journée festive

Les mains habiles de sa mère finissaient de coiffer les beaux cheveux ivoire de la Fujiwara. Cela faisait un moment qu’elle n’avait pas participé à ces soirées mondaines. Le kimono parme orné des fleurs familiales de glycine dénoterait certainement à la soirée, mais concordait parfaitement avec l’allure droite et  traditionnelle de la jeune femme.

Ces évènements étaient l’occasion pour sa famille de rappeler leur position ainsi que de faire connaître Kozuka. La fille unique était habituée à faire acte de présence lors de ces évènements et ses apparitions étaient désormais bien rodées. Un signe de tête à gauche. Une discussion sans aucun fonds par là. Ne pas se montrer trop accommodante, mais ne pas froisser les sentiments pour autant. C’est une gymnastique automatique, ancrée en elle depuis son plus jeune âge.

Et pour une fête, quelle fête. Arrivée devant la bâtisse, Kozuka eut un moment de pause. Les lieux étaient tout à l’honneur de l’instigateur : somptueux, aux jeux de lumières qui ne servaient qu’à souligner la beauté des décors. Une fois à l’intérieur, Kozuka apprécia encore une fois  les choix  de sa mère. D’ordinaire, les jeunes filles de l’âge de Kozuka arboraient des couleurs plus vives. Mais à quoi bon revêtir de telles couleurs, puisque les tenues des invités ce soir, toutes plus éclatantes les unes que les autres, accentuaient aussi bien les couleurs pâles de sa propre tenue ?

La danse des conversations mondaines et des affinités était bien entamée et voilà seulement que Kozuka avait en vue la figure de la soirée. Bien entendu, il était impossible de ne pas l’avoir aperçu. Clyde Seizan, attrapeur de l’équipe nationale, étincelant, attirant tous les regards. Lui parler était cependant une toute autre chose. Kozuka avait retardé ce moment, au charisme écrasant de Clyde s’ajoutant un vide de sujet de conversation notable. Tout le monde lisait le Mahou Shinbun. Peu, en revanche, n’accordait aucun intérêt envers ce sport. Se raccrochant à son rôle, Kozuka avança naturellement en penchant doucement la tête.

- Cette soirée est toute à votre image, Seizan.

journée festive

A sa courbette, Kozuka répondit en se penchant légèrement à son tour, poliment. Quant à sa question, la Fujiwara eut un léger regard vers son kimono orné de glycine, et eut une pensée pour sa chevelure ivoire. Comme quoi certaines choses qui lui paraissaient évidentes ne l’étaient pas pour tout le monde… Ou bien était-ce simplement son prénom qui était demandé ? En tous les cas, Kozuka n’était pas Kozuka sans son nom de famille.

- Veuillez m’excuser de ne pas m’être présentée. Fujiwara. Je suis Kozuka Fujiwara.

Le clin d’oeil de l’hôte mis notre Kitsune mal à l’aise, peu habituée à ce genre de personnage haut en couleur lui accordant de l’attention. Elle fuit donc rapidement son malaise en jetant un œil au dit buffet. Sa mère lui avait toujours inculqué de ne pas trop manger, et surtout pas aux buffets des soirées mondaines. La première raison était de garder une ligne et une santé parfaite pour son futur mariage et les futurs enfants qu’elle devrait porter. La deuxième raison était d’ordre bien plus pratique : si tu ne manges pas à une soirée, tu n’auras aucune chance de te tâcher. Bien sûr, il fallait boire un verre afin de ne pas offusquer ses hôtes, mais le buffet était optionnel pour sa mère.

Cependant, ne lui avait-elle pas rabâché tout le mois de février de manger afin de reprendre des forces suite à son épaule cassée ? Le ventre vide, Kozuka fixa quelques amuse-bouches, aussi affamée que curieuse. Elle n’avait aucune idée des ingrédients utilisés. Kozuka tendit une main hésitante… Quelle chose goûter en premier… Ceci, qui ressemblait à de la mousse au chocolat.. mais semblait étrangement salée? Ou cela, qui étincelait étrangement. Ses doigts se refermèrent sur ce qui semblait être le plus simple et fade du buffet avant de l’apporter à ses lèvres… F-fade ? Comment avait-elle pu croire que n’importe quoi avait pu ne pas avoir de goût au buffet de Clyde Seizan. Ses yeux s’agrandirent au fur et à mesure qu’une myriade de goûts filaient le long de son palais. Le choc passé, son regard, toujours agrandit, furta vers celui de l’attrapeur.

- Je… ne m’attendais pas à ça. Ce buffet est lui aussi une merveille, dit-elle avec un léger sourire excité, son regard et ses doigts se rapprochant une fois de plus du buffet...

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Un… Macaron. Kozuka, l’eau désormais près à franchir le pas de sa bouche, fixa son choix sur ce macaron émeraude qui paraissait légèrement pailleté d’or. Une fois délicatement croqué, elle n’aurait su dire si cette chose était d’ordinaire censée avoir cette texture à la fois croquante et moelleuse, tout en délicatesse. Le goût, qu’elle pensait être au matcha de par sa couleur, était en réalité fruité, une sorte d’agrume inconnue du palais de Kozuka.

Ses yeux se fermèrent presque, sous le charme de la douceur de cet enchantement, pendant que Clyde lui demanda son avis quant aux activités. Kozuka prit tout de même le temps de savourer toutes ces saveurs et de finir son macaron avant de se reprendre et de regarder autour d’elle. Les activités… Principalement tournées autour du Quidditch, comme par exemple ci et là des acrobates usant de leur balai comme de trapèze au-dessus des invités.

- Eh bien, disons que je ne m’attendais pas à moins de vous ni de cet évènement.

La vérité, c’est que Kozuka était légèrement mal à l'aise. D’une part, un sentiment de fascination s’emparait d’elle face à l’agilité de ces acrobates, et ces costumes aux longs pans qui rendaient ce spectacle encore plus éthéréen. De l’autre, son attention se portait toujours de nouveau sur les balais. De part son enfance très éloignée de ces objets peu conventionnels, ainsi que par son inaptitude totale à se sentir à l’aise sur ces outils, Kozuka avait doucement nourri une aversion pour ceux-ci. Aversion qu’elle cultivait pour la plupart des choses dont elle avait peur ou n’était habituée.

- En effet, cela change énormément de ce que je peux voir d’ordinaire…

Comment tenir une conversation où ses goûts étaient à l’opposé de son interlocuteur, sans froisser celui-ci ? Kozuka se creusa la tête. Puis abandonna lorsque son regard se posa sur un deuxième macaron. Orange, celui-ci. Si un vert était d’agrume, qu’en serait-il d’un macaron orange ?