L'arroseur arrosé
Tu n’es pas né de la dernière pluie et tu as bien vu qu’à plusieurs reprises, le sortilège que Akihiro a posé sur sa cuisine, cause des soucis à bon nombre de personnes. Toi, tu en fais moins les frais car tu sais qu’il existe, et parvient à le déjouer d’autres façons. Comment ? En jouant de ta qualité de grand-frère pour forcer ton cadet à te donner les pâtisseries que tu désires. Ça ne marche pas toujours, mais parfois, ça porte ses fruits. Cela ne fait qu’une semaine que tu es arrivé à Mahoutokoro et quiconque prendrait ses fonctions dans un nouvel établissement, essayerait de faire profil bas… Mais pas toi. Tu es un Oikaze et l’on attend de toi que tu brilles.
Et même si personne ne te le demande, tu le fais quand même, car c’est ainsi qu’est le clan, un éclat de soleil. Tu as surpris l’une de tes collègues, l’assistante aux sortilèges, se plaindre des tours de Akihiro. Tu es doué pour laisser trainer tes oreilles un peu partout et pour obtenir des informations cruciales, et parfois un peu moins. Et à tes yeux, une occasion de faire tourner le cuisiner en bourrique, ça ne se refuse pas. Alors, tu es apparu, tel le messie du jour, face à Hizakari. Tu l’as trouvé dans sa salle de classe, à la fin des cours. Et tu ne t’es pas fait prier, même si ça ne fait que sept jours que l’on te connaît. Il n’y a pas mieux manière d’apprendre à se connaître, qu’en jouant un mauvais toujours.
-Bonjour, chère miss Sugawara.
Tu t’annonces en pénétrant dans la pièce. Tu arbores un sourire peu avenant, laissant transparaître toute la malice dont tu sais faire preuve.
-Je suis Sei Oikaze, j’ose espérer que vous me reconnaissez.
Tu as souvenir que tu as été présenté à toute l’équipe durant ton arrivée, mais il est possible que tu n’aies pas encore bien marqué les esprits. Aujourd’hui est une belle occasion.
-J’ai entendu dire que mon petit frère, Akihiro Mori, avait tendance à mettre votre patience à l’épreuve à cause de ses sortilèges apposés sur sa cuisine. J’imagine qu’il est assez agaçant de manger des légumes lorsque l’on veut manger une pâtisserie.
Tu t’avances dans la pièce, tu es à toi tout seul un showman. Même ta façon de parler semble être l’ouverture d’un spectacle. Après tout, tu as été façonné pour être le maître d’un show.
-Et si je vous disais, que j’ai un moyen de vous venger ?
Tu lui proposes, la chose sonnant presque comme une arnaque. Le clin d’œil que tu lui fais ne semble pas l’aider.
-Je ne recule jamais devant rien pour jouer des tours à mon jeune frère et je sens que vous aussi, désirez vous venger. Que diriez-vous si nous mettions tous nous efforts pour déjouer les sorts de Akihiro, afin de nous goinfrer de toutes ses pâtisseries, et ainsi, lui montrer le manque de fiabilité de ses sorts ?
L'arroseur arrosé
si intéressant ~ j'adore comment Sei sourit et fait sourire Hiza
08.01.98
Le dernier mois de cette année scolaire nous obligeait plus que jamais aux heures supplémentaires. Je profitais du calme de la classe vidée de son monde pour étoffer mes prises de notes et me préparer aux prochains cours. Le professeur titulaire en plus d’être prévoyant faisait preuve d’une bienveillance presque intimidante si je n’avais pas droit à ses plaisanteries – y répondant toujours, car impossible pour moi d’y rester impassible – en sommes malgré la précipitation, l’air était frais et le calme était revenu pour cette année riche en émotions. À l’appel de mon nom, je lève mes iris ambrés sur un homme que je devine être un collègue. Son sourire est aussi charmant que le reste de sa carrure et de ses manières, excessives, certes, mais reflétant à mon sens une personnalité que j’avais déjà deviné pétillantes.
Je lui rends cette même expression joviale en inclinant lentement et poliment ma tête, décroisant mes jambes pour me lever et me tenir correctement. « Bien sûr, vous avez mis du cœur à vous présenter » le professeur de soins aux créatures magiques, me semble-t-il ? Un choix complètement différent du mien, mais qui relève d’un sujet curieusement lié. De toute façon, qu’est-ce que la magie ne tend pas à joindre ? Son approche me rend perplexe. J’avais deviné sans mal que l’assistant en potions était le frère de ce satané chef, mais pas ce dernier. Une réunion de famille donc ? Très bien, je ne peux me permettre de juger quand les clans dominent une partie du personnel. Je me contente de rester méfiante quant à ses intentions. Allait-il me sermonner pour l’aversion que j’avais à l’égard de son cadet ? Impossible à dire. Je le regarde interdite s’enfoncer dans la pièce avant d’enfin éclairer mes pensées.
Pour une surprise, s’en était une grande. « Poursuivez ? » le clin d’œil me laissa pantoise tant il était osé, mais j’appréciais l’audace et plus encore la façon dont il me vendait ses crimes innocents. Je laissais malgré moi échapper un rire, tant il était alléchant en tout point de pouvoir donner une correction à un cuisinier trop sérieux. « Je vous laisserais les pâtisseries, j’affectionne davantage les fruits, eux aussi subissent le même sortilège. Nous avons donc un accord, Monsieur Oikaze » stoppant net mes écrits, je range d’un coup de baguette mes affaires et contourne le bureau pour le rejoindre. Il est plus grand que moi, ce qui n’est pas franchement étonnant, bien que j’ai tendance à me grandir subtilement lorsqu’il est nécessaire d’avoir un peu plus de prestance. Les deux n’ont beau avoir aucun rapport, dans l’esprit des gens c’est malheureusement le cas. « Avez-vous prévu le coup pour éloigner les cuisiniers surement déjà affairés à préparer le souper ? »
Il est allé trop loin et depuis trop longtemps, il pense que ses actes seront sont conséquences. Il est temps de lui montrer que tout ne peut pas fonctionner comme il le veut.
-Même les fruits ?!
Tu demandes avec étonnement, pensant que cela ne concernait que les pâtisseries. Ton jeune frère semble donc être bien plus fourbe et sans cœur que tu ne le pensais. Déjà qu’empêcher les élèves, ainsi que les professeurs de profiter d’une petite douceur, c’est limite, alors en plus, les empêcher de prendre un fruit, c’est criminel !
-Mon cadet est donc bien plus fourbe que je ne le pensais. Il sait bien cacher son jeu !
Tu t’offusques, dépité de ne pas connaître cette partie de Akihiro. Qui l’aurait cru ? Lui qui semblait si gentil, si doux, si attentionné. Il est donc indéniable que la vengeance sera à la hauteur de sa fourberie ! En revanche, tu n’as pas encore vraiment pensé à comment est-ce que tu pourrais faire sortir les autres cuisiniers. Cela aurait été beaucoup plus simples s’il n’y avait eu que ton frère en ces lieux. Peut-être qu’il faudrait envoyer un origami anonyme à tous les employés pour les faire sortir de là ? Ou alors, feindre une urgence ? Est-ce que des professeurs peuvent aisément faire sortir des cuisiniers de leur antre ?
-Hmm, il est vrai que je n’avais guère pensé à ce contretemps. Un peu idiot, de ma part. Cela aurait été beaucoup plus facile si Akihiro avait été le seul cuisinier. Pensez-vous que leur envoyer des origamis anonymes leur demandant de se rendre d’urgence au bureau du directeur pourrait convenir ? C’est peut-être un peu trop gros. Et nous ne pouvons pas avoir recours à des sorts pour les y forcer, ça ne serait pas correct.
Tu continues de réfléchir au meilleur moyen de vous débarrasser de ces trouble-fête. De toute manière, il est impensable de les mettre eux aussi dans le coup. Ils doivent forcément être fidèles à leurs collègues. Quel contretemps agaçant… Il serait peut-être judicieux d’arriver dans les cuisines avant le début de leur journée ?
-Peut-être pouvons-nous arriver avant eux, et tout faire disparaître magiquement et envoyer la nourriture magiquement dans un autre endroit, sans être repérés ? Je suis sûr que le sortilège de mon frère a une faille. N’envoie-t-il pas de plats aux élèves avec des régimes spéciaux ? Ou alors, nous utilisons le charge-plat dont il se sert pour envoyer les plats à la Grande Salle. Il serait peut-être plus judicieux de travailler à la nuit tombée.
Tu annonces, continuant de réfléchir. Peut-il y aurait-il un moyen moins contraignant ?
L'arroseur arrosé
si intéressant ~ j'adore comment Sei sourit et fait sourire Hiza
08.01.98
Son indignation était telle que j’en laissais entendre un rire en acquiesçant. J’avais pris ce sujet très à cœur tant il m’importait de me sustenter à toute heure de la journée en ces lieux sans avoir à subir le courroux d’un cuisinier trop conservateur pour son propre bien. Ne lui en déplaise, son aîné était visiblement de mon avis et projetait de lui en faire payer le prix pour mon plus grand bonheur et si ce n’était pas dans son intention de me flatter en me secourant de la famine, je prenais tout de même le compliment pour sa présence seule. Je n’aime pas être la princesse en détresse, je préfère être la sauveuse et en cette visite je vois parfaitement l’occasion de m’y atteler. « Je suppose qu’il ne tolère pas les vols et en cela je me demande si vous n’en êtes pas responsable ; qu’est-ce qui a bien pu provoquer ce comportement ? Une idée ? » je l’accusais allègrement, connaisseuse en la matière ayant deux frères et sœurs, il y en avait toujours un à qui il manquait quelque chose, car les deux autres se faisaient un plaisir malin à le lui subtiliser. Espiègle jusqu’au bout des ongles je hausse les épaules et le rejoins.
« Plus sérieusement, il suffirait de demander la permission pour obtenir gain de cause, mais lorsque ça n’est pas possible je doute qu’un origami désenchante les mets, la faille est un peu trop punitive » et je n’admettrais pas que l’astucieux stratagème soit si mal pensé. Alors, je réfléchis à mon tour, convaincu que nous trouverions une solution qui n’implique pas de nous retrouver à leur place dans le bureau du directeur. « Il est peu probable que cela fonctionne et si cela devait arriver un jour, le risque de ne pas être pris au sérieux ne m’enchante pas » j’inspire, me laisse tenter par l’idée de leur jouer un petit tour quitte à ce qu’ils me démasquent, qu’importe ça, n’était pas fait pour être gardé secret de toute façon. « Pourquoi ne pas simplement écrire une recette et leur céder des indices sur le lieu où la récupérer ? Je dois bien avoir quelque chose dans mes livres » sans plus de manière, je me dirige vers le bureau pour sortir un sac ensorcelé dans lequel mon bras s’engouffre tout entier à la recherche des reliures devinées au toucher. Satisfaite, je l’extirpe et feuillette jusqu’à la page qui m’intéresse pour ordonner à ma plume d’en copier le contenu sur un parchemin.
Mon nez se dresse en l’air en l’écoutant, des suggestions qui me plaisent tant par leur douceur que la malice en découlant. « Votre frère n’est pas le seul à faire preuve de fourberie, j’apprécie tant que ça me sert » je croise mes bras, étoffant dans mon esprit ses propres avancées. « Pourquoi ne pas inverser le sort le temps d’une journée ? Sans le moindre danger évidemment, je pense que pour leurs mains expertes ça ne sera guère contraignant mais il serait intéressant que les aliments en deviennent d'autres à leur contact » j’ajoutais en claquant des doigts « les pommes deviennent des radis et ainsi de suite » le message en serait plus clair : c’est une vengeance.
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