Face the shame of having hurt a friend. Bend over and apologize. He deserves much better than your hate
Tu redeviens un élève parmi les autres, en ce jour de rentrée du 1er mars 1998. Pourtant, il est compliqué d’oublier tout ce qu’il s’est passé, d’ignorer le souvenir des combats qui ont rugit à Mahoutokoro, il y a de ça qu’un mois. Tant de choses ont changé en si peu de temps. Des amis sont devenus ennemis, des ennemis se sont avérés être des alliés, et la souffrance a encore régné dans tout le Japon sorcier. Finalement, ce sont les divinités qui ont mis fin aux conflits, c’est le Shogun qui a tiré un trait sur les affiliations. Désormais, vous êtes tous alliés sous une même bannière, une dictature qui convient aux sangs-purs et ne change que très peu ton existence. Maintenant, tu es affilié à Susanoo, et il te tarde d’essayer les nouveaux pouvoirs auxquels tu as accès grâce à sa bénédiction. Tu es aussi excité à l’idée de retourner à Mahoutokoro. Mais il s’agit là d’une excitation étrange : celle de retrouver les quelques amis que tu t’y est fait, et de découvrir les nouveaux cours auxquels vous aurez accès.
Mais tu as peur aussi, tu n’as pas honte de le dire. Tu as peur d’affronter le regard de ceux contre qui tu t’es battu, peur de retrouver Ange qui est encore ton colocataire pour cette année. Néanmoins, c’est un passage obligatoire auquel tu ne dois pas déroger. Tu as changé, en un mois. C’est surprenant mais c’est la vérité. Tu as frôlé la mort, et tu as réalisé combien de nombreuses choses étaient futiles. Comme celle de vouloir encore rendre tes parents fiers. Ils ne sont jamais venus te voir à l’hôpital, prenant des nouvelles à distances. Les seuls qui sont venus sont : Akihiro, Suiren, Takamori et Hanru. Ce n’est plus tes géniteurs que tu veux satisfaire, ils ne méritent plus tous les efforts, et larmes que tu leur as données. Tu aspires à mieux, tu as envie d’être différent, et de ne plus être le gamin colérique et apeuré que tu étais il y a encore quelques mois. Tu as affronté tes camarades, affrontés des statues. Pourquoi craindre des camarades de ton âge ? Pourquoi craindre ton père et ta mère ?
-C’est idiot.
Tu souffles pour toi-même, tandis que tu déposes tes affaires près de ton lit. Tu es le premier arrivé dans la chambre, alors tu en profites pour t’imprégner de la tranquillité des lieux. Tu te laisses choir sur un fauteuil non-loin, passant ta main sur le reste de ton bras gauche. Tu n’as plus mal, mais continue de souvent le sentir encore entier. Tu te réveilles parfois en gémissant de douleur, ressentant encore la géhenne que tu as connu lors de ton accident. Tu es sous médicaments et surtout, tu suis une thérapie, essentielle, même chez les sangs-purs. Le spécialiste qui te suit t’apprend à faire croire à ton cerveau que le membre est toujours là, via la thérapie du miroir. C’est long, éprouvant, mais important pour qu’enfin, ton esprit accepte l’amputation. Mais cela t’éprouve encore parfois, tu espères que ton année à Mahoutokoro permettra de calmer la chose.
Soudain, quelqu’un entre dans la pièce. Tu lèves les yeux en sa direction et fronce les sourcils, ne reconnaissant pas l’élève qui pénètre dans la chambre. Pourtant, tu sais que tu es seul avec Ange, cette année. Une information difficile à avaler car tu te souviens de comment s’est fini votre dernière discussion. Tu sais pourtant qu’il te faudra l’affronter un jour ou l’autre, pour réparer les pots cassés.
-… Ange ?
Tu demandes, surpris. Est-ce que c’est vraiment lui ? Ça ne peut qu’être lui. Tu te redresses, choqué de son apparence. Mais tu te souviens qu’il est métamorphage, il utilise probablement un nouveau faciès. Tu inspires, te redressant immédiatement. Toi aussi tu as bien changé. Il y a bien sûr l’absence de ton bras gauche, mais aussi de ton œil que l’on perçoit parfois derrière tes épaisses mèches qui te tombent sur le visage. Mais, tu as aussi perdu en muscles, tu es plus svelte. Une chose qui ne sera que temporaire, mais il est vrai que tu portes ton traumatisme sur le corps.
-Bonjour.
Tu ne sais que dire, pantois. Tu ne sais comment appréhender vos retrouvailles alors que tournent dans ton esprit, les mots que tu lui as jeté. Tu étais si en colère à l’époque, terriblement jaloux de le voir te quitter pour Mamoru, ne comprenant pas ce qu’il y avait de mal à ne dire à personne que vous sortiez ensemble. Pour tout avouer, c’est encore une chose qui t’échappe car tu sais pertinemment que si tu sortais avec Hanru, il te faudrait aussi te cacher aux yeux des autres. Néanmoins, tu sais aussi que Ange est très libéré à ce propos. Désormais, tu acceptes la réalité, tu es obligé. Tu ne ressens plus rien d’amoureux envers ton camarade, un autre abruti occupe constamment tes pensées.
-Tu adoptes une nouvelle apparence ?
Tu ne trouves que ça à dire, plutôt que de lui demander comment il va. Un malaise s’est installé entre vous deux, ne serait-ce qu’à cause de la tragédie. Tu ne penses qu’à ça, tu te demandes quel a été le prix pour chacun, probablement aussi lourd que le tiens. Tu restes cependant heureux que Ange semble ne pas avoir subi grand-chose, du moins en apparence.
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