— MAHOUTOKORO
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wandering flame (takeo)
Fuyuki Awataguchi
fuyuki
Citation : Tout bois est gris quand il est réduit en cendres.
Age : 27 ans
Rang : A2
Susanoo
Susanoo
Fuyuki Awataguchi
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1433-requiem-of-red-fuyuki#11532
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1520-calligraphie-fuyuki#12189
Fuyuki Awataguchi
Wandering Flame  Son univers tout entier venait d’être renversé en un instant. Le regard perdu vers l'horizon, Fuyuki attendait patiemment que le train ne traverse tout l’océan pour rentrer sur Minami-Iwo. Il songeait à Takumi, à ses fiançailles, à la douce Hizakari et à leur échange des plus surprenant; il songeait également à Takeo — ses derniers origamis entre les doigts. Il se demandait bien où ce voyage pouvait le mener, vers où il pouvait bien s’avancer à naviguer au gré d'un vent qui n'est pas le sien. Il l’avait supplié de lui offrir un alcool dont il méprisait la saveur, mais ce soir, il lui fallait quelque chose de plus fort que les sensations qui le traversaient. Il veut être digne, il veut être fier, honnête comme il n’avait pu l’être cet après-midi, mais l’oserait-il seulement ?

Lorsqu’il descendit à quai, le ciel était déjà bien sombre et le chemin jusqu’aux appartements du professeur, bien lugubre. Toujours vêtu de son hanfu traditionnel, celui qui attendait le jour exceptionnel de ses fiançailles au fond de son armoire, il remonta jusqu’au nord de l’île. C’est presque essoufflé qu’il arriva le cœur battant devant la porte du professeur. C’est la main moite qu’il frappa contre la porte et c’est totalement inconscient que ses paroles lui échappèrent à sa vue. Inspiration. Puis-je te décevoir par deux fois en cet instant ? Et c’est sans attendre de réponse qu’il glissa ses doigts le long du visage de son amour inavoué. Si ses fiançailles devaient être un adieu, alors il se voulait courageux, il voulait affronter une nouvelle fois ce qu’il avait tant cherché à fuir. Ses lippes réalisèrent durant un court instant un fantasme inavoué venant rencontrer celles de la Némesis de son destin, celle de Takeo.

Depuis trop longtemps enivré par sa mélanine.  




Takeo Shikibu
wandering flame (takeo) XlARcpL
Citation : The easiest enemy. Can only deal 1 damage.
Age : 29 ans. 16/04/1968.
Rang : -
Seimei
Seimei
Takeo Shikibu
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1340-le-roi-en-jaune
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1350-takeo-origami
Takeo Shikibu
Je n'accordais grand crédit à autrui, car ne vivais que d'une solitude imposée par la tragédie de mon enfance : les années défilaient sous la coupe d'une hypocrisie tant joviale que répugnante, ravivant cette fébricule douleur qui accablait en permanence mon esprit. A contrario, nos échanges m'imposaient le poids d'une réalité aussi immuable que l'imminence du crépuscule, ne laissant pour décor à mon attente que le frileux rideau des étoiles, et dont le silence m'était plus douloureux encore. Chaque respiration soulevait mon cœur pour m'en rappeler le poids, chaque instant se teintait d'une amertume propre aux plus profonds regrets ; et je vitulais à même cet appartement dont les verdures, au cœur d'un paysage grisé par l'indifférence, n'avaient valeur de réconfort.

Ma main s'accrochait à la poignée de ma porte, craignant sans doute de constater le réalisme de l'instant : la fraîche brise qui couvrirait mes os de la certitude d'un destin tant véridique que redouté, et me confortant, je le savais, dans ce chagrin dont j'imaginais les raisons. Je tirais la porte d'un geste maladroit, capturant le visage nivéal d'un homme abattu par son propre sang : un hochement de tête exempte de tout éclat de voix amortit sa demande, et silencieux, je me laissais bercer des conforts d'une doucereuse surprise. J'accueillis le baiser dans une sérénité presque réconfortante—le contact humide de lèvres tavelées par l'émotion que je peinais à contenir, car je le sentais, en cet amour aux éclats mélancoliques, plus submergé de tristesse que jamais.

D'un geste délicat, je coupais court à notre intime affection, recueillant, d'un mouvement de langue, le goût bénéolent de ses lèvres, et dont je ne pouvais éluder le souvenir. Viens t'asseoir. Tout de suite. Je conviais mes prunelles à l'observation d'un visage autrefois si jovial, et dont les traits s'affaissaient sous un mystère que je m'adonnais à résoudre. Je fermais la porte distraitement, captivé par le goût de lèvres brouissant sous l'ardeur de ses sentiments ; j'y capturais cette mélancolie propre à sa modestie, et l'ode silencieuse qu'il livrait au désespoir dont il se sentait (savait) captif. Il m'avait couvert des élans d'un désir trop longtemps enfoui, sinon couvert des devoirs inhérents à son nom, et je comprenais.

Je comprenais sa peine, l'émotion qu'il réprimait depuis l'aube de notre intimité. Je comprends ce geste, la frustration de nos dissidences et de ses épaules étriquées sous un prestige d'antan. Je comprenais sa solitude sous sa gracieuse lenteur ; la raison de ses iris à la teinte rougie. Fuyuki. Si tu as quelque chose à me dire, assieds-toi, regarde-moi et parle-moi. Mais je ne veux pas d'une affection propre à ton chagrin.
Fuyuki Awataguchi
fuyuki
Citation : Tout bois est gris quand il est réduit en cendres.
Age : 27 ans
Rang : A2
Susanoo
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Fuyuki Awataguchi
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Fuyuki Awataguchi
Wandering Flame  Il consume le peu de choses qu'il lui était donné d'enflammer. Il s'était promis que trop longtemps de n'être que passif face à l'entièreté des histoires de l'univers. Pourtant, lorsque ce fût la sienne qui s'est mise à brûler et à danser : il s'est laissé emporté par cette valse avant que la pluie ne vienne éteindre son ardeur, avant de n'être plus que cendres. Alors, il n'y aurait qu'à souffler pour que tous ses espoirs ne disparaissent, ne laissant derrière lui que le souvenirs de leurs jours perdus.

Il se jura de ne jamais oublier celui là. Une promesse qu'il ne partagea avec quiconque. Quand bien même il se devait de regretter toute l'affection qu'il te portait, quand bien même tu le blâmerais à bien des égards : il avait trouvé le courage de faire face avec honnêteté à tous ces songes trop longtemps enfoui. Que tu l'aimes ou le haïsses, tant qu'il ne te laisse pas dans l'indifférence en cet instant. Qu'importe ce que lui réserverait le moment suivant. Il porte en lui chacun de tes sourires, chacune de tes galéjades. A leur simple réminiscence, il ne peut s'empêcher de rire discrètement. Ils le chérit tant.

Ta réponse à son émoi, il l'enfermera dans un coffre au trésor dont il cachera précieusement la clef. Mélancolique et doucereux à lui en couper le souffle. Son coeur bat à tout rompre. Adieu, mon amour. Il te laisse t'éloigner, aurait souhaité que cette éteinte soit l'éternité. Désormais, coupable il devait passer aux aveux ; parce qu'il devait te décevoir encore une fois. Il hocha la tête approuvant silencieusement l'ordre imposé. Il prit soin de refermer la porte à laquelle il t'avais arraché. Même l'obscurité ne pouvait plus le laisser se confondre avec le paysage, il était mit en lumière par la chaleur de ta demeure.

Il prit une grande inspiration, plaçant sa main sur sa poitrine. Il en était capable, depuis longtemps maintenant. Pourtant, il a attendu le point de non-retour pour venir te confronter. Il resta statique, incapable de s'assoir tranquillement. Il avait la sensation que au moindre mouvement de trop, toute sa témérité s'envolerait. Être capable de se tenir droit, face à toi, lui donnait tout le cran dont il avait besoin à cet instant. Takeo. Ton nom fourvoie ses lippes et les tiennes lui faisait encore tant envie. Dans ses chimères les plus fantasque, il se ferait criminel pour venir les rencontrer de nouveaux. Cet honnête garçon.

Tu te souviens, tu me l'as promis : ne me félicite pas. Il t'en a conjuré autour d'un verre. Tu sais, celui où il n'a su t'avouer que son affection n'a pour égale que ceux qu'il a partagé à tes côtés. Fiancé à mon destin, la nouvelle ne fait que bafouer l'attachement que je te porte. Il ferma les yeux, entendant presque ses mots raisonner dans atmosphère. Il est là, débout, pourtant l'annoncer rend la chose réelle. Il a la sensation de tomber de si haut. Il hausse les épaules, il ne pouvait plus plonger ses pupilles dans l'océan de jade. Il avait peur d'y lire l'expression de quelques sentiments déconvenues. Mais. Rougit à l'instar de sa prunelle, qu'importe le visage que tu lui monterais à ce moment : il était venu avec la conviction d'affronter ses démons et toi, tu étais son ange, sa rédemption depuis votre première rencontre. Mon chagrin n'a pour seul coupable que mes aveux tardif. C'est ce que je suis venu te dire ce soir. Je m'excuse aussi de t'importuner de mon affection, mais je me devais d'être honnête avec toi. Parce qu'elle lui a fait comprendre au combien c'était là, la chose la plus précieuse d'entre toutes.



Takeo Shikibu
wandering flame (takeo) XlARcpL
Citation : The easiest enemy. Can only deal 1 damage.
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Seimei
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Takeo Shikibu
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Takeo Shikibu
En un frisson, je réagis à l'appel de mon nom, comme nul ne l'avait alors énoncé : sa tendre voix caressait la moindre syllabe de ce qu'il semblait traiter en trésor, à l'instar de chacun de ses mots. Ses gestes, comme à l'accoutumée, n'avaient rien de hasardeux, et se drapaient du voile d'une gracieuse éducation, de pair avec la prudence—car alors, je ne l'avais jamais connu si émotif. Je voyais encore le souvenir d'un visage aux rares inflexions amusées, une impassibilité sporadiquement assaillie de quelques rictus assumés : ses rutilants iris ne se démunissaient jamais de cette mélancolie dont j'avais inexorablement nié l'influence, me confortant dans ce quotidien qui m'était alors si cher. Sur mon palais, je sentis se raviver l'amer souvenir d'un alcool partagé à la lueur de quelques confessions, et de l'imprudence de mes quelques aveux.

Si j'avais fermé les yeux, cédant à la peine de quelques réminiscences, j'aurais retrouvé l'intimité de son appartement, le tendre parfum du futon où j'avais, sans nulle honte, imposé ma présence nocturne—non qu'il ne m'ait proposé le gîte. Pour autant, je n'osais détourner le regard, résolu aux quelques aveux pusillanimes dont il se refusait à assumer l'ultime réalité : en ses prunelles, en l'impulsivité de ses gestes, je comprenais son émoi. En son visage submergé d'écarlate, une ultime résolution : le désespéré aveu d'un homme destiné à son nom, et dont l'individualité ne serait jamais qu'un lointain vestige. Fuyuki, et j'apposais un soin particulier à ma voix, comme épris de culpabilité. Son visage n'avait jamais été tant sincère, mais je ne semblais plus en droit de m'en accorder la vision : la contemplation de ses traits, de la candeur de ses réactions. Mes souvenirs m'appartenaient, dans toute l'ignorance que nous partagions alors ; j'en goûtais à la mélancolie, cherchant à me subsister à ce présent dont je craignais l'immuable finalité.

En sa détresse, je comprenais la sincérité de ses sentiments, la profondeur de nos lointains instants, et la tristesse de ces sourires d'antan. Ses fiançailles, toutes abruptes qu'elles furent, n'étaient que la suite logique de notre félicité. Il s'était, en toute connaissance de cause, dévoué à ce bonheur, tout éphémère qu'il soit—me laissant porter le poids de ses sentiments. Je repensais à ces mots, au silence dans lequel il s'était longtemps caché : la véracité de ce qu'il éprouvait encore, arraché à la quiétude de sa modestie monotonie—et à quels fins ? Je suis coupable de tolérance. Coupable de mon ambiguïté. Quelques pas m'arrachèrent à mon immobilité, et la réalité s'imposa à mes yeux : l'humidité propre au chagrin de ses yeux, de ses lèvres, de ses paroles tremblantes, et pourtant si sincères. À mon tour, je me savais prisonnier.

Prisonnier de l'instant, d'une confession que j'eus aimé repousser l'échéance, et dont le scepticisme incessant me semblait confortable. J'aimais ce que nous étions, comme le confort de quelques mensonges permanents. J'aimais la proximité, et le parfum qu'il dégageait. J'aimais ce silence, le doute en ses iris rougeoyants, le secret d'un visage transformé. J'aimais cet instant, et téméraire, j'en dépassais les limites—hissant ma main dans son cou pour lui voler un baiser, une vie de solitude, immisçant l'espoir dans un être dont je regretterai à jamais les bienfaits.

Ce plaisir luxueux ne dura qu'un instant, car j'effleurais déjà le danger de quelques lointains sentiments—un amour que j'imaginais fleurir dans quelques futurs mois, si ce n'étaient des années, mais dont je me refusais à céder à l'impulsion. Je voulais être certain d'une chose, murmurais-je à l'issue de cette intime faveur, sans m'en délecter des vestiges. Impassible, j'accablais Fuyuki d'un regard sans nulle équivoque : mon visage, soustrait au moindre sourire, ne jurait que de froideur. Cruellement, le jugement serait rendu : oppressé par la peur d'un chagrin imminent, j'en cachais mes remords. La vie, splendide tragédie qu'elle était, se moquait de quelque notion de mérite—à sa candeur, Fuyuki ne tirait qu'une solitude amère, tandis que les plus malévoles s'en tiraient indemnes.

Le destin se voulait injuste—et je m'acharnais à en amortir les conséquences, faute de me savoir invincible. Je n'éprouve rien pour toi, qui soit de l'amour. Si notre amitié t'a fait nourrir quelques espoirs, crois-moi que j'en suis navré—mais tu es fiancé, à présent. Et comme convenu, je ne te féliciterai pas.
Fuyuki Awataguchi
fuyuki
Citation : Tout bois est gris quand il est réduit en cendres.
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Susanoo
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Fuyuki Awataguchi
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Fuyuki Awataguchi
Wandering Flame  De la vérité ou du mensonge, parfois il se demandait lequel était le plus cruel. Pour préserver un avenir paisible, on réfutait la réalité de l'instant. Pour assurer la paix, on niait les faits, préférant laisser dans l'obscurité les aveux les plus avérés. Il a longtemps pensé que c'était le plus juste à faire, longtemps cru que la sérénité se l'esprit ne serait apporté que par le sacrifice de son être. Il avait tord. Il l'admet. Il s'est que trop longtemps trompé. Il n'y a aucune véracité absolue, il n'y a que des choix que l'on regrette ou non. Alors, s'il se doutait de ta pensée, il te le demanderait : le regrettes-tu, Takeo.

Son nom prononcé entre tes lippes prenaient en ce soir une toute autre forme qui le rendait fébrile, il vacille, mais restera fier. Son innocence, il a laissé ses chimères l'emporter ; il se devait de cesser de rêver. Il a été rattrapé. Il s'était égaré avant de s'échouer et il s'est relevé. Il a réalisé qu'il était plus fort qu'il le pensait lorsqu'il s'est confronté à ses peurs, ses fantômes et ses désirs. On ne cesse de vouloir le protéger, que ce soit toi ou Natsuo, vous étiez semblable. Vouloir lui épargner les maux les plus simple, préserver sa douceur et sa prévenance. Pourtant, il est le premier à vouloir désormais les jeter aux flammes. Il le sait qu'il est en détresse, qu'il cache misérablement son envie d'appeler à l'aide, mesure encore si mal l'entendue de son courage. Seulement, il sait que son affection va au delà du dénombrable et en aucune mesure fera l'impasse sur ses sentiments à ton égard.

Il fût un temps où tes pas l'auraient fait reculer. Aujourd'hui, il les cueille et accueille instant. Il sent ton souffle caresser ses lèvres, la chaleur momentané de ce geste aussi tragique ou désespéré. Il aurait aimé retenir ton baiser, mais à l'instar de sa tendresse ; il s'échappe. Il a beau être ignorant de tout, tu étais une mélodie constante et cet échange était le plus grisant qu'il lui était donné de connaitre.

Il avait volé tous tes sourires, car tu ne lui offrais que l'hiver de son nom. Lui qui était né le jour du printemps, avait pillé les belles saisons de tes milles et une expressions. Tu voulais être certain et voilà que tu portes l'étendard des regrets. Il se refusait pour la première fois de partager ta peine et tes remords. Ta sentence n'avait que le temps de trouver sa fin, qu'il la condamna pour l'éternité. Ne t'excuse pas. Acrimonie qu'on ne lui connaissait pas, que tu n'as certainement jamais vu traverser les traits de son visage. Il ne t'en veux pas, loin de là, jamais il n'en serait capable. Je ne permettrais pas d'imaginer que la valeur de mes sentiments n'est que la conjecture de ton possible comportement. Sa voix grave tremble. Il accepte que tu le rejettes, il s'y attendait. Il n'a jamais bercé l'illusion d'un jour vivre librement à tes côtés, mais il se refuse de te laisser croire et décider de la valeur de son affect. Finalement, c'est lui qui fait un pas en ta direction. Il jete au yomi toute sa bienséance et son éducation et ses doigts d'artisan s'enroulent autour d'un pan de ta veste avant de le tirer contre lui. Il lève le regard, refusant de céder à ta taille comme à ta froideur. Il ne te croit pas de glace, parce qu'il connait ta sonate par coeur, parce que tu es son hymne préféré ; tu es son soleil et il ne se laissera pas berner par une simple éclipse.

Tu n'es pas obligé de m'aimer, ô grand jamais. Je suis bien heureux de t'avoir en ami, mais si tu as un tant soit peu de respect et d'affection pour moi : ne bafoue pas ce que je ressent. Ne le protège pas, il est capable d'avancer par lui-même. Ne fuis pas, il pourra t'aider à tout affronter. Il y a tant de chose qu'il aimerait exprimer, mais s'il ne sait comment te les formuler. Il veut juste te garder encore un peu à ses côtés, qu'importe la manière dont tu l'apprécies. Sa main glisse le long de ton uniforme de professeur et le rouge reste accroché au vert. S'il s'en va maintenant, qu'est ce qu'il en sera ? C'est ce qui le terrifie le plus, de partir sur un rien. Je suis déjà que trop heureux de te connaître. Finalement, il est incapable d'éprouver réellement la moindre colère à ton égard, de feindre l'hostilité. Il t'adresse un sourire, parce qu'il ira bien quoi qu'il en coûte quand bien même il ne rayonne pas de bonheur. Ma fiancée m'a bien fait comprendre que je me devais d'être honnête avec celui que j'apprécie. Il marque une pause, gêné. J'aime. Se corrige. Il n'y a aucune nuance possible dans ce qu'il ressent. J'aurais au moins le mérite d'être devenu un homme un peu plus honnête. Et pour celui qui n'a grandit que bercé dans un doucereux mensonge, c'était d'ores et déjà un grand pas.


Takeo Shikibu
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Seimei
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Takeo Shikibu
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Takeo Shikibu
La réalité broyait mon confort par cette terrifiante nonchalance, confortant mes craintes dans leur absolue prépondérance : chaque respiration ployait sous le poids d'une culpabilité dont toute résolution n'avait suffi à me dispenser, et mes mots se laissaient assaillir de doute, d'une indéniable d'affection, et de la sévérité de ses yeux rougis. À la sincérité de ses sentiments, je ne trouvais que le doute. À la vérité dont il m’ensevelissait enfin, les certitudes s'arrachaient à ce beshimi hypocrite que je m'efforçais de maintenir. Les mots faisaient sens, sous une colère vacillante. Ses sentiments, à la mesure de son cœur affolé, trouvaient leur juste répondant.

Me fallait-il y répondre ? Captif d'une sincérité dont je haïssais l'expression, à ce jeu dont je répugnais à la seule vérité—ce jeu des amours éphémères, théâtre d'une conclusion dont les omniscients se joueraient de la tragédie. Ses mots teintaient les horizons de quelques espoirs doucereux, abreuvaient mes oreilles dans le tiède confort d'une affection réelle. Sa poigne, toute faible qu'elle fut, n'en demeurait pas moins véhémente, et j'en apaisais l'aplomb en la couvrant de ma paume : Je ne t'ai pas menti. Le silence accueillit mes mots, pareils à un cercueil d'amour : des prunelles circonspectes, voilées des fins traits d'un visage dont l'innocence semblait déjà bafouée. Sous la contrainte d'un geste aussi tendre que puissant, je coupais court au contact dont je regrettais déjà la familiarité—nos mains étreintes d'une menace amoureuse, j'en prolongeais égoïstement la sensation, comme un adieu imposé.

Je désirais sa présence. Je désirais davantage, sans que je n'en comprenne le fondement : des sentiments contenus sous l'oppression des instabilités, l'aperçu de quelques chagrins dont je me savais la piètre victime. Peut-être que, dans un futur proche, j'aurai partagé ces sentiments. J'y pense depuis un moment, d'ailleurs. Sous l'impulsion de l'instant, mon pouce couvre le dos de sa main de quelques tendres caresses—le contact chaleureux s'oppose à la froideur de mes mots, car je l'estime nécessaire. Mes yeux ne sont pas froids, vacillant sous les vérités dont il se clame méritant. Ma voix s'éteint, et je réalise mon erreur : la force intense de quelques sentiments dont je peinerai à jamais à retourner la faveur, car la peur, dans son abjecte influence, m'étreindra sans cesse.

Je hisse sa main à la hauteur de nos visages, retiens quelques luxueuses inflexions : le désir de succomber à la tendresse d'un être immaculé de toute la corruption du monde, de l'abjecte hypocrisie d'un nom qu'il porte à regrets. J'imagine le confort d'un futur funambule, où seul un fragile bonheur oserait s'aventurer, et les regrets s'immiscent. Mais je ne veux pas y penser, ni regretter. Pourtant, je partage le bonheur de notre rencontre. Quelques excuses brûlent ces lèvres à moitié closes, sans qu'elle n'en franchissent le seuil : sous l'aveu cruellement humain dont je disperse les piteuses raisons à la lueur d'un triste visage, j'impose la distance.

Tant je regrette déjà tout.

Quelques pas menés en direction d'une armoire dont je pourfends la quiétude d'un coup de baguette, une bouteille de saké nous rejoint d'elle-même, et sous un silence de plomb, dispose quelques gouttes d'alcool au fond de deux coupelles. Je te remercie, soufflais-je avant de vider le récipient d'une traite : l'alcool avait cela qu'il brûlait, en temps voulu, les vestiges de ma lucidité. Et je suis désolé d'avoir menti. Mais je suis incapable de t'aimer en retour.
Fuyuki Awataguchi
fuyuki
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Susanoo
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Fuyuki Awataguchi
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Fuyuki Awataguchi
Wandering Flame  Je ne comprend pas. Ta paume vient à la rencontre de la sienne. Tu es chaleureux, tu es son feu et pourtant tes mots sont si froid. Il frisonne, il est emporté par le vent, ne sait pas sur quel pied tu valses. Il n'arrive pas à saisir le rythme de cet air dissonant. Il t'as livré le peu qu'il possédait, mais la saveur de ta réponse est tiède. Il aurait aimé t'enlacer dans ses bras dans une éteinte réconfortante et rassurante, aimer trouver l'écho à cette confession, la première qu'il a osé formulé et surement la seule qui traversera ses lèvres. Parce qu'il est de ceux qui s'imagine n'aimer qu'un être unique, parce qu'il croit à la fatalité et la destinée ; mais comment te l'avouer désormais.

Tu ne lui as pas menti, tu l'assures et il porte chacune de tes affirmations comme seule vérité. Les partitions n'étaient pas celles qu'il s'imaginait, celles qu'il relevait et c'est sur une note amer que la chanson se conclue. Il se crève de t'entendre parler d'un futur auquel vous n'aurez pas le droit, auquel vous êtes désormais privé d'imaginer. De tes mots, il en viendrait presque à douter de sa résolution. Pour ta vie, il se meurt. Frémissement de doutes, il aurait du supplier Takumi de l'achever. Tes caresses siéent si mal au tranchant de l'instant.

Tu portes sa main, comme il porte le poids de vos aveux. La pointe de ses phalanges glissèrent le long de ta mâchoire et encore une fois tu t'en vas. Du jour ou de la nuit, ne peux-tu pas choisir l'aurore ? Un instant qui n'appartiendrait qu'à vous avant de disparaitre aux yeux du monde. Tu es celui qui fait de son monde un univers coloré, alors pourquoi tout se devait être si gris. Il déteste le noir qu'il porte.

Je ne doute pas de tes mots, de tes croyances, mais Takeo : plus je ne m'avance, plus tu ne m'égares. Par deux fois rejeté, tu le laisse croire que le temps aurait pu être salvateur. Qu'il aurait pu échapper aux lois de cette terre, de cette vie, à l'inévitable. Qu'importe, je suppose qu'il était trop tôt et désormais trop tard. Un souffle s'échappe et ses croissants de lune se pincent. Il a envie de craquer, de céder sous toutes les émotions qui l'accable, mais c'est lui qui a commencé ce manège : c'est à lui seul d'en assumer l'amertume. Sa respiration tremble autant que ses mains. Il te fais dos, fixe le plafond quelques instant le temps d'accepter cette réalité. Si tu veux me remercier. Le trémolo dans sa voix se fait entendre, mais il est acceptable d'affronter toutes les choses qui se dresseront face à lui désormais, même si cela s'avérait à être nul autre que toi. Il te fait face et se voile la sienne, s'installe sur ton fauteuil d'une allure qui n'appartient qu'à lui, sourire de façade suspendu sur le bord de ses lèvres, tandis qu'il est au bord des larmes. Tu m'as promis le saké le plus fort que tu possèdes, tu t'en souviens ? Faussement assuré. Puisque celui que je pense être mon âme soeur m'a rejeté par deux fois, je m'en remet à toi, mon ami. Je te laisse m'accompagner dans une noyade qui me fera oublié mon chagrin. Et je n'accepterais aucun refus, sinon je m'enfuis en croisade amoureuse avec gertrude. Il ne laissait en rien de sa liqueur, comme il ne laisserais ici-bas aucun de ses regrets.
 


Takeo Shikibu
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Takeo Shikibu
Nos différends sont un fléau qui nous arrache au bonheur dont je fantasmais l'empathie, ignorant de l'amour qu'il nourrissait alors : l'impatience crescendo, couvée par l'espoir qu'il entretenait en silence — ses regards prennent leur plus lourd sens, à l'image des paroles distillées dans une fausse nonchalance. Ses prunelles, pourtant, me demeurent inconnus. Son visage m'est confortable, familier, sans que je n'en distingue la véracité de ses traits. Fuyuki n'est qu'un reflet, quelques inflexions de voix, la sincérité qu'il laisse transparaître au travers de quelques paroles, comme un aveu terminal. Un amour manifeste, galvanisant les bribes du courage dont il semblait sans cesse manquer. Sa voix résonne, forte, et maintenant tremblante. Son expression a changé, abattu par la vérité qu'il attendait de moi.

La tempête se calme, engloutie dans cette brume silencieuse et humide qui engloutit ses yeux. Un instant durant, la véritable teinte de ses iris semble s'y refléter — et je n'accorde que le coin d'une attention voulue éparse, car désireux de ne pas lui cultiver davantage d'espoir. Notre histoire s'achève sans avoir vraiment commencé, et ce terme amorce l'incipit de la sienne : des fiançailles arrangées dont le mot se gorge d'une amertume qu'il peine à contenir. Une confiance vacillante, et sa voix bute sur le concept-même de ce qu'il espère présenter comme de l'assurance.

Toi non plus, ne mens pas.

Mes iris se perdent au plafond, à la vue de mes mains, et s'adonnent à la recherche de la fantasmée boisson : mes mains s'agitent, en addiction d'un effort, d'une distinction personnelle ; désirent rallonger l'instant d'un silence que j'appréhende avec cette absurde culpabilité.

Laisse ma plante, tu n'arriverais qu'à l'égarer.

Et sans doute, sans elle, me sentirais-je un peu seul. Quelques mètres d'un espace personnel que j'inaugure d'une passion grandiloquente, espérant y diluer la solitude dont je n'admettais l'absolue dictature. Le contact s'est rompu, luxueux comme visuel, et je remplis deux verres d'un liquide dévastateur en espérant y trouver rédemption. Le goût me revient. Son goût, et son contact, humide et tremblant, ravive le désir et ce que je me haïs de qualifier de regret : à l'issue trompeuse d'un amour silencieux, je ne vois qu'un malheur grandissant et incoercible, car je n'en serais jamais libre.

Je n'y trouve qu'une apathie accablante, captif d'un système dont l'abolition m'est plus confortable qu'à quiconque — ma haine, après toutes ces années, n'avait jamais doute jamais été si forte. C'est quelqu'un de bien, et j'articule cette déduction un peu maladroite, déposant le verre entre ses fines mains. Le mien, bercé de mes incessantes croisades, se love au creux de ma paume, avant de retrouver mes lèvres : la chaleur étreint ma gorge, élude les courants glaciaux qui transpercent nos êtres. Du bout d'une langue chapardeuse, je happe les quelques gouttes d'un liquide devenu bien trop amer, car je le sais propre à de si navrantes occasions. Je suis bien le dernier qui t'empêchera de boire, tu sais. Je suis la quintessence de la débauche, et d'une main revancharde, je m'accorde les faveurs d'un nouveau verre : le liquide s'agglutine au fond du récipient, d'une gorge asséchée par l'ardeur des sentiments dont il m'a forcé le constat. Quelques gorgées s'enchaînent, étouffent les regrets que je contenais en moi. Je n'ai pas beaucoup de mérite, mais je veux bien être sincère pour ce soir. Mais avant cela, tu vas devoir me faire boire encore un peu.
Fuyuki Awataguchi
fuyuki
Citation : Tout bois est gris quand il est réduit en cendres.
Age : 27 ans
Rang : A2
Susanoo
Susanoo
Fuyuki Awataguchi
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1433-requiem-of-red-fuyuki#11532
https://mahoutokoro.forumactif.com/t1520-calligraphie-fuyuki#12189
Fuyuki Awataguchi
Wandering Flame  Petit à petit, il avait la sensation de dire adieu. Adieu à son ancien lui, à son ancienne vie, à ses anciens amours, à son affection pour toi. A chaque pas qu’il faisait dans sa nouvelle résolution, il tombait à nouveau dans un sourd fracas. Il s’en relèverait silencieusement, solitairement. Chaque aveu formulé, isolait un peu plus l’enfant qu’il chérissait, celui qui l’animait. Ses illusions infantiles, ses rêves merveilleux ; tout se fanaient un à un pour laisser germer la graine de la fatalité. Il pouvait agir pour les siens, mais en ce qui te concerne Takeo, tu avais toujours été son soleil ; impossible à atteindre. Icare avait la volonté de brûler d’amour, mais Fuyuki était rattaché à la raison. Il devait se rendre à l’évidence, il lui était impossible de s'oublier pour admirer le ciel.

Il ne regrettera pas ses sentiments, cette confession. Elle lui était nécessaire. Il continue d’apprendre, petit à petit. Il se blesse, heurte ses chimères aux tiennes ; les laissent se faire dévorer. Sa naïveté doit mourir et tes mots l'abattent.

Tu lui demandes de ne pas mentir et dans un rictus il te l’assure. Je n’ai jamais été aussi honnête de toute mon existence. Parmi ses secrets inavoués, tu étais le mieux gardé. Celui qui n'effleurait jamais ses lèvres, dans l’espoir de le préserver. Désormais, il te laisse l’honneur de n’en faire que de cendres. Je n’ai pas à me lamenter, tu m’as répondu avec sincérité et je le respecte. Je suis loin d’avoir tout perdu. Il lui restait un ami, un partenaire de beuverie et un camarade de jeu absurdes.

Si tu continues de boire à mes côtés, alors Gertrude ne craint rien. Dire qu’elle ferait un si bel objet. Il se penche venant chercher sa tasse désormais débordante, maintient le pan de sa manche en se courbant. L’allure sied mal, sa liqueur ne met qu’un instant à se faire absente du verre. Il pose le récipient de nouveau sur la table. Son visage se déforme d’une grimace retenue, la boisson était bien plus forte qu’il ne l’imaginait. Tes lippes étaient bien plus douce. Il chasse l'image et ne tarde pas à se resservir. Elle l’est. Il pouvait en témoigner après leur court échange, quelques instant avait suffit. Elle l’est bien plus que moi. Fière, honnête, téméraire, franche. Il n’avait pas fière allure à côté. Il prétendait agir pour les autres, mais elle le faisait bien mieux qu'il l'avait toujours prétendu.

Je bois bien plus seul que tu ne l’imagines, mon cher Takeo. Combien de fois s’était-il misérablement lamenter de son sort dans la solitude ? Combien de fois avait-il maudit les dieux d’avoir ôté la vie de son aîné ? Combien de fois avait-il maudit son sort et son existence. Oh, il avait toujours été bien plus honteux qu’il ne le laissait transparaître. J’ai pour habitude de me morfondre en solitaire, mais avoir quelqu’un à ses côtés n’est pas plus mal. Quand bien même ce soit tu étais aussi bien la raison de cette dérive ce soir. Tu étais aussi sa plus grande rédemption.

A son tour, il fait déborder de vérité leurs coupelles avant de laisser la sienne brûler sa trachée. Il était loin d’être bien plus méritant. Honnêtement, la dernière fois que j’ai bu, j’ai agit n’importe comment. J’ai été pitoyable et inconscient. Alors, peut-importe ce que tu pourras faire ou dire, je peux tout affronter. J’ai été bien pire. Il avait fait basculer son existence dans un caprice passager. Une soirée condamnable, mais qui lui avait tant appris. Il s’était rendu compte que s’il voulait que le monde change, il devait agir et cesser de blâmer d’humanité. Je reste malgré tout, de ton côté. Parce qu’il continuera de croire en toi, d’apprécier ta compagnie, tes humeurs, ton sarcasme, tes joies et tes peurs. Fais moi confiance. Il est incapable de te trahir.



Takeo Shikibu
wandering flame (takeo) XlARcpL
Citation : The easiest enemy. Can only deal 1 damage.
Age : 29 ans. 16/04/1968.
Rang : -
Seimei
Seimei
Takeo Shikibu
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Takeo Shikibu
Il régnait une incomparable douceur dans notre intimité, si naturelle qu'elle s'enlisait d'une triste solitude : nos esprits, à présent dépareillés de toute bribe de nos déceptions mutuelles, à nouveau enrobés de l'affection sincère – quoique terriblement cruelle – que nous portions l'un à l'autre, retrouvaient le confort de ce qui, encore aujourd'hui, faisait les joies de notre quotidien. Dans un soucis maladroit de bonne conscience, auquel se mêlait sans nul doute un soupçon de lâcheté, j'accordais une attention toute particulière à son bien-être – à la nécessité, estimais-je aussi, d'étouffer tout espoir de répondre de ses sentiments : je n'y étais nullement aussi insensible que ce masque glacial s'exhortait à le démontrer, mais craignais d'y succomber, fragile, inexorablement traîné au creux d'un amour aussi impossible qu'il demeurerait ingrat.

Alala ! Les drames incoercibles de l'amour, comme l'interminable tragédie de la faiblesse humaine – fallait-il que nous souffrions pour comprendre l'envergure de notre bêtise ! Et j'y aurai plongé, oui, j'aurai embrassé l'agonie découlant des euphories amoureuses, si je ne risquais pas de l'y entraîner. Je suis lâche. Je me rends compte, aujourd'hui, tout ce que j'ai manqué. Tout ce que je manquerai. Tout ce que j'oublierai, craignais-je aussitôt : la douceur de ses doigts, travaillant l'écorce des bois ; le plis qui gisait au creux de ses sourcils, lorsque la concentration les forçait à ployer ; le silence qui laissaient trépassaient les traits joviaux de son visage au profit de cette froideur, aussi belle qu'elle m'était terrifiante – et j'appréhendais le futur d'un homme que je craignais se perdre, sous le poids incommensurable de son propre nom.

J'ai peur, parce que tu as tellement raison. Je sais ce qu'il adviendra, si je me laisse ainsi tenter – et j'ai peur de voir ton devoir nous séparer, et m'ôter notre liberté. Tout ce que nous aurons alors. Et mon verre trouve le tendre contact de mes lèvres, le baptisant de ce chaud liquide à m'en réchauffer les organes : mon cœur, lui, demeurait hermétique – comme scellé dans la glace d'un destin fatidique. Sans doute est-ce cruel d'avouer tout ceci, comme le fait d'avoir espérer ces aveux. J'y ai pensé, j'y pense toujours, et je crois que, si je me tais, je ne cesserai d'y penser jusqu'à la fin de mes jours. À ton expression, secouée d'une colère légitime ; à mon silence, à ce rejet, à tout le mensonge des gants employés. Je penserai aux larmes qui n'ont jamais coulé, à la tristesse qui en a découlé. Je penserai aux immenses manches de tes hakama, où se logent dagues comme les mouchoirs de soie que tu te gardes d'exhiber. Je penserais à ces mains travailleuses, sagement posées sur tes genoux, se retenant d'en exprimer le souhait. Je penserais à leur ferveur, sous l'effort, comme l'expression d'un désir.

Je pensais à ton visage, aussi gagné de mes faveurs, sans avoir exprimé les miennes. Je pensais à ton odeur, soulevée à hauteur de mon visage, lorsque je m'y penchais alors – à la texture humide des lèvres que j'enveloppais d'un désir aussi sibyllin qu'il m'était irascible, en cet instant unique. Tu es aussi doué que l'alcool pour m'extirper des aveux, je crois bien, alors en voici un dernier : je suis aussi perdu que toi.
Fuyuki Awataguchi
fuyuki
Citation : Tout bois est gris quand il est réduit en cendres.
Age : 27 ans
Rang : A2
Susanoo
Susanoo
Fuyuki Awataguchi
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Fuyuki Awataguchi
Wandering Flame   Tes mots l'emportent. Parfois, ils le font chavirer, à d'autres temps, ils l'entrainent au coeur d'une tempête. Il n'a jamais regretté l'orage comme les paysages, car il est le seul à avoir fait de toi capitaine. Perdu dans la mer d'émeraude, celles de ses rubis semblaient te dérober à tes convictions. Et tes aveux, sont plus doux et dense que tous les mensonges. Tu succombes et il ne sait pas s'il devait croire en une victoire ou une défaite. Il a la sensation que vous étiez tous les deux perdants. Il sait qu'il y a des vérités qu'il faut taire à jamais, peu être que celle de son affection pour toi devrait en faire partie. Pourtant connaitre tes sentiments réchauffe son coeur solitaire. Lui apporte un peu de bonheur. Il se sent égoïste de te voler le tien, mais rien ne le rend plus heureux que tes confessions.

Alors nous sommes deux à être lâche et égaré. Deux idiots, nageant à contre-sens.
Il dépose son verre sur le plan de la table, laisse ses genoux s'écraser contre le sol. Il était devenu le successeur des awataguchi, mais il avait aussi hérité de ton infinie tendresse. Tu l'étais bien plus que lui, bien plus doux, plus précieux. Tu étais tout.

Je ne sais pas si je dois laisser le courant m'emporter. Je ne sais pas si je dois continuer à lutter dans l'océan. Tu tends les mains pour saisir les siennes. Tu caresses du bout de tes phalanges sa mélanine l'empêchant de s'enivrer plus de liqueur. J'ai fui ce que mon nom représentait. J'ai fait une erreur. J'ai cru qu'il définissait tout ce que je suis, mais je sais désormais au moins une chose : c'est faux. Il ne m'arrachera rien. Ni toi, ni Natsuo. Il me permettra de vous chérir, de vous protéger.

C'était la réponse qu'il avait trouvé dans ses tourments. Il l'avait promis de changer le clan, de lui offrir un avenir meilleur, mais s'il le pouvait pas l'être lui-même, alors il serait incapable de l'apporter aux autres.

Par le passé, il aurait tenu ta main pour se rassurer. Aujourd'hui, il était capable de croire un peu plus en lui, en ses convictions. Je ferais ce que tu veux. Les blessures que tu me portes, je suis capable de les chérir autant que tes rires. Il se refusait de perdre tout ce qu'il avait gagné à vos côtés, il ne laisserait personne lui prendre tes sourires, tes joies et tes peines. Pas même le destin.



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