simplicitésflorence passe tous ses week-end à iwomachi, par défaut, se traînant tristement à l'école pour éviter les sévices du couvre-feu qui, ah, la font si exagérément souffler -elle savait pas que c'était normal, ici, que d'être enfermés dans une cellule à côté de lave bouillonnante pour avoir balancé une boulette de riz. mais bon hein. les coutumes locales. faut pas trop chercher à comprendre.
mais avant cette heure fatidique, florence avait toute la liberté du monde (réduite à la taille d'une île, mais elle avait appris à apprécier ça, voyez). si en cette fin de semaine elle se trouvait encore parmi les autres élèves, c'était parce qu'elle avait quelque chose en tête. et quand florence a une idée dans le ciboulot, autant dire que ça arrive.
elle avait passé le samedi matin à faire les préparatifs (notamment : tenir tête à une personne aussi butée qu'elle) et, finalement, elle a réussi à convaincre, par on ne sait quel miracle, le propriétaire du salon de thé de la laisser s'aménager un petit coin douillet pour la soirée.
non pas mécontente, elle sortit de son sac bien trop d'objets, transformant les deux mètres carrés alloués en un coin cozy - on pouvait noter les couettes et surtout, l'absence de chaises, remplacées par des coussins nippon et européens, des bougies encore éteintes et, sur la table, un de ces objets avec lesquels florence enregistrait c h a q u e match, posé face à une feuille blanche parfaite pour la projection d'images (on fait avec les moyens du bord).
après avoir bien disposée ses couvertures (roses) et commandé du thé et des gâteaux, elle écrivit à son ami -si elle se voulait tendre, peut-être que son excitation transparaissait trop. enfin. qu'importe. elle attendait, et lui, il allait venir.

elle était presque de nouveau dans sa chambre.
il manquait les murs roses et les posters qui y pendaient -céline dion, mariah carey, mylène farmer, madonna, elles étaient toutes là à veiller sur son sommeil. bien sûr, c'était un bordel sans nom mais étrangement homogène -aux magazines laissés par terre, remplis de notes et de fluo, se liaient des verres à moitié finis, la paille encore enfoncée dans les liquides. son armoire débordait sur son bureau, remplie de vêtements plutôt que de classeurs et de feuilles. trop décorée, surchargée, sa commode et son miroir étaient probablement au bord de l'implosion. en comparaison, le café était presque dénudé, sans aucune paillette et sans cinq petits objets au centimètre carré.
elle était tout de même contente du petit coin duveteux qu'elle avait réussi à construire, et elle n'attendait plus que son invité pour se blottir avec lui au fin fond de ces couettes.
et quand il arrive, ah ! quel sourire elle affiche sur ses dents mensuellement magiquement blanchies, de quoi irradier toutes les mauvaise pensées, d'oublier tout l'ennui et les choses froides qu'on laisse emporter nos cœur quand on ne sait plus faire semblant d'être heureux. BIEN SÛR que j'ai mis la totale ! t'as cru quoi. si déjà je t'invite, faut que ça soit mémorable, eheh. et son bonheur était si fort que ses paupières restaient fermées, comme pour donner plus de place à ses risettes. et ne t'inquiètes pas, ne t'inquiètes pas ! honnêtement, personne peut être plus en retard que moi, tu sais, alors bon, j'trouve que le temps c'est vachement relatif ! mais ils sont pas trop d'accord, les yokai et les concierges ... peut-être n'avait-elle échappé aux colles seulement par son statut d'invité -et heureusement, parce que une florence dans un cachot, c'est pas le genre de princesse qui vient se faire sauver.
mais bref ! annonça-t-elle, comme pour achever une ère, un millénaire. sans se gêner, elle enlaça xue de ses petits bras, cala sa tête au-dessus de son épaule et serra tout de même assez fort pour sa taille, pourtant dans la plus grande des douceurs. elle se défit doucement de lui, s'intéressa d'un coup à ce qu'il avait apporté. aaaaaah les melon pan !! c'est beaucoup trop bon, je sais pas comment vous faîtes, franchement. pareil pour tout le reste là les dorayashi ? les mocha ?? enfin tous ces trucs, quoi. c'est ouf. dis, tu sais cuisiner ?? elle s'arrêta un instant, sentant qu'encore une fois elle faisait dériver la conversation. enfin, déjà, tu sais jouer au quidditch, et c'est ça qui nous intéresse aujourd'hui eheh. t'as un match que tu veux voir en particulier ? moi tout me vaaaa, je pense qu'ils seront tous intéressants différemment. ah et j'ai pris la liberté de commander du thé et des petits gâteaux ! j'espère que ça te va. je sais plus le nom, c'est genre le cinquième sur la carte, là ---- elle désigna la chose d'un geste de la main, avant de s'adosser aux coussins. elle regardait xue de ses gros yeux brillants, suintant la joie et l'enthousiasme.

c'est bien, s'il s'en souviendra. ça veut dire que, plus tard, quand il pensera au printemps, ou alors au thé, ou au quidditch, ou au trois à la fois, il pensera à florence. et elle -elle, là-bas, de l'autre côté de la planète, peut-être qu'elle sentira ses pensées dirigées droit sur elle ; et peut-être qu'à 11:11 elle se dira, oh, que peu importe l'heure, il n'y a pas besoin d'excuse, alors autant célébrer autant que possible. autant multiplier les cérémonies, et les habitudes, et les bonheurs de tous les instants.
FRANCHEMENT à ce niveau-là c'est même plus à cheval, c'est genre à dromadaire ! et la traduction automatique doit carrément galérer à passer ce jeu de mots en japonais, mais les joues gonflées de florence parlent bien assez pour que l'idée générale soit comprise.
qu'importe.
bref, a-t-elle dit. on remet tout à plus tard, pour ne plus jamais en reparler -ou alors quand les choses seront différentes, ou alors parce que ça sera bien important. en attendant -en attendant ! on met les règles sous le sable, en même temps que nos orteils, et on profitera du soleil caché sous nos lunettes XXL, les réflecteurs comme des jolis colliers qui brillent de milles feux, mais toujours moins que nous deux. ah, l'exceptionnel commence toujours moyen. mais c'est vrai que j'ai jamais eu de mo-chi pas extraordinaire. oh, c'est quoi tes préférés ??? l'azuki c'est si booon, mais t'as déjà testé à la noisette ? c'est mer-veil-leux. enfin bon, je suis jamais déçue ici, sauf avec la gelée, je sais pas ce que vous avez avec la gelée. pour moi ça vient du royaume uni ?? qu'est-ce que ça fait ici ... enfin, hein. elle s'allonge, les pieds sous la table, les cheveux comme une cascade sur ces montagnes de coussins. c'est vraiment comme si elle était à la mer. il ne manque que l'eau, mais peut-être que si xue se met à rire, ça mimera le bruit du paradis.
ses doigts s'agitent sur l'appareil, il ne lui faut que quelques instants pour trouver le fameux match dont il est question -bien sûr qu'elle l'a, et bien sûr qu'elle veut le regarder (même si on sait tous que c'est pas les meilleures équipes du monde, évidemment). elle replace le projecteur, s'enfonce encore plus dans le coussin après avoir récupéré un de ces sachets. le bruit de plastique vole la vedette aux mots -elle n'a toujours pas trop compris les ouvertures faciles japonaises, en france ça ne fonctionne jamais- avant qu'elle n'accède à sa récompense. itadaki-maaaa-suuu !! lance-t-elle, accompagné d'un rire. elle aussi, elle mord de toutes ses dents dans la pâte de riz.
sur l'écran, on voit les joueurs entrer sur le terrain.