un peu comique :

« Tu ne diras rien à personne, hein ? »

Elle avait une fierté à garder malgré tout. Et puis, la jeune fille ne désirait pas expliquer son histoire familiale à n'importe qui. Elle savait que Kiyoshi ne dirait rien, parce qu'il était silencieux. Mais si sa singerie suffisait à le remettre à l'aise, à ébrécher sa coquille, cela lui suffirait.

« Je crois qu'on a peu trop tardé. On va peut-être devoir y aller. » ajouta-t-elle dans un murmure plus sérieux.

Sa valise et la caisse de Saki, roulé en boule dans un sommeil profond, l'attendaient. C'était définitivement l'heure du départ.
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Tu lâches alors sa main, viens de nouveau mettre les tiennes entre tes genoux et tu secoues la tête de gauche à droite. Non, tu ne diras rien à personne. Ce n'est pas comme si tu parlais à grand monde, de toutes façon, elle devrait le savoir.

Tu la regardes alors qu'elle parle du départ, et tu hoches la tête, sans pour autant bouger. Il y a, comme à chaque retour, la peur de ne jamais vouloir repartir une fois chez toi, avec l'envie de fuir, de rester avec ta mère. Alors à chaque fois, tu restais tranquillement dans la salle commune, profitant de son calme, de sa chaleur et de sa convivialité, malgré son vide.

« Je partirai après toi. »

Parce que tu ne veux pas faire le chemin avec quelqu'un, parce que tu préfères arriver le dernier sur le quai, quand vous ne deviez plus qu'à monter dans le tramway. Parce que tu es comme un enfant surexcité quand tu rentres chez toi, Kiyoshi, et tu préfères attendre sagement ici, plutôt que trépigner devant tout le monde.

Ah si seulement tu savais, Kiyoshi, ce qui t'attendait.
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