— MAHOUTOKORO
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encore eût-il fallu que je le susse (fuyuki)
Takeo Shikibu
encore eût-il fallu que je le susse (fuyuki) XlARcpL
Citation : The easiest enemy. Can only deal 1 damage.
Age : 29 ans. 16/04/1968.
Rang : -
Seimei
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Takeo Shikibu
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1340-le-roi-en-jaune
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Takeo Shikibu
L'insolence était, à n'en pas douter, l'une des choses qu'il détestait le plus chez les gens. Déformation professionnelle sans aucun doute, couplée à un désir non dissimulé d'amuser sa fin de journée, Takeo comptait bien tenir sa parole. Pour autant, si le rendez-vous improvisé avec Fuyuki constituait le summum de sa vie amoureuse des derniers mois, le botaniste se surprit à l'éluder de son esprit, le temps de mener à bien sa journée de travail. Il n'avait pas des classes faciles : les Tsuchigumo en tête de liste, les deux autres maisons n'avaient que peu à lui envier en terme de désorganisation.

Pour un peu, il avait l'impression de se revoir lors de ses années d'étude—et s'il en comprenait aujourd'hui l'importance, en grande partie pour son indiscutable excellence dans sa propre matière, les comportements immatures ravivaient en lui quelques belles parts de nostalgie. Sans doute prenait-il de l'âge, mais il fit preuve de tolérance, animant ses classes avec autant de légèreté que de précision dans ses cours : si, au premier abord, il montrait des aspects plus relâchés de lui pour mettre les élèves à l'aise, ses classes n'étaient aucunement dédiées à une sieste de digestion.

De temps en temps, il trouvait le besoin de le rappeler à ses étudiants trop longtemps bercés par ses humeurs, jusqu'à nourrir l'espoir d'échapper à l'inéluctable jugement des examens trimestriels. Sur ce point, Takeo était incorruptible, et offrir aux enfants les dates des premiers devoirs de botanique étaient pour lui un réel plaisir. Bien que modérément attaché à ces petits êtres pétris d'une ignorance étrangement proportionnelle à leur arrogance, la vue de leurs mines déconfites ne cessaient jamais de l'amuser.

Par ailleurs, il prenait le temps de rédiger des origami aux élèves assez téméraires pour éviter ses cours afin de les informer des dates du jugement dernier. Le manque d'assiduité de certains avaient beau le laisser de marbre, il préférait éviter de hacher les bulletins de zéro pointé—et à ce sujet, il ne plaisantait jamais. Finalement, l'attention lui prit presque deux heures : plus longtemps encore, à vrai dire, s'il n'avait pas collé un devoir surprise à l'une de ses classes, le matin-même.

Dans un silence notoire, ses origami négligemment pliés virevoltèrent au travers de l'école alors que leur auteur prenait la direction d'Iwomachi. Il était déjà tard, et sur la route, Takeo se remémora le sujet de sa conversation épistolaire, quelques heures auparavant. Son ami—et le terme paraissait bien généreux—l'avait suffisamment humilié pour l'exhorter à venir lui prouver les fondements de son aisance sexuelle.

Si la grossièreté de ce synopsis suffisait à cerner les enjeux d'une telle rencontre, le caractère fanservice n'échappait nullement aux lecteurs d'une si barbante rédaction. Armé d'une bouteille de saké, le botaniste toqua à l'appartement de Fuyuki, s'appuyant négligemment sur le mur pour l'aguicher avec un maximum de ridicule.

Buvons un coup entre puceaux, Fuyuki ! ironisa-t-il, pas peu fier de son expérience sexuelle, comme tout bon beauf qui se respectait.
Fuyuki Awataguchi
fuyuki
Citation : Tout bois est gris quand il est réduit en cendres.
Age : 27 ans
Rang : A2
Susanoo
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Fuyuki Awataguchi
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Fuyuki Awataguchi
Encore eut-il fallu que je susse
Evidemment lorsque Takeo s'était mit une idée en tête, Fuyuki le savait pertinemment : il n'y échapperait pas. Il avait délicatement déplié les grossiers origamis de son amis avant de les empiler soigneusement. Il pouvait alimenter le feu avec ce papier ou encore réparer les trous des paravent abîmés : ils étaient toujours utile et il aurait été dommage de jeter un si beau papier.  

Il était amusant de voir à quel point ce homme aussi versatile soit son esprit, était un bon professeur. Parfois, le jeune ébéniste avait envie d'en douter, il connaissait la témérité de son caractère, mais il le savait passionné tout autant que lui par le métier qu'il exerçait. Quand bien même il profitait de ses heures d'étude pour écrire quelques messages personnels dépourvu d'intérêt. Ah. Soupir.

Attendant l'invité importun, le jeune Awataguchi ne s'encombra pas plus longtemps de ses échanges. Il avait à faire, il travaillait sur un nouvel éventail. Il reprit le travail et le regard posé sur ses mots échangés, il eu une idée tout à la hauteur de son interlocuteur.

Saké en main et introduction sans équivoque, Fuyuki avait d'ores et déjà préparé le service de saké et s'était confortablement installé. Droitement assis, il buvait sa tasse de thé selon les bonnes règles de conduite. Sans geste superflu. Ne me mêle pas à tes histoires. Il se refuse d'avoir un surnom de la sorte, contrairement à lui. Ceci dit, j'accepte volontiers le saké.

Il lui fait un geste de la main, l'invitant à le rejoindre avant de lancer en direction du jeune professeur de botanique sa dernière création. C'est cadeau. L'éventail en acajou sur lequel il avait travaillé toute la matinée avait trouvé une décoration à sa hauteur : les origamis envoyés par ce cher Takeo. Tu auras enfin quelque chose pour exposer clairement ta sexualité avec dignité, ne me remercie pas : je déteste gâcher du papier.

Ca lui arrivait à lui aussi d'être taquin.


Takeo Shikibu
encore eût-il fallu que je le susse (fuyuki) XlARcpL
Citation : The easiest enemy. Can only deal 1 damage.
Age : 29 ans. 16/04/1968.
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Takeo Shikibu
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Takeo Shikibu
Un geste vif lui suffit à attraper le splendide éventail de papier, si soudaine et brève qu'avait dû être sa création : comme toujours, le doigté féérique de Fuyuki lui valait cette si gracieuse réputation. Dans son travail comme dans chaque geste du quotidien, dans ses propos comme un impeccable comportement qu'aucun écart de conduite ne venait souiller, il délivrait cette surface lisse, parfaite illustration d'une famille antique et respectée.

Sans héritage, il en portait les mœurs ; sans destin tout tracé, il vivait d'une solitude pourtant incapable de l'extraire à ses manières élégantes. Il en était ainsi à chaque rencontre : Takeo se figeait quelques instants, délectait son regard ignorant de simple hybride de culture, pauvre manant en opposition à la noblesse d'un homme aussi leste. Le spectacle lui était toujours agréable, bien qu'il n'oserait lui avouer—et en respect d'une telle conduite, il gagna la place opposée en silence. Sourire carnassier imprimé sur de fines lèvres, il sortit la fameuse bouteille de saké de l'une de ses poches et en ôta le bouchon.

Buvons, avant toute chose.

Une directive simple, tandis qu'il versait du saké dans les deux coupes, d'un geste étrangement élégant. L'alcool coulait tel un filon argenté, et on y retrouvait la dextérité d'un botaniste qui arrosait chaque jour un nombre croissant de plantes. Un clin d’œil adressé à l'hôte ; espiègle, ce partage d'alcool en ces lieux lui apparaissait déjà comme une victoire—et Takeo porta sa coupe à ses lèvres. Pour avoir déjà goûté La grimace de l'empereur, il s'attendait à la saveur exquise d'un plaisir qu'il ne s'offrait que rarement, mais son bonheur ne dépréciait jamais.

Mes deux mains sont toutes aussi musclées.

La remarque fut lâchée abruptement, au terme de longues minutes, alors qu'il se servait une nouvelle coupe de saké. En plus d'être grande, le pourcentage d'alcool dans cette bouteille était redoutablement élevé—et il n'avait pas pris la peine de compter les coupes bues de Fuyuki, pour autant qu'il en soit capable. Il n'empêche, Takeo était légèrement vexé : il traînait cette réputation d'un adulte immature et lubrique, mais il n'était pas aussi seul qu'on voulait bien le lui faire croire.

De temps en temps, il se trouvait de la compagnie, si éphémère qu'elle soit—et ses écarts de comportement se rapprochaient souvent d'une gigantesque blague. Les relations physiques et instables ne le dérangeaient pas, bien au contraire ; et pourtant, ces penchants semblaient se dissiper, au fil des années. Avec le temps, les responsabilités venaient, et Takeo ne s'imaginait pas plus longtemps vivre d'une telle débauche. Nombre de ses collègues avaient déjà une descendance ou l'espoir d'une famille, et lui aussi ressentait l'imminence d'une telle maturité.

Mais toi, toujours parfait dans ce que tu fais... as-tu déjà goûté à ces plaisirs ? Maladroit, le rouge de l'alcool aux joues, il se redressa, faisant trembler la table lorsque son genou la cogna. L'ensemble trembla, et sa coupe presque vide manqua de se renverser tandis que Takeo se penchait le sang-pur. Leurs visages dans une indécente proximité, ses iris d'émeraude détaillaient les fins traits d'un visage bien trop juvénile pour qu'il ne puisse l'imaginer expérimenté.

Je plaisante, murmura-t-il en s'écartant. Mais il y a forcément quelqu'un qui t'intéresse. Laisse-moi deviner... tu parles beaucoup à Natsuo, pas vrai ? Ou peut-être... un régulier dans ta clientèle ?
Fuyuki Awataguchi
fuyuki
Citation : Tout bois est gris quand il est réduit en cendres.
Age : 27 ans
Rang : A2
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Fuyuki Awataguchi
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Fuyuki Awataguchi
Encore eut-il fallu que je susse
Il était agréable d'être aux côtés d'un homme tel que Takeo, sa franchise parfois maladroite mettait à l'aise le jeune Awataguchi, lui qui était tant habitué à la courtoisie des sang-purs, aux non-dits et aux détours. Il arrivait à s'en demander de temps à autre ce qui les rendaient si différents, lui qui était incapable de se soustraire à sa condition. Incapable de se laisser aller en pleine connaissance de cause, toujours à réfléchir avant d'agir et ce même pour le moindre gestes du quotidien.

L'impression d'être observé et jugé.
Une pression constante que Takeo arrivait à effacer par son magnanime.
Parce que ne pas être parfait, est une erreur.

Il prenait place face à sa position, saké en main, tandis que la coupe de l'ébéniste s'était à peine vidée de son thé. A nouveau pleine, cette fois ci de la grimace de l'empereur, il porta délicatement la coupelle jusqu'à son nez pour s'imprégner de la fragrance de l'alcool, fort. Il esquissa un sourire sur la remarque de son jeune ami. Je ne saurais dire pour tes mains, mais il semble assez prononcé en effet, je ne suis pas sûr d'être capable de l'apprécier autant que toi.

Il n'était pas un si grand buveur. Il avait toujours aimé les alcool doux, réchauffant le corps et le coeur, plutôt que ceux qui vous brûlent et vous enivrent. Cela ne l'empêcha nullement de profiter du présent de Takeo. Dès la première gorgé le liquide vint lui picoter la gorge et pour cacher la grimace de surprise, il porta sa main à son visage laissant la manche de son kimono cacher son expression sur l'instant.

Tu ne fais pas semblant, décidément. Ni dans sa façon d'être, ni dans ses choix de boissons et encore moins dans sa faon de boire. Il se resservait pendant que l'ébéniste avait opté pour prendre son temps, sinon il savait pertinemment qu'il ne tiendrait pas bien longtemps.

Tandis que l'alcool lui montait d'ores et déjà aux joues, Fuyuki ne comprenait pas la question. Il se redressa et s'assurant qu'en se cognant le professeur de botanique n'avait rien renversé, en relevant son visage celui de Takeo était tout proche du sien. Il resta figé, incapable de bouger, il ne pouvait que contempler la couleur de ses yeux. Il n'avait jamais remarqué qu'ils étaient aussi beaux. Ses lippes s'entrouvrissent. De quels plaisir exactement parles-tu, Takeo ? A lui qui n'avait jamais enfreint l'interdit, l'idée le dépassait.

Il posa son index sur la pointe du nez de son ami comme pour l'arrêter dans une démarche qu'il ne comprenait pas. Tu es déjà saoul ? Il rit en douceur. Laisse-moi te faire une tasse de thé. Il se leva quittant ce visage trop proche pour qu'il puisse le soutenir entre bien longtemps. Il passa fît le tour de la table et passa ses mains sur les épaules de son cher ami pour l'aider à reprendre place. Il n'y a jamais rien eu, je ne suis pas comme toi ou Natsuo.

Il n'es pas libre de choisir, alors il n'a jamais rien osé. J'appartiens à ma famille. Il n'y avait rien de plus à dire. Et toi, n'es-tu pas justement qui ne sait réfréner son affection pour Natsuo ?

Il reprends place autour de la table, cette fois-ci aux côtés de son invité, avant de remplir sa coupelle du thé qu'il appréciait avant son arrivé. Vous êtes adorable.



Takeo Shikibu
encore eût-il fallu que je le susse (fuyuki) XlARcpL
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Takeo Shikibu
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Takeo Shikibu
Tu ne fais pas semblant, Takeo
La pensée résonne, brutale et sincère, comme l'écho d'une vérité dont la fulgurante fausseté le freine : son cœur s'emballe, d'une colère si sourde qu'il n'entend plus raison, prière adressée au monde qui ne lui accorde nulle attention. Car de cette société, il n'est qu'une vile vétille, la tâche criminelle d'un monde dont le secret menaçait. Les souvenirs lui reviennent, à l'image de ce qu'ils impliquent ; une mère si aimante, pourtant déterminée ; l'égoïsme de parents investis dans un projet à côté de laquelle, nébuleux souvenir à présent, la famille semblait ne rien valoir.

Il ne fait pas semblant, car plus rien ne demeure
Ce n'est pas un mensonge, mais un remplissage de vapeur
De fumée impalpable, nocive et submergeant
Les moindres recoins de cet esprit avide de bonheur.

Ses sourires caressent la continuité de son visage, comme inscrits dans sa peau : ses yeux pétillent, émeraudes incrustés de savoir, comme colorés par la joie. Une peau mate, colorée sous un soleil frappant des heures d'un travail passionné ; son visage, aussi poupin qu'il semble avoir vécu des années ; sculpté dans le bonheur, comme s'il y resplendissant.

De tous les plaisirs du monde, Fuyuki. Ceux qui ne devraient nous être interdits, car ils sont inscrits dans notre nature ; qu'ils soient charnels ou inhérents à notre silence contemplatif.

Et ses pupilles, si malicieuses, s'attardent sur un visage dont il réalise enfin la beauté : ces fins traits, capturés par la sombre teinte de cette capillarité parfaite, offrent la vue de ses yeux plongeants, à l'expressivité sans fin. Un instant durant, sa respiration s'arrête ; allongeant, inconsciemment, comme en écho à sa provocation, ce plaisir dont il se garde l'existence. Ses lèvres agitées d'agacement, d'une expressivité cachée ; Takeo n'en rate le moindre détail : sa tête se penche en arrière, suit le visage bienveillant de celui qui capture ses épaules. Absurde, inoubliable soirée ; la raison lui revient, sans que l'envie ne triture ses méninges : piétiner cette relation—à présent qu'il en réalise la douce importance—lui paraît inconcevable ; et l'ébéniste, muet à ses émotions, fragile comme une poupée de porcelaine, ne quitte son champ de vision.

Tu es bien foutu, admet-il sobrement.
Nonchalamment, sans doute—car l'alcool ne cesse de grimper.
Sa vigilance, elle, de baisser. Tu avais du succès, à l'époque ?
Encore maintenant, peut-être. Ses yeux clignent d'inattention, de fatigue, peut-être ; sa réflexion s'atténue, se réserve aux grandes lignes entre lesquelles il ne discerne plus les formes.

Brutal et honnête, rendu limpide par un alcool dont le goût contribue à l'amertume sur sa langue sèche.
Takeo s'attarde, se refuse à aborder le sujet
Le nom flotte dans l'air, sans qu'il parvienne à le formuler
Awataguchi—et sa langue claque sur son palais
De frustration apparente.
Comment lui dire ? Comment le libéré ?
Libérer cette vérité futile, dont il ne saurait se soustraire

Pourquoi donc à ta famille ?

Un grognement, rendu bougon par le silence dont il espérait
Réponse, précision, quelque chose ;
Comme si cette soirée suffisait à les rapprocher.
L'alcool pivote, lui fait perdre la raison ; à fleur de peau, dont il est pourtant féru, la colère ne fait bon ménage : il soupire, attarde ses lèvres sur la tasse brûlante, et dont le goût semble couvrir ses peines. Le thé réchauffe son corps, cette poitrine givrée ; comme ces traditions aberrantes, intemporelles fatalités, frappant le droit du sang comme un refus de liberté.

Tu pourrais rester ici. Trouver quelqu'un et t'installer pour de bon. Ou bien, fuir loin de leur influence, et vivre en paix.
Fuyuki Awataguchi
fuyuki
Citation : Tout bois est gris quand il est réduit en cendres.
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Susanoo
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Fuyuki Awataguchi
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Fuyuki Awataguchi
Encore eut-il fallu que je susse
Malgré tout son savoir, il était ignorant du monde. Il était ignorant de la vie, lui qui passait sa vie à la contempler et à la sculpter. Passif à l’instar d’un voilier qui se laisserait porter par le courant sans jamais influencer le gouvernail. Capitaine d’un bateau à la dérive, il est perdu au beau milieu de l’océan. Il ne connait rien de plus que les théories qu’on lui a fait apprendre comme de simples mélodies, par coeur.

Il ne fait que vivre passivement,
Pensant qu’il n’y avait rien de gênant.

De tous les plaisirs du monde, Fuyuki. Et des plaisirs qu’il connait, il n’y a que la prospérité d’une vie bien cadré et sa liberté est de vivre de ses créations enchantés. Pourtant, il sait qu’il a toujours envié cette peau brûlée par l’ardeur, ces vérités maladroites s’échappant d’entre ses lèvres. Takeo lui fait penser à un oiseau s’étant écrasé maintes et une fois avant d’avoir été capable d’aujourd’hui dominer le ciel. Il n’est qu’un homme levant les yeux et frissonnant devant l’étendue de ses ailes.

Puisse-t-il un jour s’envoler de la sorte.

Certains plaisirs sont trop loin pour être entendu. Ici bas, ils ne font même pas écho à un murmure. Il se fait sourd face à l’inconnu et pourtant il vient se heurter face à lui comme mur invisible. Alors qu’il portait sa tasse à ses lippes, ledit professeur de botanique laissait sa langue claquer contre son palais des propos qu’on ne lui avait encore jamais porté. Tu es bien foutu. Fuyuki manqua de s’étouffer de sa boisson avant de tourner son visage surpris et rosé vers l’auteur de ces propos déroutant.

Pardon ? Ses cils se rabattirent plusieurs fois comme pour chasser une image, ici un son, mais il était encore bien assez sobre pour savoir que son ouïe était loin de lui faire défaut. L’alcool te fais dire de drôles de choses, Takeo. Il éclata de rire avec douceur, non loin de réaliser la portée de ses mots. Aussi naïf qu’un poisson prêt à mordre à l’hameçon. Je ne sais pas si j’avais du succès, mais ta langue est bien la plus pendue qui m’ait été donné d’entendre.

Il ne sait pas non plus si de son nom ou de son attitude ce qui a toujours conduit son entourage à toujours prêter attention aux mots qu’ils employaient, mais il y avait quelque chose d’agréable à écouter cette tête brûlée, cet idiot sans aucun tact. Il pouvait alors oublier le poids porté par un des hérités Awataguchi.

Pourquoi eux.
Pourquoi sa famille.
La réponse lui semblait si évidente.

Parce que je n’ai jamais eu qu’eux. Parce qu’il pense que tout ce qu’il possède vient de là, parce que c’est ce qu’on lui a toujours appris, conté. C’est l’un un refrain qui s’encre dans la tête et qu’il siffle sans même le réaliser. Je n’ai pas le luxe de fuir. Il plonge son regard dans ces yeux d’émeraude qui le font tant voyager. Ah, il aimait tant les observer, se perdre dans cet étendue de vert. C’est mon devoir, comme c’est le tient de guider tes élèves sur la bonne voie, comme tu te dois de leur montrer le chemin. Il porte de nouveau sa coupelle à ses lèvres. N’est ce pas, professeur ?

Qu'ils ne finissent pas comme lui, égaré attendant que son navire soit porté. Mes lessons ont prit fin depuis longtemps, qu’espères-tu m’enseigner de la sorte ? Il s’en rend compte, il le sait, il n’est pas satisfait. Lui non plus, à vrai dire. Il s’est simplement habitué. Il s’approche, approche son visage. Ses pupilles rubies sous la métamorphomagie ne fuient pas cette fois-ci. Laisse-moi te demander une chose : peut-on devenir libre en rêvant simplement de liberté ?

La réponse lui semblait évidente,
Et c’était bien ce qui le condamnait.



Takeo Shikibu
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Takeo Shikibu
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Takeo Shikibu
Ses prunelles évoquaient la verdure intemporelle des campagnes japonaises et, pour la première fois en de longues années, poussé par un ressenti que seule une sincère affection pour le sang-pur avait su triturer, elles se virent englouties d'une rancœur que lui-même pensait disparue, mais qu'il ne tarda pas à dissimuler en se dédiant à la contemplation de sa tasse de thé. Takeo avait toujours détesté cette hiérarchie de sang qui lui avait tant coûté—son bonheur d'antan, son innocence d'enfant ; les sourires le sauvaient désormais des griffes de la sincérité dont ils étaient exemptes, et sa jovialité était moins réelle que l'était la silencieuse colère qui demeurait en lui, longtemps contenue du fait d'une passion sans nulle comparaison.

La fierté démesurée des familles antiques étaient à l'aube de corruptions si ancrées et meurtrières que la modeste position d'un enseignant de botanique, tout doué qu'il fut, n'aurait été à même de les ébranler : si la parole était accordée à tous, les origines laissaient flétrir le crédit de ceux qui ne répondaient pas aux normes des hautes sphères du pouvoir. Que valait-il, face à l'immensité des Awataguchi ? Qui était-il, pour parler ainsi de liberté quand la colère le tenait captif ? Rendu lâche par la peur de la mort. Rendu seul, par la peur de perdre. Rendu ivre, par la peur de penser ; rendu enragé par celle de ne pouvoir s'en détacher.

Je ne devrais pas dire ça. Tu n'es pas responsable des choix de ta famille. C'est juste... c'est un peu frustrant.

Il y avait une part de honte dans son jugement implicite, une part de vérité dans ses incessantes pitreries. Il y avait une lueur d'espoir un esprit rendu si cynique qu'il en aurait rit de sa propre mort ; une lueur d'amitié en cette solitude imposée par l'oubli de son propre sort. Fuyuki comptait. Il n'était pas le seul—car à cette pensée chaleureuse, le visage de Natsuo, étonnamment, comme celui de certains autres de ses compères, à commencer par Saburoo ou, il n'aurait su l'admettre, Asagao, lui revenaient en mémoire : Fuyuki avait gagné sa place dans une vie aussi chaotique qu'elle était importante, car ce quotidien, aujourd'hui troublé par la mégalomanie de quelques ancêtres incapables de se contenter de leur propre mort était tout ce qu'il lui restait.

Ma famille était tellement différente. J'ai du mal à comprendre comment l'on peut accorder plus d'importance à un nom qu'à ceux qui en sont détenteurs. Je ne trouve rien de glorieux chez les Awataguchi lorsque je te vois si malheureux.

L'alcool montait. L'alcool troublait sa logique, ses barrières, son impassibilité. L'alcool tournait, dédoublait une vision censée être tenue lucide, loin des moindres sentiments dont il clamait la non-existence. L'alcool, bientôt, se dilua dans la coupe de thé dont il avala de longues gorgées, se forçant au silence. Que valait sa parole ? Que valait son amitié ? Que valait-il ? Fuyuki, lui, valait quelque chose, mais il était difficilement d'affirmer la réciprocité d'un tel sentiment.

Il était difficile de croire en des yeux dont il ne connaissait pas même la véritable teinte, difficile de croire en un esprit qu'une voix de l'ombre suffirait à persuader. Sa vie ici, leurs échanges dans un silence propre à l'ignorance ; leur liberté dans une quiétude propre à cette solitude qui ne faisait pas d'eux un tout, mais bien des âmes égarées, liées par l'empathie d'une souffrance permanente.

La liberté ? Je ne la connais pas vraiment. J'aime mon métier, j'aime ces foutus gamins et cette école, si corrompue et injuste soit-elle. Il y a quelques personnes que j'aime, aussi. Je m'insurge en silence, mais il n'y a rien que je puisse dire. Un jour, tu seras fiancé à une charmante sang-pur et moi, je resterai fiancé à mes plantes, non que ça me dérange.

Un haussement d'épaules. Un maigre sourire, à mesure que l'alcool redescend, que le rêve s'élude pour les déceptions d'une réalité immuable que toute la volonté du monde ne pourrait changer. Takeo avait déjà tout perdu une fois, pour la gloire de ces familles ancestrales dont le bien-être le laissait indifférent. Désormais, il n'avait qu'à laisser le temps lui ôter doucement les bribes de ce bonheur restant : petit à petit, sous cet œil désabusé qui le rendait si triste, et pourtant si humain.

Mais nous sommes libres, au moins le temps d'une journée, ou de quelques mois. Il reste du saké ? Tant qu'à se laisser sombrer dans la tristesse, parfumons l'instant.
Fuyuki Awataguchi
fuyuki
Citation : Tout bois est gris quand il est réduit en cendres.
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Susanoo
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Fuyuki Awataguchi
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Fuyuki Awataguchi
Encore eut-il fallu que je susse Il existait un univers entier entre les deux mondes dans lesquels ils avaient vu le jour et pourtant, tout deux avaient grandit sous le même ciel. Ils partageaient les mêmes rêves et envies. Un nom suffisait à laisser la frustration éclore et embaumer leurs existences. Pesticide odeur couverte sous la grandeur et la richesse ; il n'y avait rien à en tirer lorsque la gloire ne vous intéresse en rien. Fuyuki ne s'en est jamais caché, il aime sa tranquillité, il aime son atelier, il aime son existence effacée et pourtant, il est incapable de se détacher de ses racines. Lui, hérité d'une des branches des vénérables Awataguchi. Un rêve lucide, qui n'attends qu'un instant pour tourner au cauchemar. Il est une bombe à retardement.

Il est vrai, je ne le suis pas, mais de ma responsabilité je dois l'assumer. Parce qu'il ne peut pas faire autrement, parce quand bien même il le souhaiterait, il ne voit aucun échappatoire à sa condition. La réalité est frustrante, j'aurais sincèrement aimé naître sous la même étoile que la tienne, Takeo. L'admiration qu'il éprouvait était des plus authentique. Lorsqu'il était en sa présence, il se disait que la vie était simple, chaleureuse et pas si mal. Il rêve que ces jours perdurent encore et encore. Honnêtement, hors mes manières ; je n'ai rien de mon nom : ni la conviction, ni les ambitions. Je ne suis pas malheureux, mais j'ai peur de l'être si mon nom me mène à vous perdre. Sa liberté pourrait bien être entravée, tant qu'il avait ces gens là à ses côtés, peu importe l'affection qu'il en reçoit, peu importe ce en quoi il croit, il pouvait le surmonter, c'est ce qu'il s'imaginait. Parce que de sa vie, il apprécie ce qui la façonne aujourd'hui. A l'instar du professeur, Mahoutokoro était son îlot de paix. Un semblant de liberté qui s'était dessiné.

Tu comptes parmi ces foutus mômes que j'affectionne également, mais comme tout enfant : on ne peut rien faire. Pourtant, tu ne sais pas à quel point, rien que de le savoir, me rend heureux en cet instant. Il esquisse un doux sourire laissant le thé chauffer ses mains et ses joues. Le bonheur d'un instant, pour effacer la tristesse de ce qu'il l'attends. Il ne s'imaginait pas marié et pourtant, il s'était préservé de toute affection par crainte de ce moment. Peur d'aimer, peur de s'égarer, peur de trop souhaiter. Il s'est enfermé.

Qui de toi ou moi redoute le plus cet instant ? C'est sans grande arrière pensée qu'il rit de son malheur programmé. Ils sont libres, mais en son sens, Takeo le sera à jamais. Il n'était pas sûr de saisir, mais n'étais pas certain non plus de le vouloir. Il se releva, allant chercher un saké plus doux qu'on le lui avait offert dans les placards à quelques pas. Ne tombe pas d'ivresse, je serais incapable de te porter, c'est ma seule condition. Il retourna aux côtés de son invité et versa de la liqueur dans leurs verres avant de poser la bouteille de porcelaine sur la table. Il n'est pas aussi fort que ceux que tu apprécies, j'espère que tu aimes la douceur. Parce qu'il ne connait que ça.


Takeo Shikibu
encore eût-il fallu que je le susse (fuyuki) XlARcpL
Citation : The easiest enemy. Can only deal 1 damage.
Age : 29 ans. 16/04/1968.
Rang : -
Seimei
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Takeo Shikibu
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Takeo Shikibu
Je n'estimais comme bonne étoile qu'un bonheur partagé, avidement offert à qui n'en nécessitait le moindre effort : d'aucuns se vantaient d'une richesse sans égale qui se suffisait à elle-même, car alors, l'importance de l'amour n'effleurait leurs pensées. Le mal jouissait d'une indépendance solitaire, échappant à l'addiction d'un bonheur en intraveineuse : et si tu devais m'être enlevé au bon vouloir d'une autorité supérieure, pouvais-je m'estimer chanceux ?

Et si notre amitié se laissait broyer par quelques impulsions capricieuses, sous l'appel d'un sang dont la pureté me répugnait tant, m'en relèverai-je seulement ? Et si notre amitié se couvrait de sentiments nouveaux, parsemés d'un mystère aveugle à qui ne jurait que d'une maladroite solitude, serais-je capable, dans cette souffrance nouvellement éveillée, d'en assumer la nature ?

En cela, l'alcool se voulait bénéfique : une nouvelle coupe n'embrumait que davantage mes sens, me cantonnant dans les nébuleuses certitudes que cette soirée caressait un bonheur éternel. Si tout allait bien—si tu étais là—le futur m'était bien égal. Si tu étais là—si tu ne me chassais de chez toi—alors tout ne pourrait, si regrettable que serait le lendemain, qu'aller bien.

L'alcool me rend émotif, mais certainement pas inapte. Ne cherche pas une excuse pour me porter jusqu'à ton lit, je risque de sauter sur l'occasion—et sur ton lit, certainement.

Sans quémander son accord, je remplis à nouveau mon verre, reposant la bouteille avec une délicatesse digne de mes meilleurs ouvrages botaniques—car si la rudesse de ma personnalité laissaient à croire que j'étais un peu gauche, il n'en était rien : ma patience et ma douceur n'avaient rien à envier à celles d'une personne aussi gracieuse que ce cher Fuyuki, et pour autant que je me montrais délicat, ma lucidité était avérée. En certains points, du moins, car me frôla, en quelques sauvages volitions, le désir—le besoin—de lui confier mes peines, enfouies au fond d'une âme arrachée à toute forme de confession.

Je ne suis pas sûr d'apprécier cette éventualité, ajoutais-je avec un sourire résolu, conscient de la différence de nos patronymes. L'immensité de son clan écraserait mes maigres volontés, me confortant dans une dérilection déprimante : je ne me voyais capable de me battre pour une cause que j'estimais perdue d'avance, tout sincère que soit mon affection—et pourtant, la seule idée de le laisser abandonné à ses obligations, voilé d'une solitude silencieuse, m'était encore plus insurmontable. L'enseignement m'avait appris l'empathie, et avec elle, une dévotion à m'en faire regretter mes résolutions d'antan : si ce n'était mon amour pour mes élèves, celui que je portais à Fuyuki suffirait à me faire couler.

Je n'ai pas peur de l'attachement, mais plutôt de perdre ces choses-là, au point d'en devenir terriblement maniaque. Je me fais violence pour ne pas ranger ton appartement, tu sais.

Un rire d'une sincérité presque douteuse vint ponctuer mes propos et mes yeux le trouvèrent, une fois de plus, une fois de trop, peut-être : le contact de ses prunelles rutilantes, épris des mensonges d'une magie mystérieuse. Qu'était son véritable visage, je l'ignorais encore—il m'était arrivé de le questionner, soucieux des traits de son visage juvénile, avant d'en réaliser la futilité : je lui voyais les mêmes expressions soucieuses, la même grâce qu'il estimait familiale. Je n'imaginais d'autre voix que ses douces remarques venues hacher mes monologues absurdes, comme l'accalmie qui suivait la tempête dont je ne contrôlais l'avancée.

J'imagine que je boirai seul. Rassure-moi, les fiançailles magiques ne condamnent pas l'alcoolémie abusive ? Si c'est le cas, je refuserai ta demande, je suis désolé.
Fuyuki Awataguchi
fuyuki
Citation : Tout bois est gris quand il est réduit en cendres.
Age : 27 ans
Rang : A2
Susanoo
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Fuyuki Awataguchi
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Fuyuki Awataguchi
Encore eut-il fallu que je susse
Et tes paroles lui crèvent le cœur, Takeo. Elles le consument derrière cette image si parfaite, le moindre de tes mots est pour lui un univers tout entier. Parce que pour Fuyuki, il n'y a pas deux êtres comme toi. Tu es devenu l'incomparable et l'affection si unique que te porte le jeune Awataguchi lui est inconnue. Il la sait fortuite, alors il l'a tait. Il laisse l'espoir mourir en silence sur le creux de ses lèvres, alors qu’il souhaiterait formuler quelques unes de ses pensées. Réduit au silence par sa condition, condamné à te perdre. Il ne veut pas te laisser croire en quelque chose qui te ruinerait, il ne veut pas te voir tomber à ses côtés.

Il est innocent, mais pas inconscient. Il rit de ces banalités parce que, par moment, elles ne sont que ce à quoi il pourrait aspirer. Il ne cesse de penser ; Est-il le seul à succomber ? Est-ce mal pour lui de le fréquenter ? Il ne connaît pas de bonnes réponses, il ne sait pas, il est ignorant de tout, de toi.

Il laisse la douceur du saké parler pour lui, il est bien plus maladroit qu’il n’ose le montrer. Bien plus gêné qu’on ose le penser, bien plus attristé qu’il n’ose l’exprimer. Je ne suis pas sûr que tu sois à ton aise dans mon futon, mais je te le céderai avec plaisir, ce sera pour toi l’occasion de t’essayer à l’inconfort traditionnel. Il hausse les épaules, sourire suspendu dans le soin de ses lippes avant de laisser l’alcool de nouveau embrasser les bords de sa coupe. Aussi doux fût la liqueur, elle lui laissait par moment un sentiment d’amertume. Son regard par moment cherchait dans le tien une certaine complicité, mais aussitôt il était affublé par la culpabilité. Il le détournait. Rien en ce monde ne pouvait lui arracher sa foutue raison, il la méprise, la déteste, l'arbore, elle l’empêche injustement d’agir.  

Ne l’apprécie pas autant que moi dans ce cas. Si ça doit arriver, par pitié, ne me félicite pas. Il ne veut pas de mots heureux, de souhaits de bonheur et encore moins de ta part. Si ce jour doit arriver, alors ne lui dit pas qu’il est chanceux. Jamais. Il aurait l’impression que tous ces moments partagés perdraient de leur sens, il s'imaginait que tous ces instants d’aveux, tous ces non-dits auraient été dépourvus de sincérité. Tu l’as mis à la dérive. En attendant, mon appartement est tien. Alors, ne te gène pas, tu es ici chez toi. Il le pense, pour toi, il outrepassent certaines de ses lois. S’il ne peut être ta maison, il espère pouvoir être ton refuge, ce n’est pas grave s’il n’est qu’un lot de consolation, ce n’est pas grave si tu t’envoles, parce que d’en bas : il espère pouvoir à jamais t’observer naviguer dans l’océan étoilé.  O grand jamais, sinon je serais bien le premier à y faire défaut. Alors, plutôt que de refuser, permet moi de t’accompagner. Il lève son verre à nouveau, laissant ses joues chauffer par la boisson, laissant ses paroles toujours se ranger de ton côté. Parce que la seule chose qui effraie le jeune ébéniste, c’est de te décevoir.


Takeo Shikibu
encore eût-il fallu que je le susse (fuyuki) XlARcpL
Citation : The easiest enemy. Can only deal 1 damage.
Age : 29 ans. 16/04/1968.
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Seimei
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Takeo Shikibu
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Takeo Shikibu
La honte me gagne.
La honte, juste rétribution de ces heures rendues serviles par l'alcool, appose silence à mes pensées, accable mon esprit de la responsabilité dont je me clamais porteur : l'amertume de la boisson pourfend mes lèvres entrouvertes, et la chaleur m'emplit, en hypocrite sentiment de confort. L'acuité visuelle rendue trouble par la fatigue exponentielle, mon verre trouve le contact presque brutal de la table où je l'y abandonne, et sans crier gare, je me laisser tomber en arrière. Sous la froide intimité du sol, j'embrasse le dégoût de mon imprudence, de l'intimité en laquelle je me fonds, faisant fi de la rigueur que je m'étais juré de maintenir ; la lumière obstrue mon regard, et la gêne me semble d'autant plus réelle—car il n'est de soleil sous lequel je peux rester invisible. Fuyuki m'émerveille, et ses douces intentions ne trônent sous le joug d'aucune malice, ni d'autorité : il m'apparaît sincère, comme offert aux griffes d'une affection que je sais versatile, car m'en soustraire me serait si aisé.

J'ai assez bu, et le soupir témoigne de l'intronisation de mes craintes les plus archaïques, et use de quelques bribes de sincérité pour couper court à l'instant. Mon corps n'est pas le seul à vaciller—ma détermination semble s'émietter sous l'autorité de ce diable d'alcool, m'arrachant à cette lucidité qui m'a toujours protégé. Maudit soit le saké ! Si je ne lui étais pas tant dévoué dans l'espoir d'oublier les peines du monde, sans doute ferai-je le serment, ici-même, de ne plus y goûter. Avec aisance, je me redresse, et viens débarrasser mon verre de ses quelques gouttes d'un alcool un peu tendre.

Je te prends au mot, et je vais passer la nuit ici. Recurvite, et tout en dégainant ma baguette, j'incantais l'un de mes sortilèges préférés : les ustensiles s'envolèrent avec grâce, et sans doute moins de vivacité qu'espéré. L'alcool dans mes veines, je préférais la prudence à toute forme de vitesse, car j'avais, dans mon malheur déjà, brisé plus d'un pot. Je ne te féliciterai pas. Le bois de cornouiller retrouva sa véritable place, au fond de ma poche, à l'issue toutefois de quelques maladresses—mieux valait, estimais-je, qu'elle ne finisse pas dans mon caleçon. Je m'estimais encore capable de retrouver le chemin de mon appartement, mais fort de mes expériences alcooliques, j'avais outrepassé la limite : ma lucidité se voulait aussi funambule que mon équilibre, et j'entendais déjà ma complainte matinale, lorsque la migraine martèlerait mon crâne. Allons dormir avant que la tristesse ne ternisse notre soirée. Je me contenterai du futon—les quelques plantes de ton salon raviront ma nuit, j'en suis certain.
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