— MAHOUTOKORO
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bouquet d'homme, takeo
Saburoo Ueda
oui
Citation : How call someone with no body and no nose? Nobody knows.
Age : 46 (05/06)
Rang : S1
Orochi
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Saburoo Ueda
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Saburoo Ueda

bouquet d'homme La cloison du fusuma ouverte sur l’engawa, dans un coin chaudrons et autres contenants moins adaptés laissent décanter quelques potions ; Saburoo en hôte dévoué trépigne assis sur le tatami.
Le soleil meurt au loin.



L’anthropologie en sa largesse d’esprit m’était toujours apparue dépeinte sous la lumière abstraite d’artistes au savoir empirique plutôt que théorique : trop fade, trop morne, trop indigeste, à mes jeunes yeux une étude dont le temps n’aurait su être gaspillé à d’autres labeurs que le noble Art de la potion. Cet intérêt —à son apogée d’ores et déjà désuet— n’avait eu de cesse de dépérir, bien que spasmodiquement stimulé par d’autres visages que ceux aux yeux creux, aux traits écrasées et distillés par la pénombre, qu’il m’arrivait de croiser dans l’étroiture des couloirs ascétiques des laboratoires : ces faciès au pâle teint morose n’étaient ni particulièrement appréciables, ni foncièrement agréables, ainsi l’attrait demeurait inlassablement dénué de la moindre étincelle et se contentait de ternir sans éclat.
Tant que sur cette terre respiraient des Hommes dont les envies étaient dépendantes à mon art, peu m’importait leurs profondeurs inexplorées, leurs pensées étriquées sous tant de couches qui se superposaient les unes aux autres que tenter d’en discerner l’étendue relevait d’une intrépide ambition—traits qui, associés, ne me convenaient guère.
J’y aurais déposé sur les chenets de l’âtre les tisons ardents de ma concupiscence : mais la profondeur des émotions humaines ne m’intéressait pas ; seuls leurs vices, dans la mesure où j’y fructifiais tant mon talent que mon argent, était digne d’attention.
Il s’agissait là de l’un de ses plaisirs qui me demeurait inlassablement inconnu ; jadis lointainement alléchant, désormais navrant, car la limite humaine s’était diaprée à mon regard d’une laideur innommable à la grâce de mes frères : ainsi, je ne souhaitais plus la contempler, et y prêter attention m’écœurait.  

Ah, peu m’importe, les hommes ne valent pas les potions.
Sauf mes enfants, de toute évidence.

Lapidé sous toutes ces pensées se dresse celle de Monsieur Takeo, professeur de botanique et comparse impromptu de futures beuveries nocturnes—le pluriel en est-il peut-être encore trop prématuré, la première n’étant pas même amorcée et nul ne sait quelles tragédies peuvent paraitres.
Humblement humaine, sa présence n’était parfois sans rappeler celle d’Hiiro, dont l’entrain et l’allégresse emplissaient ceux qui le côtoyait comme l’air en emplissait les parenchymes lacuneux —analogie adaptée pour un homme en telle symbiose florale.
Et à cette vue, les hommes et tous leurs petits interstices insidieux s’en retrouvent rehaussés d’intérêt.

Ah, assez de tergiversations inutiles !
Déjà l’hôte s’en vient à ma porte et je m’empresse de quérir sa compagnie : Bonsoir Takeo ! Je t’en prie, installe-toi, fais comme chez toi— mais pas trop s'il te plaît, les potions décantent. Le silence avait la fâcheuse habitude de s’ébrécher sous mon empire, mes mots l’emplissaient et y siégeaient immarcessibles. Je lorgne le coin du tatami où s’entassent chaudrons, alambics et théières où nul thé n’infuse et, ah, une fois encore, je m’agite inutilement : Ah oui, pardonne-moi, les philtres lunaires ont tendance à prendre de la place, mais ils sont plutôt de bonne compagnie lorsque l’on sait apprécier les petits gargouillements tranquilles : pour peu que l’on ferme les yeux, on pourrait presque se croire transporté dans le jardin, bercé par l’eau des fontaines, ah ah !
Toutes ces pérégrinations mentales s’acheminent dans la mansarde de mon esprit comme autant de vermine indésirable—indélogeable—et m’obsède inlassablement aux heures les plus creuses. Ah ! Surement est-ce là l’indigence des effluves des philtres lunaires, bien que le catalogage de leurs émanations devienne de plus en plus fastidieux au gré de leurs envies. C’est qu’ils ont le caractère mauvais et revanchard quand ils sont d’humeur.
Tu me vois ravi de ton acceptation Takeo ! Alors dis-moi, du thé avant tout ? —bien qu’il doit être froid désormais, mais préfères-tu peut-être déjà ce fameux saké. L'as-tu apporté ? Ah ! Et comment vont tes plantes ? Les adonides ne devraient pas tarder à fleurir, non ?
Takeo Shikibu
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Citation : The easiest enemy. Can only deal 1 damage.
Age : 29 ans. 16/04/1968.
Rang : -
Seimei
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Takeo Shikibu
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Takeo Shikibu
Bonsoir, Bubu. C'est... ah, vraiment unique, chez toi.

Ce n'était pas une chambre, ni un appartement. C'était un véritable laboratoire, qui faisait écho à la colonie botanique qui inondait son propre lieu de vie : de passionné à un autre, il hocha respectueusement la tête, non sans garnir les mystérieux chaudrons de quelques coups d’œil. Aussi déboussolé qu'il était attiré par les préparations dont Saburoo galvanisait son environnement, le jeune enseignant apprenait doucement à en apprécier les racines.

Depuis toujours, les potions occupaient—en son esprit—cette place d'antagoniste naturel, pour les sacrifices qu'elles nécessitaient. Que ces louches scientifiques assaisonnent leurs écœurantes mixtures d'ingrédients aussi étranges que des mutilations d'animaux, ainsi soit-il ; mais étendre une telle cruauté envers la l'innocente flore lui paraissait hautement cruel.

Quelle sorte de monstre pouvait arracher ces chefs d’œuvre à leur lieu de naissance pour les jeter négligemment dans ces hideux chaudrons ?

L'intemporelle beauté des fleurs se diluait dans une solution souvent bancale, et aux effets éphémères : les hommes exploitaient les innocents cadeaux d'une belle nature pour satisfaire des besoins souvent superficiels. Cette démarche si narcissique représentait l'essentiel de l'animosité du botaniste envers l'art des potions, mais dont il se gardait bien de partager l'étendue ; Saburoo méritait son respect, et il s'en était plusieurs fois montré digne.

Ne t'en fais pas, mon appartement n'est pas si différent, la passion est quelque chose qui se vit. En outre, le parfum n'est pas désagréable.

Il était étonnement conciliant, et alors qu'il ôtait ses chaussures pour s'immiscer dans l'intimité de celui qu'il peinait encore à croire comme un véritable ami, tant il doutait de ses propres ressentis, Takeo s'émerveilla des alentours. Bien entendu, sa fierté l'empêchait de se livrer à une totale honnêteté et son visage illustrait une hypocrite impassibilité. Saburoo était de ces personnes uniques à qui l'on ne pouvait ôter la passion, et cet entrain, palpable en toutes circonstances, paraissait redoutablement contagieux.

C'est cette même spontanéité, plus digne de confiance que toute parole, qui rendait son collègue attachant ; et petit à petit, dans une inconscience dont il réduisait doucement l'influence, Takeo s'était ouvert à lui. Ah—ne t'embête pas. J'ai apporté ce qu'il faut. Et sitôt énoncé, il extirpa la bouteille de sa poche intérieure pour la déposer dans les bras de son hôte.

Un rictus flottant sur un visage réputé insensible, il laissa le sang-pur examiner sa plus belle bouteille. Quantitativement modeste, la gamme d'un tel alcool était pourtant indiscutable : elle appartenait à ces rares folies que Takeo se permettait, en dehors de ses innombrables plantes—mais ces dernières étaient souvent cueillies de sa main, ou destinées à l'extension de son savoir professionnel. N'était-ce pas là un raisonnable investissement ?

Effectivement, c'est pour bientôt. La serre est si resplendissante que je suis tenté de t'y offrir une visite jusque dans mes réserves privées, mais il me faudra plus d'un verre pour souscrire à une telle folie. Ou veux-tu tenter ta chance avec ta réalisation personnelle, avant que nous n'entamions cette bouteille ? Dans tous les cas, laisse-moi te confier ceci.

Nullement installé, à force de se laisser distraire par les merveilles des environs, Takeo profita de l'instant pour soustraire une boite de son sac à dos. C'est d'un geste méticuleux qu'il en ôta le couvercle, dévoilant la toute beauté—bien qu'elle fut relative—d'une Mimbulus Mimbletonia. D'une rareté sans précédent, il ne souhaita qu'une chose : que Saburoo ne livre pas de si rare ingrédient à sa folie chronique des potions.
Après tous, ces gens savaient être si rustres !

Je n'en ai que très peu, Bubu. Alors prends-en soin.
Saburoo Ueda
oui
Citation : How call someone with no body and no nose? Nobody knows.
Age : 46 (05/06)
Rang : S1
Orochi
Orochi
Saburoo Ueda
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Saburoo Ueda

bouquet d'homme Dans l’œil de Takeo se lisait l’ombre connue et exercée de la Passion ; elle s’y coulait, s’y fondait et transcendait le vif chatoiement de leur teinte—malachite ? smaragdin ? vert de pomme ? quelque part peut-être immiscé entre toutes ces nuances, la pigmentation de l’iris infinitésimalement fragmentée trahissant sans nuls doutes la présence de lipofuscine—de très beaux yeux ! La Passion majuscule s’y complaisait et je ne pouvais qu’humblement assentir à cette exaltation qui outrepasse l’académique : quelle aubaine pour les êtres que nous sommes de pouvoir épancher la connaissance au méat de jeunes oreilles et y ébaucher l’intérêt à la grâce de telles sciences, oscillant inlassablement entre simple assertorique et l’exercice fructueux de l’apodictique. Un véritable festin de savoirs séculaires, de perceptions bouleversées, d’expérimentations alambiquées, peu en importe l’arduosité de la tâche.
En hôte consciencieux, je l’observe investir ma demeure, étalant mes dents au vide par un irrépressible sourire.
Ton appréciation réchauffe mon cœur, professeur—le sursaut d’un rire, un éclat qui transperce mon poumon et s’échappe des anfractuosités de mon larynx pour venir se fracasser entre mes dents— et prends garde, tu attises ma curiosité. Nonobstant ces circonvolutions infortuites parvenues de mon esprit, la simple parution d’une bouteille tant attendue en bouleverse le rythme tandis que l’appréciation m’échappe : Ah ! quelle merveille tu fais, Takeo !

La substance même de la surprise ne provient pas tant des convenances liées à la coutume d’une invitation que celle de la Mimbulus Mimbletonia extraie du sac de mon incroyable comparse, échue en présent au creux de mes mains impies.
Une telle beauté d'Assyrie, l’as-tu cultivé toi-même ? ah, évidemment, quelle question, mais Takeo, n’aies crainte, je saurai en prendre soin—une fois réduit en pulpe juteuse sur un polyptrite approprié, le substrat filandreux se relèverait d’une indéniable excellence dans la réalisation de Victoriapotio—Non ! le philtre de Caedem, ou la Cotidieuphoria, bien que l’empestine permettrait le brassage d’Oneiro, adéquat en une telle saison. Ah tant de possibilités éhontément offertes, exhibées en agnus dei sous mes yeux ébahis, nichées entre mes mains accoutumées à l’inlassable labeur de la potion. Mais ces fabulations triviales, ces fantasmes de scientifique vieilli que je suis pourtant n’ont de place en ce lieu alors que mon regard taraude le vert indistinguible de Takeo.
Merci, mon cher, c’est un présent inestimable de ta part. Ainsi débutent gaiement les hostilités ! permets-moi donc de t’offrir autant de verres qu’il le faudra pour m’ouvrir les portes de tes réserves privées—les adonides valent bien une telle bataille. Mais installe-toi donc ! laisse-moi déposer cette beauté là où elle pourra nous présider de sa splendeur— ah oui, évitons d’être couverts d'empestine, cette soirée se verrait rapidement dépouillée de tout son charme. A cet emplacement exact ! voilà, tu es parfaite ! Ainsi trônait-elle fièrement, perchée sur l’étagère aux côtés d’amas hétéroclites divers, toisant nos pauvres âmes mortelles de ses épines léthifères, exultant sous nos yeux l’étendue de sa délicatesse boursouflée faite d’épines et d’excroissances végétales. Un régal visuel.

Très bien, mon cher Takeo, réservons le meilleur pour la fin, mes réserves feront pâles figures après cette bouteille dont tu nous fais grâce, et permets-moi de … ah ! la voici donc. Extirpé de méandres répandus de verreries opaques qui tapissent le pan entier d’une table, de papiers au vélin froissé de mille petites calligraphies noirâtres, de flasques généreusement emplies de poussière de régolithes issues de terres étrangères ; sous un tel enchevêtrement apocalyptique à l’unique indéniable, j’en émerge prudemment l’objet de mes recherches, la fameuse sève de mes brassages incarnée dans une bouteille à la contenance de chopine.
J’ai nommé « L’élan jovial qui nous étreint aux douces heures du soir »*. Le nom n’est pas officiel, bien sûr. La succursale du Ministère relative aux spiritueux n’a pas encore approuvé la commercialisation à grande échelle—ni à aucune autre échelle, d’ailleurs. Quelque chose à propos d’une trop grande concentration de psychotropes qui ne devraient pas s’y trouver et une nécessité de pasteurisation. Des formalités administratives, j’ai bien peur, d’autant plus que pasteuriser un tel breuvage serait intolérable. Des heures entières adonisées, consacrées à un labeur qui ne serait qu’aveuglément reconnu, bâtardé et bannissable duquel toute authenticité aurait été incidemment dépouillée : un processus entier qui avait vu des études entières atermoyées. Hérésie ! Tiens laisse-moi te servir : la fermentation est réalisée traditionnellement à l’aide de koji-kin, bien évidemment, mais également par quelques processus de mon cru.  
Bouteille en main, je m’empresse à la quête de quelques verres qui n’ont ni l’allure ni la dimension de béchers ou d’erlenmeyers si peu fonctionnels à la consommation, jonglant habilement entre éparpillements et étalages, avant de venir m’échoir sur le tatami dans une posture abâtardie de seiza et souriant de nos vespérales aventures.

* Yūgata no amai jikan ni watashitachi o dakishimeru yōkina shōdō, qui, selon la magie de google traduction, se (re)traduit également par « Une envie joyeuse de nous embrasser aux douces heures de la soirée ». Et comme j'ai pleuré de rire pendant 10min j'étais obligée de le souligner.
Takeo Shikibu
bouquet d'homme, takeo XlARcpL
Citation : The easiest enemy. Can only deal 1 damage.
Age : 29 ans. 16/04/1968.
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Seimei
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Takeo Shikibu
L'intégration du corps enseignant de Mahoutokoro représentait une épreuve autrement plus redoutable que toute offre d'emploi, car le talent ne suffisait à l'aboutissement d'une telle entreprise, bien au contraire : les efforts se voulaient indissociables partenaires de la réussite, car de la mienne, on ne pouvait dissocier une remarquable capacité de concentration. Je portais les études en horreur, nonobstant mes qualités intellectuelles—et celles-ci me paraissaient bien dérisoires lorsque me parvenaient les interminables billevesées d'un homme qui, ébranlé par la folie de la passion, adoptait les traits caractériels de nos appréciés yôkai : une susceptibilité incoercible lorsque venait le sujet épicentre de ses pensées, et une incorrigible grandiloquence. En cela, comme pour la bicolorité de sa dissidente crinière, il m'arrivait de douter de son humanité, du moins, jusqu'à ce que vienne l'heure des beuveries : il n'existait d'entité plus avare que l'Homme au sujet de l'alcool, sans doute car nulle autre espèce ne partageait son attrait du danger.

Les réglementations ministérielles sont obsolètes. Ton talent mérite reconnaissance, je n'en doute pas. À ce sujet, la prudence n'aurait été malvenue, car je faisais déjà les frais de son inventivité démoniaque : quelques gorgées suffirent à répandre en moi toute la singularité d'une boisson dont je comprenais à présent la prohibition. Mon palais se noyait sous les assauts incandescents d'un goût que j'aurai volontiers dilué sous une composition plus traditionnelle, si je n'avais crainte d'offenser Saburoo—la boisson était absolument imbuvable. Dans un incommensurable effort, en partie car je me voulais impassible, j'allouais l'écrasante majorité de mes neurones à la digestion de ce Feudeymon embouteillé, car je craignais, dans un instant de distraction, de ne succomber à cette insurmontable agonie. Aux pires heures du soir, tu veux dire. Ton saké est tellement fort qu'en comparaison, mes bouteilles relèvent du jus de fruit. Je vais me mettre une de ces mines !

Ah—il me prit quelques instants pour réaliser la bêtise de ma confession, car alors, j'entendais profiter de l'hospitalité de mon ami en toute politesse : il était de coutume de ne jamais mentionner de tels sujets en public, sous peine d'en couvrir son hôte d'inconfort, mais qu'y pouvais-je ! Saburoo avait l'art et la manière de m'entraîner dans les plus véhémentes croisades verbales qu'un pacifiste tel que moi n'avait daigné mener, car son usage de la botanique était une véritable insulte à l'artiste que j'étais devenu. Mais Saburoo, comment pourrais-je te mentir ? Ta boisson mériterait que l'on s'attelle à son perfectionnement, quoi qu'en disent nos égos, et laisse-moi te proposer mon aide dans sa confection, afin que nous profitions du meilleur saké jamais réalisé.
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