Il n'y eut là aucun raté dans ses battements de cœur. Ils furent neutres et ordonnés, comme l'est toujours ce rythme cardiaque. Pas une étincelle de trop, pas une seule en plus de celles qui existaient déjà, qui s'éclairaient par-ci par-là. C'était juste un doux baiser amical. De ceux que l'on fait pour se sentir bien. Par bonheur. Par bonheur, oui; d'aller bien.

Les lèvres quittent les autres, le sourire revient. De ces yeux d'abord ancrées dans cette beauté, il observe désormais le sol. Ces mains qui jusqu'à maintenant étaient accrochées, se retrouvent détachées. Le voilà qu'il se penche.

« Ah, le voilà. »

Comme si de rien n'était, voici le masque qui réapparaît. Il le repose sur son visage, retrouvant ainsi ses charmantes habitudes qui ne déboussolent plus personne.

Il le rejoint à même le sol, sans aucun mot au sujet de ce qui vient de se passer. Il n'y lit là aucune importance, juste des faits arrivés. Alors, lorsqu'Hajime lui pose cette question logique, il répond d'une façon banale et usuelle pour lui.

« Bien sûr ! Comment ne pas aller mieux alors qu'on s'organise une soirée pyjama dans la clairière la plus fantastique de l'univers. »

Et il se marre, ricane et résonne contre le bois. Petit patin à la destinée onirique, bien décidé à œuvrer pour le bonheur. A vouloir y parvenir, les épaules s'alourdissent. Si lourdes qu'elles en pâtissent. Mais ce soir, il fût aider, et il pense qu'il ne le remerciera jamais assez. Alors, il lui demande, s'interroge et s'enquiert.

« Et toi, super star ? »

Il fait un dab magique en prononçant ces mots, comme s'il s'agissait d'un quelconque signe au Quidditch, mais bien sûr que non.

Le petit rire qui échappe des lèvres d'Hajime rassure le plus vieux qui a ce sentiment de mission accomplie. Il arrive encore à faire rire et cela le rend heureux. Le jour où il n'y parviendra plus, il connaîtra un sentiment d'échec et de solitude que nul ne peut prédire, de part sa date et son ampleur. C'est pour cela que cette soirée ne se déroule pas si mal, car malgré quelques larmes, symbole d'une crise existentielle, il parvient encore à rester lui-même, ce bon vieux Aritsune qui fait rire tout le monde avec ses gestes étranges et ses paroles parfois ... ailleurs.

« Tu sais c'est quoi mon rêve ? C'est que toi et Kogo vous jouiez ensemble dans la même équipe plus tard. Comme ça, mon cœur ne sera pas tiraillé en deux ... et vu que je passerais ma vie à voyager avec elle pour rouler dans les champs, je te ferais à chaque match. C'est un avenir de génie, n'est-ce pas ? »

Et il sourit encore, car cette idée de futur serait un doux rêve s'il ne parvient pas à devenir professeur de divination. Il n'a pas grands avenirs, ni de fortes ambitions, alors voyager avec cette amie qui lui est si chère et en profiter pour revoir ce frère de cœur; il dit oui. Actuellement, il sait que les deux sont dans des équipes adverses, mais il ne peut pas s'empêcher d'espérer qu'un jour ils joueront ensemble, afin de ne pas décevoir l'un en étant heureux pour l'autre.

Il est heureux, candide enfant du bonheur. Si le temps adouci les peines, Hajime les efface. Il est bon de savoir que l'on peut compter sur l'amitié. De tendre sourires se cachent derrière le bois, mais se lisent dans les yeux.

« Tu es beaucoup trop gentil, Haji. »

Il rit légèrement, toujours dans l'herbe. Il pourrait rester des heures ainsi ici, cela ne le dérangerait pas. Mais ce n'était pas possible. Yue et Sora risquaient de s'inquiéter, ou même de craindre une nouvelle soirée pyjamas forcée. Pourtant, il n'avait pas envie de partir.

« Et si on dormait à la belle étoile ce soir ? »

Demande innocente d'une envie soudaine.

Il sait. Oui, Aritsune sait parfaitement qu'Hajime a raison, car même le plus vieux sait qu'il a lui-même tort. Pourtant, il frôlait le doux rêve de pouvoir rester dans cette agréable bulle de confort.

Certes, Sora et Yue allaient s'inquiéter, mais il y avait aussi la possibilité qu'ils apprécient le calme de la chambre; car qui dit absence d'Aritsune dans la chambre dit aussi que les lits ne sont pas monopolisés par cette même personne.

Non, en fait non. Car qui rêverait d'avoir une chambre si Aritsune n'y est pas ? Ce sont des choses qui vont ensemble, surtout pour cette collocation. De même, Aritsune refuserait une chambre sans ses trois compères dedans. Alors, pourquoi dormir dehors, puisqu'il n'y aurait qu'une seule personne à la belle étoile et non trois ? Il devait se résigner à rentrer.

C'est seulement car Hajime avait parlé de température que le plus vieux se rend compte qu'en effet, il fait froid. Que ses doigts deviennent un peu bleu et que l'herbe devient humide. Les uniformes seront bientôt verts à ce stade; il n'avait qu'à se frotter un peu le dos tel un ours à un arbre et hop le tour serait jouer. Non, il n'allait pas le faire pour autant.

Il préfère se lever, résigné, lâchant un faible soupire.

« T'as gagné, super star, rentrons dans la chambre. Direction : ton lit ! »

Il rit de nouveau, car il s'agit là de sa ponctuation à lui, son rire.