— MAHOUTOKORO
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sugarcoated (reo)
Reimi Tsukino
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Citation : et l'homme saigné noir à ton flanc souverain
Age : 18
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Orochi
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Reimi Tsukino
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Reimi Tsukino
A peine sortie de l’onsen, encore fumante de ses eaux agréablement fougueuses, j’avais au bout de la langue la piqûre vicieuse de l’ennui, comme une envie méchante—elle était pernicieusement tapie derrière des crochets souriants, mes commissures déchirées à la vue bénie d’une distraction bienheureuse. Aussitôt, je m’écriai, désinvolte : Reo, quel heureux hasard !
Ne vivais-je pour autre que ta haine alors, consciente que ses flammes s’apprêtaient à lécher mon derme déjà poli par un bain inutilement brûlant ? Mes yeux, pupilles dilatées au possible, s’empressaient de dévorer ton allure si typiquement princière et, dans l’exhalaison mauvaise d’un soupir rêveur, je poursuivis, insensible. Ah—je m’en languissais. Sans doute animée par l’insensé désir de te provoquer, je rompis la distance de quelques pas dansants, transie des souvenirs de nos valses sibyllines, dissimulées sous le couvert d’une réserve abandonnée.

Je pensais justement à toi, me semble-t-il. Le mensonge, éhonté, suintait de l’assurance qu’avaient toutes les vipères, lorsqu’elles sifflaient leurs contes ; et moi je serpentais, lippes ouvertes sur un inébranlable ris, j’assistais à la consécration sanctifiée d’une oeuvre façonnée par mes serres impies—refermerais-tu les tiennes autour de ma gorge, si j’en formulais la supplique ? Je me demande, souvent, s’il m’arrive de traverser tes pensées. Comme j’aimerais, vois-tu, en connaître la nature ; me fantasmes-tu morte, déchue à tes pieds ? Ou m’ériges-tu encore sur ces piédestaux divins, ceux-là même qu’inconsciemment tes pieds foulent, ceux-là même que j’ai construit à la seule force de ta passion ?

Attisée de curiosité égoïste, je la laissai poindre dans la courbe de ma nuque et redécouvris ce visage que mon coeur muselé désirait—sans doute hurlait-il en loup solitaire, satisfait par ton absence tant qu’elle ne lui rappelait le saisissement de ta présence. Je le fis taire d’un sursaut de mes doigts, mes artères contractées dans leur sanguinolente envie d’encore distiller la pression punitive de ta carne. Finalement, éprise d’un appétit autodestructeur, j’happai toute l’attention que tu voulais bien me céder, et susurrai : c’est curieux, de te voir sans Idriss. Et mes propres os geignirent.


Reo Ueda
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Citation : the very flower you chose that day, its only task was to decay
Age : dix-huit
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Susanoo
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Reo Ueda
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Reo Ueda
Il n’est chose aisée de se défaire tout à fait de l’emprise du vice, car bien souvent il laisse en l’esprit sa marque insidieuse, une empreinte inscrite au fer rouge qu’on croit éteinte de longs moments et qui se réchauffe lorsqu’on y prête le moins d’attention. Le vice de Reo porte les traits d’une vipère, tout du moins c’est là l’image qu’il se fait de celle qui vient contrarier les dernières heures de sa journée. Elle ondule, siffle et se meut en habiles sinuosités, lui arrachant une grimace agacée—la joie dont elle se targue n’est pas réciproque. Tu penses à moi, en voilà une nouveauté. Un sourire mauvais se peint sur ses lèvres, et tandis qu’il s’apprête à poursuivre son but premier, rejoindre l’onsen, les babillages incessants et questionnements insensés de Reimi lui arrachent toute envie de l’ignorer, au profit d’un désir différent, animé par d’avides ardeurs à l’idée de lui couper toute envie de jouer à ces jeux absurdes qui ne l’amusent que très peu.

T’ennuies-tu à ce point, Reimi ? Il détache les syllabes de son prénom comme il a si bien su le faire en des temps plus anciens, ses pupilles noires plongées dans celle de sa comparse dans une attitude toute diaprée de défiance. Une furieuse aigreur le saisit, confronté ainsi par celle qui paraît ne rien trouver sérieux, et dont les moues amusées l’irrite considérablement. Le clou s’enfonce lors de la mention de son camarade de chambre—l’empreinte au fer rouge se réveille. Son expression se crispe, et un rire tranchant lui échappe. Ah ! il est amusant que ce soit le nom qui te viennent à l’esprit en ma présence. D’un doigt, il crochète le menton de la jeune femme, attirant son visage au plus près du sien—et de ses lèvres de sussurer avec mépris : Ainsi, dis-moi. Me ressemble-t-il ? Prends tout le loisir de me regarder et je t’en prie, n’abaisse pas les yeux pour me répondre, ce serait bien mal élevé. De la passion à l’hostilité il n’y a qu’un pas—en l'occurrence quelques milliers de kilomètres et un silence infâme. Tu m’as déçu, et persiste à me décevoir.


Reimi Tsukino
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Orochi
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Reimi Tsukino
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Reimi Tsukino
C’est sous le fardeau de l’amour que je me noie.
Son bassin tout d’eau noire saturé corrode mes veines, suit leur cours obscur pour faire échouer dans les vaisseaux graciles de mon coeur sa bile mauvaise ; j’ai appris à l’aimer comme je t’ai aimé toi, et de tous les mensonges qui pourrissent à la lisière de mes lèvres, un seul se refuse à franchir le pas. C’est mal me connaître, clamé-je alors, le timbre plus cru, la peau à vif, tu n’as pratiquement jamais quitté mon esprit, moins encore lorsque j’ai foulé le sol africain. L’air te plairait, il y fait si chaud que les pires étés nippons me paraissent risibles. C’est fièrement que j'hurle mes faiblesses et que je les revêts comme une cuirasse, leur perfidie assujettie aux plans que je forme pernicieusement, qui me dépassent dès lors que les chaînes de mes poignets me ramènent à ma condition de piteuse humaine.

T’ennuies-tu à ce point, Reimi ? Sourire, garni de dents si perlées qu’acérées. Je m’ennuie, bien entendu. De toi, sans doute. Ce qu’on prendra pour facétie prend sa source en-deçà de mes côtes — des sentiments que tu supposes préfabriqués mais qui macèrent en moi, à la manière d’un venin trop tard distillé. Il s’est gâté en une triste année, et chaque fois que ton oeil débordant de haine me toise, il fait geindre mes os ; s’agit-il d’un désir malsain de détruire, ou d’être détruite ?

A peine la pensée traverse-t-elle mon esprit — si futile soit-elle, je la soupèse sur le fond de ma langue — que toute civilité t’échappe et que la distance qui alors nous sépare me rappelle doucereusement les frêles de raison qui résistent à la plus néfaste des pulsions. Me ressemble-t-il ? Prends tout le loisir de me regarder et je t’en prie, n’abaisse pas les yeux pour me répondre, ce serait bien mal élevé. Consciencieusement, j’ignore la conclusion infâme de tes sentiments — je savoure le crachin de la haine et me permets une inspiration frémissante, mes serres déjà prêtes à creuser dans ta chair des sillons vermeil.

C’est une copie conforme, je susurre, lascive, quoique plus docile. J’aimais — j’aime — la farouche lueur de ton regard, la laisse me pourfendre jusqu’à ce que l’idée déstabilisante de me rendre me paraisse infiniment plus douce que la plus frénétique bataille. Une lamentation : ah ! et si c’est pour se repaître de tes lèvres que mon regard fléchit, m’estimeras-tu coupable ? Bassement, j’en salive.

Cependant que tu me maintiens à ta merci, je me soûle de pouvoir — sans doute pourrais-tu m’égorger d’un à-coup du poignet, mais c’est sous ma férule et mes griffes qu’à jamais tu resteras. Aussi tranché-je l’insignifiante distance d’un pas infime, me galvanisant déjà des effluves familières de ton bouquet. Ce démon qui te ronge le coeur, dis-moi. Me ressemble-t-il ? Nul philtre plus puissant que ton courroux, pensé-je distraitement, mes doigts ceignant déjà le pourtour de ta taille — je n’effleure que l’étoffe de ton uniforme, caresse la perspective affriolante d’y planter la pointe de mes ongles. Es-tu plus déçu d’être comparé à Hayashi, le nom est craché dans la haine, comme pour te récompenser, ou de m’avoir vu disparaître après t’avoir promis le monde, et plus encore ? J’inspire, fébrile, et agrippe enfin ce bras qui me toise, qui me tient. Ne crois pas cette promesse brisée, mon tendre Reo.


Reo Ueda
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Susanoo
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Reo Ueda
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Reo Ueda
Son venin, il le connaît mieux que beaucoup, et sa langue de vipère qui le nargue et se joue de lui, il en sait tous les secrets, mais hélas ! hélas, il fléchit et ploie et cède au poison de celle qu’il a un jour aimée plus que de raison ; oui, il brûle encore mais plus de rage que de passion (certains augmenteraient que ce sont là de bien semblables notions). Il bout de la constater chaque jour d’apparence si tranquille, de lire ce sourire sur ses babines moqueuses, et l’envie sauvage d’effacer cette courbe trop jouasse à son goût de son visage lui est difficilement répressible. Même ses confessions, celles de ne l’avoir jamais oublié, sonnent comme d’odieuses insultes à ses tympans.

Pourtant, drapé de son éternel manteau de fierté, il s’échine à ne rien laisser paraître, à dissimuler les émotions furieuses qui se déchaînent en son fort intérieur, et le visage aussi impassible que faire se peut, tout juste trahit par des prunelles plus noires encore qu’à l’accoutumée, il hausse un sourcil narquois. Ah ! j’ai donc dû manquer les lettres m’y invitant. Après tout, tu es une sainte. Agacé, sa langue claque contre son palais. Il n’a que faire des plaines arides de l’Afrique, il n’a que faire de leurs anciennes promesses d’aller de par le monde les mains jointes ; elles ne valent guère plus que les ruines d’un temple depuis longtemps abandonné, vestiges d’une époque à laquelle il jurera avoir renoncée.

Hayashi entre ses lippes s’articule comme un affront supplémentaire, et le couteau est habilement enfoncé dans la plaie. L’égo de l’araignée s’insurge et ses sourcils se froncent : il rit. Il rit d’un rire déplacé, à gorge trop ouverte, dans un éclat qui ne lui ressemble pas — qui ne présage rien de bon augure, c’est un rire avant la tempête. Ah ! tes provocations causeront ta perte, sombre idiote. Car elles sont assez habiles pour engager la sienne. Il persifle, le regard sombre, la voix basse et grave ; abusé, il ne se résout à croire en ses paroles charmeresses. La proximité, toutefois, ramène à son esprit des souvenirs encore vifs, et il ne peut s’empêcher de marquer que son parfum est resté le même.

D’un geste brusque, il s’approche et la toise, la poussant à reculer à l’ombre d’un pilier, là où les regards déplacés ne sauraient surprendre l’échange enflammé. Je n’ai que faire d’Hayashi, il n’est que le quart de ce que je suis. Si tu t’en contentes à présent, tu ne vaux pas mieux. Il rétorque à brûle-pourpoint, le sang pulsant si furieusement dans ses veines qu’il contient difficilement sa rage, et sa réponse se dévoile comme une confession faite à demi-mot. Tu connais parfaitement la réponse à cette question. Ses doigts sous la coupe de sa colère affirment leur prise à la jonction de sa mâchoire et de sa nuque. Aucun de ses affronts, aussi terribles et pénibles soient-ils, ne saurait surmonter celui de sa disparition inexpliquée. Là, il se penche à son oreille comme pour y confier le plus tordu de ses secrets. Ces promesses sont déjà mortes. Il martèle chaque mot. Quant à toi, tu es aussi frêle que dans mes souvenirs, et crois-moi, je brûle de te briser.



Reimi Tsukino
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Reimi Tsukino
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Reimi Tsukino
Si ma foi avait été plus grande, Reo, je t’aurais tué ce soir-là. J’aurais plongé entre tes côtes une lame  — ou mes doigts — et constaté l’avènement de ton immortalité. Mais l’attachement avait fait plier la sacralité de ma mission, et l’effroi que je liais à ta mort tirait à mon âme un frisson indiscernable. Il fallait que tu me haïsses, pour toucher à la plus superbe des ascensions ; et si je devais en subir les conséquences, eh bien, peu m’importait.

Je me nourrissais de ma propre tromperie, lardais ma gorge d’une indicible fierté — ce qui eût touché une âme à la piété plus frêle effleurait fébrilement la mienne sans en altérer la forme. Mais toi, de ton impérieuse majesté, mettait en péril cette religion que m’avait cédé mon père ; tu m’avais un jour demandé qui, de toi ou des dieux, j’aimais le plus, et ma résolution fléchissait sous le joug de ton regard haineux.

Car c’était la haine qui le chargeait, létale dans sa nature mais délicieuse par sa source. Tu es furieux, mais ta colère porte un autre nom, murmurai-je non sans sourire, les perles pâles de mes crochets dévoilées dans mon euphorie. La douleur qui te happait jumelait la mienne — tu l’avais façonnée rage, et moi plaisir, mais la réalité nous ramenait toujours à ces plaies que je nous avais infligées. Serais-tu venu, si je t’avais invité ? Aurais-tu mis de côté cette inexplicable fierté, gravée dans ta chair comme dans le symbole arachnéen qui pesait contre nos dos ? Sois sincère, Reo, tes mensonges n’ont aucun effet.

Belle ironie — je mentais moi-même dans le moindre de mes souffles, frottais la peau asséchée de mes bras pour me laver de ce mal nécessaire. Si tu t’en contentes à présent, tu ne vaux pas mieux. La fraîcheur du mur contre lequel tu me pressais était brutale, lorsque confrontée à l’incendie de ton regard. Je suis une Tsuchigumo, bredouillai-je dans la faiblesse docile d’un soupir, j’aspire toujours à la grandeur. Et ce qui m’avait attiré chez lui, c’était ce qui te ressemblait ; ce qui m’avait tiré à me lover entre ses jambes, qu’importait sa brutalité, c’était qu’il rappelait à mon coeur meurtri — je l’affirme ! — ce dont je l’avais privé l’année passée.

Tu connais parfaitement la réponse à cette question. Je ne protestais pas, mon ton égal malgré les sursauts du myocarde coincé dans ma gorge. Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien. Ton timbre glacial dans mes oreilles brûlait jusqu’à mes os, lesquels s’entrechoquaient entre le désir de fuir et celui de s’abandonner. Je pourrais les faire renaître, si tu me laissais faire. Mon crâne martelé d’une migraine cruelle, avertissement de tout ce que je m’apprêtais à faire — je convainquis les tréfonds de mon esprit malade que ça n’était qu’une partie de mon plan tordu, mais le clairon de ce coeur aliéné scandait le contraire. Tu es incapable de me briser, Reo. Pas parce que tu n’en as pas l’envie, mais bien parce que tu le désires. Mais je t’en prie, essaye, mes propres doigts s’enfouissaient, vénaux, dans les creux sombres de tes cheveux. Je quêtais ce brasier ainsi qu’un funeste papillon de nuit, la familiarité de ton parfum m’électrisant en morsure vipérine. Tâche donc de détruire une ruine.


Reo Ueda
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Susanoo
Susanoo
Reo Ueda
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Reo Ueda
A l’égard de Reimi, il brûle d’une animosité enragée, d’une hostilité perfide, de toute cette rancune accumulée et qu’il peine à réfréner, que viennent troubler — diantre — ces effluves doucereux qu’il a tout de suite reconnus, exacerbés par les vapeurs de l’onsen dont, indubitablement, elle s’extirpe tout juste. Elle est sournoise, et il songe à combien elle doit se délecter de la situation, de cette attention vénéneuse qu’il lui accorde en cet instant ; il conçoit qu’il serait plus sage et plus habile, peut-être, de la laisser ainsi seule sans répondre à ses délirantes provocations. Seulement, le désir de la voir ployer est plus fort que la raison, quitte à y perdre la sienne.

Si tu m’avais invité ? Reimi, c’est il y a des mois de cela que j’attendais ton invitation, ne sois pas grotesque. Seulement il esquive la question et elle en tirera les conclusions qu’elle désire, cela lui importe peu, guidé uniquement par un orgueil démesuré. Et toi, me demander de ne pas mentir… laisse moi rire. Ses lèvres pourtant ne s’étirent pas même un peu, et il la toise cruellement du haut de tout son ressentiment. Il aimerait tordre son euphorie entre ses paumes, éteindre ces lucioles vaniteuses qui dansent crânement au creux de ses pupilles — quitte à devoir la plonger dans le noir. Irrationnel, c’est sa vanité mutilée qui l’anime, et exacerbe tout le stupre de son esprit retors.

Il peine à conserver son inaltérable placidité, et plus encore quand elle suggère de ramener à la vie des promesses depuis longtemps enfouies, six pieds sous terre. Tais-toi, il crache, furieux. Ces serments n’ont plus lieu d’être, car ils ont déjà été brisés et réduits à néant, ah ! ils ne sont plus qu’un misérable amas de cendre, piètre résidu de ce que fut la flamboyante apogée de leur relation. Evidemment, elle persiste et enfonce l’acier dans des plaies qu’il croyait fermées depuis longtemps déjà — mais encore bien présentes. Depuis qu’elle avait remis pied à l’école, son souvenir l’avait hanté encore, mais il est inutile de poursuivre des fantômes scélérats.

Sous le joug de la colère, il resserre sa prise contre l’artère de la jeune femme et ses phalanges blanchissent sous la pression. Il plonge son regard dans le sien, y compte les lucioles, espère maladivement les voir s’éteindre les unes après les autres — ah, puissent-elles toutes disparaître ! Le néant lui sied davantage, songe-t-il. Quelques brèves secondes s’étirent avant qu’il ne relâche subitement la pression, et que son front ne vienne s’appuyer contre le mur derrière elle dans un soupir harassé. Savoir que tu me connais encore si bien m’écoeure presque plus que tout le reste. Car il ne peut en effet se résoudre à la détruire tout à fait, qu’importe le mal subi et les peines souffertes. Il ne s’écarte pas immédiatement, l’air presque plus tranquille tout à coup, le visage néanmoins fermé et lisse de toute expression. Il se veut à peine mauvais, lorsqu’il confesse et si je ne peux te briser, c’est aussi que je te crois bien assez capable de le faire toi-même. Un sourire narquois peint ses lèvres lorsqu’il vient déposer sur le haut de sa pommette, en s’écartant, le fantôme d’un baiser.

Provoque-moi une fois encore, en revanche, et je t’arrache cette maudite langue. Puis, le ton plus grave et plus bas encore. Si je ne te haïssais pas tant, tu me ferais presque pitié.



Reimi Tsukino
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Orochi
Reimi Tsukino
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Reimi Tsukino
Si tu m’avais invité ? Reimi, c’est il y a des mois de cela que j’attendais ton invitation, ne sois pas grotesque. Mes yeux brillaient et j’attribuai les discrètes fêlures parcourant ma cage thoracique à l’engouement de ma réussite — j’avais mêlé en ton sein l’amour et la haine, laissé le paradoxe y creuser une cavité suppurante. C’était une victoire, et le goût âcre qu’elle laissait sur le bout de ma langue faisait partie, sans nul doute, des effets secondaires du triomphe.
Tu me haïssais plus — je ne t’aimais pas moins.

Les doigts enroulés autour de ma gorge tiraient à mes yeux des larmes tremblantes, lèvres mordues pour contenir les plaintes qui fleurissaient sous le gras de tes phalanges ; qu’ils fussent dolents ou chargés d’un plaisir pécheur, je n’en laissai passer pas le moindre indice, si ce n’était une perle orpheline de sang à la commissure fendue de mes babines. Si furieusement me toisais-tu, je ne sentais que la peur ficelée de réconfort à l’idée d’avoir tiré mon dernier souffle dans ta direction divine. Le trépas serpentait autour de moi, et je n’en ressentais que le plaisir masochiste de m’y abandonner — tu eusses pu me briser la nuque que mon ultime prière fût un testament de ma reconnaissance. Et à cette libération alléchante se mêlait, vénal, l’incendie si caractéristique de tes mains contre ma peau brune.

Dans ces quelques secondes asservissantes, j’avais pu mesurer ma dévotion, et j’en détestais la portée. Ta proximité, séditieuse, agitait mes doigts de spasmes cruels — l’envie d’étreindre ce corps si familier, la vulnérabilité évidente dans le moindre de tes mots, suffisait à faire trembler mes os fragiles. Et si je ne peux te briser, c’est aussi que je te crois bien assez capable de le faire toi-même. Tandis que les mots tranchaient à-même mon âme leur vérité brutale, la douceur fugace de tes lèvres en acidifiait la brûlure. Je déglutis fiévreusement, les genoux tremblotants. Je suppose que tu me connais aussi bien, murmurai-je dans une plainte faible.

Je préférais les menaces, et les tiennes étaient plus langoureuses que le plus transi des baisers. Je n’ai jamais voulu de ta pitié. Je t’en conjure, conserve-la pour les impies que tu côtoies chaque jour. Ma nuque craquait dans une révérence chargée d’ironie et, à la coupure de mes yeux logés dans les tiens, je me risquai à deux choses : je soutins le poids de ton regard, et pourléchai toute la surface tailladée de cicatrices de mes lippes, impénitente. Ce que tu estimes provocation n’est que l’étalage brut d’une vérité que tu persistes à nier. Si tu tiens à ce que je te provoque, Reo, il faudra plus qu’une langue arrachée pour me tenter. Je te dépassai dans le clapotis guilleret de mes pieds chaussés, non sans que mes mains ne s’égarent un instant autour de tes hanches et en retracent la courbe familière — le souvenir était comme un psychotrope, dose injectée au creux de mes veines et alimentant des convictions que mon myocarde désapprouvait égoïstement. Bonne soirée, fredonnai-je, alors même que les prémices luisantes d’un sanglot soulignaient mes yeux.


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