— MAHOUTOKORO
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Poppy Tsugikuni
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Poppy Tsugikuni
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Poppy Tsugikuni
Les décombres qu’hier foulait Poppy sont aujourd’hui sols polis, hissés sur les cadavres sans doute encore fumants d’élèves et de collègues, qu’elle n’avait su abriter. La couleur morose des murs qu’elle longe murmure sa complainte sous ses yeux impuissants, et ceux vides des enfants qui lugubrement traversent les couloirs tirent à ses doigts tremblants des sursauts cacochymes. Face aux ciels nus d’étoile, elle force celles tapies dans l’émail de ses sourires à sertir les iris volés de leur candeur et, lorsque la nuit l’enveloppe d’un manteau encore trop frais pour les emmener sur la côte et que le soleil cède sa place à de bavards comparses, la fatigue paraît insignifiante.

Il y a dans l’entraille du palais une teinte à la mélodie si familière qu’apatride—elle ne manque jamais d’enflammer tant le visage que l’âme elle-même de Poppy et, souvent inconsciemment, elle la quête. C’est un instinct qu’elle sait primal, mais qu’elle indulge par pur égoïsme ; ce soir-là n’y réchappe pas, quand elle se défait d’une couverture et de sa contemplation quotidienne de l’éther sibyllin.
Alors qu’elle poursuit le béryl, pareille à Gatsby dans son office somnambulique, les pas graciles d’un élève captent son attention—et la lumière du bureau, filtrant dans le couloir par une embrasure bénie, la convainc d’en passer le pas, sitôt appuyée contre l’ouverture de la porte.

C’est un regard fureteur qui scanne la pièce, sa phalange discrète et presque fugace lorsqu’elle heurte le bois ; en un sourire mutin, Poppy se dévoile, les yeux déjà happés par la silhouette qui se dessine dans le halo frémissant d’une bougie. Il est tard, même pour assister une âme peinée. Elle-même avait salué son dernier pupil une poignée d’heures plus tôt, la maladresse encore taillée à même ses os ; son respect pour l’héritier Tsugikuni, bien que biaisé par la familiarité chimérique de son aura, découle sans doute de son dévouement pour leur métier commun. Son inexpérience, soulignée par la brusquerie de sa promotion, persiste à suinter dans ses actions, et c’est quiètement qu’elle remercie ses élèves, si indulgents face aux erreurs qu’elle continue de commettre.

Kohaku Tsugikuni, derrière son curieux masque, réveille chez elle quelque instinct, intérêt viscéral se heurtant sans délicatesse à sa réserve manifeste. Mais là où les manières, mêlées à l’idée désagréable qu’elle n’était qu’un poids dérangeant, l’auraient fait reculer en d’autres circonstances, elle se surprend à désirer abattre l’obstacle qui, pernicieux, l’empêche de s’approcher de l’assistant. Aussi, dans un souci de satisfaire une égocentrique envie, elle persévère et scrute, impénitente, l’objet de sa puérile curiosité. Aussi, d’une subtilité indubitable et singulière, elle envahit—sans pour autant s'engouffrer dans—le sanctuaire si typiquement lui, et frémit d’avance de percevoir dans ses syllabes ce si doux vert qui lui est propre, et qui continue de rappeler à Poppy de faux souvenirs, fabriqués par ses soins.
Aussi, elle poursuit, les manches de son haori liées pour effleurer la fourrure de son tendre familier, lové dans ce qui fut jadis la tanière de son aïeule. Je n’ai pas souvenir d’avoir aperçu votre familier. Timidité, peut-être ? Candide, elle sourit.


Kohaku Tsugikuni
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Orochi
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Kohaku Tsugikuni
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Kohaku Tsugikuni
L'approche de sa fête annuelle n'avait su effleurer le seuil de ses pensées pourtant innombrables, tant préoccupé par l'abondante arrivée de devoirs achevés à la hâte, dans l'impatience, sans doute, du voyage scolaire qui s'ensuivait. Si la quiétude de lieux désertés aurait gonflé son cœur d'impatience, les dangereuses circonstances d'une telle étude de terrain avait sauvagement mué les sentiments de l'apprenti professeur en une profonde inquiétude—sans qu'il ne parvienne à l'exprimer pour autant.

Et pour raison, un seul nom, une seule raison
Une seule légende, sous l'égide d'une terreur uniforme
Orochi; que rumeurs semblaient sublimer
Menteurs, que l'autorité du monde semblait accabler
Un dilemme si profondément étranger qu'il n'aurait su en découvrir la finalité ; car pour lui qui s'était contenté des bonnes grâces d'une école tranquille, il ne savait qui croire.

Ses efforts, suite à cela, s'en tenaient au bref adoucissement de sa voix en des remontrances pourtant nécessaires à ses cours, et la promesse d'une oreille attentive (au terme de ces derniers) avaient attiré quelques malheureux sur le pas de sa porte. Le récit de ces âmes égarées l'avait forcé au constat de son impassibilité (encore qu'il eut souhaité être du voyage ; car la proximité du danger valait une bonne année d'expérience) comme de l'absurdité de son initiative, car un peu de bienveillance ne suffisait à enterrer sa maladresse telle qu'il peinait à adresser moindre sourire. Humeur comme tissu inflexibles, regards comme voix impassibles, sa rustre palissade n'était du moindre réconfort pour qui repartait penaud, faisant fléchir ses traits d'une soulageante déception.

Dans l'impassibilité navrante qui s'inscrivait comme seule réaction sincère au tapage sentimental de ces élèves paniqués, envers qui toute notion d'empathie lui demeurait étrangère, tant confort et confiance s'alliaient en une annihilation complète de toute trace de panique, il lui paraissait dérisoire de couper court à l'inflexible raison d'un esprit pour en perdre ses moyens. Figure puissante et autoritaire, représentant d'une neutralité si immuable qu'elle en surplombait tous les conflits humains, Kohaku paraissait hors du monde. Hors des sentiments qui s'unissaient pour former ce que le monde qualifiait d'humanité. Hors du temps, hors des tristesses devenues vétilles face à qui portait un poids bien plus grand.

Avec les années, cette imperméabilité s'était étirée à l'ensemble de ses sentiments, tant et si bien que son masque se voulait syndic d'une impassibilité permanente. Ses collègues, si aimables qu'ils furent, n'encochaient que l'ombre de discrets rictus. Sa collègue, si joviale qu'elle fut, n'amorçait que l'agaçante certitude d'être pris en flagrant délit, tant pour cette abrupte arrivée que la curiosité qu'il jugeait démesurée, comme entache à son intimité.

L'est-il davantage pour écouter aux portes ?

Un regard équivoque coula le long de ses étagères parfaitement ordonnées, sur la reliure si droite d'ouvrages droitement installés, séparés par rares intermittences de quelques vacants témoins de ses lectures actuelles. Si sobre que semblait être son bureau—une faible lueur, jetant l'effroyable projection de son ombre sur un mur unicolore, car rien ne sortait de l'ordinaire, à l'exempte d'une ridicule collection de maneki neko—quelques détails venaient en apaiser l'ensemble : des dessins juvéniles éparpillés à même les murs, en des angles si discrets qu'un visiteur n'aurait su remarquer la présence, mais dont sa position sublimait la contemplation.

Kohaku adorait les enfants ; s'il peinait à comprendre les tragiques complaintes de qui dépassait l'âge de tenir dans ses bras, il adressait une attention toute particulière aux candides consciences de ce monde. En un sens, Poppy Ueda lui laissait similaire impression : au-delà de son visage poupin, il percevait la maladresse d'une âme en perdition, et cette pensée contribua à abaisser ses défenses. Patience et grâce s'allièrent en un geste vif, guidant l'héritier aux abords d'un confortable fauteuil qu'il fit pivoter en direction de la tendre femme.

Qu'importe, il n'est de mauvaise occasion pour apprendre à connaître son entourage. Asseyez-vous donc ; les nuits sont encore fraîches et un thé saura vous réconforter... Ueda-san, n'est-ce pas ?
Poppy Tsugikuni
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Poppy Tsugikuni
L’est-il davantage pour écouter aux portes ?
Ses lèvres se ceignirent d’un sourire mutin, à peine freinée par la réticence évidente de l’assistant — elle se garda d’esquisser le moindre mouvement, si ce n’était ses mains consciencieusement liées à la chute subtile de ses reins. L’animal suspendu à ses manches se hissa jusqu’à son épaule, émergeant de son haori dans les prémices assouvies d’un ronron douceâtre.

J’oserais même dire qu’il n’est d’heure plus propice. Mais je vous présente mes plus plates excuses, libre à vous de les accepter.

L’échine courbée dans une révérence teintée de ravissement, elle prit place sur le siège désigné, forçant son regard curieux à se cantonner à son interlocuteur — les dieux savaient qu’elle brûlait de déceler, dans sa décoration, quelque artefact pouvant apaiser son indiscrétion ridicule, mais il n’y avait là que des maneki neko, et rien de plus qui se risquait à la surprendre.

Le printemps tarde, rit-elle distraitement, caressant le doux pelage du petit prince lové sur ses cuisses. Merci beaucoup. Vous pouvez m’appeler Poppy, si vous préférez ! J’ai pris l’habitude d’associer Saburoo au nom, plus que moi-même.

Bien sûr, l’esquive ne lui avait échappé ; elle n’insista guère sur l’absence d’un petit être fragile aux côtés de l’héritier, et se contenta de choyer le sien, se jurant pourtant qu’il était de son devoir de quêter de la compagnie à l’assistant solitaire. Aussi, plutôt que de plonger le couteau dans des plaies apatrides, elle se galvanisa du silence un instant.

Apprendre à connaître son entourage, mh ? Judicieuse idée, je la partageais justement ! Parlez-moi de vous, M. Tsugikuni. Êtes-vous chatouilleux ? Elle savoura la pause, quoique inconsciente de sa lourdeur. Un de mes jeunes cousins s’égosille dès l’instant qu’on approche le moindre doigt de ses côtes. J’ignore s’il s’agit d’une faiblesse ou d’une défense, à son niveau.

Sur ses genoux, le chaton ronronnait, bienheureux du calme qu’apportait la pièce. Et Poppy s’y baignait quiètement, un curieux regard toujours fixé sur l’assistant ; il ne fallut pas plus que quelques secondes de sérénité pour que son esprit vagabondât de nouveau, guidé par le murmure, au-dehors, des malicieuses étoiles. Plus sérieusement, cela dit. Que pensez-vous de l’astrologie ? Pléthore de mes élèves me saignent chaque jour pour un horoscope personnalisé, et les dieux savent que j’en suis épuisée — mais j’aime à penser leur futur lumineux, bien que semé d’embûches. L’iris luisant d’un plaisir mélancolique, elle laissa ses doigts courir le long du cou de sa féroce bête, bercée par ses vrombissements réguliers.

Je leur aurais sans doute espérer une adolescence plus douce. Saviez-vous qu’en tant qu’élèves, nous partagions la même maison ? Ah, n’allez pas me croire malsaine. Vous êtes juste… remarquable ? Et, cependant que ses yeux glissaient vers le masque, elle conclut : les couleurs qui vous entourent ont toujours été infiniment plus douces que d’autres.


Kohaku Tsugikuni
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Kohaku Tsugikuni
Poppy Ueda éveillait en lui des émotions bien trop éparses pour qu'il ne parvienne à assembler ses pensées en une réflexion unique et logique, et si, pour toute réponse aux élucubrations de cette élégante femme, le sang-pur s'était drapé dans l'imperméable voile du silence, une telle décision relevait moins d'un quelconque ressenti que de la surprise de l'instant.

Si conscient qu'il fut de la stérilité de ses propres émotions, la plupart de ses interlocuteurs s'armaient de patience et suivait le rythme reposant de la discussion : l'enseignante, quant à elle, faisait fi de tels procédés et s'engouffrait sans nulle gêne dans ces instants de silence. Pour autant, elle ne s'en montra pas grossière et précèda ses incessants apartés de quelques excuses sincères.

Ces dernières, toutefois, n'ont point d'intérêt pour qui ne vit de rancune, et un clignement de yeux suffit à toute réponse pour un homme que jamais la malveillance n'emporte : toute méprise s'effrite au profit d'une discussion animée par les bienfaits de sa jovialité, car la voilà aux antipodes de l'austérité si démesurée du Tsugikuni qu'elle en devint presque cinglante.

Avant qu'elle ne reprenne la parole, du moins.

Et ainsi, face au confort que la demoiselle impose, son visage s'étend en sourires et sa voix se répand en douces symphonies bienheureuses, mêlant ses compliments à la douce politesse inhérente à vos statuts similaires. En cela, elle semble remonter dans l'estime d'un homme à la droiture sans égale, s'accordant même le luxe d'attirer sa curiosité. Le calligraphe prend place de l'autre côté du bureau, dresse l'invisible muret d'une prudente distance : son esprit, pourtant, s'éclaircit d'un optimisme tenu sous silence, car il la considère désormais en égale.

Je n'oserai me permettre une telle familiarité, rétorque-t-il enfin.

Le constat n'est pas plus empreint de colère que de tristesse, et ne s'impose qu'en la sobre réalité qu'il estime avoir pour devoir de lui rappeler : ainsi germée de si étonnantes circonstances, et jusque là précédée d'aucune autre forme de rencontre, leur relation s'attarde sur le seuil du mystère et d'une politesse qu'elle n'aurait tort de confondre avec de l'appréhension.

En noble dirigeant d'un nom si ancien et puissant, ses quelques élans d'émotivité n'auraient suffi à le pousser hors de sa perpétuelle rigueur, un chemin si droit qu'il ne s'en serait pardonné la moindre erreur. Aussi, toute aimable que s'avère être la femme qui, d'ici quelques années ou décennies peut-être, la joindrait lors de quelques réunions mondaines traitant de leur intérêt commun, l'assistant ne pouvait s'adonner à l'aveugle confiance dont elle, de son côté, semblait déjà manifester les prémices.

Tout art est remarquable lorsque l'homme s'y atèle avec rigueur. Je n'ai de connaissance astrologique que le lointain souvenir de mes enseignements à Mahoutokoro, mais je serai ravi, à l'occasion, de raviver mes connaissances sur le sujet en votre charmante compagnie.

Il semble sourire. Non en ce visage encore trop fermé, trop méfiant ; non en ses traits alourdis par le poids de son monde, mais dans cette voix aux inflexions chantonnantes, comme l'imperceptible aveu de la direction toute plaisante de leur discussion. L'expression presque honteuse—pour un homme qui s'espérait autrement plus mystérieux—de sa maigre gaieté se laissa obstruer par les gestes sublimes d'un héritier dédié à une soudaine cérémonie du thé, et aussitôt qu'il eut rempli deux tasses des merveilles d'un breuvage de ses terres natales, Kohaku le fit glisser en direction de la demoiselle.

Vous êtes bien plus observatrice que moi, mais il n'en faut pas moins pour étudier les innombrables merveilles de notre voie lactée. En cela, Ueda-san, vous n'êtes pas moins remarquable : si le cœur vous en dit, je ferai avec plaisir les frais de votre travail.

La demande avait beau découler de politesse plus que d'un réel désir, il n'en éprouvait pas moins d'impatience à l'idée de contempler le talent d'une femme dont il regrettait aujourd'hui de n'avoir suivi le parcours. Néanmoins, dans un soucis d'une équité dont, en qualité de juste dirigeant, il refusait de se soustraire à l'application, il ajouta presque aussitôt :

Si vous acceptez de me confier l'orthographe de votre nom, je serai, quant à moi, plus qu'heureux de lui rendre honneur, à la lueur de ma calligraphie.
Poppy Tsugikuni
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Poppy Tsugikuni
En-deçà de ses côtes papillonnait un coeur-lapin, pris au piège dans la cage de son thorax — il geignait de désirs muets, s’enflammait de contentement au moindre éclat des yeux du Tsugikuni. Y avait-il plus douce vue que les émotions fluettes, le vert fluctuant de timides roses et de tendres bleus ? Sans doute que non, se garda-t-elle bien de dire, s’engorgeant sobrement de la scène.

C’était un tableau pastel, pensait-elle tout en gaieté et en sérénité singulières ; rares étaient les occurrences d’un calme si olympien chez Poppy, plus particulièrement aux devants d’un parfait inconnu. Il allait sans dire qu’elle avait, par le passé, entr’aperçu Kohaku dans la périphérie curieuse de son regard — mais les teintes subtiles de sa voix lui avaient alors été inconnues, à peine effleurée par la simplicité délicate de son camaïeu pers. Ce jour-là, dans l’intimité d’un bureau presque exempt de toute décoration, elle se surprenait à regretter sa pudique réserve.

Je n’oserai me permettre une telle familiarité, et dans l’esprit de l'astronome carillonnaient de viles cloches, dessinant sur le parchemin de ses ambitions les caractères gracieux de son prénom ; elle l’arracherait à ses lèvres, dût-elle se résoudre à l’entendre l’appeler Keshi. Non pas qu’elle haïssait son nom, s’en languissant même parfois — mais Poppy était une femme de parole, et elle avait cédé cette victoire à son père au mépris de sa maturité.

Lui continuait, et elle s’abreuvait de ses dires, les joues irriguées d’un brasier à peine atténué par la fugace lueur de la pièce ; sans percevoir les vacillations de son timbre, elle ne manqua de déceler une pointe chaude de plaisir dans son aura si égale. De délice, d’impatience et d’appréhension, elle enfouit dans la fourrure de son familier une main aux phalanges tremblotantes, et sentait d’ores et déjà sa voix se fendiller sur une réponse suraiguë.

Ah ! Bien sûr ! Avec plaisir, M. Tsugikuni. L'astronomie est souvent négligée — on trouve peu d’intérêt à fixer les étoiles, ces temps-ci — mais je me ferais une joie de vous travailler au corps ! Et Poppy d’éclater dans l’engouement puéril d’un gigantesque sourire. Il y avait dans son émail quelques astres épars, ravivés par l’excitation brutale et franche d’en apprendre davantage sur lui.

Sans doute était-ce là le noeud du problème : Poppy, si curieuse était-elle, bavardait aussi énormément, encore plus sur un sujet si familier que la galaxie et ses étincelants secrets. Elle se ressaisit pourtant bien vite, noyant son enthousiasme dans une gorgée brûlante de thé (si sa langue en pâtit cruellement, elle n’en exprima que le vague sursaut souffreteux d’une épaule).

A la requête, elle manqua d’en échapper la tasse ; ses doigts vrombissaient des prémices de sentiments graciles, son sein bouffi de floraisons si printanières qu’elles se prêtaient aisément au doux mois d’avril. Eh bien.. Keshi emprunte les caractères du coquelicot, d’où l’embarrassante origine de mon nom usuel. Ueda tient ceux du paradis — du ciel — et de l’épée. Tout du long de son explication inutile, elle avait conjuré une feuille et s’appliquait, dans l’humiliant but de l’impressionner — ou au moins de lui faire honneur —, à tracer les caractères de son nom. Poppy poursuivait sans gêne et, si tremblants fussent ses doigts, ils n’en transcrirent pas la moindre maladresse sur le papier. J’admets être particulièrement curieuse quant à votre calligraphie : votre réputation vous précède. Ne trouvez-vous pas cet art apaisant ?

Peut-être en dépit des efforts de sa tendre mère, Poppy avait tendance à prendre la calligraphie avec la légèreté insouciante d’une enfant. Ce qui avait parfois terrifié ses camarades la couvait d’une quiétude presque solennelle, et elle tressaillait d’une hâte à peine dissimulée à l’idée de voir son nom glorifié par un homme de l’art. J’y pense, se risqua-t-elle à murmurer, la chaude et zélée curiosité évidente dans le vert forêt de ses yeux, aimez-vous les fleurs ? Leur langage est d’une beauté que j’ai rarement vue égalée. Et si compétition devait-il y avoir, elle constatait pourtant l’élégance des fragiles pétales mise à l’épreuve par la prestance de Kohaku — et la pensée s’empressa d’attiser l’affolant incendie de ses joues, qu’elle dissimula derrière une fougueuse lampée de thé.


Kohaku Tsugikuni
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Kohaku Tsugikuni
Les douces effluves d'un thé si récemment infusées se hissèrent en un fin nuage de vapeur, voile d'intimité masquant le scepticisme en ses yeux d'ordinaire impassibles : il lui était inconcevable d'ôter à son enfant les douces bénédictions de son nom, l'affublant—pour une raison dont elle n'avait caressé l'aveu—d'un nouveau patronyme qui lui, était dénué de sens. En cela, la révélation, si naturelle qu'il se sentit honteux de n'avoir réalisé une telle évidence, le força au silence. Pointe de tristesse élevée au creux de iris singuliers, quelques gorgées de thé ravivèrent en lui le plaisant souvenir d'une compagnie dont il ne se serait permis de juger l'entourage, car l'enseignante n'en semblait encombrée.

Par ailleurs, ses échanges avec Saburoo l'assuraient de la bienveillance sans égale de nombre d'Ueda, car si d'aucuns montraient une indiscipline caractérielle, en la personne d'Ange, il ne pouvait imaginer le mal ronger la moelle d'une si tendre dame. Ses joues s'empourpraient sous les assauts d'une gêne dont, tout maladroit qu'il fut, Kohaku ne saisissait les enjeux—et qui témoignait, bien justement, de l'attention que l'héritière adressait aux autres. Par égard pour de tels sentiments, il n'osa nulle remarque à l'encontre de ses étranges formulations, car n'éprouvait nul amusement de plus fort que la vue de ses sourires enjoués.

Sans qu'il ne trouve, en juste réponse, la force de hisser un sourire sur ses lèvres enveloppées par la prévenance d'un tissu, sa tête se hocha subrepticement alors que son index traçait dans le vent le courbé des caractères dont elle lui décrivait la nature. Keshi, s'enquérit-il à mi-voix, sans qu'il ne lui fasse l'outrage de laisser entendre une telle familiarité. Le nom lui paraissait, à vrai dire, bien plus naturel que celui sous lequel elle se présentait habituellement.

Aux lueurs d'un tel aveu, sa dérilection ploya sous un étrange sentiment de familiarité, sans doute éveillé par sa douceur et sa personnalité vernale, et seul le bruit de la porcelaine, en juste conséquence de sa maladresse, lorsqu'il se hasarda à reposer sa tasse au centre de son socle, le ramena à la réalité.

Je vous prie, Ueda-san, de considérer davantage la question suivante : existe-t-il un art plus apaisant que la calligraphie ?

Rares étaient ceux à même de se vanter d'avoir témoigné des taquineries de Kohaku, tant il se réservait de les partager à autrui. En sa sobriété, il ne fallait y voir de quelconque dignité familiale, car seule la maladresse préservait le monde de ces remarques, toutes légères qu'elles furent, qu'il estimait malvenues. Sous l'impulsion, sans doute, d'une jovialité contagieuse, il s'était laissé entraîner aux champs de la rivalité, risquant l'ébauche d'un sourire sur un visage parsemé d'un amusement nouveau. Ses appréhensions avaient disparu au profit d'une curiosité à l'égard de qui, espérait-il, tenait de Saburoo le même esprit ouvert : et s'il ne se voyait échanger avec elle au sujet du délicieux art des potions, il ressentait un indescriptible confort dont il ne comprenait l'origine.

J'aime les fleurs, répondit-il, dans une étonnante sobriété, mais j'en ignore bien des choses. Au diable les larges formulations propres à son statut de sang, car la sincérité ne s'exprimait jamais mieux qu'en des propos compendieux. Son visage se couvrit à nouveau d'impassibilité, car déjà, ses cicatrices lui arrachaient une douleur à l'origine si honteuse qu'elle en devenait agouante.

Si vous avez à m'apprendre, je suis tout ouïe—la connaissance est un plaisir que peu de choses égalent. Après cela, si vous le désirez, je vous partagerai quelques uns de mes secrets calligraphiques. Ah, pardonnez ma négligence—vous n'avez pas froid ?
Poppy Tsugikuni
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Poppy Tsugikuni
Depuis sa plus tendre enfance, Poppy — alors Keshi — avait été prompte au romantisme. Elle l’avait constaté, bien que discrètement dévoilé, au fond des yeux de son père lorsqu’il contemplait sa mère ; et s’il était subtil dans sa consécration, presque amical à la dérive de leurs dialogues, il n’en restait pas moins l’admirable sentiment de l’affection solidifiée, ancrée par les années. Il lui avait été livré, quelques années plus tard, dans les mariages saturés d’émoi auxquels on l’avait conviée. Sitôt qu’elle en eût effleuré le sens, elle l’avait poursuivi fiévreusement, avide de ressentir le trémor dont parlaient les livres, que montraient les films.

Plus encore, elle avait maintes fois imaginé le retour de son patronyme, la douceur des syllabes de son nom murmurée par un autre que sa mère — plus personne n’osait en déterrer les sonorités, par respect pour la fille ou par peur du père et Poppy, si fidèle était-elle aux voeux de ce dernier, se languissait parfois du chuchotement de la fleur. Elle ne s’en rendit compte qu’à l’instant décisif où il franchit les lèvres du Tsugikuni, si précieusement qu’un secret et assez dissimulé pour qu’elle crût en avoir rêvé le son. Aussi retint-elle l’effervescence bourgeonnante au fond de sa gorge, par peur d’avoir laissé ses fantasmagories s’insinuer dans la tendre réalité de la pièce.

La question la prit au dépourvu ; sans partager l’évidente passion de l’assistant pour la calligraphie, elle avait pris un plaisir certain à le découvrir en tant qu’étudiante, et s’appliquait toujours à retranscrire ses mots de la plus artistiquement lisible manière. Mmh, je n’ai pas touché à toutes les formes d’art, du moins si l’on s’arrête à la définition hégélienne du terme. La musique a toujours été l’art le plus stimulant à mes yeux, sans doute parce que je me figure les sons comme des images — des peintures, en un sens, quoique mouvantes. Cela dit, la calligraphie en tant que telle sent la nostalgie et le pin, et je dois admettre que ces couleurs sont apaisantes ! Ses mains s’étaient jointes et, emportée par ses émotions, elle en réalisa la portée et l’étalage enhardi ; si son visage n’était pas visiblement cramoisi, c’était qu’elle l’avait baissé d’humilité et que sa frange, bienheureusement longue, en cachait la majeure partie. Sur ses genoux, son chat ronronna d’un délice que Poppy ne pouvait s’empêcher de partager, bien que le sien fût teinté de gêne.

On avait déjà reproché à Poppy, par le passé, de trop parler ; qu’il était impropre pour une jeune femme d’exhiber tant de ses pensées, et qu’elle eût mieux fait d’écouter plus attentivement son entourage si elle espérait un jour être à la hauteur de ses parents. Elle avait alors clos le carcan charnu de ses lèvres, ne le descellant que sous la demande explicite ou la décontraction irrésistible d’une situation — en l’occurrence, il s’agissait d’un cocktail pernicieux des deux. Tsugikuni, malgré la tempérance évidente de son comportement, faisait rugir en elle le désir fou d’étendre sans retenue la plus hasardeuse de ses réflexions. En cela, Poppy se surprit à le trouver dangereux.

Lui poursuivait, d’une curiosité que les pans sombres de son esprit la poussaient à appeler courtoisie, et elle força un nouveau sourire à tirer les commissures de ses lèvres. Ah, pardonnez ma négligence—vous n’avez pas froid ? A cela, comme pour se rire d’elle, son corps s’agita d’un impérieux frisson ; elle s’apprêtait à refuser, plus par politesse que parce qu’elle n’avait pas froid. Ah—j’admets, je suis extrêmement frileuse, mais Hana peut suffire, je ne veux pas vous déranger plus que de raison ! Une manche levée à sa bouche pour taire son trouble, elle glissa l’autre dans le pelage dudit animal, par peur qu’il s’extirpât de ses genoux par pur esprit de contradiction.

Ses yeux, d’abord happés par leurs vis-à-vis bicolores, plongèrent bien vite vers sa tasse de thé. Ma mère m’a fait étudier le Hanakotoba, lorsque j’étais jeune. Puisqu’on apprenait assez tôt le sort orchideus, j’avais hâte d’être autorisée à le lancer au-delà de l’école, et aujourd’hui je pense qu’il s’agit du sort que je maîtrise le plus — ce qui n’a pas grande utilité, face aux situations de crise… L’ombre gracile d’un rire agita ses épaules et, la main cette fois hissée au-dessus du bureau, elle conjura quelques coquelicots blancs en poursuivant : c’est grâce à ces fleurs que je m’appelle ainsi. Elles veulent dire “enchanté”, et je pense qu’elles sont de circonstances. L’iris brillant de plaisir, elle lui tendit gaiement le bouquet. Enchantée, Kohaku Tsugikuni. Je vous en prie, parlez-moi de la calligraphie.


Kohaku Tsugikuni
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Kohaku Tsugikuni
Grand romantique qu'il était, mon père m'avait toujours appris à traiter une femme avec double d'égards accordés à un homme—non qu'il voyait en elles quelconque notion de fragilité, mais accordait à la galanterie une place toute définie, et que ma mère, fort de son caractère parfois irascible, refusait parfois de faire les frais : l'égalité, estimait-elle, s'étendait jusqu'au refus de tout privilège de sexe, et toute culturelle que fut cette mentalité, la qualifiait de désuète. En mon regard enfantin, je n'y voyais alors qu'un conflit tant conjugal qu'il m'était amusant, et ne pouvais imaginer les questionnements qu'il soulevait déjà : je m'étais exhorté à traiter ma cousine—l'une des rares femmes que j'eus l'occasion de côtoyer amicalement—avec un respect mêlé d'affection, et duquel ne se dégageait la moindre marque de condescendance. En mes actes, je prenais le parti d'une mère aux pensées dangereusement innovantes, car si les différences n'étaient aussi marquées en nos jours que sous l'égide de la société moldu, cette vérité n'en était pas moins indéniable.

Les femmes, je le réalisais enfin, baignait au cœur d'une discrimination positive et si omniprésente qu'elle en devenait piteuse—et cette culpabilité ancra mon esprit d'un scepticisme grandissant, et que seul le frisson de ma collègue parvint à chasser.

Je vous en prie, plaidais-je d'une voix calme, mais qu'il me semblait teinter d'une brève insistance : il m'était insupportable de laisser la dualité de mon éducation m'influencer autant, et j'ôtais mon haori pour le glisser autour des épaules de mon invitée. Sans risquer un contact qu'elle n'aurait eu tort de qualifier d'impoli, j'accordais un tendre regard à son familier avant de reprendre place, trouvant un subtile réconfort en nos regards croisés.

Si nous définissions la valeur de la magie en ne pensant qu'aux crises, notre existence serait alors bien dramatique. En calligraphie, l'application d'un tracé incarne la réussite d'une exécution—en ce sens, je ne peux dénigrer un sort d'une telle beauté que mes plus beaux kanji peineraient à l'égaler.

J'aime autant préciser ceci : je tiens l'hypocrisie en horreur, et bien davantage lorsqu'elle s'apparente à de la fausse modestie visant à brasser les plus faibles égo, car je ne vois là que l'antonyme de la pédagogie. Aussi, force m'est d'admettre que la maîtrise de l'enseignante d'astrologie était bien au-delà de l'élégance de mes tracés, et témoignait, en bien des égards, de son entraînement acharné. J'en comprenais une curiosité intellectuelle sans limite, car dévouée non seulement à l'art qu'il lui convenait d'enseigner, mais à des pratiques auxiliaires en l'exemple de son sortilège.

Un pinceau entre les mains, vous seriez remarquable, lui confiais-je avec un sourire cette fois bien explicite : il m'arrivait d'être autrement plus expressif lorsque nous en venions au sujet de la calligraphie, car demeurait en mon âme la plus sincère des affections pour un art que j'estimais inégalé. J'éprouvais toutefois du respect pour tout autre domaine que mes collègues auraient daigné me partager ; l'érudition était tant une chance qu'un plaisir, et ne cessait de s'étendre tant ma curiosité se voulait avare.

Il existe cinq formes de calligraphie japonaise. Les moldus en ont trouvé un usage culturel varié, mais certains de mes aïeux se sont penchés sur leur affinité magique, et il s'avère que certaines correspondent davantage à un usage précis de notre magie. Nous soupçonnons, mais ces hypothèses demeurent infondées, que la calligraphie est née des variétés magiques dont certains aspects seraient aujourd'hui perdus.
Poppy Tsugikuni
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Poppy Tsugikuni
Plus encore que la chaleur du tissu, c’était le parfum — subtil mais bien discernable — des fleurs de cerisier qui coupa court à toutes ses protestations. Les effluves rosées, teintées par celles plus vertes mais pas moins singulières de la terre après la pluie, l’envahirent aussi certainement qu’un sentiment étranger ; elles rendaient le haori assez réconfortant pour embraser son visage sous le regard acéré de l’assistant, et les doigts de Poppy s’y accrochèrent pour la lover dedans sans qu’elle pût s’en empêcher.

Elle était fière, sans conteste, de sa maîtrise du sort floral — mais elle l’était davantage de sa capacité à ravaler la révolte de son insécurité, formulée en opposition dans le fond de sa gorge. Un sourire franc, quoique timide, fleurit sur ses lèvres rougies, lui-même bien vite effacé par l’indice feutré d’un ris éclairant les traits masqués du Tsugikuni. Couplé au compliment, l’acte assassinait quiètement l’astronome, et toute sa concentration fut nécessaire pour l’empêcher de se ridiculiser ; Poppy commençait à se sentir trop à son aise face à lui, et elle craignait plus que tout un faux-pas fatal, alors qu’elle testait à peine ses eaux mystérieuses. Je ne me suis pas exercée à la calligraphie depuis très longtemps, confessa-t-elle, un peu honteuse — la lignée maternelle l’avait baignée dedans si sûrement que son cousin l’avait initiée aux arts de la potion — mais je m’y remettrais avec plaisir !

Tandis qu’il s’épanchait sur l’art, elle l’observait attentivement et s’imprégnait tant de sa passion que de son parfum ; peut-être était-ce étrange, mais elle accusait l’entremêlement de ses sens et la familiarité des couleurs qui l’entouraient. Trop absorbée dans sa contemplation — les mouvements quasi imperceptibles de ses yeux, le tremor du tissu distendu contre les muscles de sa mâchoire —, elle laissa s’étendre un silence maladroit, à peine perturbé par les ronrons réguliers de son chat.

Ah — est-il possible de prouver cette source ? Enfin, je suppose que vous avez déjà essayé. J’entends, um, je veux dire, les restes de l’Histoire n’offrent peut-être pas suffisamment de substance pour étayer votre hypothèse… Mais c’est une idée intéressante. A vrai dire, Poppy n’était pas des plus adroits en théorie ; tout son être luttait pour rendre tangible la moindre des sensations, pour la guider sur un sillage tracé par son instinct seul. C’était de son éducation laxiste que découlait sa frivolité, et de cette même frivolité sa passion pour les astres. Elle ne tirait pas sa satisfaction de la capacité à nommer les étoiles, mais à pouvoir identifier l’histoire qu’on leur associait, deviner le voyage qu’elles avaient entamé bien avant sa naissance.
Plus précisément, Poppy n’était pas sotte, mais trop pratique. Et cette praticité, ironiquement, se faisait ressentir dans la malhabileté de ses réponses ; dans un soupir résigné, plutôt que de creuser un fossé dans lequel elle n’eût su que s’enfoncer plus profond encore, elle offrit à l’assistant un sourire penaud. Je n’y connais rien, de toute évidence. C’est même pour cette raison que j’espérais que vous m’instruisiez — s’il vous plaît, ne laissez pas ma tentative ridicule de paraître érudite vous arrêter. La curiosité qui dans son regard luisait était candide, tout comme le désir égoïste d’encore entendre les tonalités barytones de sa voix.

Mais son appétit pour la connaissance ne s’arrêtait guère à son domaine de prédilection — elle avait pesé le pour et le contre d’un même temps qu’elle justifiait sa tentative pitoyable de participer à la réflexion, et rassembla les fragments fragiles de son courage en une inspiration saturée de fleurs et de terre mouillée. Pardonnez-moi d’avance si la question est trop intrusive, mais… La bravoure lui glissait entre les doigts comme du sable, malgré la trivialité du questionnement. Pourriez-vous me confier votre date de naissance ? Je suis curieuse de découvrir, um, l’alignement des étoiles ce jour-là.


Kohaku Tsugikuni
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Kohaku Tsugikuni
Mes iris, captivés par la teinte incandescente dont se couvrait sa pâle peau, tarda à rendre compte de ma maladresse — de l'irresponsabilité dont me couvraient mes sourires, éclopé de ses hideuses cicatrices : le masque fléchissait sous l'ombre d'une expressivité dangereuse, si bien qu'il me sembla y déceler quelques égouttures écarlates. Dans un souffle, j'extirpais mon visage à cette mutuelle et non moins agréable contemplation dont nous nous offrions le consentement mutuel, m'arrachant au spectacle suffoquant de ses douces expressions. Ses prunelles, injustement teintées des milliers d'étoiles dont elle contait les histoires, semblaient déceler les plus sombres de mes géhennes, pour n'en tirer qu'une douceur presque maternelle. Sa voix, sous l'instabilité propre à son inconfort — ou était-ce un manque de confiance ? — cédait à quelques notes aiguës, me berçant d'un amusement singulier.

Le souffle coupé, j'appréhendais l'instant dans toute sa splendeur : les bienfaits de cette rencontre, de son audace, et de son inconscience, appelaient en moi une nouvelle forme de sympathie, dont je peinais à cerner la mesure. Je n'y voyais là qu'une immaturité feinte, car la sagesse semblait étreindre le mystère de sa personnalité, si doucereuse qu'elle m'était rassurante.

En ses yeux, je ne voyais nul jugement, sinon l'avare curiosité dont nous berçait le destin. En ses mots, je ne percevais que l'ardeur d'un désir amical, si ce n'était davantage : quelques rougeurs exposés à la lueur de la bougie unique ne manquèrent d'attiser mon attention, dussé-je me couvrir d'imprudence — tant son existence m'était confortable. L'érudition est propre à chacun, car peu se vanteraient d'effleurer vos vastes connaissances astrologiques. La voix, bercée de la tendresse que je veillais à lui soumettre, brilla d'une clarté nouvelle : sous l'étreinte des ombres, j'avais d'abord effleuré le désir de lui partager ma confiance, quelques bribes d'une intimité unique, dont il n'existait de plus belle marque qu'un masque ôté à ma peau mortifiée. De scepticisme, je n'osais lui offrir l'inconfort du sourire dont elle m'avait convié à retrouver le plaisir, car je craignais, dans un élan d'une témérité qui m'apparut absurde, de ne l'avoir effrayé. Je suis né 18 avril 1970, confiais-je un peu maladroitement, car subsistait en moi la crainte d'un incoercible dégoût.

Me revenait, dans l'élan d'égoïsme où je me lovais alors, la sincère affection de ma jeune cousine : ses mots, le confort des regards dont elle me couvrait toujours, en dépit de mes cicatrices. Incertain, ma langue glissa sur mes lèvres, et la nécessité des excuses fit vaciller mon esprit — sans que je n'y cède pour autant, car je n'éprouvais de regret. N'ayez crainte de me marteler de questions ou même de me tutoyer, si vous en éprouvez le désir, car j'ai espoir, dès lors que nous aurons appris à nous connaître, que nous fassions fi des politesses. Puis-je vous appeler Poppy ? Ou peut-être préférez-vous Keshi ?
Poppy Tsugikuni
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Poppy Tsugikuni
Quelque cousin, des années auparavant, lui avait dévoilé l’infiniment romantique concept de coup de foudre. Elle en craignait l’expression, par peur d’être bousculée par une myriade brutale de sentiments incontrôlés ; Poppy était, sans l’ombre d’un doute, fragile, et s’évertuait à porter cette gracilité ainsi qu’une couronne. Elle fantasmait l’amour comme l’éclosion d’une fleur timide, baignée et cajolée par la lumière du soleil.
Ces rais, elle les devinait sous le confort sybillin du masque du Tsugikuni — elle les imaginait dans les courbes d’un sourire à peine deviné, espéré. Plus encore, elle voulait sans le savoir les laisser faire éclore le bourgeon, enfoui en son sein, d’un cœur qui n’avait encore su trouver ce qu’il désirait réellement.

Si Poppy ignorait, par sa discrétion — et sa volonté, quoique hésitante, de ne pas quêter la moindre information personnelle — tant la raison que l’importance du masque qu’il portait, une partie instinctive de son être lui laissait deviner que la seconde était grande, et la première grave. Aussi, lorsqu’il le retira dans l’aisance de son bureau mais bien sous le regard de l’astronome, elle ne put s’empêcher d’y voir la consécration d’une confiance qu’elle avait voulu insuffler chez lui. Sans pour autant vouloir voir ce qu’il dissimulait — non pas qu’elle en avait peur, mais bien qu’elle préférait respecter sa volonté — elle n’en restait pas moins avide de sa reconnaissance, à défaut de lui faire ressentir la même affection qu’il provoquait de son côté fleur bleue.

Le geste, accompagné d’une maladresse toute nouvelle pour la jeune femme et d’une révélation qui la laissa pantoise, stria son âme de rose et d’orange doré. Elle ne rougissait plus mais laissait bien ses lèvres fleurir sur un sourire tendre, saturé d’une émotion si douce qu’elle n’eût su la nommer. Si les yeux de Poppy suivirent le tracé hésitant de sa langue, elle ne pipa mot. Dans le souci de le laisser rassembler le fond de sa pensée - la bienveillance évidente jusqu’entre ses doigts chiffonnant le tissu du haori - elle se garda d’abord de réagir, avant que son prénom ne franchît la lisière mutilée de ses lèvres. Sitôt qu’elle en vît l’occasion, elle fondit dessus en un presque cri enjoué : appelez — enfin, appelle-moi Keshi, je t’en prie. Un temps, timide, passa avant qu’elle ne conclût sur un Kohaku fluet, testant les sonorités arborescentes des syllabes.

Finalement, Poppy se permit un soupir, la désapprobation claire dans les traits de son visage. Donc, si je comprends bien, c’est vo— ton anniversaire aujourd’hui, depuis même, um, elle jeta un regard par la fenêtre, quelques dizaines de minutes, je dirais. Le clairon d’un léger rire lui échappa, et elle tira d’une de ses manches un papier soigné, précieusement conservé. Elle se munit d’un pinceau et, insufflant l’application des années passées dans les caractères de l’orchidée colombe (鷺草), en invoquant une fleur unique. Elle signifie mes pensées vous suivront dans vos rêves. Je ne peux que l’espérer, cependant. Ses mains, poussées par une audace inexplicable, prirent celle de l’assistant pour y déposer la fleur orpheline, et elle lui décocha un regard déterminé mais toujours empreint de tendresse. Joyeux anniversaire, Kohaku. Une fois de plus, je vais devoir briller pour ma prise de risque peut-être déplacée, mais je crains de ne pouvoir aggraver ma situation, alors : tu avais l’air, avec ton masque, d’avoir un très beau sourire. Maintenant que je te vois sans, eh bien — j’en suis d’autant plus sûre. Elle ignorait, trop longtemps protégée, comment s’adresser aux survivants de tels traumatismes ; plus encore, elle ne savait quelles circonstances l’avaient résolu à conserver les cicatrices. Cependant, elle était certaine d’une seule chose, alors que l’une de ses mains se hissait, sursautant sur l’envie d’en effleurer la surface, de le défaire de la douleur qu’une telle blessure avait dû causer : ces stigmates n’effaçaient en rien la douceur de ses traits, pas plus qu’elles ne laissaient les pulsations révoltées de son coeur transi s’apaiser.


Kohaku Tsugikuni
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Kohaku Tsugikuni
À la nuit tombée, les secrets s'éventraient sous le joug de l'audace et de l'imprudence, des grâces desquelles je me laissais tendrement bercer : mon masque n'était que le délaissé vestige d'une politesse réservée aux inconnus, substituée par notre intimité nouvelle. Cette crainte, tenue en respect par mes sobres manières, s'érodait au contact d'une spontanéité bienveillante : Keshi se confondait dans le poétique tableau de la flore dont elle décrivait les moindres aspects, comme le reflet de ses vertes prunelles. De l'inconfort ne subsistait que le froid ; de mes doutes ne demeurait que la maladresse du rictus qu'elle m'intima à dresser, l'impassibilité rendue submersible par une telle douceur. Ta bienveillance me touche, et j'entretiens l'espoir de te rendre la faveur en temps et en heure. Quelques soporifiques effluves semblaient se hisser à hauteur de nos yeux, comme une brume nocturne ; la fatigue éreintait la justesse de nos gestes, cantonnant l'instant dans une maladresse tant unique que touchante.

Cette silencieuse intimité me poussa à la contemplation de son tendre visage ; de ses pétillants émeraudes comme des teintes rutilantes de ses joues ; et si mon visage se cloîtrait dans le confort d'une impassibilité si longtemps nécessaire, les ombres de son sourire n'en furent pas moins salvatrices. Le temps file. Tout agréable que soit ta compagnie, je dois prendre congé. La tolérance du professeur Sugawara n'ôte rien à la rigueur que mon travail nécessite, et déjà, j'arpentais les traits de son visage comme des sentiers lunaires : une contemplation unique, et dont la magie ne s'estompait jamais. Et déjà, j'arpentais le sol obsidienne d'une école plongée dans les secrets noctambules ; guidant Keshi jusqu'à l'orée de ses appartements. Garde ma veste pour l'instant. Nous aurons alors l'occasion de discuter, lorsque tu me la rendras.
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