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le dimanche matin appartient aux célibataires | ft. natsuo
Takeo Shikibu
le dimanche matin appartient aux célibataires | ft. natsuo XlARcpL
Citation : The easiest enemy. Can only deal 1 damage.
Age : 29 ans. 16/04/1968.
Rang : -
Seimei
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Takeo Shikibu
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Takeo Shikibu
En y repensant, Takeo n’était pas quelqu’un de très nostalgique. Ses souvenirs les plus émotionnels concernaient son dernier choix de dessert, ses préoccupations sentimentales, pour l’heure, tenaient au profond mécontentement qu’il éprouvait quant à l’insolence de son hibou.

Il faut dire que ces derniers temps, son animal de compagnie faisaient tout pour mériter l'irrespect. Entre un tapage nocturne à la frontière de l'illégalité et son écœurante façon de manger, Takeo avait menacé, plus d'une fois, d'envoyer Granbec à la volière, voire pire - de lui acheter de la nourriture équilibrée. Même cette mesure d'urgence, d'une rare cruauté, ne semblait pas efficace face à l'indomptable témérité de cet incorrigible casse-couilles. Ses nuits devenaient infernales : avec un tel bordel en provenant de sa cage, le hibou avait toutes les armes en main pour détruire l'ambiance déjà peu romantique des soirs où Takeo ramenait de la compagnie à la maison.

Ambiancé de cris de hiboux, tout baiser devenait moins attrayant.

D'autant, force était d'avouer qu'il avait perdu la main (pas littéralement ; sans quoi, il n'aurait jamais pu compenser ses enchaînements d'échecs) et que la recherche du véritable amour avec un grand Q se montrait exagérément périlleuse. Un instant durant, une pensée terrible lui vint - la possibilité que quelques femmes de ce monde aurait miraculeusement gagné assez d'amour propre pour résister à ses pitoyables avances, mais cela semblait surréaliste. C'était pensé sans arrogance particulière, comme s'il était impensable que le problème vienne de lui. Pire que ça, d'ailleurs - le problème était littéralement lui. Ce n'est pas que Takeo était inapte aux relations, mais la seule chose à laquelle il savait être fidèle, c'étaient ses propres bêtises.

Ainsi, lorsqu'il se réveilla un énième dimanche matin en constatant que son coussin était la seule chose sur son lit à même d'être embrassée, il réalisa toute la cruauté d'une vie d'enseignant. Pas de week-end, pas de vie sociale et en prime à ces déprimantes conclusions, son œil s'attarda sur le paquet de copies qui recouvraient son bureau. Cours à préparer. Examens à préparer. Avec l'imminence des problèmes futurs, il prit la décision la plus mature qui s'imposait : procrastiner. Il arracha un bout d'une feuille au hasard, y griffonna quelques mots et l'enchanta pour qu'elle trouve le chemin de sa destination.

viens manger avec moi ça fait longtemps
tu paies (s'il te plait)
je t'offrirai des fleurs
rdv au jardin, on va les chercher
à de suite lol
-takeo

Enfin, il avait beau regretter aussitôt cette initiative fatiguante, ça ne pouvait pas être pire que l'idée d'une matinée en la seule présence de son volatile. Il ne fallut à Takeo qu'une demi-heure pour s'habiller, une autre, pour la terrible décision entre des chaussettes grises ou noires et enfin, lorsqu'il eut couvert son corps de lâche de quelques couches de vêtements hasardeuses, il sortit. Par un temps qui dépassait miraculeusement la vingtaine de degrés, il s'était contenté d'un t-shirt I LOVE LED ZEPPELIN plutôt réussi, dont l'unique défaut était de ne pouvoir transcrire la totale indifférence de Takeo pour ce groupe de musique.

Avec sa boucle d'oreille, le désordre ambulant de ses cheveux et son pantalon ébène, il ressemblait presque à un moldu. Le professeur avait calé sa baguette dans sa poche et sortit jusqu'aux jardins japonais où, sifflotant un air du tube du moment, J'alohomora mon cœur pour toi, il songea à Granbec qu'il avait oublié de nourrir en sortant. Le piaf attendrait. Natsuo, quant à lui, devait déjà l'attendre. Enfin, son estomac se refusait à prétendre à la même patience.
Natsuo Maeda
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Age : 30 ans (22/01)
Amaterasu
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Natsuo Maeda
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Natsuo Maeda
LE DIMANCHE MATIN APPARTIENT AUX CELIBATAIRES
En l’espace de quelques jours, Natsuo avait eu à loisir de découvrir que le plus difficile, à Mahoutokoro, n’était pas de s’adapter à la nouvelle ambiance pesante – ça, il surfait par-dessus, indifférent aux regards méfiants et à l’anxiété généralisée – ni aux nouvelles mesures (bien faibles, à son humble avis). Une attaque de yokai, dès le premier week-end – les festivals n’étaient pas aussi drôle, à son époque – alors même que les aurors avaient été renvoyé de l’école une semaine auparavant, suite à la promesse de Kurosawa que rien de plus n’arriverait aux élèves. L’infirmier goûtait à la plaisanterie, alors qu’il venait seulement de prendre son poste.

Alors non, pour lui, toute la difficulté se trouvait dans l’idée de devoir s’adapter à un rythme de travail : se lever à des heures fixes (soit, tôt), manger à des heures imposées (et pas forcément celles auxquelles il le souhaite) et respecter les horaires imposés à l’infirmerie.

Malgré un rythme de vie devenu plus sain depuis qu’il avait repris ses études – mais surtout, depuis que ses rares proches l’y avaient contraint – l’adulte n’avait pas de mal à retrouver ses mauvaises habitudes : dormir des matinées entières, à défaut de le faire la nuit ; négliger son estomac, ne lui octroyant des repas que lorsque la faim se faisait réellement pressante – et toujours à des heures aléatoires – et faire fi de ses obligations, repoussant les échéances.
Il savait que ce travail serait un bon moyen de tester sa volonté et s’il ne s’attendait pas à y trouver autant de difficulté, il en tirait la satisfaction d’apprécier, justement, le défi.

Bien que le dimanche soit supposé être une de ses seules journées libres, une difficulté supplémentaire pointait le bout de son nez, sous la forme d’un origami venu se déposer sur son visage – jusque-là endormi. Dérangé dans son sommeil, le brun accorde au message suffisamment d’attention pour en assimiler le contenu : Takeo (pas de réelle surprise, si ce n’est le hasard de l’avoir retrouvé ici), manger (ah, quelle heure est-il ?) et des fleurs (vraiment).

Constatant qu’il était bien trop tôt pour qu’il puisse trouver cette heure décente, il soupira ; se leva, néanmoins. Ce n’est pas tant qu’il tenait à en faire l’effort pour lui, mais il le jugeait capable de venir le sortir lui-même du lit s’il ne se rendait pas au point de rendez-vous – et bien que l’idée puisse être amusante, il aimait autant éviter. Il ne lui fallu que quelques minutes pour être habillé, préparé et se rendre aux cuisines pour quémander un panier de victuaille. Il prit même le temps de se rendre jusqu’à la bibliothèque pour y dénicher un livre suffisamment intéressant pour l’occuper durant l’attente – Natsuo ne se fait aucune illusion, quant à sa ponctualité.

De retour au jardin de la résidence dans la belle performance d’une petite demi-heure écoulée, il patienta la seconde, au profit d’un banc sur lequel il s’installa négligemment. Heureusement, la lecture s’avéra suffisamment prenante pour que l’arrivée fredonnant ne lui parut pas trop tarder.

« Tout ce temps pour te préparer, Takeo ? »

Certainement pas pour se préoccuper de ses cheveux, en tout cas.
Natsuo désigne le sac où se retrouve le repas, le regard blasé.

« Sers-toi. »

S’il était en mesure de comprendre – ou de vouloir comprendre – , il s’interrogerait sur leur présence ici, à tous les deux, mais l’infirmier considère qu’il existe des questions qui n’ont pas d’intérêt à exister.
Et Takeo, comme lui, a des caprices qui ne s’expliquent pas.
Takeo Shikibu
le dimanche matin appartient aux célibataires | ft. natsuo XlARcpL
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Takeo Shikibu
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Takeo Shikibu
Takeo n'était pas juste en retard à cause de son irrécupérable manie de perdre son temps. Il avait, au-delà de ses décisions vestimentaires aussi inutiles qu'interminables, pris la décision d'envoyer d'autres origamis. C'était sans rapport avec son travail, puisqu'il avait repris contact avec ce qui se rapprochait le plus de la définition d'ex. Au pluriel. Ces personnes, en écrasante majorité féminine, n'avaient partagé qu'une chose en commun avec lui : son lit. Cela, du moins, en plus de partager l'opinion selon lequel il serait un véritable con.

Pour elles, ses plantes constituaient une préoccupation supérieure à celle d'une éventuelle conjointe, ce qu'il ne comprenait pas. Takeo vivait depuis plus de 5 ans avec Yvette, et elle était la seule à l'accueillir tous les soirs. Elle manquait peut-être de conversation, mais elle n'avait jamais commis l'irréparable : prendre toute la couverture pendant la nuit. Ces irréparables péchés n'empêchait pas le professeur de reprendre contact avec ces échecs de conquête : l'humain avait bien une qualité, c'était de pouvoir s'améliorer.

D'un autre côté, la pensée d'avoir lui-même mis fin à ces relations lui semblait beaucoup moins déprimante. Il se sentait plus en contrôle, espérant tomber, l'un de ces jours, sur quelqu'un capable de supporter ses écarts floraux. Celui qui ne se plaignait pas de lui, du moins rarement, c'était Natsuo. Son manque d'émotivité avait ces avantages : il aurait pu lui glisser un coussin péteur sous le cul que son collègue ne l'aurait pas jugé.

Il voyait sa réaction d'ici : un visage impassible et interloqué, comme si le côté humoristique d'un gaz anal lui échappait. La blague avait beau se périmer au-delà des cinq ans d'âge mental, rien n'était plus hilarant que les questionnements intérieurs de ce qui se rapprochait dangereusement d'un ami.

Aussi, lorsqu'il déplora l'absence de son gadget humoristique dernier cri, son regard s'attarda -longuement- sur le panier de fruits. Sans se faire prier, il saisit une pomme dans laquelle il croqua généreusement : comment Natsuo pouvait-il mentionner cette nourriture des dieux avec un tel visage ?

Ah, quelle bonne idée.

Il engloutit le fruit en quelques bouchées, se léchant les doigts et fit de nouveau face à Natsuo. Plutôt que de s'asseoir à ses côtés, il se plaça devant lui et s'accroupit, les mains jointes dans une position aussi singulière que ridicule. Pour un peu, il se roulait dans l'herbe - mais Takeo manquait d'énergie.

Enfin, je trouve que tu abuses. Tu me connais assez pour t'habituer aux retards, mais tu as le culot d'arriver à l'heure. Je prends la bouffe comme une rédemption de ta part.

Ses iris verts restaient plantés dans ceux de l'infirmier à qui, assurément, l'astuce échappait. Takeo avait l'habitude. S'il se montrait aussi désespérément ironique, c'était pour l'habituer à de tels propos. Natsuo était impassible. Fermé, mystérieux et cassant : l'humour était une notion assez abstraite pour que le botaniste n'éprouvait pas même de nécessité à s'en encombrer - mais rien n'y faisait.

L'humour n'était pas qu'une passion ou un bouclier ; c'était devenu une habitude un peu trop enivrante, sans laquelle il se sentait délaissé de ses propres traits de personnalité. Déplumé. Ses mots glissaient dans un vide sans fin. Désorienté. Le monde perdait tout intérêt pour lui, et ne restait que le triste regard d'un garçon solitaire. Et ça, ce jugement, cette pitié enfouie, il ne s'en laisserait jamais toucher. Il resterait fort, imperméable, mystérieux.

Enfin... ça fait longtemps. Hé, je me demandais. Tu as trouvé quelqu'un ? J'y ai pensé tu vois, et je me dis que c'est peut-être ce qu'il te faut. Tu sais, pour... enfin, tu m'as compris.
Natsuo Maeda
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Natsuo Maeda
LE DIMANCHE MATIN APPARTIENT AUX CELIBATAIRES
A son regard, Natsuo devine facilement que son comparse doit réfléchir à sa prochaine bêtise – ou à celle qu’il souhaiterait faire, en ce moment même. L’idée d’être le dindon potentiel de la farce ne l’enchante pas des masses, ainsi il se satisfait de le voir reporter rapidement son attention sur le panier de fruits gracieusement apporté. Heureusement que Takeo se laisse facilement amadouer par la nourriture – c’est le genre d’information qu’il aime garder ; elles peuvent toujours s’avérer utiles.

Habitué à ses frasques – et indifférent à ses dernières, en règle générale – l’infirmier ne relève pas la position, certainement inconfortable, dans laquelle lui décide de s’installer. En l’occurrence, c’est son regard qu’il abaisse pour contempler celui qui peut supposément occuper le poste d’ami – si tant est qu’il(s) en ai(en)t cure. Ainsi accroupi, l’aîné songe qu’il lui suffirait de le pousser légèrement du pied pour le faire rouler en arrière. Seulement, il n’en a ni l’envie, ni l’intérêt – déjà, il lui faudrait mettre en péril la position confortable qu’il avait fini par trouver, au gré de quelques changements stratégiques.

« Et pourtant, j’ai pris mon temps. J’ai même été prévoyant. »

Il désigne le livre, toujours entre ses mains, puis le dépose finalement à ses côtés.

Quelques années plus tôt, certainement, il se serait laissé avoir : se serait rendu au point de rendez-vous aussitôt qu’il était prêt et aurait patienté ; mais se serait tout aussi vite impatienté. Il se serait surement énervé, au bout de quelques minutes et n’en aurait même pas attendu une dizaine pour repartir.
On pouvait au moins lui reconnaître de progresser.

L’amusement lui échappe, mais c’est avec une certaine conscience de l’humour de Takeo qu’il en décerne l’ironie. Ses expressions, bien qu’imitant parfaitement l’exaspération, paraissent plus légères lorsqu’il ne fait pas preuve de sérieux – et si Natsuo est capable de les discerner, c’est uniquement parce qu’il s’y est habitué.
Les inconnus lui sont bien plus difficiles à cerner ; les expressions les plus franches sont les plus simples à reconnaître, mais d’autres sont si subtiles qu’elles lui échappent.

Bien loin de comprendre les démons intérieurs de son collègue, néanmoins, l’infirmier tente déjà la question qui lui est posé – Takeo va vite en besogne en affirmant "tu m’as compris".

« Pour, quoi ? Termine donc ta pensée. »

Ce qui lui faudrait, actuellement, c’est probablement un peu d’action, de l’ecstasy ou ne serait-ce qu’une cigarette – Kuro ne cesse de lui en donner envie. Il ne voit certainement pas pourquoi il lui faudrait trouver quelqu’un – il y a beaucoup de sens au verbe trouver, par ailleurs.

« Ça n’a pas tellement l’air de te réussir, à toi, de trouver quelqu’un. »

Avec l’honneur d’un sourcil haussé, Natsuo fini par se détourner – autant que son attention – pour s’emparer d’un nashi.
Takeo Shikibu
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Takeo Shikibu
Takeo avait rarement eu aussi mal, depuis la fois où il avait tenté de battre le record du monde au chubby bunny challenge. Ses points faibles, peu les connaissaient : il n’appréciait pas particulièrement les reptiles et évitait la compagnie des dragons. D’autre part, il détestait la magie noire et les cafés froids avaient tendance à le dégoûter profondément.

De tout cela, pourtant, nul n’osait bafouer les nobles aspirations du Don Juan qu’il était, au point de remettre en question ses pratiques romantiques. Jeune homme dans la fleur de l’âge, il n’aspirait modestement qu’à profiter d’une solide vie de couple afin de se laisser aller à la quiétude de quelques jours heureux.

Et en un instant, Natsuo avait balayé cet espoir.
Les mots furent durs. Impitoyables, même.

Tout d’un coup, il se sentait comme un hooligan qui voyait son équipe de Quidditch préférée se prendre la raclée de sa vie. Tout à coup, un rageux insultait le bias de son groupe de k-pop préféré. Pire encore : tout à coup, sous ses innocents yeux de fan hardcore de Jojo’s, une bien ignorante entité se prêtait à la diffamation eut égard de la qualité indiscutable de ce manga.

Il y avait tant de comparaisons, dont aucun n’était à la hauteur du ressenti actuel qui troublait ainsi son cœur, non, toute son âme : un seul mot semblait à même de pouvoir définir l’acte méprisable de celui qu’il avait depuis toujours traité comme un ami.

Trahison.

Malgré sa si légitime envie de commettre un meurtre, c’est à l’aide de son sang-froid que Takeo parvint à maintenir son silence. Sa langue resta liée, autant par la surprise que d’amusement d’ailleurs : un maigre sourire lui flottait sur les lèvres, et il appréciait la franchise explosive du sociopathe qui lui servait de compagnie. Simple connaissance ? Ami ? Meilleur ami ? Ou, sous quelques verres d’alcool, peut-être davantage ?

Leur lien était si spécial que sa définition en était amorphe ; et qu’importe à quel point il essayait de le détester, il lui semblait décemment impossible d’éprouver un sentiment sincèrement négatif à l’encontre de quelqu’un qui le nourrissait.

T’es horrible, dit-il cependant. Il se redressa, attrapa un nouveau fruit dans lequel il croqua sans retenue. Il fit passer l’aliment dans son autre main, essuya la première sur l’épaule de son bien tolérant camarade - même si, à son sens, un tel traitement lui semblait amplement méritée. Il n’avait pas juste insulté un homme, ici : il avait insulté tout l’espoir qu’il nourrissait en son caleçon depuis des années. Mon lit a connu plus de biodiversité que la forêt amazonienne, ok ? Et c’est exclusivement des femmes.

Il lâcha l’information avec le toupet du goujat qu’il était, après tout, y avait-il une quelconque fierté à utiliser son organe génital avec la cadence d’une mitraillette militaire ? D’ailleurs, bien souvent, ça n’allait pas si loin que ça : un peu de temps ensemble autour d’un verre suffisait à faire comprendre aux femmes quel genre d’imbécile Takeo pouvait bien être. Lui-même se demandait ce qu’une charmante demoiselle pouvait bien attendre d’un jardinier bénévole dont le métier était d’apprendre à des enfants à compter les poils d’une mandragore, mais en dépit de son pitoyable estime de lui-même, Takeo ne perdait pas espoir.

Pour être moins coincé, je veux dire.

Il répondit à la question avec la même franchis dont Natsuo avait fait preuve à son égard. S’il voulait lui casser les rotules avec une telle cruauté, qu’il fasse donc. Mais Takeo ne se laisserait pas faire sans emporter son ami dans la tombe - c’était là que se trouvait la vraie bromance.

Tu tombes pas amoureux, je me doute. Mais y’a des gens qui t’attirent ?
Natsuo Maeda
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LE DIMANCHE MATIN APPARTIENT AUX CELIBATAIRES
Horrible. Ce n’est certainement pas la première fois que le terme lui est adressé, avec néanmoins l’originalité d’être prononcé sur le ton d’un reproche – par le passé, les autres l’avaient tous exprimés comme une constatation effroyable ; comme s’ils découvraient la nature monstrueuse de l’homme se tenant face à eux. Malgré l’intonation destinée à le faire culpabiliser, Natsuo n’en éprouvait que cette vague indifférence à laquelle il était habitué. La seule chose qu’il parvenait à regretter, dans sa vie, était d’avoir renoncé à son passif de toxicomane. Cette époque lui semblait bénie, malgré les descentes souvent difficiles (désastreuses) et les bad trip qui avaient manqué de l’emporter plus d’une fois.

Avec, comme terrible châtiment, celui d’essuyer sa main pleine de jus d’un fruit bien mûr sur son épaule – l’infirmier lui concéda un regard blasé dans lequel transparaissait toute la maturité qu’il trouvait à son compagnon – Takeo repris bien vite son assurance, tentant de lui prouver ses torts.
C’est dans un soupire, qu’il répond :

« Si tu le dis. »

Natsuo ne doutait pas que nombre de femme naïve – ou souhaitant seulement profiter d’un moment libre – ont dû s’aventurer dans son lit ; par ailleurs, il ne savait pas où en est la biodiversité de la forêt amazonienne, mais s’il ne le contredisait pas, c’était uniquement pour ne pas subir les arguments qu’il lui soutiendrait pour gagner le débat.

Pour être moins coincé, je veux dire. La précision ne l’étonne guère, pour ne pas dire qu’il s’y attendait ; mine de rien, il finissait par cerner Takeo – même s’il n’avait aucun mérite à saisir qu’il s’agissait là de son sujet favori. Lui n’y trouvait pas grand intérêt ; pourtant, il ne se considérait pas aussi coincé, comme le disait le professeur – quoi que, selon la définition qu’on y accordait. A comprendre qu’il s’était plus souvent intéressé à l’acte lui-même qu’aux potentiels partenaires.

« Disons que les gens deviennent plus attirants, après quelques verres ou un joint. »

Cette constatation s’était rapidement imposée à lui, après quelques essais. Néanmoins, juger de la réussite de ces expériences s’avéraient assez compliqué lorsqu’il était incapable de se souvenir correctement de la veille. Tout ce qu’il en savait, c’est que, sobre, son corps était plus enclin à trahir son manque de désir.

« Je ne suis pas vierge, si c’est une question que tu te poses. »

Si sa réponse précédente le sous-entendait déjà, Natsuo aime autant être clair – autant s’épargner une question supplémentaire ; la curiosité de Takeo pouvait parfois être sans limite. Alors, une pensée plutôt amusante – à ses yeux – lui traversa l’esprit, le faisant sourire.

« Toi qui es toujours de bon conseil, je me demande bien quelle solution tu pourrais trouver à ça. »

Bien qu’il doute qu’il puisse en exister une, la demande sonne comme un défi.
Takeo Shikibu
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Takeo Shikibu
Sous alcool et joint, avoua-t-il enfin, les gens devenaient quelque chose pour lui.
Takeo savait. Il avait l’œil vif de l’héritier solitaire entouré des vautours avides, de celui qui se trouve au centre des regards après une tragédie. Un danger pour le monde, pour l’intégrité de la magie. Un danger pour les siens, pour cette extrémisme imbécile qui faisait le cœur des regards, ces derniers temps.

Il savait ce qu'était Natsuo, car il voyait les détails - la forme de ses yeux, l'odeur qu'il dégageait. Il savait, et pourtant, il ne jugeait pas. La thérapie de chacun, jugeait-il, était personnelle, et étanche aux jugements. Tout ce que les gens partageaient, c'était une solution unique que personne n'avait été capable de trouver.
Cette a solution, Takeo ne l’avait jamais eu.
Il voguait au jour le jour avec une indifférence hypocrite, persuadé que cette distance le sauvait des démons qui rongeait ses doutes, jusqu’à le pousser au regret. Son humour le sauvait, faute de sincérité - et il abordait le monde avec cette légèreté absurde, qui coupait court à tout questionnement.

Alors en fait, tu—

Un bruissement de papier interrompit son élan, une suite d’événements relativement frustrante, dans la mesure où Takeo se sentait particulièrement inspiré. Il gronda comme un enfant de bas âge, éluda le désir d’éloigner l’origami d’un coup de pied - en grande partie parce qu’il avait plus de chances de se claquer la jambe que de toucher l’objet enchanté.

Résolu, il attrapa le bout de papier entre ses longs doigts et indiqua à Natsuo, d’une main levée, que leur discussion attendrait. Il avait reconnu la forme animale donnée au papier, un soucis du détail dont une seule personne faisait preuve à son égard. La missive était importante : Takeo échangeait depuis un moment avec une demoiselle qu’il avait rencontré sur l’île, et leur relation épistolaire se passait plutôt bien, pour quelqu’un de son (manque d’)envergure intellectuelle.

L’échange avec l’infirmier lui avait fait oublier l’importance de ces messages, d’autant que son dernier incluait de sa part une invitation à dîner ensemble. Sans se souvenir avec précision de sa noble poésie, il avait magistralement ajouté les arguments de son romantisme sans limites et de toute la beauté d’âme dont il était à même de faire part au quotidien. À cela, pensa-t-il en déployant l’origami, ne pouvait suivre qu’une réponse positive :

OK BOOMER

Le son qui aurait suivi aurait fait un parfait doublage pour le rire désespéré de Kira dans la version allemande de Death Note. D’ailleurs, si l’on avait associé son cri au 7ème art, le gain d’un oscar n’aurait pas semblé si loin - au détail près que Takeo n’aurait dû s’en battre les couilles.

Au lieu de cette nouvelle expansion de carrière d’acteur, il préféra se contenter d'un léger soupir et fit une boule avec le papier qu’il jeta dans le panier à fruits. La nouvelle lui avait coupé tout désir de plaisanter, à présent qu’il constatait que sa vie amoureuse était un nouvel échec.

T’as raison, j’suis une merde.

Il s’assit à côté de son ami, mains jointes et tête baissée avec le flow négatif du personnage présent sur un ending d’anime. Le jeu aurait presque semblé crédible si Natsuo n’était pas conscient de l’absurdité d’une telle réaction. Parce qu’ils étaient tous deux si insensibles, l’un de nature, l’autre force d’expérience, ils s’entendaient presque bien. D’un autre point de vue, il aurait plutôt semblé que Takeo s’entendait tout seul : Natsuo, lui, n’avait pas l’air d’y porter quelconque intérêt.

J’ai pas de solution. Ou alors on baise, mais ça me ferait trop bizarre. En plus, je suis pas super fan du rôleplay infirmier, je fais hyper mal le patient malade.

Il soupira, une main sur le front, fatigué de tant se torturer l’esprit. Les relations humaines étaient difficiles - particulièrement les amoureuses. Beau garçon qu’il était, il ne s’attendait pas à tant de problèmes, mais force était d’avouer que ça ne suffisait pas. Prendre les gens pour des idiots n’était, il devait l’admettre, pas la meilleure des solutions.

Si tu avais le choix, tu continuerais de t’en foutre ou tu aimerais être plus… sentimental ? Réponds-moi franchement. Et je parle pas de cul, là.
Natsuo Maeda
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Natsuo Maeda
LE DIMANCHE MATIN APPARTIENT AUX CELIBATAIRES
Alors en fait, tu— es asexuel ? Frigide ?
Il n’avait jamais cherché à définir précisément ; les attirances, autant sexuelles que romantiques, lui paraissaient bien loin de sa portée – les humains sont si compliqués, comment voulaient-ils qu’il parvienne à les comprendre ? Il craignait, plus que tout le reste, que les adolescents de cette école, en plein questionnement sur leur orientation, décident de se référer aux seuls professionnels de la santé à leur portée – en l’occurrence : Kuro ou lui. Il serait bien incapable de leur répondre convenablement – à comprendre : à apporter une réponse, tout court, mais plus encore de manière décente.

S’il pouvait le supposer, Natsuo ne connaitra pas le fond exact de la pensée de son ami ; coupé par la réception d’un origami, Takeo en semblait suffisamment perturbé pour en oublier la fin de sa phrase. D’un geste de main, il lui indique de patienter, ce que l’infirmier s’attelle à faire, sans sourciller – attendre n’était pas son occupation favorite, mais s’il se lassait, il pouvait toujours choisir de s’en aller. Le spectacle que lui offrait le botaniste – un silence long de plusieurs secondes qui en disait plus que n’importe quel cri d’agonie – suffisait néanmoins à garder son attention.

Le papier, jeté dans la corbeille encore pleine de fruit, lui fit étrécir ses pupilles – il ne s’agissait définitivement pas d’un lieu dédié aux déchets – mais Natsuo ne fit pas le moindre commentaire, laissant le professeur s’installer à côté de lui, avec une déclaration aux accents dramatiques. Il se retint de lui demander s’il ne s’en rendait compte que maintenant ; après tout, s’ils s’accordaient si bien, c’était certainement parce qu’ils étaient tout deux des rebuts de cette société.

« Tu t’y fais ressembler, en tout cas, quand tu prends cette posture. »

Comptez sur lui pour vous réconforter.

J’ai pas de solution. Ou alors on baise, mais ça me ferait trop bizarre. Ah, était-ce vraiment une solution – ou un simple fantasme de leurs auteurs respectifs ? L’infirmier laisse pourtant l’idée effleurer son esprit ; dans un quotidien devenu bien ennuyeux, la proposition d’une possible source d’adrénaline devenait plus alléchante – quoi qu’aussi étrange, à son sens.

« Epargne moi le roleplay. Ou reviens avec une véritable blessure, à la limite. »

Toujours affalé sur le banc, il pencha la tête en arrière, les yeux en direction du ciel encore bleuté de septembre. Une blessure, c’était une idée intéressante, tiens.

« J’en sais rien. Je suis pas malheureux – surement parce que je suis bien incapable de le ressentir, de toute façon. Mais les émotions m’ont tout l’air d’être un fardeau. »

Et pourtant, dieu sait qu’il avait cherché à les connaître. A les ressentir, même. La drogue, l’alcool, tout ce qui aurait pu l’amener à la désinhibition et, surtout, à l’intensification de ses supposées émotions. Tout pour ressentir quelque chose. Avec réussite, partielle : l’euphorie, si fictive que lui-même n’y croyait pas réellement. L’anxiété, la colère et la dépression, associées au manque.

« Très égoïstement, j’apprécie autant continuer à m’en foutre. Seulement, il semble que j’ai besoin de m’adapter en société. »

Avec un élan qui se rapprochait surement le plus du sentimental, il songeait aux efforts constants de Fuyuki et de sa mère pour lui faire retrouver un train de vie un peu plus sain.
Takeo Shikibu
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Takeo Shikibu
Leurs points de vue étaient si différents, malgré les indéniables points communs à la base de cette solide amitié. Les insultes décalées, portées par une impassibilité partagée ; l’absence presque totale de sentiments et toute la légèreté de leurs propos portaient à croire en la fébrile image que renvoyait leur amitié.

Ils n’étaient pas aussi sérieux qu’auraient dû l’être deux adultes en pleine discussion matinale, et s’il n’avait pas été poussé par la lourdeur contagieuse de sa compagnie actuelle, Natsuo serait sans doute resté au lit. Il portait l’avantage, contrairement au maître des plantes, de ne pas éprouver la moindre nostalgie à l’énonciation des sentiments - il y avait toujours été imperméable. Son âme restait noire, vierge d’émotions, porté par le courant unique d’une humeur presque maussade.

C’est du moins ce qu’à force de fréquentations, Takeo avait fini par comprendre. Lui-même, autant marginalisé par son teint que l’extrémisme détesté des idées de sa famille, peinait à appréhender les sentiments avec sérieux : toute la beauté de l’humanité et le gigantesque rideau d’affection qui s’en découlait, il n’en percevait que les défauts.

Son coeur déjà blessé, lourd de rancoeur, formait l’image hideuse d’une hypocrisie permanente et en cela, la franchise parfois cassante de Natsuo le confortait dans l’idée de la toute sincérité de leur amitié.

T’as pas besoin de t’adapter. T’es plutôt bien foutu et intelligent, t’as pas besoin d’être un cool guy. J’ai plus l’impression que ça t'attire.

Pour une fois, il avait laissé tomber les blagues. Takeo abordait le sujet avec un peu plus de recul et de maturité, non sans glisser ces vagues d’un amusement inlassable. Si la majorité des gens le crispent d’un ennui auquel la rébellion d’un esprit maléfique millénaire ne suffit qu’à partiellement combler la présence, Natsuo est bien différent.

Bien qu’impassible au premier regard, tout son être se ficelait d’une complexité et d’une profondeur unique en son genre. Sociopathe, il le savait, mais cet état de fait ne l’empêchait pas de chercher la moindre brèche dans les convictions naturelles sur lesquels son esprit se dressait.

Tu changes, et je ne dis pas ça pour t’emmerder.

Il croque dans une nouvelle pomme, et devant l’appétit matinal, le fruit ne tient que quelques instants dans ses mains. Un toussotement né de la précipitation, il lui faut une seconde pour reprendre son souffle - et il jette un regard en biais à son camarade que la situation n’a pas alarmé.
Et s’il était mort étouffé ? Tu parles d’un infirmier. Mais faute d’être véritable en colère, son visage se fend de ce sourire qui lui réussit si bien.

Tu montres de l’intérêt. Inconscient, peut-être, mais il y a un millier de solutions pour lesquelles tu n’aurais pas besoin de faire ce que tu fais. Pourquoi as-tu choisi cette manière de faire, instinctivement ? ...Tu n’es pas curieux de savoir ce qui te pousse autant vers l’humanité ?
Natsuo Maeda
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LE DIMANCHE MATIN APPARTIENT AUX CELIBATAIRES
La conversation avait soudainement pris des allures plus sérieuses qui ne ressemblaient pas tant aux habitudes de Takeo. Avec le temps, Natsuo avait fini par d’apercevoir qu’il était une de ces rares personnes (l’unique peut-être) avec lesquelles il agissait ainsi. Il ne savait juste pas s’il devait y voir une preuve de la considération du botanique envers lui – suffisante pour qu’il lui épargne cet humour avec lequel il échappait à la curiosité invasive de la société – ou si son propre comportement ne laissait pas suffisamment place aux plaisanteries dont il pouvait user.
Au vu des blagues auxquelles il avait eu droit précédemment, il penchait davantage pour la première réponse.

Toute sa vie, on avait exigé qu’il multiplie les efforts, qu’ils soient justifiés ou non. On lui avait interdit d’exprimer sa colère par la violence, lui avait demandé de se sociabiliser – quelle bonne plaisanterie – et reproché ses écarts. Rares étaient ceux qui comprenaient qu’il ne s’agisse pas juste d’une question de volonté ; plus rares encore ceux qui l’acceptaient.
Au détour de quelques recherches, il avait appris que nombre des personnalités anti-social savaient parfaitement s’adapter, mais lui ne l’avait que rarement désiré.

Il doutait néanmoins désirer n’être jugé, entre autres, que pour son apparence physique, bien qu’il connaissance (en théorie) l’importance que les êtres humains y accordaient. Cela lui rappelait le jour où sa mère s’était fait la réflexion qu’il devait ressembler bien davantage à son père (inconnu) qu’à elle-même et avait éprouvé le regret de ne même plus être capable de se souvenir de son visage – il devait être beau, lui avait-elle dit. Mais Natsuo, comme à son habitude, était resté imperméable – le sujet ne l’intéressait pas.

« Peut-être. »

Croquant un grain de raisin, il effleurait la probabilité d’avoir changé. Dans les faits, il ne pouvait nier : passer d’un adolescent succombant aux substances toxiques pour peu qu’elles puissent faire naître des sensations, à un adulte sevré de ces substances autant que résigner à son absence d’émotivité. Son choix de carrière, en l’occurrence, en disant tout aussi long.

Impassible, son regard se pose d’ailleurs sur son collègue qui manque de s’étouffer, d’une bouchée trop précipitée – tant qu’il tousse, c’est qu’il peut respirer ; lui se contente de terminer sa grappe de raisin.

« J’imagine que c’est avant tout pour faire plaisir aux autres. Et pour me trouver une raison de vivre qui ne soit pas trop extrême. »

Il s’agissait de l’étape la plus difficile : trouver une activité qui le poussait à entretenir un train de vie un tant soit peu correct, en plus d’une raison de se lever le matin. Sans ça, la vie était d’un ennui.

« Les soins m’intéressent bien plus que l’aspect social du métier d’infirmier. Mais c’est une bonne façon de concilier les deux. Si je coupe tout lien social maintenant, je crains de ne plus jamais m’y intéresser. »
Takeo Shikibu
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Takeo Shikibu
En un sens, il comprenait ; cette fragilité humaine, la porte de l’insensibilité entrouverte comme la peur absurde de ne plus jamais en revenir. En un sens, tout lui semblait logique : que son regard se détourne des sourires, des yeux sincères pour se délecter de l’infecte vue des formes, comme si les efforts ne valaient jamais les brutes désirs masculins qui l’enchaînaient à ses débauches nocturnes.

En un sens, il le méritait, lui aussi, parce que Natsuo n’avait rien demandé - et ce manque pesait dans sa vie, déformant son naturel vers la recherche instinctive de ce qu’il ne comprendrait jamais vraiment. Takeo soupira, à cette simple idée : lui, sans plus de regrets, avait rejeté cette sentimentalité.

Le bout de ses doigts caressa l’anneau métallique qui transperçait son lobe, un léger clinquement pour mener le rythme de maigres gestes. Alors qu’il se terrait dans le respectueux silence précédant ses réflexions, il prit conscience, un peu brutalement sans doute, à quel point Natsuo avait changé. Des maigres souvenirs qu’il entretenait de leurs années scolaires, il ne laissait entrevoir de cette impassibilité caractérielle qu’une colère si profonde qu’elle se déversait presque trop naturellement de son être.

Il éruptait sans nul regret, pour finalement, au terme d’années de maturité, trouver sa voie en une fonction altruiste. Il n’y voyait que l’aspect technique certainement, et à force de le fréquenter, Takeo comprenait comme l’ironie était à Natsuo ce que l’intelligence était à lui - c’est-à-dire pas grand chose. Mais en dépit de ça, il avait choisi cette voie.

Sociopathe en équilibre sur le fil d’une humanité qu’il peinait encore à comprendre, le faux pas lui semblait aussi mortel que l’idée d’un soudain abandon. Plus que quiconque, il devait jouer de prudence ; et le botaniste éprouvait assez d’empathie envers son collègue pour ne pas avoir déjà coupé les ponts avec une situation bien trop complexe à son goût.

Je vois, ça doit être dur, concéda-t-il amicalement.

La monotonie de sa voix témoignait de la vacuité de ses ressentis, comme les bruits de mastication, hachant la phrase prononcée, d’un manque effarant de politesse. Il aurait certainement dévoré la moitié du panier avant d’être parvenu à avoir une direction correcte avec Natsuo - il faut dire qu’un sociopathe et un débile profond faisaient rarement bonne alchimie.

Pour autant, si leur imperméabilité sentimentale semblait leur apporter des problèmes, ils avaient tous deux vécu les durs événements de l’école avec un sang froid extraordinaire. Il faut dire que, lorsque les couilles sont suffisament battues, toutes ces petites bagarres dérisoires perdaient leur intérêt. Bien trop préoccupé par la correction de l’infâme devoir des 7ème années dont il ne se rappelait même pas l’allégeance, il avait passé une nuit suffisante horrible pour qu’on ne vienne le déranger avec des informations aussi dérisoires.

Ok. J’ai une idée, dit-il en frappant sa paume du poing.

D’une bouchée, il engloutit le reste de sa pomme et frotta ses mains l’une contre l’autre pour tenter d’en extirper l’humidité. Une bien piètre manoeuvre qui ne servit qu’à étaler le jus des fruits qu’il avait enchaîné.

Je propose de nous en battre encore plus les couilles. Le premier qui manque à cette règle achètera un UNO et on sera condamnés à jouer ensemble. C’est de la solidarité amicale, tu comprends ?

Sans doute n'était-ce qu'une excuse pour jouer ensemble.
La bêtise valait toujours mieux que la sincérité, entre ces deux-là.
Natsuo Maeda
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Natsuo Maeda
LE DIMANCHE MATIN APPARTIENT AUX CELIBATAIRES
Si le temps, défilant, ne laisse pas l’occasion de s’en apercevoir, progressant au rythme des minutes constituant votre vie ; les souvenirs, eux, permettaient de découvrir combien vous aviez changé. Pour deux personnes s’étant côtoyé il y a si longtemps et à peine retrouvé, à présent ; leur relation n’en semblait pas affectée, comme si les années ne pouvaient la marquer. Cependant, dans l’individualité, l’âge adulte les avait fait évoluer – sans pour autant faire gagner Takeo en maturité.

Je vois, ça doit être dur. A défaut de partager l’humour grivoise (et immature) de son auteur, dont la réponse à cette remarque lui semblait évidente ; l’infirmier se contenta d’un haussement d’épaule.

Ce que Natsuo appréciait chez lui – appréciait, à sa propre échelle sentimental – était entre autres cette absence d’affect lorsqu’il exprimait des phrases que d’autres auraient rendu trop émotives. Sans savoir réellement ce dont il s’agit – en théorie, seulement – il parvenait à reconnaitre ce qui s’apparentait à de la pitié dans les mots des plus empathiques. Takeo en était dépourvu, ce qui ne le rendait que plus accessible.

« C’est me convaincre de faire des efforts, qui est difficile. Si je m’écoutais, je reprendrais l’ecstasy et l’alcool à la première occasion. »

Et c’est pourtant sa propre voix intérieure qui lui rappelle, lorsque ces pensées se font pressantes, que Fuyuki et quelques autres (sa mère, surement) le tueraient, s’il y cédait. Ce n’est d’ailleurs pas tant la menace en elle-même que la perspective de les avoir sur le dos qui l’inquiétait – la mort est bien peu de chose ; en particulier en comparaison de combien ces deux-là pouvaient s’avérer collant.

Natsuo comprenait, en partie (très petite partie), la solidarité amicale – c’était peut-être bien ça qui l’avait poussé à faire des efforts pour (très) les rares personnes l’estimant. En ce qui concernait l’idée du botaniste, il comprenait surtout que ça lui était bien égal et qu’il y trouvait une bonne raison de pouvoir s’amuser, à la clé.
Mais peut-être était-ce médisant de sa part.

Par ailleurs, il entrevoyait déjà des failles à son idée : comment Takeo comptait-il pouvoir juger, et savoir, qu’un des deux manquait à la règle ? A moins de se fier à l’honnêteté de chacun, si tant est qu’il soit fiable. Pourtant, il choisissait de ne rien en dire. A la place, il se contentait d’une logique implacable :

« Tu sais qu’on peut jouer, même sans ça ? Mais j’imagine que ce serait moins amusant. »

Si tout le jeu se trouvait justement dans le fait de mettre l’autre au défi, évidemment, ça perdait de son intérêt.

« J’ai mieux : le perdant devra acheter un UNO et reprendre les faux semblants, pendant la durée décidée par le vainqueur. »

Ce qui ressemblait davantage à un pari, maintenant, ne l’enchantait pas particulièrement – si ce n’est de pouvoir s’en battre généreusement les couilles, comme le dirait son ami – néanmoins, l’idée d’un challenge lui était un peu plus attractive.
Takeo Shikibu
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Takeo Shikibu
Au regard de Takeo, Natsuo était un être cruel. Son manque d’empathie ne jouait pas plus que sa nature de sociopathe, mais ce qui était aberrant, c’était sa façon d’éluder toute la profondeur affective de leur relation. Où était passée leur alchimie ? Où étaient passées ces années à entretenir une amitié puissante qui n’avait d’égale que l’inexistante intelligence de ce botaniste ?

C’est dans cet état d’esprit qu’il était bloqué : entre l’envie de se le faire, depuis vingt minutes qu’il pensait à son propre sous-entendu, et celle de lui mettre son poing dans la gueule. Le plus pertinent, dans l’histoire, aurait été de déterrer quelques unes de ses herbes médicinales pour lui rappeler les méfaits de sa sombre période - mais il n’était pas aussi cruel. Cette idée d’UNO lui plaisait : en plus de lui permettre une vengeance en bonne et due forme, il allait pouvoir apprendre à le connaitre.

Continuer les faux semblants ? Lui n’avait aucun problème avec le mensonge - il l’entretenait depuis des années déjà. Le mensonge était devenue une part de lui ; un habillage nécessaire et rassurant, comme une seconde nature. Mentir était bien plus facile pour quelqu’un de son genre que pour un sociopathe - et Natsuo, quant à lui, cherchait cette aisance du quotidien.

Dans cette maladresse attachante, cette incompréhension ; dans cette recherche d’un intérêt à peine assumé, comme la recherche de son âme perdue. Il portait en lui la vacuité sincérité de celui qui cherche à comprendre les moindres recoins d’une humanité répugnante - comme s’il y trouverait l’innocence, et non pas l’imperfection crasseuse d’une race pétrie d’arrogance.

Le mensonge est une part de moi, Natsuo. Mais je serai fairplay.

Et alors, ses yeux se mettent à briller. Des émeraudes malicieux, sourire en coin sur ce visage teinté ; il a l’expression vivante de quelqu’un dont le temps, longtemps figé, s’est enfin remis en marche. C’est pour ces instants qu’il apprécie Natsuo ; pour cette tentation à demi-voix qui attire son oreille, cette façon d’allumer en lui la braise d’une compétitivité dont il ne s’est jamais soucié.

Si je perds, au contraire, je laisserai tomber mes faux-semblants.

L’honneur, le désir de l’équité et d’un duel sincère ; il ressentait la seule présence de sentiments respectables, une nouveauté pour une raclure telle que lui.

La prochaine fois qu’on se reverra, Natsuo...

A ces mots, Takeo se retourna d’une façon terriblement dramatique, tournant le dos à son ami. Il commença à s’éloigner et termina sa phrase à mi-voix avant de se rendre compte qu’elle avait dérapé. Arrêt. Raclage de gorge.

... nous serons ennemis.

Et ce n’est qu’ainsi qu’il put s’éloigner avec classe.
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