— MAHOUTOKORO
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white noise. solo
Eirin Fujiwara
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Citation : Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipiscing elit, sed do eiusmod tempor incididunt ut labore et dolore magna aliqua.
Age : 18 ans
Rang : 76/100
Susanoo
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Eirin Fujiwara
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Eirin Fujiwara
trigger warning : description graphique d'une tentative de suicide plus ou moins violente.

Détresse nourrie de miséreuses nouvelles—son regard tourné vers un horizon qui ne lui offrait qu’exil. Eirin avait été l’impuissant témoin d’une douleur nommée colère, avait rongé l’intérieur de sa joue dans l’espoir que le mal physique annihilât le spirituel ; rien à faire pourtant, c’était une tristesse aux dimensions prométhéennes qui se repaissait de ses pouilleuses entrailles, un démon qui dévorait les lambeaux de son cœur adolescent.

La trahison était d’autant plus amère qu’elle était justifiée. Et les palabres en dagues dans son poitrail perduraient vicieusement, répétées dans une boucle infâme que son esprit se cloîtrait, mû par un désir constant d’auto-destruction ; Eirin, quelque part, savourait cette immuable souffrance, comme de la jouissance lacée de culpabilité qu’on tirait d’une prouesse machiavélienne.

Et que lui restait-il, quand elle avait envisagé sa propre évanescence au profit de celui qui fut, à terme, sa seule perte ? Rien, probablement ; pourtant dans un élan stupide, la pointe de son pinceau s'agita sur une missive, un papier blanc qu'elle confia à son familier plutôt qu'aux pliures d'origamis—nul besoin de confesser les tourments qui l'habitaient, c'était sans doute un ultime, infime désir d'exister qui l'avait empêché de s'éteindre silencieusement.

Gravir les marches du château n’avait jamais paru si simple—chaque geste était mécanique, et le second escalier l’avait guidée jusqu’aux bains, avant qu’elle ne s’attardât dans l’onsen. Entre ses doigts gisait un fragment de miroir, qu’elle avait nerveusement brisé dans le creux intime de sa chambre ; l’œil d’ores et déjà vitreux, les frénétiques pulsations de son cœur en seule preuve qu’elle perdurait, elle s’effondra dans la chaleur de l’eau sans prendre le temps de se dévêtir. Si le soleil déclinait dehors, c’était un ciel déjà crevé d’étoiles mortes qui léchait ses bras de sa nébuleuse lumière.

Là, lovée entre deux roches, plus rien ne semblait compter. Il n’y avait plus la moindre souffrance dans son être—plus la moindre sensation pour lui prouver qu’elle était encore. Non, en lieu de toutes ces faiblesses fleurissait un désespoir grandissant, la nuque de l’araignée pourfendue par ses crocs venimeux. Les yeux clos, mais embués de larmes, deux ou trois noms à la bordure gercée de ses lèvres, elle ne leva la main que pour plonger l’éclat de verre dans son estomac pécheur ; en fouilla les bas-fonds pour en extirper les poisons qu’ils y avaient semés, mais n’y trouvant que du sang et des chairs tièdes. De sa gorge serrée s’extirpa une plainte sourde, son souffle haletant d’un supplice vif—à peine sentait-elle ses tripes menacer de déborder d’entre ses doigts maigres que la porte s’ouvrit brutalement, et elle leva vers l’intrus un regard accablé, la lippe ourlée d’une supplique muette.
Ah, elle regrettait.