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[Kobe] La tempête à nos portes - Roku Yamaguchi
Ashihara Yamaguchi
Déshabille-toi grand bougre !
Citation : We never know We never talk We criminal.
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Orochi
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Ashihara Yamaguchi
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Ashihara Yamaguchi
La Tempête à nos portes
Feat. Roku Yamaguchi


29/01/98
Domaine des Yamaguchi

La mort, les cris, la douleur. Un démon s’agitait à côté de toi, marionnettiste de corps calcinés par la peur, noircis par la folie. Ta langue s’accoutumait à des philtres infâmes. Une immense fumée noire emportait les hurlements d’agonie. Leurs rêves futurs et leurs destins désespérés périssaient. Le sang coulait sur tes mains. Sur le magma rougeoyant de leurs entrailles, le feu avalait les cadavres. Tout s’effaçait dans le sillon stérile du temps, souillé par la violence. Devant toi, tout n’était plus que cendres et déclin.

Tu devais protéger les tiens.

Un corps secoué par des spasmes, tu sursautas et te redressas devant ton bureau. Assoupi quelques minutes, devant la montagne de lettres et papiers administratifs en tout genre, l’anxiété s’imprégnait de toi. Un tremblement se propagea de tes doigts, à tes bras, ton tronc jusqu’à tes épaules. Tu attrapas avec difficulté l’antidote de tes maux psychiques. Détresse, l’inspiration de la tige tranquillisante fut la seule à posséder un effet curatif sur tes troubles. La respiration emballée revint à la normale au fur et à mesure que le corps opaque s’éleva dans la pièce. L’ataraxie apaisa à nouveau ton âme. À chaque fois, le bord du précipice te menaçait. L’obscurité prête à t’avaler n’attendait qu’un pas de trop, un équilibre désorienté, et un esprit à dévorer.

Dans la nuit marée haute, les ténèbres recouvraient l’épave de ton esprit. Une tempête arrivait. Terrible, elle allait réduire tout sur son passage. L’heure du naufrage approchait. Tu possédais entre tes doigts subtils le sens du monde. Origamis d’illusions, il finirent à néant à ton simple touché. Ils ne pouvaient rester matériels en étant la preuve même de ta félonie. Une tempête arrivait. Dévastatrice, elle ne laisserait personne indifférent. Tu soupiras, de ce souffle lourd et ardent, incendiant le peu d’oxygène de tes poumons.  

Avais-tu peur ? Certainement pas. Des saisons, des jours, que tu attendais ce moment. Les messages apportaient les nouvelles. Les nouvelles apportaient la fin. Et la fin apportait un commencement. Chef Yamaguchi, tu endosseras ce rôle et l’embrassera de tous tes sens. Aucune chance de faillir, aucune chance de se dérober. Tu tiendrais, pour eux, pour lui. Ton attention se posa sur l’embrasure de la porte. De ton bureau où tu trouvais installé en tailleur, tu aperçus sa présence. Ton bras droit se tenait, attendant pour entrer. Tu l’intima à s’avancer. Avait-il tout vu ? De ton début d’angoisse jusqu’à ton envie irrésistible d’aspirer ta propre vie ? S’il y avait bien un être humain sur terre qui connaissait le méandre de tes abysses, Roku les avait observés sombrer au fil du courant. Il te connaissait comme n’importe qui. Frères d’armes et brièvement amants, cette cassure entre-vous persistait, bien que tu l’avais dissimulée sous des faux-semblants.

Il était la personne que tu avais désiré au-delà de toutes conventions. Il restait l’unique être dans ce monde pour qui ton âme s’était animée de sentiments inconnus. Toi, qui n’avais jamais reçu le moindre amour. D’une mère espionne pour fournir son propre clan, d’un père faible honteux de sa propre lâcheté, ils t’ont tous les deux utilisé pour leurs comptes. L’une comme objet utile pour les siens, l’autre comme descendance accomplie de cruauté.

Tous les deux voulaient de toi un être insensible. Tel était le cas aujourd’hui. Mais à quel prix ?

- J’ai reçu un origami de l’auror directeur. Je suis convoqué demain à 15 heures au ministère.

Une seconde en suspens. Tu plongeas le vert de tes planètes dans l’obscurité de ses noirs soleils. Miroitant une époque lointaine où un désir sombre y demeurait, le temps d’un reflet sous le frisson des vents. Il n’existait plus.

Une guerre se prépare Roku et je vais devoir y participer.

Pour la sécurité de tous, tu donnerais ta vie.
Et pour sa sécurité, tu ne voulais pas qu’il t’accompagne.
Tu irais seul.

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Roku Yamaguchi
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Seimei
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Roku Yamaguchi
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Roku Yamaguchi

Du monde entier dont je cherchais quotidiennement la mécanique, celle que je connaissais mieux que la mienne, était celle d’Ashihara; mon récent Kumicho. J’ai trop observé les traits de son visage, les moues, les rictus, les plissures autour de ses yeux, la forme de ses sourires, la tonalité de sa voix; ses doigts froids glacés, tremblants; chauds et humides; forts et intrusifs; je les connais tous ces détails qui font de lui l’être le plus spécial.

Et étrange habitude qui m’apporte malgré tout les informations dont j’ai besoin pour exister à ses côtés; je l’observe sans bruit avant de m’annoncer. La pièce s’enfume à mesure que l’air se meut; l’odeur d’opiacé en va pas tarder à pénétrer mes narines. Les bras croisés, j’attends son signe pour entrer. J’ai pu me sentir proche de lui comme du plus intense des compagnons, il n’en reste pas moins mon Seigneur dont les manières me doivent d’être respectées; ne serait-ce que pour l’image à donner aux membres; ne serait-ce que pour ne plus dépasser la ligne de l’intimité; trop brulante trop tentante; trop dangereuse et dévastatrice. J’ai compris il y a longtemps que la frontière trop mince n’était qu’une épreuve - la plus horrible - dans mon parcours vers l’Eveil. Terrible sacrifice. L’univers avait-il placé le clown sur mon chemin pour atténuer la peine immense que me proférait notre relation ? pour que je puisse fermer les yeux sur ce qu’il devenait; dépendant aux plaisirs et aux facilités ? Avais-je fauté pour qu’il sombre si bas dans les vices ? Le feu n’arrivait pas à le purifier; ce n’est pas faute d’avoir essayé, d’avoir renouvelé tant de fois la peau de mes paumes.

Je cligne des yeux tandis que la fumée légère maintenant, caresse les traits de mon visage; je pouvais presque la sentir m’envelopper d’un voile transparent; l’odeur grignotait ma trachée et je pose mes yeux dans les siens, ils s’accrochent à ses pupilles reptiliennes et je ne retiens pas mon sourire. « J’aurais aimé te dire que tu t’es fait avoir comme un mauvais garçon pour être convoqué mais la situation est plus complexe. L’égo des enragés rugit enfin ? Je partirai avec toi. 15h me laisse le temps de faire le rituel du feu le matin. »

L’affaire était réglée.
Ashihara Yamaguchi
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La Tempête à nos portes
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29/01/98
Domaine des Yamaguchi

Le sang ne vous liait pas, mais les liens qui vous unissaient étaient indéfectibles. Gravés sur la même pièce, esprit coupé en deux, complémentaires, tu restais persuadé que vous étiez reliés par les cieux. Tu le laissas s’installer en face de toi, devant ce bureau que feu ton père t'avait légué. De ces responsabilités, il t’incombait à présent les apparences de ton rôle. Bras droit, il t’épaulait, se fiant à ton ombre comme aucun autre yakuza. La confiance entre vous, telle qu’elle te brisait en quelque sorte puisque inconsciemment elle t’imposait cette charge supplémentaire. Tu ne vivais que pour protéger ton clan. Coquille vide, les sentiments humains ne résidaient que dans cette affection digne, là où toi l’impur finirait par mourir des mains d’autrui.

Tu n’étais point bête. La mort t’attendait. Depuis la première vie que tu lui avais offerte, elle espérait dans son silence macabre la tienne. Loin de toi l’idée de te donner à la faucheuse, tu comptais survivre. Tant de choses restaient à accomplir. Tu ne pouvais le laisser seul dans ce monde. Parce que c’était à toi de le faire, à toi seulement. Il n’était jamais né dans cette optique. Il avait simplement grandi pour te supporter. Et aujourd’hui, le voilà haut-gradé d’une des plus grandes organisations criminelles du monde. Tu te rémémorais les adolescents aux éclats rafraîchissants de Mahoutokoro. Votre complicité subsistait, mais dans les rares cas importants l’assiduité revenait au grand galop. Demain était un autre jour et demain vous rirait encore ensemble d’une épreuve durement passée. Du moins, tu l’espérais profondément. Qui savait sur quel chemin ton destin s’aventurait.

Un rire grave fit vibrer ta poitrine. Il possédait le don de te faire rire des situations les plus merdiques qu’ils soient. Et son ton sarcastique correspondait au tien en tout point. Pour t’accepter, il fallait en avoir sinon tu ne donnais pas cher de sa peau au fil de ces nombreuses saisons en ta compagnie.

Il faut croire qu’il ne me laisse pas le choix. Ils disent venir me chercher si je ne me présente pas. Et tu sais quoi ? Je vais les attendre ici. Il est temps que les grands projets des puissants se concrétisent. Nous les suivrons.

Cet attrait pour l’extravagance résistait au rôle indifférent et stoïque du Kumicho. Tu apportas ta cigarette à tes lippes entrouvertes, inspira doucereusement les bienfaits qu’elle t’apportait.

Je suis déjà un hors-la-loi aux yeux de ce monde. Une minute ou une heure de plus ou de moins n’y fera pas grand chose. Ainsi, j’aurais le temps de me préparer et tu auras le temps de m’y préparer.

Tu soufflas dans les airs, observant pensif les nuages indiscernables de la fumée superficielle. Blanc nappée, elle planait au grès d’un vent silencieux. Tes pensées -elles- tournoyaient dans une véritable agitation. Ses mots d'abord lointain te parvinrent en la force d’une claque. Tu plantas tes iris dans les siens, attraction unilatérale. Tu serras les dents une seconde. À la fois fier de ses mots et agacé par l’insolence émise envers tes ordres, il ne bénéficiait d’aucun dilemme. Ta décision prise ne se verrait contrer par ses protestations. C’était ainsi, c’était tout.

Non, tu ne viendras pas. Je refuse.

Tu refusais. Mais pourquoi ? Peut-être car il était ton âme-soeur. Celle qu’on ne rencontrait que sous cette forme absolue. Elle existait pareille à l’amour, l’affection ou le frère de sang que tu n’aurais jamais. Âme esseulée, il serait invivable de perdre sa sœur et son corps frère. Unique vérité, tu lui donnais ton cœur sans lui dire. Malheureusement, le sien appartenait à un autre et ce depuis des années. Pourtant, une part de toi n’arrivait point à l’oublier. Car personne ne se présentait à sa légitime hauteur. Personne ne t’évoquait tant d’attachement. Personne n’arrivait à sa cheville.  

Et à cet instant, tu aurais tant aimé le prendre dans tes bras.

Tu refusais car tu ne pouvais le quitter dans cette existence. Même si, certainement, tu le trouverais coûte que coûte dans ta prochaine vie.

Tu iras ailleurs. Ta présence sera utile. J’ai besoin du rayonnement de notre clan sur tous les fronts. Ton rôle n’est pas de rester à mes côtés mais de montrer que nous sommes là, nous les Yamaguchi. Il faut prouver que nous sommes assez confiants et forts pour être seul face à l’adversité. Je veux que tu sois Roku Yamaguchi, Wakagashira de mon clan.

Ainsi, tu préférais mentir à toi-même. Car la douleur bien que calmée par l’ivresse et la luxure se cachait dans ta poitrine. Ce jour où tu le perdis revenait inlassablement dans ta tête. Parfois tu l’oubliais, parfois il te hantait. Il ne disparaissait jamais.

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Il ne savait pas mentir, peut-être pire il ne savait pas me mentir. Était-ce parce-que je le connais trop ? Je n’en avais pas la certitude, mais son rire et ses dents serrées n’allaient pas ensemble. Couvert d’une assurance liée à son rang, je n’avais pas la moindre envie de le croire, encore moins d’avoir confiance dans le Ministère; pas seulement parce qu’antagoniste fondamental de notre position, mais par instinct animal le gouvernement puait le mensonge et la traitrise. Les Yamaguchi n’étaient pas non plus les plus honnêtes, mais nous étions au moins, honnêtes envers les nôtres, et c’était là la plus grande différence entre imposteurs. Nous avions une droiture alors qu’ils n’avaient que le serpent ignoble des vicieux. Nous le faisions par devoir, ils le faisaient par perfidie.

« Tu as toujours eu le sens du spectacle, Kumicho, mais tu vas te prendre un baisser de rideau… »

J’accroche son regard un instant; le bureau nous sépare, peut-être pour le mieux, je crois. Mais je me retourne pour fermer la porte. Il n’y avait que dans l’intimité d’une pièce calfeutrée que les vérités pouvaient éclore. Le loquet crochette la serrure et alors je reviens vers lui, pour contourner le bureau et m’installer contre, près de lui. Sa fumée me dévisage tandis que son regard accroche le mien, encore une fois. Je n’aimais pas la fumée. Je n’aimais pas sa façon de fumer, de se laisser envahir par les sensations opiacées qu’il recherchait; pourtant je le comprenais. Je compatissais. Je n’avais pas la capacité à apaiser ses mots, je n’avais pas le temps, les moyens, ni la légitimité de l’aider à rompre les chaînes de son anxiété. C’était bien là ma plus grande faiblesse : être incapable de le combler. Je garde le silence un moment.

« Ashihara, ne me mens pas. Pas à moi. »

Je n’étais pas de ces membres à qui l’on cache les vrais enjeux, je les comprenais bien en amont, nous n’avions pas le loisir de jouir d’un temps tendre où l’insouciance et l’omission étaient un luxe. Pas quand sa vie était en jeu. Je ne doutais pas de sa puissance, j’acceptais volontiers de le savoir plus fort que moi, c’était bien là la représentation de son règne. Je ne doutais pas de sa capacité à se sortir de situations dangereuses, mais il était de mon devoir; en tant que wakagashira, ami, frère et ombre, de veiller à ce que cette position ne soit remise en cause par personne d’autre. J’en avais fait le serment à l’univers; le cosmos en avait été témoin, j’avais juré d’être à lui.

« Je n’ai pas besoin que tu me gratifies d’une importance rayonnante auprès des autres pour me sentir flatter d’aller voir ailleurs. Sers ce prétexte pour les autres que tu enverras sur le terrain. Nos chiens remueront grandement la queue à tes ordres, tu le sais. Je serai ton wakagashira seulement si tu me laisses l’être pleinement. Pourquoi m’écartes-tu de ton chemin ? Si c’est par inquiétude personnelle, alors laisse moi te rassurer : je ne mourrai que de ta main. »

C’était le deuxième serment que j’avais fait. Je ne mourrai que pour lui. Pour sa survie, ou par sa main. Mon existence ne dépendait que de lui; et si des humains venaient l’égayer et la remplir de tendres sentiments qui faisaient de moi un homme complet, mes obligations et mes allégeances étaient claires et précises. Je suivais le roulement de l’univers, je montais le rodéo de la vie et ses cycles : satellite autour de sa planète, j’étais sa lune, ce n’était pas une image nouvelle puisqu’il avait toujours été mon soleil. Il était mon passé aux souvenirs vivaces, il était mon avenir condition de mon rôle sur Terre; si je mourrai, je me réincarnerai en dragon de garde pour calciner ceux qui l’entravaient.

« Maintenant, si tu me dis que tu veux gérer cette situation sagement en y allant seul car tu es la figure Yamaguchi et que mon rôle n’est que de te suppléer, alors ainsi soit-il. J’irai cueillir les fleurs ailleurs, Kumicho. »

Je n’osais penser plus et regretter les gestes tendres qui démangeaient la paume de mes mains. Le toucher de ses cheveux comme caresse à mes doigts; sa peau sur la mienne, nous côtoyions la mort comme une tendre amie; pourtant quand l’avenir apparaissait obscur, j’avais le douloureux besoin de le bercer. Peut-être en avions nous besoin de ces actes de tendresse, mais je n’avais pas le droit de replonger dans les sentiments pervers des amours de jeunesse; pour lui pour moi, pour Tsugumi, pour la famille, pour l’étique, le sang, le devoir, le monde et son roulement.

« Que comptes-tu faire une fois sur place ? »
Ashihara Yamaguchi
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29/01/98
Domaine des Yamaguchi

Rembobiner le temps.

Revenir à cette époque lointaine de votre passé. Elle n’était qu’illusion. Tu le savais. Un nuage de fantasme, de désirs inavoués, d’une incapacité à lui faire parvenir tes pensées. Chef, tu l’avais toujours su. Kumicho, tu l’avais demeuré en silence. Avant même de le devenir, tu rayonnais de cette puissance. Aujourd’hui, tu n’avais même plus besoin d’imposer ta suprématie sur les tiens. Elle existait en amont de ton ascension, avant le début de ton règne. Elle coulait dans tes veines, au même titre qu’elle véhiculait autour des corps sans vie. De ce charnier, où tu trônais.

Tu baissas les yeux un instant sur tes mains. L’image terrifiante du sang imprima ta rétine. La saveur du tranquillisant goûta tes lèvres et la douloureuse angoisse dans tes vaisseaux. Elle la réprimait, l’effaçait, et tentait en vain de supprimer toute trace de l’humain. Parce que poison, elle finirait par tuer l’homme en toi. Le sommeil bleu des rideaux illunés transportait la pièce, de cet office intime où seuls vous restiez. L’aurore - lui - blessera de ses pics la chair fraîche des innocents et des coupables. Aucune différence, vermeil souffrant, nulle couleur pour le désespoir. Tu possédais l’âme des monstres, des meurtriers sans remords ou humanité. La vérité se voilait et s’engorgeait au prix des autres, également ta propre santé.

Il n’y avait nul espoir de dévier ta course du vent, nuage sur un ciel céruléen. Tempête, tu détruirais le monde de ton courroux foudroyant. Pour les tiens. Pour ton nom. Pour ta force. Le crépuscule apporterait les aboutissements de tes œuvres. Pour l’heure, l’obscurité maléfique absorbait les plaintes et les oraisons fracassantes. La dichotomie de ce monde faisait tendre les coins de tes lèvres dans un affect ironique.

- Si le monde est un spectacle, je tue en coulisse et joue mon rôle devant la foule.

Il s’avança à tes côtés, place qui lui avait toujours été due. Personne ne pouvait parvenir à l’égaler. Dans son travail, ou même dans ton estime. Roku rayonnait de cet aura propre aux Yamaguchi. Mieux, il inspirait ta confiance. Frère, il mourrait pour toi, pour ta cause, ta dynastie. Il s’adonnait à toi, tel un croyant à son dieu. Pour les vôtres, tu représentais la dominance, le spectre du Yakuza dans sa splendeur. Sur ta route, ils s’agenouillaient et dans ton sillage les corps s’accumulaient. Ton odeur respirait le sang, recouvert sous celle de l’encens. Mentir. Le serpent siffla au cœur de ses ténèbres.

Si je t'écarte de mon chemin, c’est parce que j’ai confiance en toi. Tu es le Wakagashira le plus puissant qui ait pu fouler ce domaine et cette terre. Si je te demande ailleurs, c’est que je refuse de t’avoir à mes côtés.

Parce que je ne veux pas imaginer les possibilités.

Parce que tu ne voulais point te retenir sur ce champ de bataille. Le moine connaissait ta fureur et ta frénésie. Cette folie mettait à l’agonie tes sentiments. Mourir de ta main, si un jour cela devait arriver. Cilleras-tu ? Ou alors, auras-tu ce masque de l’être infiniment abject ? La réponse trouvait ses racines dans l’arbre douloureux de ton éducation.

Oui c’est ça, soufflas-tu. Dissimuler. Ton rôle n’est que de me suppléer. Cacher. Je serais le seul et l’unique demain au ministère. Cueille les fleurs de la désolation autour de mon avènement. Écraser par l’ordre.

La tendresse passée ne reviendrait jamais. Elle t’enveloppait dans une certaine nostalgie et une sensation honteuse dans ta gorge. L’affection mutuelle se retenait d’un respect réciproque. L’embrasement dans ton regard s'éteignait, avec le temps, mourait avec le vent, courait de son char illuminescent pour finir dévoré par le loup de la répulsion.

Ce que je compte faire ? L’étincelle galvanisante de la guerre auréola tes jades. Je nourrirai mes serpents et je siégerai sur leurs cadavres putrides, exempt de toute considération.

Une main faillit se tendre dans sa direction, le frôler, l’espérait. Au contraire, elle se retira, dénuée.

Rends-moi fier de ce nom qui t’a accueilli comme un des leurs, Roku.

Parce que toi, tu le servirais jusqu’à ton dernier souffle.

© ASHLING POUR EPICODE


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