tous nos jours sont des adieuxLe ciel était d’un bleu azuré alors qu’il laissait un instant son regard divaguer, prenant une grande respiration afin de continuer sa route. Il y a quelques jours à peine, alors qu’il était en train de désherbé son jardin privé afin d’annihiler ces maudites mauvaises herbes, le vieux Sugawara avait reçu de la part du professeur un origami l’invitant à une expédition dans les montagnes d’Akan. Hanamaru, bienheureux de pouvoir quitter un peu Kyoto s’était empressé d’accepter la demande du plus jeune et ils s’étaient entendus de se retrouver le samedi à un point donné. Levé aux aurores, le vieil homme avait empaqueté les mochis qu’il avait préparé la vieille afin de les proposer à son acolyte du jour, impatient de pouvoir discuter avec l’Ueda tant il avait toujours quelque chose à dire – tout comme le centenaire.
Habillé de riches tissus blancs, et d’un vieux chapeau de paille qu’une habituée du temple lui avait un jour offert, le prêtre transporter sur son dos un petit sac coloré afin de transporter le nécessaire à une excursion en montagne. Des vivres et quelques bricoles qu’il avait oublié de retirer la veille – et qu’il continuait d’écarter de son esprit. Au loin, il apercevait la silhouette familière du professeur, le saluant d’une inclinaison lorsqu’il fut à sa hauteur. Saburoo-chan ! Merci de m’avoir convié aujourd’hui, je rêvais de voyager depuis quelques jours déjà, et voilà que vous m’invitez une douce après-midi à vous rejoindre. Vous êtes bien incroyable mon tendre enfant. Sa main venait se perdre sur le haut du crâne du professeur, le décoiffant amicalement, comme il l’aurait fait avec n’importe lequel de ses enfants. Bien que désormais adulte, Hanamaru continuait parfois de le traiter comme s’il était encore l’enfant qu’il avait autrefois connu.
Il portait alors son regard vers les cieux, couvrant rapidement ses yeux de sa main pour éviter de se brûler la rétine face au soleil, un large sourire décorant ses traits. Il fait beau, c’est une excellente nouvelle, nous n’aurons nullement besoin d’affronter vents et tempêtes pour cueillir quelques herbes et faire notre randonnée. Un plaisir de pouvoir se ressourcer à la montagne en compagnie d’une personne aussi agréable que vous Saburoo-kun. Le beau temps le rendait particulièrement heureux, plus jovial encore qu’il ne l’était à son habitude – si cela était réellement possible. Il posait à ses pieds le sac qu’il avait apporté, sortant une boite pleine de pâtisserie ainsi qu’une gourde d’eau, une autre de sake et une dernière de thé. Je ne sais pas ce que vous aimez le plus, alors j’ai pris un peu de tout, vous voulez boire quelque chose de précis, de l’eau, du sake d’Osaka ou bien du thé gyokuro ? J’ai également des mochis, vous en voulez j’espère ? Sinon je serais bien attristé ! Une moue malheureuse sur son visage, légèrement accentuée par sa comédie prévisible. Il tendait à l’Ueda ce qu’il tenait désormais dans ses bras, l’invitant à se servir.
Sachez que ces délicieux mochis sont faits à la main, dur labeur d’un vieil homme qui s’est brisé la colonne pour raviver les papilles de son Bubu favori. Tu as bien grandi, hier encore tu n’étais pas plus haut que trois pommes, et voilà que tu es désormais un aussi grand qu’un adulte ! Ah, que le temps passe vite, ne trouves-tu pas ? Tu as encore des joues adorables, on dirait celles de mon arrière-arrière-arrière-petite-fille, une enfant tout à fait charmante mais qui ne vient pas assez souvent voir son papy adoré, les jeunes aujourd’hui sont sans cœur. Oh, par ailleurs, la grande majorité des ingrédients proviennent de mes jardins, savez-vous que j’adore jardiner ? C’est plutôt apaisant, et ça fait les muscles, quand la vieillesse commence a nous guetter, il est toujours bien de s’entretenir un minimum. Tout en parlant, il se servait dans ses boites en bois, prenant dans ses mains l’un des précieux mochis à l’azuki. Ils sont à l’azuki, ce sont mes favoris, j’en ai également fait au matcha, si cela vous tente évidemment. Un rire doux lui échappait alors qu’il donnait encore une boite à Saburoo. Voici quelques herbes de mon jardin, j’espère qu’elles vous seront utiles, je ne savais guère quoi prendre alors- j’ai pris un peu de tout.
