i'm scared of you // tasha
Yume Ueda
I'M SCARED OF YOU11.03.1998
Qu’il existe des nuits longues de plusieurs jours.
Des obscurités, capables de nous happer, lorsque l’aube tarde à s’élever.
Des cauchemars qui ne font que trop durer et les espoirs, seules étoiles, capable d’illuminer ce ciel noir.
Que seuls les rêves sont immortels ; ils existent jusqu’à ce qu’ils se réalisent. Ou jusqu’à ce qu’on cesse d’y croire.
(et que croire, c’est la seule chose que nous empêche de sombrer)
Au cours de ces années, j’ai grandi.
Et si je pense avoir muri, il y a toujours des événements pour me rappeler que je ne suis, dans le fond, encore qu’un adolescent. Que je suis encore naïf et peut-être trop sensible.
Mais si tout, à notre période, me pousse à changer, c’est dans mon obstination à résister que doit résider ma force.
(il n’y a rien de mal à continuer d’espérer)
Tous ces changements, ces remises en question, dans le fond, c’est ce qui fera de moi un adulte.
Et même si je peine encore à le réaliser, je fais désormais parti des aînés – il s’agit, cette fois, de ma dernière année.
Je devrais donner l’exemple ; guider les enfants que la société ne tarderait à corrompre. Le social n’a jamais été mon fort et je préfère, comme toujours, fuir.
(je n’ai pas les mots pour éponger leur détresse, ni le sourire pour les rassurer et moins encore le rire pour les apaiser)
C’est d’autant plus vrai quand c’est toi que je suis amené à croiser.
Tasha. Je ne doute pas de ton innocence, dans cette histoire. Ni du poids que tu as, toi aussi, à porter. Ni du traumatisme, qu’elle a amenée.
Mais chaque fois que je te vois, je repense à cette journée.
Aux expressions de chacun – haine, souffrance, désespoir. Aux cris.
Et surtout, je me rappelle l’éclat ayant éteint toute lueur dans les yeux de notre directeur.
(le vert a toujours été ma couleur préférée)
(désormais, il y a des jours où je la hais)
Tasha. Je t’aurais offert ma main, si tu n’avais pris celle que Maiko te tendait.
Maintenant, j’ai peur de tes choix et de tes actes. Mais plus encore des souvenirs que tu m’apportes.
Je veux croire, pourtant, que je peux affronter la situation.
La place est libre ? Je désigne le fauteuil, d’un ton hésitant.
Je vais cesser de fuir.