Xue avait besoin d'elle, elle le savait, l'avait ressenti. Elle ne savait pas exactement ce qu'il s'était passé, du moins pas encore. Elle savait simplement qu'il avait besoin d'elle et c'était la seule chose qu'elle avait besoin de savoir.
Elle avait essayé une bonne partie de la journée de le croiser mais il semblait avoir disparu et, même si elle ne le montrait pas forcément, ça l'inquiétait terriblement. Les sourcils froncés sans relâche, ses pensées ne cessaient d'aller dans un sens et un autre. Elle était presque sûre que ça avait un rapport avec le fait qu'il... Non. Elle n'allait pas se concentrer sur ça, elle attendrait de savoir ce qu'il lui dirait. N'ayant pas réussi à le croiser, elle lui avait simplement dit de la rejoindre au jardin japonais. Ils seraient tranquilles, ne seraient pas dérangés. Elle l'aurait bien invité à son dortoir mais... Elle ne prendrait pas de risques, elle tenait trop à sa réputation. Ne tenait pas à perdre des points ou être exclue.
Sa jambe ne cessait de trembler pendant toute la journée et elle essayait tant bien que mal de se concentrer sur les professeurs, ce qu'ils disaient. Oh, ce n'était pas très grave si elle ne suivait pas trop les cours de la journée, elle rattraperait bien sur quelqu'un d'autre à un moment ou un autre.
Lors du repas de midi, ses yeux volèrent sur les tables pour essayer de la voir et, lorsqu'elle croisa son regard, elle lui sourit tendrement. Il n'avait pas l'air d'aller bien, effectivement. Son coeur se serra et elle espéra encore plus vite que la fin de la journée allait se dépêcher d'arriver.

Lorsque ce fut enfin le cas, elle ne se pressa pour autant pas pour sortir de la salle de classe. Sourire aux lèvres, elle salua tous ses camarades avant de se hâter en-dehors du bâtiment vers le jardin japonais. Sa façade disparut immédiatement et son air inquiet reprit le dessus. Elle n'avait qu'une hâte : le voir, le serrer dans ses bras et ensuite parler de ce qui n'allait pas, essayer de l'aider autant que possible.

Elle posa son sac au sol et se mit à faire les cent pas en l'attendant, puis fit un tour brusque lorsqu'elle entendit des pas. Avant même de le voir elle sut que c'était lui et elle se précipita pour le serrer sans dire un mot, ses bras autour de son torse et sa tête dans son cou.

Après de longues minutes, elle se décala et releva la tête pour le regarder, l'inquiétude se lisant sur son visage.

«Que s'est-il passé ?»

Elle s’assit lorsque Xue le propose et se blottit à nouveau dans ses bras, sa tête dans son cou. Elle se sentait tellement à sa place, à cet endroit. Elle s’emplit de son odeur si chaleureuse et attend patiemment qu’il lui explique ce qu’il n’allait pas. Et puis, elle comprit lorsqu’il l’annonce. Oh ce qu’elle comprenait, c’était pour cela qu’elle, elle faisait attention à ce qu’on ne la voit pas. Oh, pas qu’elle pensait qu’il ne faisait pas attention, bien au contraire. Elle était persuadée qu’il faisait aussi attention qu’elle, que comme elle il n’aurait pas voulu se faire découvrir. Et c’était pour cela qu’elle comprenait, oh trop bien, ce qu’il ressentait.

Je suis désolée, je suis tellement désolée.

Ses doigts se baladent sur le dos de son ami alors qu’elle ne souhaite pas quitter son étreinte. Elle garde déjà d’un côté, dans sa tête, d’aller se renseigner personnellement sur ces personnes qui se permettaient de critiquer, d’insulter, cet ami qui compte tant pour elle. Elle n’allait pas lui demander qui était à la cause de ces insultes, ne voulait pas remuer le couteau dans la plaie.

Un baiser dans son cou, elle bouge à peine sa tête pour pouvoir regarder ses yeux, les siens souriant, principalement pour essayer de lui montrer que ça allait, que ça irait.

Elles ne connaissent pas ce qu’est le bonheur, ces personnes. Autrement, elles n’en auraient rien à faire de qui tu embrasses.

Une de ses mains se leva pour se poser sur ta joue et la caresser, son doigt sur sa pommette, un sourire plein de douceur sur son visage. Cela lui brisait le coeur de le voir dans cet état, et elle aimerait pouvoir réparer son coeur, d’une façon ou d’une autre.

Si tu veux me parler de ce garçon tu le peux, je suis toute ouïe. Et je pourrais te parler de Yori, ça pourra te faire rire, je te le promets.

Elle avait, de côté, des anecdotes qui le ferait rire, elle en était sûre. Elle n’en avait pas encore parlé à qui que ce soit, le gardait de côté pour une occasion spéciale. Et elle l’était ici, la parfaite opportunité. Ses yeux ne quittaient pas son visage. Elle leva la tête pour déposer un baiser sur sa joue, tout doux, sans jamais cesser de sourire.

Son coeur se brise alors qu’elle l’entend parler, si triste, si désespéré. S’il n’en tenait qu’à elle, elle irait tout de suite les briser un à un, comme ils avaient brisé le coeur de son ami le plus cher. Elle ne bouge pas, reste bien au chaud dans son étreinte, comme si le monde s’arrêtait de tourner et que seulement eux-deux étaient présents. Oublier le monde extérieur qui lui avait fait tant de mal. « Parce qu’ils ne savent qu’être heureux en apprenant ce que tout le monde fait tout le temps. Parce que leur vie est si insipide qu’ils veulent vivre au travers des autres. » Elle secoue doucement sa tête à son questionnement, ses mains caressent son dos, lentement, pour le rassurer, lui faire du bien. « Xue, je serais bien mal placée pour te dire que c’est mal. Tu sais mieux que tout le monde. Si deux hommes était quelque chose de mal… Deux femmes le serait tout autant. » Faible rire, pour montrer que cette réflexion n’a pas de logique, du moins pas pour elle. Qu’il n’a pas à s’en inquiéter.


« Ne t’excuses pas s’il-te-plaît… Ce n’est pas grave. Si ça t’as rendu heureux. S’il t’a rendu heureux. Rien d’autre n’importe. Rien d’autre n’est important pour moi, en tout cas. » Elle ne voulait que son bonheur. Elle voulait qu’il sache qu’elle l’aimait, que rien ne changerait cela. La tête de Nadeshiko s’éloigne de son embrassade pour le regarder, toujours avec ce faible sourire au coin des lèvres. Secret entre eux, secret que personne d’autre, personne sauf Benhime sa cousine adorée, ne savait. Ne saurait jamais.

« Nous avons essayé. Tu sais. Dans son dortoir. J’avais tout prévu. Je me disais que peut-être je n’étais pas réellement pas intéressée par les hommes, que je n’avais juste pas assez essayé. » Un rire cristallin lui échappe, elle secoue la tête, sourire au coin des lèvres. Le simple souvenir de cette situation, du ridicule d’eux deux, ensemble, au lit. « On a essayé. Rien ne fonctionne. Je n’aime définitivement pas les hommes. » Elle secoue sa tête, air faussement dépité, soupire. « Je plains mon futur mari. Cela va être compliqué d’avoir des enfants. »