C'est déjà fini ??
Les couloirs sont vides désormais, et tu te retrouve à courir comme un dératé. C’est rare que l’on te voit passer la vitesse supérieure, tu es d’habitude si lent. Tu sais prendre ton temps, à te cacher derrière les piliers de l’école, à observer et patienter un temps infini que le monde se disperse pour te laisser libre de te rendre en cours sans risquer de croiser trop de personnes. C’est devenu une habitude, la raison principale de tes retards en cours, quand tu n’es pas tout bonnement absent parce que tu passes encore une bonne partie de ta matinée à l’infirmerie. Tes professeurs sont habitués, bien qu’ils n’approuvent absolument pas ce genre de chose. Il n’a pas été rare que tu sois collé, ce qui en étonne encore beaucoup. On te voit comme l’élève parfait, qui ne fait pas de vagues et qui accepte tout sans broncher.
Mais c’est mal te connaître, il y a des choses que tu ne tolère pas, comme le fait d’être compressé par les gens, ou encore de risquer de tomber malade à cause d’un stupide cours de botanique ! Là, aujourd’hui, tu cours. Tu ne cours pas pour ta vie, tu cours pour ne pas arriver en retard à ton cours de sortilège pour la… tu as oublié le compte. Tu crains que le cours ne se termine bientôt. Tu as pris du retard parce que tu as commencé à paniquer à cause de la forme étrange que ton grain de beauté à eu l’air de prendre. Et puis, il t’a ensuite fallu attendre que les gens se dispersent. Il y a eu un début de bagarre, faisant s’attrouper tout le monde sans exception. Des embuches qui se sont dressées devant toi et que tu as été incapable de surmonter.
Alors, tu te dépêche, tu cours comme si ta vie en dépendait. Tu crains qu’il ne soit trop tard alors, tu te dépêche, tu te dépêche beaucoup. Tu arrives finalement devant la porte, et tu frappes à plusieurs reprises de peur que l’on ne t’entende pas. Lorsque la voix de ton professeur t’autorise à entrer, tu pousses la porte, essoufflé sous ton masque. Et là, tu découvres avec horreur que la salle est vide. Il n’y a que ton enseignant qui te regarde avec désapprobation. Tu as vraiment raté le cours ?!
-… Le cours est déjà fini ?
Ta voix ne trahi pas l’inquiétude qui règne dans ton estomac, tandis que tes doigts se détachent de la poignée de la porte et que tu saisis ton gel hydroalcoolique pour rapidement t’en badigeonner les mains.
-… I-Il est à cette heure, normalement, non ? J’ai couru pour ne pas arriver trop en retard, il ne peux pas déjà être terminé. Ce n’est pas possible.
Ou alors, tu es as couru assez vite pour arriver avant tout le monde. Est-ce que c’est possible ?
-Je suis en avance ?
![C'est déjà fini ?? [ft. Azrael] 190307035802705969](https://nsa40.casimages.com/img/2019/03/07/190307035802705969.jpg)
Était-ce lui qui les avait poussés, plus qu’à son habitude, par peur que les drames de cette année ne leur fassent prendre du retard sur les cours ou était-ce eux qui, justement, se motivaient à apprendre d’autant plus vite qu’ils éprouvaient la nécessité d’une meilleure maitrise de leur magie ? Quelle qu’en soit la raison, le résultat se trouvait là et Azrael, désirant lâcher un peu de zèle, avait choisi de dédier cette nouvelle heure de cours pour des recherches personnelles.
Il avait donné ses instructions, à leur arrivée, leur proposant de travailler – individuellement ou en groupe, selon les préférences – sur les sorts utiles en duel, qu’ils soient offensifs ou défensifs, qu’ils connaissaient. Ils avaient pour consigne d’établir, ainsi, une liste des points forts et points faibles de chacun. L’objectif était autant de développer leurs connaissances que de les aider à développer des stratégies qui pourraient – malheureusement – leurs être utiles.
Un atelier pratique serait plus parlant, encore, et il comptait justement profiter de ce temps libre pour l’organiser.
Ainsi, tous avaient quitté la salle pour rejoindre bibliothèque et autres lieux propices au travail.
Tous ? Non, car un élève résistait encore et toujours à la ponctualité dont il était supposé faire preuve.
Awataguchi Akashi, comme une fleur – et comme à son habitude – fit son apparition avec plusieurs minutes de retard, la respiration suffisamment courte pour que l’adulte en déduise qu’il avait, bien entendu, couru jusqu’ici.
C’était ainsi : Akashi s’inquiétait toujours d’arrivé en retard, mais cela ne l’empêchait d’y être toujours.
A vrai dire, avant que les coups ne se fassent entendre à sa porte, Azrael avait presque oublié qu’un élève manquait à l’appel – son absence, en début de cours, était si habituelle qu’il finissait par la trouver normale. L’air exaspéré, il le regarda entrer en catastrophe, découvrant avec horreur qu’aucun autre élève ne se trouvait dans la pièce.
Vous n’êtes pas en avance, Monsieur Awataguchi, explique-t-il, avec un soupir. Le cours est terminé, depuis longtemps. Le mensonge est audacieux, mais pour toutes les fois où l’adolescent s’asseyait sur la ponctualité, Azrael se permit cette petite revanche.
Il se leva de son bureau, rejoignant l’adolescent. Qu’est-ce qui vous a mis autant en retard, cette fois ? Il s’attendait à ce que le jeune Yatagarasu ait de multiple excuses à lui fournir – toutes moins valables les unes que les autres – et les écouter pouvait être une perte de temps certaine, mais l’ancien Kitsune acceptait toujours de faire preuve de cette patience.
Ce n'est pas de ma faute si j'arrive en retard, c'est de la faute des autres !
Tu arrives dans la salle de classe, haletant. Tu as couru aussi vite que tu le pouvais, en espérant ne pas arriver trop en retard, ou du moins, avant la fin de la classe. Mais finalement, tu découvres avec horreur que la salle est vide. Azraël répond positivement à tes craintes, lâchant une chappe de plomb dans ton estomac. C’est fini depuis longtemps !
-Quoi ?
Tu demandes avec horreur, blêmissant plus que de raison devant cette annonce. Haletant, tu prends le temps de te laisser tomber sur une chaise. Tu as les jambes tremblotantes et en compote, tu n’es pas sûr qu’elles soient encore en mesure de te soutenir. Tu as couru comme un dératé et jamais l’école ne t’as semblé aussi grande qu’aujourd’hui.
-Je pensais avoir couru assez vite pour ne pas arriver trop en retard.
Tu dis entre deux respirations essoufflées. De toute évidence, tu n’as pas couru assez vite. Tu aurais dû faire un accio sur ton balais pour aller encore plus rapidement, peut-être que tu y serais parvenu cette fois. Tu finis par te mordre la lèvre inférieure, levant les yeux vers ton professeur, mal à l’aise de devoir lui raconter la raison de ton retard.
-Je… Il y avait beaucoup trop de monde dans les couloirs. Et je ne suis vraiment pas à l’aise avec la foule. Alors, j’ai préféré attendre qu’elle se dissipe pour entrer. Sauf, qu’elle a mis vraiment beaucoup de temps à disparaître. Et quand enfin, il n’y avait plus personne, j’ai constaté que votre cours était déjà bien avancé. Je suis désolé, monsieur.
Tu abaisses la tête, pataud. Et puis, tu finis par croiser à nouveau son regard, ayant l’audace de lui poser la question qui te brûle les lèvres.
-Vous ne pourriez pas me donner des cours du soir ? Il y aurait moins de monde dans les couloirs et je pourrais rattraper mon retard. Je serais même plus à l’aise.
Ce serait une très bonne idée, même. Cela t’éviterait de croiser de nouveau la foule et de te retrouver dans une telle situation à nouveau, dans les prochaines semaines. Parce que tu ne penses pas que cette situation n’arrivera plus. Il faudrait même que tu puisses avoir un laisser-passer qui permettre de dissoudre la foule quand tu as besoin de passer. Cela t’enlèverait beaucoup de soucis.
Allons, reprenez-vous, poussa-t-il le vice de prononcer, moralisateur. Il semble que vous ayez encore besoin d’entraînement, avant de participer à un marathon, ajoute-t-il, avec plus de légèreté, cette fois.
Le professeur n’avait prévu un tel contretemps, mais il n’était, dans un premier temps, pas homme à soucier d’un planning strict, considérant que laisser place à l’imprévu permettait de mieux le maîtriser. Dans un second temps, il trouvait réconfort à pouvoir prendre le temps, justement, de saisir les raisons de ses retards incessants. Sugawara entreprend alors ses explications et Nakagawa, au fil de ces dernières, ne sait s’il doit y voir une forme une phobie sociale ou une extension pathologique de son hypocondrie – les deux pouvant, en réalité, être liées.
Ce qui le frappa le plus – et il s’agissait là d’un point positif – fut le regard penaud du garçon. Derrière son audace, il y trouvait la maladresse et la honte d’un enfant qui, non seulement, se sait en tord mais qui, surtout, le regrette.
Le faites-vous à chaque cours ? Son expression se fit préoccupé. Y-a-t ’il une raison particulière ? Je demande, mais il y en a forcément une. Il déplaça une seconde chaise, afin de s’y assoir, paraissant soudainement adouci. Quelque soit le problème, Azrael s’en sentait concerné, lorsqu’il s’agissait de ses élèves. La demande, cependant, le prend de court et, avec un nouveau soupir, il le considéra du regard avant d’y répondre. J’accepte volontiers de donner des cours supplémentaires aux élèves en difficulté ; ce qui n’est pas votre cas. Il ne s’agissait pas tant d’un compliment que d’un fait. Il n’avait à reprocher à Akashi que son manque de ponctualité. Vous ne pourrez échapper indéfiniment à la foule. Ce ne serait une solution.