— MAHOUTOKORO
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Moi qui plisse le poids des courants d'air ❣ Yori
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le poids des courants d'air————
19.04.1997
il y a beaucoup de couleurs dans cette nouvelle école
ça passe du vert au rouge pâle au blanc cassé aux vifs et aux pastels – bien entendu tout chatoie sous ton regard et tu es fascinée
des ombres qui se cachent entre le bleu et le jade
des songes qui s’égarent là – retrouver une terre construite sur des cendres.

tu es là, marie-jeanne, tu es revenue à mahoutokoro même si tu n’étais pas sure qu’un jour l’école sois réouverte ;
remplie de tes rêves, de tes espoirs au léger goût de sel, remplie de constellations toutes entières – depuis que tu as aperçu les falaises de l’île, tu as envie de danser
de valser
tu rêves de ton visage voué à un masque peint, tu rêves de ton corps tendu de tes poignets cassés des articulations disloquées jusqu’à l’extrême (tu veux sentir la sueur sur ton front) dans l’effort de ton souffle court mais karmique
ah tu sais tu sais marie-jeanne elle est étrange ta manière de te perdre en dansant
on dit que l’on danse pour quelque chose, on dit que l’on danse pour une signification pour transmettre un message on dit que l’on danse pour soi ;
et pourtant toi quand tu danses on jurerait (oui on s’en damnerait) que tu valses pour que le monde t’écrase
c’est là la manière dont tu t’exprimes (te libère)
te laisser détruire par le poids
des malheurs

– c’est dans la poussière de toi que tu trouves la force d’être heureuse.
ouvre tes ailes tant que personne ne peut t’en empêcher.




tu étais rentrée hier comme tous les autres
ton cœur pesait lourd lorsque tu avais franchi les portes d’ébène, et plus lourd encore lorsque tu avais déposé tes bagages dans ta nouvelle chambre (comme tous les autres)
la main moite le cœur tremblant complètement liquéfié de ta poitrine jusqu’à tes chevilles et les sentiments qui coulent dans tes veines bouillonnant à t’en faire mal bouillonnant à t’en faire rencontrer le sol dans un instant d’inattention
comme
tous
les
autres

tu n’étais qu’une hirondelle noyée dans la masse, consciente de la simplicité et de la banalité de tes émotions
honteuse de ta propre chance aussi, puisque tu aurais pu mourir (tu aurais pu le voir mourir), et ah les dieux seuls savent à quel point tu avais toujours détesté ta honte.

c’est dans ces circonstances que tu t’étais attelée à ta tache, marie-jeanne ; sans doute pour oublier ta fadeur ou pour te convaincre que, finalement, tout cela n’était pas si grave
tout cela était passé (dépassé)
il ne te fallut que peu d’efforts et quelques minutes pour retrouver ton euphorie cependant ; un origami envoyé – des phrases esquissées, sans hésitation malgré une absence de plus de deux ans
à yori : hey, je sais que ça fait longtemps, mais j’ai retrouvé quelque chose qui t’appartient. j’aimerais te le rendre. je serais dans le hall d’entrée demain après les cours si tu veux me revoir. marie-jeanne

c’est peu dire que tu ne retrouves ta gloire que dans le sourire des autres.
y compris dans celui de yori que tu avais hier une folle envie de voir s’esquisser, au moins pour quelques secondes – ah tu le sais marie-jeanne tu le sais que votre amitié est finie depuis longtemps et tu en as parfois souffert mais tu n’as jamais éprouvé la moindre rancœur, au contraire
tu es reconnaissante des bons souvenirs
(qualité rare de ne se remémorer que le positif avec une tolérance qui frôle l’absolution)
et vos rires et le moment où le masque de solitude de yori tombait et où ton propre masque se fissurait (vous n’en aviez pas besoin)
et cette complicité étrange dans vos différences mais si légère ah comme un instant de songe à chaque fois où tu conservais toute ta liberté.


te voilà donc maintenant (un jour s’est écoulé)
debout dans le grand hall joliment immobile alors que tout se meut et s’écoule autour de toi,
tes cheveux noués en chignon, un grand sourire sur l’ombre de tes lèvres comme une enfant lorsque les fleurs des cerisiers se posent sur tes chevilles
Énora dans tes bras et Neige à tes pieds – le chaton que tu avais offert à Yori pour ses seize ans, que tu avais retrouvé pendant l’incendie et dont tu t’étais occupée pendant ce mois de vacances.
(il était l’heure de lui rendre,
peut-être aurais-tu dû le prévenir avant.)

alors que tu l’attends tu te perds dans tes pensées et tu songes
tu songes à l’amour aux amants passés, tu songes à tes doigts entrelacés sous le soleil et aux sourires des premiers jours
tu songes aux cerisiers qui fleurissent toute l’année et ah
tu te demandes si tes sentiments fleuriront aussi
alors que l’hiver étreint encore ton petit cœur fragile
alors que le souvenir de l’attaque est encore vif sous tes doigts.

certaines lysocris ne germent qu’au printemps.



Yori Hayashi
Moi qui plisse le poids des courants d'air ❣ Yori 190204091233391372
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Yori Hayashi
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Moi qui plisse le poids des courants d'airI was the match and you were the rock
Maybe we started this fire
We sat apart and watched
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(You said) we were born with nothing
And we sure as hell have nothing now
Flames they licked the walls
Tenderly they turned to dust all that I adore
Mahoutokoro. A la fois si fidèle et si différente à ce qu’elle était. Après onze années, je ne sais pas si je saurai m’y habituer – bah, tout mes repères ont volé en éclat, au cours de la dernière année ; je ne suis plus à ça près.

Le nouveau directeur ne me plait pas, ce qui commence déjà mal ; si je peux bien concéder une chose à Hidenori – oh, pas qu’une, en réalité, j’ai eu tant de respect pour ce directeur que la simple pensée de sa traîtrise suffit encore à m’enrager ; ça, il s’est bien foutu de nous (de moi) – c’est qu’il gardait le ministère à distance – on se demande bien pourquoi, à présent. C’est quand je réalise que je n’ai même pas eu l’envie de répondre aux discours aux allures politiques de ce crétin avec ses grands airs, que je me dis que je ne me reconnais plus moi-même.

Je me sens las.
Epuisé.
Blasé.

La blessure de mon abdomen m’élance encore. C’est purement psychologique, je le sais, je dois d’ailleurs remercier notre infirmier pour m’avoir soigné sans poser de question superflue – Kuro m’aurait surement harcelé. Ma jambe aussi me fait souffrir et mon pas s’est fait traînant (boitant), mais j’ai abandonné la béquille qui m’a été proposé – j’ai encore suffisamment de fierté pour choisir de me débrouiller.

Je n’ai besoin d’aucun artifice.
Et je n’ai plus (besoin de) personne.

Jian, Nanami et Hajime sont loin désormais – du moins, ils le sont, tant que la majorité ne me permettra pas de rejoindre Kyoto les week-end.
Kazami et Kiyoshi s’isolent autant que moi.
J’esquive tous les autres (Akina), pour le moment.
Ishan est parti.
Tetsuya ne sera plus jamais là.

La chambre ne m’avait pas manqué et, d’ailleurs, je n’y suis même pas entré. J’ai déposé ma valise sur le lit et j’en suis ressorti tout aussi vite. Les draps lissent de tout froissement m’ont douloureusement rappelé que même Neige ne m’a pas suivi – je ne sais pas où il est, depuis ce trente-et-un janvier.
J’ai passé la nuit dans un coin de la salle commune – je ne dors plus, depuis un mois, dans tous les cas.

Au crépuscule de cette seconde journée, un origami attira mon attention ; autant pour son contenu que son émetteur : Marie-Jeanne. Longtemps est un euphémisme, quand on pense que cela doit faire au moins deux ans que nous ne nous sommes pas parlé – et esquiver les lieux qui n’appartenaient qu’à nous est toujours un véritable défi, dans une école que l’on sillonne à longueur de journée. Je ne sais même pas quel genre d’objet m’appartenant elle a bien pu trouver – surement rien d’important, rien ne me manque (mais depuis quelques temps, plus rien n’a de sens).

Je songe que j’ai jusqu’au lendemain pour y réfléchir mais, finalement, je cède au peu de curiosité (davantage un effort pour me montrer correct) et me rend au point de rendez-vous – lentement ; je déteste marcher si difficilement.

Alors que j’approche, je la vois. Surtout, je le vois. A ses pieds, ce chat au pelage élégamment tâcheté et ses yeux bleus acérés. On croirait un retour dans le passé – tu sais, toi et ce chaton entre tes bras – avec une différence de quelques années (trois, à quelques jours près).

« Neige. »

Je m’accroupis, dans la position la plus confortable possible pour cette jambe qui ne répond plus correctement ; mais bien inutilement : je sais qu’il n’approchera pas, sous prétexte que je l’appelle. Son talent consiste plutôt à m’ignorer.

« Ce chat est un monstre, tu sais. »

Ça pourrait être un reproche, si mon ton ne restait pas aussi modéré – et il pourrait paraître doux, s’il n’était pas aussi neutre (et un peu cassé, surement).

Comme si tout ce que je faisais ou disais, me laissait encore paraître brisé.
Ma voix. Mes os. Mon cœur. Mon esprit.
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le poids des courants d'air————
02.03.1997
une déferlante de soleil qui craquèle ton visage et fissure tes mains
ah voilà cette étrange sensation que tu ressens marie-jeanne qui te prend ton cœur en coton tes jambes en lierre
yeux fermés renversée à écouter l’immensité de vos retrouvailles qui bat là (sous tes doigts)
tu aurais pu avoir l’envie d’être ailleurs, de fuir ces abysses que tu devines dès que tu aperçois sa démarche claudicante, mais l’heure n’est pas à ternir ta mémoire.
(rien n’a changé, mais rien n’est comme avant.)

tu te souviens, ah ! c’est une nuée de sourires enchainés à ses cheveux blancs, des mots sérieux placés entre parenthèses d’une période de ta vie révolue depuis longtemps
(trop volatile, trop nébuleuse maria ; et lui trop préoccupé par tout ce qui fait sa déchéance)
l’école était différente à cette époque et peut-être il y avait-il plus de vivants que de morts et ah, ah ! cela apaise ton cœur d’enfin reconnaître quelqu’un au milieu
de ces fleurs de cerisier
des grandes portes ébènes
je les vois tu sais, ils sont là, les fantômes qui apparaissent au détour d’un souvenir ou dans le creux d’un mot, ils sont sur mes lèvres quand je veux te parler (vous parler) et miura et madame fujiwara ne sont pas tout à fait morts semble-t-il, je les vois
dans vos yeux
ah pardon tu sais je voudrais te le dire – parfois pour moi aussi c’est un peu difficile
et je ne sais pas pourquoi
mes joues
deviennent humides.


alors peut-être que pour toi, cette nouvelle rencontre prendra le chemin d’un acte manqué
mais c’est pourtant de cette déchéance dont tu saisis la main sans hésitation – renouer avec la rupture du passé, rallumer les morts puisque ce sont les vivants qui s’enterrent dans les pierres tombales désormais
(seimei vous avait tous détraqués)

– ah, j’ai eu le temps de remarquer ça, crois-moi. énora ne va jamais autant apprécier la solitude que pendant ces prochains jours. mais bon. tel que je me souviens de toi, tu n’as jamais été le dernier à avoir un faible pour les petits monstres.

un sourire qui orne tes lèvres, faiblement mais sincèrement, alors que tu t’accroupis à ton tour pour déposer ton chat à terre.
tu aurais aimé trouver les mots
pouvoir donner ton cœur mais tes pensées pèsent trop lourd
pouvoir ouvrir les bras mais tes coudes sont figés comme du plâtre (un cercueil de diamant pour enterrer ta bonne conscience)
tu le vois, qu’il souffre.
à chaque seconde. dans ses mots qui hurlent la défaite et ses gestes qui paraissent avoir déjà rendus les armes ;
et te voilà, pour une fois, incapable d’être l’épaule qui soutient les galaxies et la vague qui referme les blessures.

alors, après avoir caressé quelques secondes le poil immaculé d'Enora, tu te relèves.
te complait dans tes banalités qui signifient « viens, prends ma main et allons discuter ailleurs, retournons au début de notre adolescente, retournons quand tout allait encore bien pour moi »
(mais cela, tu ne le diras pas)

– ça fait vraiment longtemps. j’aimerais bien avoir un peu de tes nouvelles si tu as du temps à m’accorder.

tu souris, mais tes lèvres ne sont plus si grandes ah ! à quoi t’attendais-tu marie-jeanne
qu’espérais-tu après mille années et mille tragédies,
qu’espérais-tu d’un monde qui ne tourne plus dans le bon sens
(qui ne tourne plus)

et ah ! si tu savais peindre si tu étais une artiste si tu étais née comme une étoile et non comme leur enfant
si tu avais un pinceau entre les doigts
vos bouches n’auraient plus été si blanches mais pleines de pourpre et de bleus royaux
et vous pourriez
rire
pleurer
hurler

(peut-être à nouveau ensemble)


Yori Hayashi
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Je ne sais même plus, exactement, depuis combien de temps nous ne nous sommes vus – comme des amis, s’entend.
Mensonge, je sais parfaitement : j’ai commencé à m’éloigner peu de temps avant qu’elle ne m’offre Neige, le jour de mon anniversaire ; il y a presque deux ans. C’est bien plus simple d’oublier (quand ça nous arrange) quand il n’a pas d’événement associé. Mais comment pourrais-je oublier les grands yeux bleus (ceux du chaton)(ceux de Marie-Jane) qui m’ont imploré d’accepter. Et ce semblant d’indifférence avec lequel je l’ai emporté – souvenir d’une amitié volontairement gâchée.

Oh, ça m’a si souvent arrangé, de placer la faute sur toi, M-J, quand Neige m’insupportait.
Quand il vient réclamer caresse et qu’il me mord dans la même foulée. Quand il feule et me griffe, sans autre raison que de m’être trop approché. Quand il me fait ses caprices et me jauge de regard – je n’ai jamais vu d’animal si hautain.
Quand il se montre adorable avec les autres, alors que c’est un démon avec moi. Qu’il prend possession des autres lits et réclame l’attention de mes colocataires.
Parfois, je me demande si c’est moi qu’il déteste. J’en suis venu à penser qu’il m’en veut de t’avoir délaissé – et ça aussi, ça m’arrange ; tu sais, j’ai parfois besoin de savoir que je paie pour mes méfaits. C’est mérité.

Tu n’as jamais été le dernier à avoir un faible pour les petits monstres. Et c’est la preuve que tu me connais bien. Dans le fond, je crois que je me retrouve en eux. Je veux leur offrir l’attention que personne ne leur offrira ; un mélange de patience et de présence, jusqu’à ce qu’ils s’apprivoisent. J’essaie de les remettre sur le droit chemin ; les détourner des erreurs que j’ai moi-même fait.
Tetsuya était un de ces petits monstres. Un enfant renfermé, rendu cynique par la laideur de ce monde. Il n’y a qu’avec moi qu’il a fini par s’ouvrir – Kiyoshi aussi, peut-être ; lui le rendait aussi heureux que malheureux. Seulement voilà : être présent, ce n’est pas toujours suffisant. Et malheureux, maintenant, nous ne le sommes plus qu’à deux – Kiyoshi et moi.

« Ça n’est pas toujours réciproque. »

J’avance ma main et, comme pour le prouver, Neige se met à me feuler – typique.
Puis, comme pour me contredire, il daigne s’avancer, me laissant l’étreindre – il pousse le vice jusqu’à ronronner.

Peut-être qu’il me ressemble.

« J’en ai. » –  du temps.

Une infinité, maintenant que Jian, Tetsuya et Ishan ne sont plus à Mahoutokoro.
Tout autant, maintenant que je suis destitué de mes fonctions de préfet.

« Mais je n’ai pas de grande nouvelle à raconter. »

Rien que je ne veuille partager, du moins. Rien de bien plaisant, non plus.

« Et… ça me surprend que tu veuilles passer du temps avec moi. Mais j’imagine que ça ne devrait pas m’étonner. »

Marie-Jeanne, toujours si clémente – naïve, peut-être.

« Où veux-tu aller ? »

L’acquiescement est détourné, mais je pense que tu y es habituée – c’est comme si nous n’avions pas tant changé. Et Neige, désormais calé entre mes bras, je suis prêt à te suivre où tu voudras ; oh, change moi de ce quotidien, déjà trop pesant.
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le poids des courants d'air————
02.03.1997
tu voudrais fuir tout ça faire croire que tout va bien
prendre sa main comme tu prendrais celle d’une amante l’étreindre puis l’amener sous la lune et faire un vœu – je ne te connais plus yori, mais je veux que tu sois heureux
et si ce monde ne tourne plus bien ah ! si ce monde n’était plus vraiment votre monde
en créer un nouveau – lui montrer les étoiles qui s’épaississent sur tes lèvres les astres en vorpales sur tes reins et les constellations qui roulent contre ton dos et chutent dans le creux de tes hanches
(mais tu n’as comme seule arme que ce que la pudeur des amitiés permet
tes cheveux ton visage tes mains – et quelques sucreries aux couleurs passées)


et vous êtes si loin
de cette réalité fantasmée
à couper aux graviers

vous êtes les âmes rampantes et errantes vous êtes les cris qui se meurent sur l’intérieur d’eux-mêmes le poison indolore vous êtes
si différents
comme si les deux années avaient creusé la distance - pourquoi entends-tu le fracas des océans entre ton corps et le sien
pourquoi n’arrives-tu pas à saisir sa main comme auparavant
à nouer tes doigts aux siens ah ! yori, viens sur le chemin que je t’ai tracé
il y a des morceaux de chair dans vos cheveux des os qui tombent dans votre bouche
il y a tes iris qui fuient son regard qui se réconfortent dans ta culpabilité
il y a ces lèvres qui se meuvent pour dire tout et leur contraire.

et tu te tiens là
impudente sur le tableau – une tâche rose dans l’immensité du grand hall
si vierge dénigrée de tout si blanche qu’il faudrait
laisser couler les larmes (pour une fois)
de jolis bleus de pourpres royaux sur la toile
et tu te demandes comment tendre les bras
comment danser quand on a une tonne et quelques morts dans le cœur.

— Tant pis, ce n’est pas grave ! Je suis sûre qu’on trouvera bien des choses à se dire une fois qu’on aura un peu parlé !

le sourire est faible (perlé de fausseté)
c’est dire que tu te sens si désemparée face à lui marie-jeanne
emplie de solitude
tu voudrais te dire que tout cela est impossible que vous ne pouvez pas être étrangers l’un à l’autre après avoir été si proches mais ah ! ah
est-ce qu’au moins vos cœurs battront ensemble encore une fois
et tu portes tes mains jusqu’à tes lèvres pour souffler sur tes doigts et répondre à ses interrogations mais tu sais que ce sont tes pensées que tu voudrais cracher
vomir vers les astres dégobiller par-dessus les étoiles
(elles sont trop noires et tu te dis que c’est uniquement dans le ciel qu’elles pourraient s’éteindre)

— et puis, pourquoi est-ce que ça te surprend ? Tu sais très bien que je m’en fiche, qu’on ne se soit pas parlé depuis longtemps ! Tu pourrais m’envoyer un message dans dix ans, je serais toujours ton amie !

tu aurais aimé être plus franche dans tes sourires ou plus honnête dans tes étreintes, mais tu sais qu’il y en toi autant de douceur à donner que de plaies qui ne sont pas totalement cicatrisées.
alors tu ne feras pas grand fi de la froideur de yori et, au contraire, tu en draperas le plafond de ton univers -
ce n’est là pour toi qu’une galaxie de plus à fleurir.
puis tu sèches ton cœur et ponctue ta bouche de chasteté ; voilà un rire plus sincère qui dessine le rose de tes lèvres, marie-jeanne.

— Je rêve d’aller voir la nouvelle volière ! Je ne l’ai pas encore vue, mais il paraît qu’elle est magnifique, et qu’ils ont fait pousser un pêcher au centre ! Tu viens avec moi ?

exhubérante dans ta pureté enveloppée de sainteté jusqu’au creux de tes épaules où se nichent soudainement tes paumes, tu seras toujours à lui – l’affirmation est si évidente à tes yeux et pourtant si criante de candeur
alors tes chevilles s’élancent comme tes bras vers la cime des cerisiers et tu te redresses pour t’étirer gracieusement
tes mains glissant un instant sur la lanière de ton sac à dos pour la rajuster – viens, viens, allons voir ailleurs tous les deux
puisqu’ici n’est pas notre foyer.
(nous n’avons plus de foyer)


Yori Hayashi
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Marie-Jeanne, si douce, si attentionnée, si positive – dans son regard, pourtant, je décèle une peine qu'elle n'exprime pas. Marie-Jeanne, qui n'a pas vraiment changé – et moi ? Perdu entre apparence et réalité, pendant des années ; désormais, j'ai la sensation de ne plus être que l'ombre de moi-même. Marie-Jeanne, si patiente et clémente. Marie-Jeanne, porteuse d'espoir. Marie-Jeanne, comme une parfaite antithèse (la mienne). Si les opposés s'attirent, comme le dit le dicton, notre ancienne harmonie (et cette affection, toujours existante) s'expliquerait – comme si Jian n'en était pas déjà une preuve suffisante.

C'est comme un retour en enfance – non, à l'adolescence ; mon enfance se résume bien peu de chose, si ce n'est à une prison dorée supposée être un foyer – quand tu rends tout aussi facile. Quand tu m'assures qu'on peut tout oublier, au gré de quelques discussions. Quand tu m'expliques que tu seras toujours présente, quelques soit les années – et j'imagine que c'est bien ça, que le terme ami signifie, mais tu sais, je ne suis pas certain de le mériter, après t'avoir ainsi repoussé.

« Les enfants apprennent de leur naïveté, le plus souvent. »

Ma sentence tombe comme un reproche – ce n’en est pas un. Un manque de tact, certainement. N’est pas encore venu le jour où je me débarrasserai de ma franchise et si je te juge un peu trop naïve dans cette gentillesse qui te caractérise, ça n’en fait pas une critique pour autant – pas vraiment. Pour moi, qui ne pense vivre que de rancune et de peine, la pureté de tes émotions me semble précieux. Es-tu incapable d’éprouver de la haine ? Moi, j’ai l’impression de ne connaître que ça.

Et je pourrais t’en sortir tant, des phrases amères (froides) de ce genre. Te demande pourquoi se rendre à la volière, si nous n’avons rien à y faire. A quoi bon admirer un pêcher qui n’a d’exceptionnel que de se trouver au milieu d’un bâtiment – exceptionnel pour des moldus, concrètement. Puis, je me souviens avoir été curieux, moi aussi, de chaque lieu de cette île ; à une époque où Mahoutokoro m’apparaissait encore comme un foyer. A l’époque où je trouvais encore un sens à mon quotidien.

Que ce soit un désir de retrouver un peu de cette époque, de te retrouver toi ou par seule indifférence à ce qu’il advient de moi ; je te suis, dans ce dédale de couloir.

« Tu penses être où, dans dix ans ? »

Tu sais, le présent est douloureux.
Le passé est bien mieux dans l’oubli.
Je ne crois guère en le futur, mais il n’y a que sur lui que je peux encore compter.

Alors, seras-tu ici, au Japon ? Ailleurs ? Auras-tu une famille, des enfants ?
Penseras-tu encore à moi ?
Serons-nous seulement vivants ?

« Mes origamis te trouveront, dans tous les cas. »

Un sourire effleure mes lèvres, comme une plaisanterie venant les étirer.
Une promesse, peut-être.
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le poids des courants d'air————
02.03.1997
et toi, où est-ce que tu seras, dans dix ans ?
c’est une question un peu douloureuse pour toi marie-jeanne tu n’es pas sure (d’être toujours là)
de savoir y répondre
qu’est-ce après tout que l’avenir quand on vit dans une galaxie où le soleil nous consume chaque jour, qu’est-ce que l’avenir quand
avouer tes propres sentiments te tuerait
myosotis à éclore chaque jour d’une respiration artificielle, arrosée par ta candeur tu penses aux fleurs à venir aux hirondelles du début de printemps et le futur n’est pour toi
(qu’une journée de soleil qui se répète)
qu’un songe lointain bercé par les étreintes de ton ciel étoilé et bordé par des abysses que tu ne comprendras jamais.

— Je ne sais pas… J’y réfléchis jamais vraiment, en fait. ta lange est rapeuse quand tu parles. attends, attends yori ; si tu veux discuter, attendons d’être à un endroit où nos démons ne pourront pas nous retrouver.

alors le silence succède à tes pas maria, c’est la tête couronnée d’or et les mains tremblantes (fébriles) que tu emmènes yori avec toi
d’escaliers en escaliers, de couloirs en couloirs et
tu te trompes une ou deux fois de chemin, c’est vrai
tu perds ton sourire une ou deux fois, c’est vrai
en constatant ((tout ce qui a disparu tes souvenirs qui désormais ne sont plus que dans ta tête – ah est-ce que tu as rêvé ces étreintes est-ce que tu as imaginé
ces confidences ces moments passés rêvés dans des lieux qui
n’existent désormais plus))

mais après quelques détours c’est finalement un couloir nébuleux de plumes qui s’esquisse
quelque part dans le coin de vos cœurs ; entre les lambris et les fleurs de cerisiers
et tout suite tu te sens plus légère peut être fière de cet accomplissement sommaire, nous sommes arrivés, et c’est ta main qui s’appuie sur le battant pour faire coulisser la porte, c’est tes genoux et tes bras qui se plient ((une révérence malicieuse)), c’est
toi, qui entre après lui
dans cet endroit vierge de tout souvenir
(et finalement, ce n’est pas si mal)

— pour revenir à ta question… je ne suis pas sûre que le monde magique soit fait pour moi. ni le monde moldu, pour être honnête. j’ai toujours été un peu entre les deux. ça et là.
et nulle part à la fois. donc, peut-être que je vais juste rester entre l’un et l’autre, tout simplement ?  

tes pas se font plus légers lorsque tu refermes la porte, tu ne veux pas (déranger les vivants)
alors tu t’avances dans la pièce comme si tu étais maitresse en ces lieux, couronne tes lèvres de pourpre et de céracées ;
serrant enora dans tes bras pour qu’elle ne vienne pas déranger votre quiétude
sautillant d’un pied sur l’autre d’une joie renouvelée, entre les cages où les oiseaux ululent.

— sinon… tu sais, je pensais à devenir danseuse. ou chorégraphe. je me dis, je me dis depuis longtemps qu’en mélangeant la magie et la danse, je pourrais faire des trucs incroyables ! mais, je ne sais pas trop. j’adore ça, mais de là à en faire toute ma vie ?

Énora serrée entre tes bras, caressant du pouce le nacre de son crâne, tu t’immobilises finalement au pied de l’arbre ;
immense soudainement, écrasant de sa splendeur mais tu ne te sens pas broyée non maria ; un sourire orne tes lèvres et tu te coules tranquillement dans son ombre, t’adossant lentement puis te laissant glisser contre l’écorce pour t’assoir sur le sol,
riant, lorsque ton dos heurte le bois.

— j’ai beaucoup d’idées, mais… je ne sais pas trop choisir ! j’aimerais bien retourner sur l’océan. me spécialiser dans la divination ou dans l’Onmyōdō… ou dans le soin aux créatures magiques, peut-être ? ça me plairait beaucoup, de faire des recherches.
tu repousses une mèche de cheveux, caresse quelques instants le dos d’énora puis invite ton ami à prendre place à tes côtés. dans tous les cas, je sais que j’aimerais beaucoup avoir des enfants. j’ai passé la moitié de ma vie à m’occuper de mon frère, je crois que ça me manque un peu !

tu souffles sur tes mains
vernis décoloré de nuances acidulés (rouge et orange et fraise tagada) et tu te dis que le soleil tombera bientôt et
qu’il n’y a rien de mieux qu’une promesse pour bleuir le crépuscule
mes origamis te trouveront dans tous les cas et yori n’aurait jamais murmuré ça il y a deux années, non, tu en es persuadée ; finalement n’aurait-il pas, lui aussi, changé ?

— dans tous les cas, sache que mes origamis te trouveront aussi dans dix ans, et même pour toutes les décennies qui suivront ! jusqu’à ma mort je peux te le promettre, aussi longtemps que tu voudras bien de moi. et toi, comment est-ce que tu te vois, dans dix ans ? je suppose que ton futur sera bien différent du mien, non ?

et tu te dis oui, que tout doit être bien différent chez les sangs-purs pour que yori devienne si
froid ((traumatisé))
et c’est une promesse qui à ton tour vient fleurir sur le bord de tes lèvres, à la commissure là où les mots restent inaudibles ;
si tu as besoin de moi, je serais là
peu importe combien tu me repousses
peu importe combien tu vas mal.



Yori Hayashi
Moi qui plisse le poids des courants d'air ❣ Yori 190204091233391372
Citation : All is lost again but i'm not giving up
Age : 19 (16 mars)
Orochi
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Yori Hayashi
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https://mahoutokoro.forumactif.com/t287-poker-face-yori
Yori Hayashi


Moi qui plisse le poids des courants d'airI was the match and you were the rock
Maybe we started this fire
We sat apart and watched
All we had burned on the pyre— Things we lost in fire // Bastille
(You said) we were born with nothing
And we sure as hell have nothing now
Flames they licked the walls
Tenderly they turned to dust all that I adore
Tu as raison de ne pas y réfléchir. Moi, je le fais bien trop souvent – ou parfois, pas suffisamment. Je crains le futur, mais je m’enchaîne à lui. Je rêve de le rendre meilleur, mais je ne cesse de réduire mes espoirs à néant – c’est mon père qui me le dit. C’est lui qui crève tous mes espoirs, qui les piétine aussi surement que Seimei à piétiner cette araignée (Tetsuya), dans l’illusion de phoebe – et dans chacun de mes cauchemars.

Si j’étais plus conciliant, tout me serait offert sur un plateau d’argent – c’est ce qu’il me dit.
Et puisque je choisi d’être rebelle, mon avenir promet d’être cruel – c’est lui qui s’en assurera.
Je ne veux pas d’un futur, emprisonné dans une prison aux tentures dorés.

Et pourquoi j’entame un sujet capable de me faire paniquer ?

La volière est bien moins loin, maintenant. Avant il fallait monter et monter ; à présent, il suffit de quelques escaliers, pour arriver. L’intérieur aussi a changé, c’est vrai – en plein milieu, il y a ce grand pêcher. C’est tant mieux ; j’avais oublié que cet endroit aussi renfermait d’anciens souvenirs – de ceux qui peuvent me blesser. Je crois que je n’y ai plus mis les pieds, depuis que je me suis battu avec Ishan, il y a un an – je n’ai pas souvent d’intérêt à y entrer, tu sais, je n’avais personne, à l’extérieur, à qui écrire ; ni volatile à chérir.

Je t’écoute reprendre tes réponses ; c’est apaisant, d’entendre ta voix à nouveau. J’oubliais presque combien tu peux être bavarde, qu’un simple sujet suffit à te faire partir dans nombre d’élucubration – peut-être parce que je l’étais aussi et qu’avant on alternait entre les longues conversations passionnées et les monologues dans lesquels je te laissais t’entraîner, lorsque je ne voulais que t’entendre parler.

Une vie passionnée, sans réelle objectif – je pourrais t’envier, mais ce n’est pas tant mon genre. Je pourrais être heureux pour toi, mais le bonheur m’échappe, quel que soit le sujet. Je ne m’avancerai pas à dire que ta vie est simple ; je pense qu’aucune ne l’est vraiment.

« Tu as encore du temps pour y penser. »

Je m’assure que les cages sur le sol soient bien fermées, pour libérer Neige de mes bras. J’approche le pêcher, admirant les fleurs m’entourant – éphémère beauté, à laquelle je pourrais presque goûter.

« Je ne sais pas si je serai encore là, dans dix ans. »

Que font les origamis quand ils sont adressés à quelqu’un qui n’est plus, à ton avis ?
Est-ce qu’ils restent immobiles ; est-ce qu’ils tentent de trouver et ne cessent jamais de chercher ; est-ce qu’ils se posent sur sa tombe ou un endroit où les cendres ont été disposés ?
Est-ce qu’ils s’arrêtent au dernier lieu qui a été foulé par ses pieds ?
Je devrais peut-être essayer.

« J’aimerais partir d’ici. »

Il y a un an, ça n’aurait signifié que quitter le Japon. Désormais, ça vaut autant pour Mahoutokoro.

« Pour l’instant, je ne me vois nulle part. Mais si tu deviens danseuse, je viendrais te voir. »

Et si tu te spécialises dans la divination, viens lire les lignes de mes mains. Explore mon avenir avec des feuilles de thé ou avec ce que tu veux. Puis, mens-moi. Raconte-moi de belles histoires, inventes-moi un avenir radieux – c’est à ça que sert la divination, non ? Quitte à mentir, autant embellir.

Je m’assois, contre le tronc du pêcher – au pied de mes pêchés.
Suis-je là, avec toi, pour les expier ?
A reposer ma jambe handicapé – à abandonner un peu de ma fierté.
A essayer de rêver – pour ne pas pleurer.
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le poids des courants d'air————
02.03.1997
c’est une chose étrange que de perdre sa couronne ; mon sourire s’efface et l’aube qui descend derrière l’horizon
a le goût de cendre.
tu me parles d’avenir yori mais j’aimerais oublier le futur, tu sais je crois que le tien est glorieux mais le mien n’est pas tracé
(ne l’est plus) et j’aimerais comme toujours m’imaginer danser dans un champ de coquelicot en papier mâché
mais ah ! je ne sais pas si tu le vois mais on a plombé mes ailes elles
trainent sur le sol
(toutes de suie mouillées).
je t’accueillerais avec plaisir, mais le murmure est amer – le cœur n’y est pas vraiment
je me suis demandé si nous avions vraiment le choix, tu sais – après janvier
j’ai fait comme si je ne voyais rien j’ai ignoré j’ai gardé la tête rivée sur les étoiles et le ciel était toujours si beau quand on m’appelait à l’aide
si bleu et j’ai prétendu que le cobalt me bouchait mes oreilles et que l’azur fermait mes paupières, mais je savais bien – que les ombres derrière n’étaient pas celles d’un champ de coquelicot
mais des nuques qui se brisent des corps empalés
et tout aurait été si rouge si rouge si rouge si j’avais ouvert les yeux si j’avais voulu voir tout aurait été si rouge si rouge
si rouge
et tes mots sont si lourds si lourds
tu sais yori j’ai l’impression qu’un sakura a poussé dans mon ventre
ça pourrait être beau (avec tous ces pétales) mais ils n’éclosent pas non ils s’accumulent dans ma gorge sous mon crâne cadenassent les pensées qui ne peuvent plus s’enfuir, est-ce qu’on sera encore là dans dix ans,
est-ce qu’on sera encore là est-ce qu’on sera encore là – et toi, est-ce que tu le sais au moins ?
ah c’est mon crâne qui se heurte contre l’écorce et ce sont mes yeux qui se ferment, et si j’échappe un instant au monde c’est pour mieux supporter le tonnerre qui tonne dans mes poumons
et j’entends rouler le glas rouler dans ma poitrine, accompagné de messes noires et de souvenirs douloureux qui
débordent
débordent
débordent

dis-moi… est-ce que tu crois... que nous vivons sur un champ de bataille, maintenant ? (et les épées plantées dans mon ventre)(et les blessures encore béantes sur nos flancs) j’ai l’impression que tout le monde se prépare à la guerre, depuis janvier. (et les sourires fanés)(et les cours de défense contre les forces du mal à venir) et puis tu sais, j’ai vu ta jambe. celle que j’aurais aimé vouloir soigner mais je me doute bien que si les médicomages n’ont rien pu pour toi, je suis
((impuissante))
et je te parle d’avenir, et je te parle de beaucoup de choses, mais je me dis que ça sera compliqué de devenir danseuse, si on est tous… enfin, si…
mes joues sont humides ; mon océan se meurt depuis un mois, et les vagues
fuient par mes yeux
alors je ferme plus fort mes paupières comme si ça pouvait chasser les souvenirs et mes poings se serrent et mes phalanges coulent contre ma peau et
se disloquent
enfin non ce n’est rien, excuse-moi je ne devrais pas parler de ça et ma bouche qui se repend en excuse, et mes lèvres avides de prononcer ce que mon esprit censure on peut changer de sujet, mes questions sont stupides

tu sais yori je crois que j’ai envie (de m’accrocher à quelque chose) c’est comme s’enfoncer dans l’océan au milieu de mille noyés
et sentir leurs mains qui s’attachent à mes chevilles à mes hanches ah leurs gueules béantes leurs bouches sales qui trainent sur mon corps je ne veux pas
(tomber dans ces abysses)
Prononcer un sortilège de tête en bulle peut-être pour ne pas voir ne pas entendre le bruit de ces dents qui me dévorent et peut-être que si je ferme les yeux  
Peut-être que si je me bouche les oreilles
je n’aurais plus mal
par pitié laissez-moi
laissez-moi
laissez-moi laissez-moi laissez
m o i



ndlr : nous sommes en guerre lol


Yori Hayashi
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Le plaisir prend des allures moroses, tandis que les sourires s’étirent, sans énergie. Toi, au moins tu en as encore la force ; les miens ne sont plus que poussière sur des lèvres trop sèches pour espérer en voir fleurir à nouveau. Ah, dans le fond, ils ont toujours eu un goût amer ; jamais assez honnêtes, des rictus dépourvus du moindre bonheur, alors que toi, tu as toujours eu cette candeur.

Depuis quand es-tu devenue plus forte que moi ?
Non, je devrais dire : depuis quand suis-je devenu si faible ?
Ou encore : depuis quand suis-je incapable de faire semblant de l’être davantage ?

Récemment, j’ai pensé : peut-être suis-je mort, l’an dernier. A Kyoto, là où, finalement, tout a dégénéré. Peut-être que ces derniers mois n’étaient que le purgatoire, où je devais faire mes preuves – une seconde chance ; celle de changer. Après tout, c’est à partir de ce moment-là que j’ai souhaité apprendre à me repentir. Mes efforts ont peut-être été vains et, ainsi, le jugement dernier est tombé : c’est Seimei, qui m’a mené jusqu’aux enfers.
Seulement, je ne suis pas croyant. Il s’il y a une chose dont je ne peux douter, c’est que je suis bien vivant – et ça n’est pas si réjouissant.

Nous mourrons tous, Marie-Jeanne. Que ce soit tôt ou tard – et j’ai beau le savoir ; j’ai beau vouloir tout prévoir, je ne m’attendais pas à y être confronté (aussi brutalement). Et chaque menace devient plus réelle quand on sait qu’elles peuvent être réalisées.
J’ai toujours pris mes parents au sérieux. Pourtant, l’idée qu’ils puissent s’en prendre à Jian, si je les défis, ne m’avait jamais autant
effrayé.

Ma gorge se ferme en étau, alors que l’océan de tes yeux débordent en torrents salés – c’est ton visage qui se noie, mais je peine tout autant à maintenir la tête hors de l’eau. C’est à la fois ce doux flottement, quand on se laisse porter par le courant ; et cette oppression, quand on ne parvient à se sortir des remous. Les membres flasques, mais les poumons en feu, luttant contre l’asphyxie – c’est une mort lente ; une agonie réelle, mais une chance d’être sauvé.

« Ils m’ont dit qu’elle guérirait. » – ma jambe.

Tu sais, ces personnes qui utilisent la magie pour soigner toutes sortes de maux.
(alors que la vraie magie, ce serait de guérir les peines d’un cœur ou de soigner une âme tourmentée)

Ils m’ont aussi dit de me faire suivre psychologiquement – ils ne l’ont pas dit ainsi, bien sûr ; ils ont dit : vous devriez vous faire aider.
Mais de quelle aide ai-je besoin, vraiment ? Qu’on m’aide à m’échapper, à m’évader ; à fuir ce pays, à quitter cette société. Qu’on me laisse vivre, qu’on ne laisse plus personne mourir, ni partir.
Qu’ils reviennent (Tetsuya ; Ishan). Qu’on me laisse les rejoindre (Jian, Nanami, Hajime).

Ah, regarde où j’en suis : à m’appuyer sur les épaules d’un garçon tout aussi brisé – psychologiquement et physiquement ; vois, on boite de la même façon – que moi. A déverser mes émotions sur une fille qui n’en ressent pas la moindre.

Quand je suis sorti de cet hôpital, tout ce qui m’attendait, c’est cette maison trop grande aux mille souvenirs déplaisants. Ce sont les reproches de mes parents et les colères de ma mère et la froideur de mon père et son ton qu’il avait si rarement élevé et sa baguette qu’il n’avait jamais eu à lever et les menaces proférées et –
Mon esprit déjà brisé, qu’il a pénétré, entaché, souillé.

« Que c’est provisoire. »

Et j’ai du mal à y croire. J’imagine déjà devoir la traîner, sans y porter le moindre espoir – à quoi bon ? Ils finissent toujours par me décevoir.

« Ça a toujours été un champ de bataille. »

C’est juste qu’il y a des guerres qui ne se voient pas. Qu’il y a des batailles qui font des morts sans que personne ne les remarque.
En réalité, la paix n’existe que pour ceux qui ne se sentent pas concerné.

Vois : tous ces sangs jugés impurs pas les plus grands de notre espèce – ceux, du moins, qui se considèrent comme tels. Vois : nous sorciers, forcés à se cacher par crainte de l’intolérance des moldus. Et je ne me place là qu’à l’échelle de notre société.
Ce n’est pas parce qu’elle n’est pas officielle, qu’aucune guerre ne se prépare, ni ne se déroule dans la plus grande des discrétions.

« Les méthodes de Seimei sont juste plus franches et plus destructrices. »

Et ce n’est pas rien ; ce n’est pas ce que je dis. Cela fait de lui de quelqu’un de dangereux : il se fiche de la bienséance, autant que de renverser les mœurs – et je crains qu’il soit assez influent pour rameuter nombre de sorcier à sa cause.

« Ce n’est pas stupide. Ce sont ceux qui n’ont pas peur qui le sont. »

Et j’ai beau le dire, j’ai beau y croire, je ne peux m’empêcher de songer que je préfèrerais me ranger dans la première catégorie et me débarrasser de ces peurs qui ne font que me rendre plus faible encore.
Ah, mais est-ce la peur qui nous affaibli ou est-ce parce que nous nous savons impuissants que nous avons peur ?
Je pense qu’il y a une part des deux.
Je pense que c’est surtout la seconde, mais que l’une fini par entraîner l’autre.

Et ici, au pied de cet arbre – de mes peurs et de mes erreurs – j’aimerais être assez fort pour effacer les larmes qui s’écoulent le long de tes joues. Pour t’étreindre, peut-être, et te remettre debout.
Encore devrais-je essayer de me relever.
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le poids des courants d'air————
02.03.1997
il y a des guerres qui naissent dans ses rêves, des tâches dans ses constellations ; les paupières striées de bavures d’encre noire, marie-jeanne, gardienne des étoiles qui peuplent les océans, pleure.

incontrôlable
Incontrôlable
Incontrôlable

et ça déborde et ça déborde, et ça hurle contre ses paupières, et ça coupe ses joues comme du gravier ; elle aurait aimé invoquer des souvenirs heureux, ou même dispenser quelques écumes aux lames de fond qui ravagent ses reins, mais les paroles de yori scellent sa langue et défaussent sa gorge. et ça brule et ça brule et ça descend dans sa bouche, de toutes ces lâchetés feintes et milléniales qui l’assaillent, ça perce jusqu’aux épines qui ceignent son cœur ah – depuis quand sont-elles là ?
sans doute depuis aussi longtemps que les batailles que yori évoque.

et elle s’y refuse marie-jeanne, elle avait refusé et refusera toujours que de prendre part à la guerre ; ses étendards à elle ne sont pas sacrés, mais elle les porte loin et loin des préoccupations de ceux qui la gouvernent ; c’est avec ferveur qu’elle attache ses fanions à ses rires et aux cordes des navires, dispensant ses ris aux errants qui saisissent sa main. délicate effigie qui se voue à servir sans jamais songer un seul instant à régner ; reine de sa propre lumière, maître des floraisons qui la gouvernent.

seuls les évènements récents (seimei, la trahison de kiyo) avaient ébranlé cette foi insatiable envers le monde, et si marie-jeanne s’était appliquée à recoller ses morceaux d’étoiles brisées, ce sont des constellations entières qui étaient tombées derrière les montagnes, qui avaient crevé son ciel comme des météores ; des plaies laissées béantes dans les astres sanguinolentes, l’hémoglobine suintant avec honte dans son ciel sans nuage.

Et, lentement, une confidence enfle sur ses lèvres, puis vient finalement étioler sa honte dans le silence qui avait accueilli ses larmes ; je ne suis pas une guerrière, yori. murmuré comme une conclusion à dix-huit années d’existence. et je ne pense pas en devenir une un jour.

et la faiblesse tarit ses larmes, et la fatigue fait tomber sa nuque contre le tronc de l’arbre ; ses phalanges s’accrochent au pelage d’enora, s’égarent sur neige qui était venu se blottir contre ses cuisses. l’ellébore fragile, qui fleurit puis fane sans confusion logique, se découvre enfin ; dans une douleur candide que yori n’avait sans doute ni demandé, ni imaginé. ces batailles ne me concernent pas, et je ne veux pas qu’on m’impose de prendre les armes alors que je ne sais même pas tenir un sabre. mahoutokoro, la magie, tout ça : pour moi, je veux que ça reste un choix.  j’ai grandi comme une née-moldue, tu sais. même si ma mère est une sorcière, aucun héritage ne m’attend, personne ne me forcera jamais à pratiquer la magie ou à appartenir à votre monde. je ne subis pas… cette pression que vous avez, en tant que sang-pur. si j’ai envie de vivre une vie normale, dans un mois ou dans dix ans, personne ne m’en empêchera.

si yori avait sans doute encore connaissance de son passé, ainsi lui rappelera-t-elle encore les différences qui les cisèlent ; transportée de candeur, nimbée d’une volonté d’embrasser autant que de fuir le monde magique. sans les personnes que j’aime, j’aurais sans doute déjà quitté l’école depuis longtemps. et c’est là étrange, si étrange que d’être un corps balloté en pleine foudroie ; marie-jeanne s’accroche à ses propres bras comme à une bouée, la carne rouge gonflée d’hémoglobine en pleine mer. et j’aurais aimé pouvoir vous sauver de ces batailles, ou alléger un peu les fardeaux qui vous entravent, mais la vérité, c’est que je suis impuissante. que je ne suis rien, par rapport à vous.

ah, et c’est vrai, si vrai ; marie-jeanne aime les yokaï et offre son cœur tout entier à la féérie de l’île, mais combien de fois n’avait-elle également rêvé que de s’enfuir, de s’égarer dans cette mer qui avait langé ses berceaux et conté son avenir ? et, c’est peut-être triste parce que j’aime sincèrement la divination, j’aime sincèrement l’histoire magique et les sortilèges, j’aime sincèrement être une sorcière… mais je ne veux pas appartenir à un monde où nous utilisons le cadeau qui nous a été offert (la magie) pour nous détruire.

comme la mer reflue au rivage, marie-jeanne, monstre des amitiés qu’elle façonne et des marins qu’elle abandonne aux mains des sirènes, se repaît de ce monde qu’elle délaisse ; et c’est avec naïveté qu’elle exposé à yori les failles de sa propre existence, pudeur abaissant ses paupières bien loin de la hauteur de ses constellations.


Yori Hayashi
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C’est ainsi que commencent toutes les guerres ; c’est ainsi que chaque enfant découvrent la guerre. C’est un deuil à faire – celui de la paix ; bien avant celui des êtres aimés.

C’est le choc de la situation, l’incompréhension de ce qui vient troubler notre quotidien ; qui s’accompagne du déni – c’est ce que fait le peuple, aidé par le ministère, qui vient à nier l’évidence : le retour de Seimei. C’est ce que font les élèves de cette école, quand ils pensent être à l’abri, derrière les murs ; qu’ils songent que Yuutsu se fait oublier.
C’est ce que j’ai fait, pendant des mois et des années, avec mes parents ; à défaut d’accepter qu’aucun de nous ne soit en sécurité.

C’est la colère, quand la rage prend le pas sur le rejet ; quand on refuse de se laisser ainsi malmener ; quand on ne peut accepter toute ces cruautés. C’est une violence qui s’exprime autant à l’encontre des responsables que de n’importe quel participant, qu’envers la guerre elle-même.
C’est une frénésie qui m’a mené à prononcer ces quelques syllabes impardonnables, avant que Tetsuna ne m’empêche de commettre une erreur qui m’aurait fait prisonnier – mais qui l’aurait, peut-être, sauvé.

C’est une négociation ; avec nous-mêmes ou avec ceux qui menacent notre tranquillité. Penser (espérer) que tout peut s’arranger, au prix de quelques concessions. C’est chercher des solutions.
C’est comme quand Jian me dit qu’on trouvera ; qu’il me persuade qu’on partira, que tout ira bien – alors que rien n’indique que ce sera le cas.

C’est la dépression, quand on se trouve impuissants ; seulement capable d’exprimer notre désespoir et de nous lamenter sur ce(ux) qui est (sont) perdu(s). Ce sont les remords et la peine qui nous accablent ; ce sont toutes nos émotions négatives qui nous étouffent et nous enserrent dans un étau – oppressés ; affligés.
C’est probablement l’étape dans laquelle je reste bloqué depuis le trente-et-un janvier.

C’est l’acceptation – devrais-je dire, la résignation ? – quand abandonne finalement toute réticence et qu’on tolère finalement l’idée.
Et je crois que je suis résigné, mais surtout déprimé.

Et toi, Marie-Jeanne, tu sembles bloquée dans le déni. Ce n’est pas juste que tu ne pense pas devenir une guerrière un jour, c’est que tu te refuses à le devenir – et c’est humain, de ne pouvoir accepter ce dont on ne veut pas. Et rien ne t’obliges, Marie-Jeanne à participer à cette guerre ; comme rien n’oblige quiconque à se battre s’il ne le souhaite pas – si ce n’est la seule volonté de survivre, quand notre propre vie est en danger.

Et j’écoute ce discours, dans lequel tu m’exposes des différences que tout le monde se persuadent qu’elles suffisent à nous séparer. Votre monde ; que vous avez ; vous sauvez ; qui vous entravent ; par rapport à vous. Tant de mots qui accroissent (qui attisent) ma colère – elle n’est jamais très loin, tu sais ; quelque part entre la dépression et l’acceptation ; tapie dans mes nerfs trop irrités – qui me blasent un peu plus, chaque fois, de ton aveuglement.

Je ne sais si je dois rire ou pleurer de ta naïveté qui, j’y crois, n’est née que de ton besoin de te protéger – mais qu’est-ce qui nous protège, nous, quand nous ne sommes pas prêts à accueillir la triste vérité ? Pour être honnête, je n’ai plus la force, pour aucun des deux. Alors je me contente de te regarder, dépité.

« Tu y crois vraiment ? »

Si ma question paraît froide, c’est avant tout parce que je suis moi-même glacé – jusque dans mes os ; gelé par l’effroi et l’indifférence avec laquelle les humains se permettent de traiter leurs congénères. Ah et je suis bien ironique de m’en préoccuper, moi qui n’ai jamais voulu me reconnaître dans cette société ; moi qui ai si souvent piétiné d’autres sensibilité – la tienne ; parmi tant d’autres.

« Tu penses que ça ne concerne que les sorciers, que ceux qui se vantent d’avoir le sang-pur ? Tu penses pouvoir échapper à notre monde, simplement en le voulant ? En coupant tout contact avec la magie ? »

Je me lève, cette fois ; en oubliant le handicap de ma jambe – c’est à peine si je remarque avoir moins de difficulté à la mobiliser, quand je ne pense pas au mouvement que je dois effectuer. Devant cet arbre qui prouve l’existence de la magie en défiant toute logique d’exister en ce lieu.

« Mais les guerres ne s’arrêtent pas à notre nature. Les sorciers, les moldus, nous faisons tous parti d’une même société, quoi qu’en pense ceux qui veulent nous séparer ou nous garder cacher. Tu trouveras toujours des preuves que la magie existe ; tu ne te déferas jamais de celle qui existe dans ta chair. Le sang n’est qu’un liquide biologique qui nous permet de vivre, ce n’est pas tant lui que nous transmettons à nos enfants que notre ADN ; la magie, elle, est omniprésente. »

Et jamais je ne comprendrais que l’on puisse cacher des dragons, des licornes, des centaures et autres créatures magiques dont les moldus n’ont pas conscience de l’existence – des mythes et des légendes, à leurs yeux ; dont ils jouent pour façonner leur imagination.

« Dois-je te rappeler le but de Seimei ? As-tu oublié qu’il souhaite destituer le monde des moldus ? Il les tuera, Marie-Jeanne ! Il exterminera chaque moldu et peut-être chacun de leurs enfants ayant eu l’erreur de naître sorcier – des sorciers, tels que toi. Au mieux, il les esclavagera ; offrira à peine plus de droit aux sang-mêlés et portera les sang-purs aux nues. C’est déjà ce que fait notre société et personne n’est plus hypocrite que ces hauts régents du ministère qui désapprouve ses idées pour la seule raison que sa manière de faire est plus extrême que la leur ! »

Et je crache chacun de mes mots (de mes maux) avec la rancœur qui m’étouffe depuis le jour même où j’ai réalisé combien notre société est pervertie.

« Ce n’est pas juste mon monde. Ce n’est pas juste le monde des autres. C’est notre monde à tous les deux et à tous les autres ! »

Alors, le souffle écourté et l’envie, presque, de m’évader, je secoue ma tête avec renonciation.
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le poids des courants d'air————
02.03.1997
elle a au corps l’isis des temps anciens et la cruauté des guerres qui avaient ravagé l’égypte sous le règne des pharaons. marie-jeanne, laissée à mourir, se noie au nil dont les eaux vénales ravagent le creux de ses reins.

désormais, le déni ceint sa poitrine d’une docilité létale. c’est une oraison funèbre dont la langue suave perle sur ses hanches, la nécessité que de faire son deuil scandant lentement sous son crâne une mélodie qu’elle avait toujours refusé d’entendre ; deuil d’une enfance que sa langue pourlèche encore, deuil d’orchidées qu’elle s’était acharnée à maintenir vivantes, années après années, mais qui pourrissent désormais dans ses poumons et dont elle se refuse à en jeter la carcasse putride. Seimei l’avait épargnée, mais qu’avait-il vraiment laissé d’elle ? qu’avait-il vraiment laissé d’eux ?

ne serait-ce que l’espoir dont les lèvres se couvrent de remords, les épaules lumineuses drapées d’une chape noire autant lourde que dévastatrice ; l’enfant se meurt, et les démons pullulent sous ses paupières lésées de plomb. elle deviendra l’amante qui attendra l’époux pendant quatre ans, elle deviendra l’étoile qui ne pleurera pas sa constellation éteinte ; elle deviendra la mère qui se refusera à enterrer ses enfants et regardera les vers crever leurs flancs.

sous respirateur artificiel, marie-jeanne ne pleure plus ; elle a jeté ses larmes au ciel et en a recueilli les cendres, dans une prière autant pieuse que sacrilège.

alors, à son tour, la jeune femme se relève. elle étirera ses chevilles jusqu’à ce que l’ombre en effleure ses genoux, puis se glissera devant toi pour soutenir ton regard, les mains irisées de ce désespoir fébrile dont la force prend source dans les douleurs intimes et les conflits clandestins ; le chagrin de son souffle avait grandi dans le non-dit, et c’est là que marie-jeanne y puise son ardeur, s’épanchant et s’accrochant à toi dans toute l’horreur que ses émotions pourraient lui insuffler : la guerre, la mort.

alors qu’est-ce que je suis censée faire, selon toi, yori ? me battre ? accepter que d’être née entre ces deux mondes qui me rejettent, parce que je me sens incapable que d’en choisir l’un ou l’autre ? deux mondes oui, et pendant des années marie-jeanne avait vouté ses reins que d’aimer et d’aimer encore celui qui lui avait été imposé lors de sa dixième année, diaprant au creux de ses doigts la magie que de voiles célestes dont la trame fourmillait de constellations enfantine ; elle porta aux nues un univers magique dont elle s’était enivrée de chaque cruauté avant même de les comprendre. et la trahison qui serpente le creux de ses reins n’a désormais d’autre nom que son impureté ; et les voix qui scandent sa mort n’ont d’autres couleurs que ces peaux blanches et ces cheveux liliales qu’elle avait appris à aimer, peu importe leurs turpitudes. tu dis que ce monde est mien, mais nos camarades n’ont de cesse de me clamer que mon sang est impur. alors le deuil orne à nouveau ses épaules, jusqu’à ce que ses phalanges imposent à son bras un contact léger, mais salvateur. et pour les moldus, ce n’est pas mieux. l’époque où les hommes brûlaient les sorcières sur les bûchers n’est pas si lointaine. Il suffirait d’un accident, que je perde le contrôle une fraction de seconde, pour que le monde entier me perçoive comme un monstre, yori !

sous ses doigts, le narcisse effleure, fleurit à la commissure de ses lèvres ; une perle carnassière où blanchit le carmin, ne serait-ce que son cœur, laissé à battre trop rapidement dans sa poitrine, force ses poumons à s’épancher d’une frénésie salvatrice. un je n’ai rien demandé de tout ça ! murmuré entre deux étoiles où nait soudainement la chute de son empire (l’enfance sacrifiée, l’humanité morcelée).  alors, je te le redemande mais, qu’est-ce que je suis censée faire, si je ne peux pas m’enfuir ? devenir quelqu’un d’autre ? mentir ? me perdre ? prendre les armes, tout en sachant pertinemment que je ne suis pas faite pour ça ? et même si je prenais les armes, yori, même si je me battais, penses-tu sincèrement que cela servirait à quelque chose ? parce que je m’enfuirais à la première blessure, ou au premier être cher qui tomberait sous mes yeux. et si tu me connais encore un peu, si tu te souviens de moi, tu sais que j’ai toujours été comme ça. pour une fois, aucune messe ne venait ternir de cantilène les lèvres de la jeune femme, aucune doléance n’effaçait ses bleus ou ne détournait ses pourpres dont le chapelet résonnait bruyamment au creux de ses lippes; c’est tellement égoïste, qu’elle rajoute doucement, comme elle prononcerait une prière. c’est tellement égoïste, de nous forcer de ne plus être des enfants, de nous forcer à nous battre avant même qu’on ne soit majeurs.

et si elle pensait avoir tout brûlé oh ! si elle pensait que ses brasiers s’étaient éteints avec l’incendie qui avait ravagé son palais de jade, c’est désormais d’autres émeraudes qui coulent dans le creux de ses lèvres ; et elle s’y jettera avec l’ivresse des nymphes qui se retrouvent mêlés à la guerre : mutine dans ses intentions, acérée de ses souffrances clandestines.

elle n’est rien.
elle n’est rien, cruellement et absolument rien, sinon cette alouette transpercée par ses propres lèvres dont les plumes liliales en cachent péniblement des plaies intimes, et milléniales ; elle n’est rien, et elle t'avouera sans peine la sensation que d’être soumise et ballotée au sein d’une terre qui n’était pas sa mère-nourricière. j’ai peur, tu sais, conclut-elle enfin. pas pour moi, mais pour mon frère et mes amis. et les larmes, intangibles, se dessinent uniquement comme des lames sur ses lèvres ; j’ai peur parce que je ne peux rien faire pour les protéger, et, si elle aimerait lui conter cette sensation que d’être soumise et ballotée au sein d’une terre sur laquelle elle ne se reconnaît pas, les tempêtes aux lèvres mourantes cisaillent en elle le souvenir de ceux qu’elle aurait aimé protéger. deux têtes brunes, moldues, dont le nom cisaillé à ses lèvres (achilles, papa) sonnerait, elle le sait, comme un outrage pour la moitié des sorciers dont les pas courbent les couloirs de cette école qu’elle avait tant aimé.

alors l’enfant se recule, s’éloigne de toi, de l’homme qui avait été son ami, de l’homme qu’elle avait aimé comme elle aimait ses frères et ses sœurs, de l’homme qu’elle avait chéri comme elle chérissait ses constellations. et les vagues dont la létalité ravage désormais ses lèvres d’un poison avare sont plus amères qu’aucun sarcasme ; le mensonge laisse lentement place à la réalité, qu’elle lui offre comme elle offrirait la plus cruelle des morts.



Yori Hayashi
Moi qui plisse le poids des courants d'air ❣ Yori 190204091233391372
Citation : All is lost again but i'm not giving up
Age : 19 (16 mars)
Orochi
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Yori Hayashi
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Yori Hayashi


Moi qui plisse le poids des courants d'airI was the match and you were the rock
Maybe we started this fire
We sat apart and watched
All we had burned on the pyre— Things we lost in fire // Bastille
(You said) we were born with nothing
And we sure as hell have nothing now
Flames they licked the walls
Tenderly they turned to dust all that I adore
Tu sais, M-J, il n’y a rien de logique, dans la psychologie de l’être-humain. Ou plutôt, si ; il a sa propre logique.
Tout le monde meurt, un jour ou l’autre. Rien n’est immortel. Rien n’est irremplaçable. Pour autant, rien n’est jamais entièrement semblable. On a beau vivre avec cette conscience, on fait toujours des différences.

Pourquoi la mort d’un nourrisson devrait être plus tragique que celle d’une personne âgée ? Le premier avait la vie devant lui, certes, mais l’autre a toute une vie derrière lui – des milliers de souvenirs, des relations déjà construites, des conseils à prodiguer et des expériences à conter.
Pourquoi une mort par blessure, par maladie ou par accident serait plus cruelle qu’une mort naturelle ? D’autant plus qu’il en existe bien peu, des morts naturelles, finalement – chez les sorciers, davantage, sûrement. La vieillesse apporte son lot d’antécédent et, souvent, ce sont eux qui nous emportent. Une dégradation de l’état générale, due à l’âge ; au final, c’est ça que l’on considère comme naturel. Et quoi ? Parce qu’il vaut mieux finir ainsi ?

Je préfère mourir jeune, mais avec l’entièreté de mes moyens – physiques, autant que psychologiques – que de me voir réduit par les années.
Ah ! A peine majeur et déjà handicapé ; vois, c’est ce que je voudrais éviter.
Privez-moi de ma seconde jambe et je doute trouver encore ma place ici – si tant est que j’en dispose d’une, de place ; je crois que je ne l’ai jamais trouvé.

Je ne dis pas que tu dois faire quoi que ce soit.
Non, il n’existe aucune bonne réponse.
Je dis seulement que tu ne peux échapper à la réalité, simplement en refusant d’y exister.
Il n’y a pas d’autres choix que d’accepter. Même si tu te refuses de t’y plier – c’est l’histoire de ma vie, tu sais.

« Et moi, je suis considéré comme traître à mon sang. »

Je le lance comme une évidence.

« Crois-tu que j’ai choisi de naître dans une famille de sang-pur ? Les suprémacistes me méprisent, ma famille souhaite m’imposer des valeurs que je rejette et mes parents – »

Je (mon souffle) me (se) coupe.

« Qu’importe. Il n’y a pas de solution, voilà ce que je veux dire. Tout le monde se fout de ce que nous voulons être, nous sommes et nous devons faire avec ce que nous avons. Et il n’existe que des personnes prêtent à nous imposer ce qu’elles veulent que nous soyons. »

Même celles qui se montrent de bons conseils, finalement, elles ne font que nous laisser entrevoir ce qu’elles attendent de nous – trouve ta voie ; ne te laisse pas influencer (ah ! celles qui disent ça le font, pourtant, nous influencer).
La société n’est qu’un mélange de manipulation, qu’elle soit volontaire ou non. Ceux qui font preuves de gentillesse s’attendent à ce qu’on le soit en retour. Toutes paroles, tous gestes entraînent des émotions, des réflexes, des réponses chez ceux qui y font face.
Nous nous influençons tous ; toujours.

C’est le jeu, on ne peut y échapper.
Personne ne demande à en être victime.
On l’est. C’est tout.

« A toi de voir, si tu veux t’y soumettre ou suivre tes propres choix. Sachant que nous ne l’avons pas toujours. »

Et ceux qui disent le contraire sont des menteurs.
Si on pointe une baguette sur toi et prononce le sortilège de la mort, as-tu le choix de ne pas mourir ?
Les autres décident pour nous, à chaque pas de notre vie.

C’est parce que j’ai pris conscience de toutes ces injustices que j’ai l’amertume plein la gorge ; elle m’étouffe, déborde au coin de mes lèvres et coule sur mes mots.

« Je sais que tu n’es pas capable de combattre. »

Je le vois et je te connais. Marie-Jeanne, ta douceur et ton altruisme. Ta bonté et ton innocence. C’est à cause de ces traits que tu es autant touché – les ombres deviennent bien plus voyantes à la lumière. Plus tu es éclatante et plus elles semblent noires.

« Regarde-moi. Je n’ai pas plus envie que toi de me battre. »

Pourtant, de nous deux, ça a toujours été moi le combattant. Ça a toujours été moi dont on attend la hargne et de me voir mordre les obstacles à pleine dent, à défaut de le faire avec la vie. Les mots cinglants et le regard méprisant.
De quoi ai-je l’air, maintenant ?

« C’est normal, d’avoir peur. »

Ça ne change rien. Ça ne protège personne. Oh, ça devrait pourtant, c’est à ça que sert cette émotion – se savoir en danger et se préparer à agir en conséquence. Mais disons-le, combien de personne ont été sauvé grâce à la peur, en temps de guerre ?
Bien moins que celles qui disposent d’armes et qui n’ont jamais hésité à s’en servir.

« Rien ne t’oblige à te battre. »

Tu dois seulement comprendre que rien ne te permettra d’échapper à la vérité.
Et ma main vient se poser sur ton épaule, dans un geste de réconfort que j’apprend à peine à utiliser – rare sont ceux que je sais toucher, quand il s’agit d’affection. Pour toi, que j’ai si longtemps abandonné, je crois que même mes bras seraient disposés à t’accueillir, s’il te faut étancher une peine trop difficile à contenir.
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