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fb / mea culpa (kohaku)
Shizue Tsugikuni
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Seimei
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Shizue Tsugikuni
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Shizue Tsugikuni
Les mots m’étaient restés en travers de la gorge, pareils à des couteaux moqueurs aux lames de dédain. Ah ! paroles mauvaises, vilaines, celles qui s’articulent entre les lèvres rendues immondes des âmes vicieuses. J’avais presque de la peine pour ceux-là qui ne trouvaient de plaisir qu’en la raillerie et la médisance ; presque, car la peine était largement balayée par la colère, cette colère confuse et bouillante, difficilement contenue au creux de mon poitrail et au derrière de mes yeux noirs.

J’avais tout entendu le midi. J’avais assisté impuissante aux vipères crachées comme si ce n’était rien à l’encontre d’un être à mes yeux si tendre, si cher — et pour qui je me sentais, je le crois, déjà si responsable. Abattue par le regard de trop de professeurs alentours, je n’avais osé accourir et pourtant je me figurai aussitôt mes phalanges contre l’arête de leur nez, le craquement que cela aurait produit et les éclats carmins de leur défaite. Il n’aurait été sage de réagir ainsi, alors je restais de marbre et fulminais en silence.

Kohaku, j’articulai avec fermeté, mes lèvres néanmoins pincées. J’inspirai largement avant de tirer une chaise auprès de lui. Je l’avais trouvé un peu plus tard dans l’après-midi au détour d’un rayon de la bibliothèque, penché au dessus d’un devoir sans doute. Je pris le pas de le détourner de l’objet de sa concentration (au diable les politesses), et saisis son poignet entre mes doigts. J’ai cru que j’allais leur sauter à la gorge, ah ! je crois que j’aurais dû… Une rage humide s’installa dans mes yeux plantés dans les siens, et ma gorge nouée entrava finalement ma langue en un pardon, qui vint sans que je ne l’espère, enfoui depuis longtemps au plus profond de mon être, comme une culpabilité indicible et intériorisée. J’avais eu écho de tous les reproches liés à mon ascendance, proférés à l’égard de ceux qui avant moi avaient failli à leur tâche, et j’en avais imprimé la faute malgré moi et toute l’idiote fierté dont je me targuais. Mes ongles plantés dans mes paumes grattaient nerveusement ma peau — quelle piètre héritière je faisais. Pardon, je répétai alors plus doucement.


Kohaku Tsugikuni
次国琥珀
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Kohaku Tsugikuni
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Kohaku Tsugikuni
De mes pensées éparpillées sur les innombrables inquiétudes que comprenait mon imminente prise de pouvoir, mon esprit ne parvenait à se détacher : les iris bicolores s'attardaient sur un horizon invisible, sans nulle considération pour le monde qui m'entourait—et quelle erreur ! Mon attention s'alliait de prudence lorsque approchait l'heure du repas, et l'ensemble de mes gestes se dédiait à la dissimulation de ces honteuses cicatrices dont quiconque, et non simplement le nombre croissant d'enfants qui peuplait notre grande salle, aurait été assurément dégoûté.

Si je m'étais moi-même attardé sur le reflet que m'offrait le fond de mon bol désormais immaculé du moindre aliment, peut-être m'en serais-je trouvé tout aussi démuni—mais en une si lourde journée que mon esprit en perdait de vue le bien-être des élèves adjacents, mes songes demeuraient tournés vers le retard que j'avais doucement accumulé lors de mes derniers jours.

Quelques nobles origines ne suffisaient à tenir un homme loin des affres de l'échec scolaire, pas davantage que des tourments de quelques esprits malveillants—et lorsque mon nom résonna d'une voix tant déformée de mépris qu'elle m'en parut méconnaissable, j'eus à peine le luxe d'en observer l'origine qu'elle m'accabla de bien d'autres maux.

Les reproches persiflaient à mi-voix sous l’œillade interloquée de quelques professeurs, et le sobre hochement de tête que j'y répondis mit fin à leur scepticisme : si en leur qualité de sang-mêlé, et face à l'absolue rigueur de mon comportement, l'issue d'un soudain procès ne ferait de doute, je préférais m'abstenir de créer tout problème—aussi car j'estimais en être également à l'origine. En l'instant, mes préoccupations étaient toutes autres et je franchis, d'un pas trop rapide pour que je ne puisse prétendre être resté insensible à cette soudaine agressivité, le seuil d'une bibliothèque encore bien silencieuse—Kukurihime en soit louée !

Le calme m'était nécessaire pour m'adonner à la finalisation de mes devoirs, et s'il ne me fut pas difficile de trouver un endroit excentré où échapper à l'anarchie des regroupements d'élèves, une nouvelle âme imprudente vint m'arracher à mes obligations scolaires. Un peu plus agacés cette fois—car en dépit de mon calme, je m'étais hautement contenu—mes iris s'adoucirent tout aussi soudainement face à la contemplation d'un visage aussi familier qu'il m'était rassurant.

Ne dis pas cela, Shizue. Si agréable que me soit ta colère, cela n'en vaut pas la peine. Par ailleurs, je dois admettre que j'ai manqué de délicatesse, car j'avais la tête ailleurs.

Avec douceur, Kohaku déposa sa plume et approcha ses mains pour attraper les siennes, la forçant à cesser de se meurtrir : s'il éprouvait la plus grande inquiétude pour une cousine qu'il aimait plus que tout être en ce monde, et dont la protection tenait de ce qu'il estimait être de son devoir, il aurait été humiliant pour elle—comme pour tout Tsugikuni—d'être ainsi blessé aux mains, et par extension, privé de la toute délicatesse de sa calligraphie. À ce geste, pourtant, l'héritier ne lui tint nulle rigueur car il sentait, en l'énumération répétée d'une excuse, qu'elle dissimulait un poids plus lourd encore qu'une brève altercation.

Qu'est-ce que te préoccupe tant, Shizue ? Je ne supporte pas de te voir ainsi abattue, alors je t'en prie, confie-moi tes peines.
Shizue Tsugikuni
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Shizue Tsugikuni
Je portais en mon cœur des sentiments encore confus, troublés tant par des émois adolescents bien naturels que par des questionnements et des doutes plus grands que ma pauvre personne, si bien que j’avais parfois l’impression qu’ils allaient me submerger de toute leur hauteur édifiante. A la vue de mon cousin, et au souvenir encore frais de ce qui avait été dit à son sujet, ma poitrine se serrait, qu’importe ses tentatives de me rassurer au moyen de tendres paroles. Je me trouvais incapable de dissimuler l’inquiétude dans mon regard, retenant de justesse des perles humides au ravin de mes cils ; ha ! je ne voulais pas pleurer devant lui.

J’avais depuis longtemps déjà été amenée à saisir les enjeux de ma position, ainsi que mes responsabilités et parmi celles-ci je portais sur mes épaules le poids d’une culpabilité que je taisais sagement d’ordinaire ; pourtant, au regard des événements du déjeuner, j’avais cédé. J’avais cédé au regret de n’avoir rien pu faire des années auparavant qui aurait pu prévenir un tel accident, j’avais cédé à la peine de porter un nom qui sous tendait la responsabilité dans l’événement. J’admire ton sang froid, Kohaku, crois-moi. Je peine à conserver mon calme, et je...

Je m’apaisais pourtant, en partie tout du moins, au contact des mains de Kohaku contre les miennes et cessais de les meurtrir inconsciemment. J’inspirais largement pour mieux expirer, et avec mon souffle je m’efforçais de chasser les angoisses naissantes comme celles trop longtemps tues. Ma colère pourtant ne se taisait pas et mon coeur battait toujours de cette irritation contre laquelle je ne pouvais lutter : j’aurais aimé connaître un moyen de mettre un terme à ces injustices, réparer les erreurs commises par d’autres avant moi.

Je ne veux pas t’accabler de mes pensées tortueuses, je soupirais doucement. J’avais au bord des lèvres une litanie d’excuses à lui présenter, au nom des miens pour n’avoir pas su prévenir l’irréparable et à cette seule pensée mon estomac se nouait de nouveau. Je me sens fautive, et je t’en supplie ne le nie pas. Je plongeais mon regard dans le sien, soucieuse et agitée. Nous aurions pu- non, nous aurions dû faire en sorte que cela n’arrive jamais. Par ce nous, j’entendais cette filiation dont j’étais issue et dont la responsabilité, à terme, me revenait en ma qualité d’héritière ; ces considérations, je les avais apprivoisées avec lenteur et précaution, mais elles m'apparaissaient à ce jour plus évidentes que jamais. Et alors… Et alors, personne ne se moquerait. Ma voix s’éteignit en un chuchotement à peine audible, par souci de ne pas déranger les élèves alentour d’une part, mais aussi, et surtout, car je me trouvais accablé par le poids de mes pensées : tout ceci aurait pu être évité.


Kohaku Tsugikuni
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Kohaku Tsugikuni
Je cultivais en moi les bienfaits de l'innocence, d'un âme justement préservée des turpides du monde : bercé d'amour et de loyauté, dédié aux plus hautes sphères d'une société dont la corruption obrombrait les vertus, ma famille attendait de moi que je lui voue mon cœur, faisant fi de la cruauté des roturiers. Tout vertueux que n'avait cessé d'être mon clan au travers de son histoire, il n'accordait aux né-moldus la même intention qu'à ceux porteurs d'un prestige similaire au sien : je m'étais détourné sans peine, car alors, la condescendance demeurait maîtresse d'une impassibilité si indéfectible que je n'en tirais pas la moindre fierté.

Fallait-il pour autant me rendre coupable de leurs regards indiscrets, et de ce mépris permanent ?

En mon cœur, une colère broyait mes entrailles, seulement diluée dans l'affection que Shizue éveillait en moi. En mon cœur, le sens du devoir, d'une justesse nécessaire, car si le mal rongeait aujourd'hui ma chair, je n'accepterai de lui céder mon âme. En mon cœur, une tolérance immarcescible, fruit d'une éducation rigoureuse dont je prônais les vertus : si tenté que je fus de céder à la revanche, elle n'était pas digne de nous. Si irascible qu'elle me semblait être, la rage de ma cousine ne découlait que d'une lointaine culpabilité, ravivée par ces humiliantes régulières.

J'ignorais, susurrais-je avec douceur, comme par crainte de broyer ce qui lui demeurait de calme, car je n'aurai supporté ses larmes. Ce n'est pas ta faute. J'ai agi bêtement, et j'ai été négligent.

Son sentiment m'attristait davantage que toute forme de douleur, toute indélébile qu'elle fut. Porter en moi quelques cicatrices m'était bien plus aisé que le poids de sa culpabilité que je savais hyaline, mais que j'avais pourtant été incapable de percevoir. Quel homme fermait ainsi les yeux sur la souffrance d'autrui, se laissant, au nom d'une bienveillance feinte, accabler par les médisances ?

Quel héritier, non, devrais-je dire, quel cousin demeurait ignorant des tourments déchirants d'une famille prête à bondir pour sauvegarder ma seule dignité ?

Je ferai taire ceux qui accablent ta famille, déclarais-je alors, sans aucune forme de tolérance. Mon regard se fit plus sévère, certainement appuyée par la véhémence de mon jeune âge : peut-être pouvais-je feindre l'indifférence lorsque j'étais la cible des railleries, mais j'en préserverai Shizue à tout prix. Je me fiche de ces cicatrices, alors s'il te plaît, ne te morfonds pas.

Dans le même temps, j'ôtais mon masque de mon visage, faisant fi du présumé confort de tout autre élève : et s'ils devaient tenir leurs regards loin de moi pour ne s'en trouver gênés, grand bien leur fasse ! Je n'étais responsable du bien-être de chacun—car en cet instant précis, celui de ma cousine me suffisait amplement.

Si tu insistes, tu peux en parler à ta mère, car j'ai ouïe dire que les Tsukiyomi excellaient dans ce domaine. Qu'en penses-tu ?
Shizue Tsugikuni
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Shizue Tsugikuni
J’admirais tant son calme et sa tendresse à mon égard, cette force tranquille à toute épreuve dont il semblait disposer même face à mes tourments. Je trouvais un peu de réconfort dans son attitude, comme ç’avait toujours été le cas ; à ses côtés, je me sentais traversée par une paisible vigueur et la trombe de soucis qui grondait en moi s’apaisait doucement. Je n’en perdais toutefois pas ma désolation ni ma culpabilité, des sentiments qui m’avaient été transmis comme on transmet un héritage. Je n’aurais su le remercier assez, alors, de ce regard bienveillant dont il me couvait.

Pourtant, si gracieux se voulait-il, je ne pouvais souffrir de l’entendre ainsi prendre soudain sur ses épaules tout le poids dont je l’accablais malgré moi, au nom d’une prétendue négligence de sa part. Mon regard s’assombrit d’un chagrin nouveau, mes paupières s’abaissèrent, alourdies par la honte. Je songeais que j’aurais peut-être mieux fait de garder mes ennuis pour moi-même, et de ne pas l’affliger de plus de responsabilités qu’il n’en avait déjà. Tu es d’une bienveillance infinie, Kohaku, et je t’en remercie. La fermeté dans ses propos et le ton solennel sur lequel il fit la promesse de faire taire ces médisances m’avaient toutefois surprise, et je redressai vers lui un regard grave. Mais je ne souhaite pas te mettre dans une position délicate.

A la vue de la cicatrice parcourant le derme de mon cousin, je ne grimaçai pas ni ne détournai le regard, aucunement gênée. J’en ressentais malgré tout une infinie désolation qui me transperçait de part en part, ainsi qu’un peu de fureur, prête à bondir toutes griffes dehors si d’aventures un de nos voisins osait émettre la moindre remarque déplacée. Oui. Je lui en ferai part, bien sûr… Rien n’aurait su me ravir davantage que la perspective de le savoir un jour guéri, et s’il s’en fallait je me promettais de moi-même mettre tout en œuvre pour y trouver, un jour, un remède. Je savais l’étude de l’onmyodo importante en ce sens, et m’y plongeais déjà avec un sérieux sans faille. Et j’espère de tout coeur qu’ils sauront t’aider. Et si ce n’était pas le cas… j’étudierai afin de le faire moi-même.

Un sourire nourri par l’espoir peint mes lèvres, pour la première fois depuis le début de notre entrevue. Et si les commissures en restaient chagrines, je retrouvais, une fois l'inquiétude passée de le voir retirer son masque, un peu de félicité en le voyant ainsi arborer sans honte ni gêne les stigmates du passé. Je t’en fais la promesse solennelle. Je vins presser ses doigts entre les miens pour signifier toute la sincérité de mes propos. Alors, tu n’as pas besoin d’être si indulgent avec moi. Je vais bien.


Kohaku Tsugikuni
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Kohaku Tsugikuni
La culpabilité accablait mes épaules d'un poids qu'il me semblait dérisoire d'essayer de soutenir, et des instants qui ponctuaient ma confession, je sentais naître l'amertume des premiers regrets, car cette bienveillance, dont je faisais les éloges, apaisait moins mon âme qu'elle la troublait par un devoir que je ne pouvais me résoudre à faire mien : cette cicatrice—comme le dégoût qui arpentait les sifflements alentours—n'était pas plus de mon fait que de ma responsabilité. Je répondais de ma stricte éducation, accordant aux impis le bénéfice d'une rédemption exempte du moindre coût : ma tolérance se suffisait à elle-même, nonobstant la malveillance de leurs intentions ; et si mon sang portait en lui l'équilibre du monde, le bien-être d'autrui me parut bien plus lourd.

Sous l'égide d'un soupir appuyé, mes épaules s'affaissèrent, inaptes à soutenir mon héritage, et mon regard s'assombrit. Sous le bonheur de ses rares sourires, ma faiblesse m'était moins honteuse qu'elle m'apparut naturelle—et j'embrassais l'imperfection de mes sentiments, d'une sagesse obstruée par l'inexpérience de la vie. Je pouvais aspirer à cette colère, à cette rancœur dont ils flirtaient avec le mérite. Je pouvais m'indigner, répondre de l'injustice de ces railleries accablantes, car je ne portais en moi toute la responsabilité de l'instant : la blessure avait moins tranché ma chair qu'une âme rendue trop servile, et j'en payais le prix.

Tu as raison, comme bien souvent, je dus admettre qu'elle brillait par ses réflexions ; car la sagesse gagnait, depuis plusieurs années déjà, les traits de la belle demoiselle qu'était devenue ma cousine.

Je témoignais, à la lueur de notre intimité, des transformations progressives de son visage autrefois poupin ; ses yeux acérés par une véhémence que j'aspirais à partager, car sa détermination, au sein de notre famille, ne trouvait nul égal. J'estimais que l'aisance de notre statut de sang valait bien quelques railleries, car ces personnes en sont démunies. Mais leur inconfort n'est pas de mon fait, pas davantage que cette cicatrice. Ma main vint couvrir de nouveau la sienne, en une affection dont je peinais à contenir les émois : pour qui se gardait de toute forme d'expressivité, je chérissais ces instants plus que tout autre. Nous partagions, au-delà de nos années d'écart, un amour fraternel qui n'appartenait qu'à nous, et que ma mère, tout dai qu'elle fut, aurait toutes les peines du monde à comprendre. Je n'aspirais au bonheur qu'aux côtés de celle que j'estimais comme une sœur, et il me peinait de savoir que les années, comme nos mariages respectifs, nous éloigneraient certainement. Je te laisse dix ans. Si tu t'accables pour mon erreur, alors il t'appartiendra de la restaurer. Je vivrai dans la honte jusqu'au jour où tu me libéreras de cette malédiction, et alors, tu me jureras fidélité. Ce jour-là, Shizue, tu ne seras plus héritière, mais tu deviendras chef de ta branche.
Shizue Tsugikuni
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Shizue Tsugikuni
J’étais si jeune encore, et si intense déjà, tant dans mes propos que dans mon attitude, de cette intensité qui ne s’exprimait pas en débordement excessif mais en une ardeur tue, tranquille, contrôlée. J’avais fléchi, par amour et par honte, et par ce que c’était là mon devoir de cousine et de future héritière de ma branche. J’avais fléchi, et si au départ j’avais cru qu’il s’agissait là d’un déshonneur de ma part, je comprenais doucement qu’il n’en était rien et, à contrario, en éprouvait un certain soulagement. Pouvoir me confier aussi crûment auprès de Kohaku m’était profondément bénéfique, et j’espérais seulement ne pas trop l’accabler en retour.

Son regard s’était assombri, et je mordillais mes lèvres, un regard anxieux posé sur lui et ses silences. Je n’ignorais pas toute l’immensité de ce qui pesait sur ses propres épaules, et l’admirait chaque jour pour cela : cette inébranlable capacité à garder le menton haut et les épaules droites lorsqu’il lui incombait déjà une place et un rôle si importants. Je ne souhaitais en rien éveiller sa pitié, encore moins sa miséricorde, et ses mots sonnèrent comme une salvation — quand bien même eurent-ils pu paraître un fardeau aux yeux d’autres que moi. J'acquiesçai sans ciller.

Je fis à cet instant une promesse à mon cousin, ainsi qu’une promesse, inarticulée, à moi-même. A lui, je dis Je t’en fais le serment. Si dans dix ans, j’ai échoué — puisses-tu ne jamais me pardonner. Et si je réussis, et je m’en crois aussi capable que je suis déterminée à le faire, alors, oui, je te jurerai fidélité. A moi, je dis j’en fais le serment. Puisses-tu être, ce jour venu, digne de ce titre et noble dans ce rôle. Un sourire tranquille peint mes lèvres, et je sentais mon corps se détendre doucement, la tension dans mes muscles me quitter lentement et mon myocarde s’alléger.

Je suis heureuse que tu m’accordes cette opportunité, et je ne saurai te décevoir. J’appuyais mon propos d’un hochement de tête assuré. Je me sentais étonnamment plus légère, bien qu’il serait mentir que de prétendre que je n’éprouvais nulle appréhension face à cette nouvelle tâche qui m’incombait, plus grande et plus fastidieuse que tout ce que j’avais pu connaître auparavant. Seulement, je l’acceptais avec sérénité, et assurance, car je ne souhaitais douter de moi ni de ma capacité à mener à bien cette demande si particulière. Il ne s’agissait pas uniquement de pouvoir, mais de devoir.

Ah, je crois que je devrais te laisser à tes études, je t’ai suffisamment importuné, n'est-ce pas ? Je caressais du bout des doigts sa chevelure ébène, d’un geste affectueux. Merci de prendre ainsi le temps de m’écouter. Ma vie serait bien morne sans toi.


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