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aux confins des ténèbres (ashihara)
Fuyuki Awataguchi
fuyuki
Citation : Tout bois est gris quand il est réduit en cendres.
Age : 27 ans
Rang : A2
Susanoo
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Fuyuki Awataguchi
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Fuyuki Awataguchi
Aux confins des ténèbres   Une fleur a fané. Elle était l'une des plus belles d'entre toutes. Au milieu du jardin de camélias, elle était celle qui attirait le plus le regard. Ses souries enchantés, sa voix portante, ses rires cristallins étaient meurtri dans un silence. Elle avait poussé un dernier soupir libérateur sous les japes qui partageaient son nom. De ses actes ou de ses pairs, on pouvait se demander ce qui l'avait condamné. Un peu de deux, un peu de lui. Désormais, il connaissait les couleurs de ces réunions au sommet et il se teignait de leur noirceur. Le sang n'avait pas effleuré la pointe de ses doigts, mais ses phalanges embrassèrent le corps tiède d'Hiwamari. Il avait juré de la protéger, mais il n'avait rien pu faire pour l'épargner. La décision était unanime et son destin lui, était scellé. Il avait ravalé son affection, sa tendresse, comme les larmes qu'il aurait souhaité verser à son égard. Ce n'était pas digne de sa nouvelle position. Il ressent une terrible solitude, il contemple naïvement ce qu'il fût auparavant, si naïf. Epargné de bien des maux, il aurait pu se contenter de cette vie simple. Vendu au royaume des glaces. Exilé des terres d'innocence.

Lorsqu'il est seul, ses mains sont tremblantes. Il serre dans sa paume sa frustration. Mains jointes, il semble prier pour qu'elle puisse se réincarner. Que les kamis aient pitié de sa bonne volonté. Ses pouces caressaient ses lèvres et la ferveur de sa demande reste suspendue tandis que le cierge avait fini de brûler. Il ne pouvait retourner en arrière, la convaincre de changer ses actes. D'évidence, il bafouerait l'honneur avec lequel elle a portée l'étendard de sa liberté. Alors il songeait, comment faire de lendemain un monde meilleur ; comment honorer sa mémoire par sa position. Il était désormais l'héritier Awataguchi. Il était celui qui avait subtilisé la place d'un autre, tandis qu'il avait toujours fui. Fuyuki n'avait rien d'un leader né, mais c'était aussi là ce qu'il faisait toute sa qualité. Il connaissait les craintes, les tords et l'espoir mieux que quiconque.

Arraché à ses songes. On vient lui murmurer qu'un invité était arrivé. Malheureusement, le maître des lieux était absent. Ses compères s'étaient habitués peu à peu à venir le tenir compte pour les affaires du chef du clan. Il se redresse soigneusement, son long hanfu de pourpre épousant sa silhouette. Si sa chevelure ne reflétait pas les dorures du soleil, alors il serait confondus avec son oncle.

Il est conduit par l'un des domestiques jusqu'au salon ou patientait ledit visiteur. Abandonné au seuil de la résidence il le remerciait avant de laisser la porte glisser, découvrant ainsi le visage du démon. Son visage est renfermé. Il n'est pas sûr que l'accueillir par ces temps soit une bonne idée, mais en a-il seulement le choix. Leur dernier échange lui revint, comme un instant laissé en suspend. Voilà près d'un mois que le serpent lui avait soufflé de gagner sa confiance. Aujourd'hui plus qu'un autre jour, ces mots étaient lourd de sens. La mort de l'ancienne héritière pesaient sur les esprits, ses premières décisions en tant qu'héritier étaient difficiles à supporter et ce n'était que les prémices de son ascension.

Il referme la porte derrière lui. Indique que tout va bien, qu'il s'occupait dudit Yamaguchi. Il s'assied, face à son invité d'une grâce qu'il n'avait pas laissé transparaitre lors de leur premier échange. La situation a bien changé. Je suis au regret de t'annoncer que notre chef n'est pas disponible aujourd'hui. Si tu as affaire avec notre clan, c'est avec moi que tu dois t'engager. A moins que je sois toujours à tes yeux indigne. Le mépris reçu le hante, pourtant il le sait, il avait été un bel imbécile. A l'aube de son élection, il avait provoqué un allié pour s'en faire un ennemi ; mais c'était aussi ça, la différence entre lui et ses prédécesseurs. Au nom de la justice, il pourrait aller bien plus loin. Au nom de l'affection, il pourrait commettre l'irréparable.

Les mains jointes sur ses genoux, il s'incline respectueusement sans forcer la courbe de son échine. Il est l'heure de me présenter convenablement, je suppose. Fuyuki Awataguchi, cent-vingt-neuvième hériter Awataguchi, répondant directement aux ordres de Takumi Awataguchi. Ses japes éreinté par les évènements se posent sur le diable. Je préfère te prévenir, aujourd'hui je souhaite m'en tenir à nos rôles. Il n'a aucune envie d'être enlacé par l'éteinte d'un serpent quand la dernière fût celle de la petite. Il est froid, à l'instar de son souvenir.




Ashihara Yamaguchi
Déshabille-toi grand bougre !
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Orochi
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Ashihara Yamaguchi
Aux confins des ténèbres
Feat. Fuyuki Awataguchi


L’après-midi flambait à travers la nature, de l'œil écarlate de Vénus sur les jardins Awataguchi. Le temps filait et les mots-dits par le passé devenaient des maux dits, puis maudits par les regrets. Ton poing ne te lançait plus, la guerre cendre avait cessé de pleuvoir sur le commun des mortels. Les cris des victimes s’étendaient parfois dans ton crâne, jusqu’au fond de l'inconscient, aux hurlements de tes abîmes ouverts. Qu’était-ce les remords pour ton cœur ? À part des nappes de sang, des braises fulminantes, des milliers de meurtres et de longs hurlements d’agonie, de rage, sanglots de tout ton univers ; tout l’ordre de ton règne imposait le silence. La brise de cette journée tournoyait dans tes cheveux détachés, remuait le feu furieux de tes pensées belliqueuses. Plus d’un an au pouvoir dans la volonté conquérante d’une nouvelle ère, tant de choses s’étaient produites au cours de ces derniers mois. Dynastie portant ton nom, elle se matérialisait en d’effroyables déserts ocres, pleins d’ombres et de calmes annonciateurs, où la peur n’y possédait sa place ; et où les hivers duraient des générations, éternels.

« Voulez-vous que nous vous accompagnions, Kumicho ? »

Un geste de la main sans appel répondit à tes hommes devant les portes du domaine Awataguchi. Ta longue veste de kimono aux fresques fantasques en parure dorée sur un tissu d’un élégant pourpre volait au gré de tes pas. Quant à ta tenue, elle laissait entrevoir les tatouages de ton torse et paraître dans l’éphémère volupté de ton accoutrement les encres de tes clavicules. Les nuances carmin à la plus sombre collaient parfaitement à ton image et à ton teint qui selon les saisons prenait une carnation caramel. Un domestique inclina l’échine et t’invita à le suivre. Le froid ne t’atteignait jamais, à l’instar de l’ennui, de la souffrance d’autrui et de la peine, rien n’arrivait à corroder ton âme. Étais-tu destiné à ne rien ressentir ? Dans une solitude propre à ton pouvoir, étais-tu voué à le vivre seul ? Même ta future femme, si un jour des fiançailles se concluaient, ne pourrait comprendre. Pire, à part ton clan, on te méprisait pour cela. Un yakuza, sang-mêlé, chef d’un clan d’impurs, kegare par les âges, souillé par la violence et l’avidité. Tant d’ennemis, tant de dangers, les Yamaguchi avaient acquis la gloire et les richesses, mais aussi l’attention des sang-purs te collait à l’échine. La protection d’un des leurs serait ton salut. Les Awataguchi.  

Tu t’installas, en tailleur, la jambe légèrement repliée. Neveu de Takumi, leader respecté et redouté, ta légitimité tombait sous le sens. Honneur de partager son sang, chaînes qui te relieraient pour toujours à leurs desseins, les Yamaguchi témoigneront toujours d’une fidélité sans failles à leurs alliés. Bien que cette idée te parût d’abord inconcevable, aujourd’hui elle ravivait un rictus carnassier. Tant mieux. Frères d’armes, vous comptiez à jamais l’un sur l’autre, pour le meilleur pour le pire, pour le bien des vôtres. Cette alliance était primordiale. Sans des flammes, sans des ailes, comment pouvais-tu atteindre cette lumière qui te toise ? Vas la quérir.

La porte se referma sur une silhouette familière. Un mois s’était écoulé aux prix d’une descente funèbre. Ce secret n’existait pas, tout le monde savait aujourd’hui que Fuyuki Awataguchi s’imposait l’héritier apparent de sa famille. À savoir si la vérité se trouvait la même, arborait-t-il la puissance des futurs chefs de son clan ? Né sans avoir le pouvoir, il gagnait à présent toutes les admirations dans l’ultime désir de le manipuler par autrui. Sa place - maintenant - absolue attirait les cœurs entachés par l’avidité de ceux qui l’entouraient. L’ange chutait du ciel où il avait grandi, sans préavis, rejoindre les ténèbres des dirigeants de ce monde ; beauté inconditionnelle résistera-t-il à ce plongeon ? Il le devait. Pour lui. Pour toi.

- Avec toi ? Quelle bonne surprise, c’est encore mieux.

Venu dans une optique peu importante, cette journée s’illuminait d’un nouvel intérêt. Votre dernière discussion remontait à quelques semaines, interrompue brusquement par l’infirmier. Tu t’en souvenais en quelques répliques fortes, mêlé de ton humour singulier. Avait-il réfléchi ? Tu haussas des sourcils - supris - quand il se pencha respectueusement et se présenta à ta pieuse personne. Mais comme d’habitude, ils le faisaient tous par respect pour ton rang. Pour toi, Ashihara, personne n’en avait aucunement la volonté. Détestable, méprisable, ordure, dans la fureur de leurs constatations, ils renvoyaient tous la même image de toi. Monstrueux et dégoûtant, à l’en devenir véritablement. Un silence suivit sa tirade, alors qu’un sourire narquois s’étira sur tes lèvres.

Ashihara Yamaguchi, Oyabun Yamaguchi, et je ne sais plus le combientième je suis, mais à mon humble avis je dois être le dernier. Blagueur.Logiquement. Installé nonchalamment, tu posas une main sur la table qui vous séparait dans l’attente certaine d’un thé. Tu observas la pièce, de cette opulence caractéristique des leurs. Nos rôles ? Ne t’ai-je point dit qu’il fallait que tu obtiennes mon respect avant ? Tes pupilles se rivèrent à nouveau sur lui, percutant l’écrin de tes jades contre l’écorce de ses rubis. Voyons si aujourd’hui tu en vaut le détour, furie.

Tu retiras la veste posée simplement sur tes épaules, montrant à ton vis à vis ta présence pendant un petit moment, adieu sa tranquillité. Tu paraissais d’un naturel primesautier, mais en vérité ta logique implacable dominait. Tu savais qu’il réveillait ton intérêt, professionnellement… peut-être également personnellement. Tu cherchais dans cette chaire chaude, cette présence qui t’attisait irréfutablement. Pour une fois, une unique fois, l’espoir se réveilla dans la profondeur de tes abysses. Tu joignis tes mains, le menton appuyé dessus, les coudes sur la table basse, avec ce faciès de diable pervers mais si taquin.

Pactisons ensemble aujourd’hui, Fuyuki.

Une multitude de questions à lui poser te traversèrent l’esprit. Effleuré par le gouffre évocateur d'effroi, se laissera-t-il pénétrer de ton néant ? Et dans l’éclat mordoré de cette fin de journée, l’ange s’entoura du serpent. Tu méditais son regard, car s’il t’attirait par sa lumière, c’était parce qu’il y avait un fond de ténèbres.

© ASHLING POUR EPICODE


Fuyuki Awataguchi
fuyuki
Citation : Tout bois est gris quand il est réduit en cendres.
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Susanoo
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Fuyuki Awataguchi
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Fuyuki Awataguchi
Aux confins des ténèbres   La voix raisonnante et marquante venait à l'encontre du jeune Awataguchi. Ses intonations inchangés restaient moqueuses et leurs teintes entraient en friction avec toute son essence. Nul doute que la surprise était partagée, mais jamais appréciée au même degré. Jamais sur la même longueur d'onde. Ils viennent de deux mondes différents et alors que le sang-pur s'était baignée de la lumière de ceux au sang corrompu, Ashihara n'en partageait aucune lueur. Il faisait face à une facette enviée et détestée, une mélodie dissonante qui l'empêchait de savoir sur quel pied danser. Quelque part, il sent une pression monstre face à ce démon. Ailleurs, il se sent aussi calme que l'eau paisible. Une sensation de s'être un peu habitué à tous ces changements. Une impression que d'évidence, il avait déjà troqué tout ce qu'il avait. Il comprend un peu mieux Takumi à chacun de ses pas. Il faut regarder face à soi pour continuer d'avancer, de progresser. Autrement, il ne noierait dans les regrets, dans l'amertume, dans l'impuissance.

Lors de son salut, ses perles ont glissés sur ses mains, plus fines, plus soignées, plus osseuses, mais aussi plus ferme. Il ne tremblait pas en cet instant.  Il pouvait avoir confiance. Il n'est pas né pour diriger, mais il comprend le coeur des hommes. Il comprend les esprits libres, les âmes meurtris, les sangs méprisés. Il a vécu à leurs côtés, découvert les énigmes qui les liaient. Il a tissés des liens avec eux. Fort. Il a aimé, été rejeté. A rit et sourit auprès de ces gens que l'on oublit. Il est un Awataguchi comme il est l'un des leurs, comme il n'est personne.

Il se présente à l'image d'aucun autre. Il ignore sa demande à sa façon. Se joue de lui, mais cette fois-ci, il ne se sent pas provoqué. Il l'observe silencieusement tandis que le diable succinct reprend leur chapitre là où ils l'avaient abandonnés. Il ne laisse aucune ouverture. Avant d'obtenir quoique ce soit, il doit faire ses preuves parmi les régnants.

Fuyuki. Un nom oublié il y a peu encore dans le domaine. Élu dans un premier temps pour hériter de celle qui a été par la suite condamnée, on se demandait s'il avait les épaules pour assumer ce rôle. Ceux qui se souvenait lui parlaient d'un garçon trop doux pour diriger, trop aimant pour régner, trop faible pour assumer un autre poids que le sien. Un enfant souriant qui s'était retiré et terré après la mort de son ainé. Quelle ne fut pas la surprise d'entendre l'hiver nommée à la place du lapis. Plus que quiconque, il se démenait pour se montrer digne de sa demande égoïste, à la hauteur de celui qu'il considérait comme son père.

Les syllables de son prénom traversent une nouvelle fois le sifflement du serpent. Proposant de lui prêter serment. Cette fois-ci, il ne le laisserait pas mener la danse. Ses rubis transpercent la silhouette imposante du yakuza et ses mots se font tout aussi aiguisés. Du chef ou de l’homme, lequel me fait face en ce moment même. Parce qu'il se questionne. Il lui a refusé son titre d'hériter, alors il devait nier celui du chef qui l'oppose. C'est à son tour se laisser sa courbe se dessiner, ses mains se croiser et se glisser sous la jonction de son menton. Très bien. Il souffle. Pactisons, mais à une seule condition. Abandonne ton nom, ton titre et son sang. Toujours cette même barrière. Celle qui l'a séparé de Takeo. Celle qui l'empêche de devenir son allié. J’en ferais de même. Je veux savoir ce que souhaite l’homme et non le chef. Qui tu es et non ce que tu dois être. Puisque tu ne respectes pas mon voeu de nous en tenir à son rôles : abattons-les maintenant. Il se rend compte de l'aberration qu'il demande. Il sait que ses ancêtres pâliraient s'ils entendaient sa demande ; mais Takumi l'a désigné. Il lui fait confiance parce qu'il est différent. Parce qu'il est capable de changer les choses.  Il ne gâcherait pas cette conviction qu'on lui a accordé. Par mon élection, je n'ai rien à te prouver. Rien ne changera le fait que demain, il sera couronné. De même pour toi, craint et respecté : je n'ai pas a douter de ta place. Par les siens, par les autres. C'était ce qui avait poussé ses oncles à vendre leur soeur. Mais permet moi de douter de tes intentions comme des rumeurs qui t'entourent. Qu'en penses-tu, Ashihara, accordons-nous le bénéfice du doute. Prouve-moi que tu es un homme et non le démon que l'on dépeint et je te monterais que je suis capable d'assumer le poids de mes paroles. Condamné ou adoré, à l'inverse de n'importe quel chef : mon destin est incertain, mais je ne compte pas mourir avant d'essayer. Il est de ceux qui ne reviennent jamais sur leurs promesses.



Ashihara Yamaguchi
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Orochi
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Ashihara Yamaguchi
Aux confins des ténèbres
Feat. Fuyuki Awataguchi


Vous n’avez rien en commun. Si différent, si similaire, que pendant une fraction de seconde tes pupilles s’écarquillèrent de surprise. Tes yeux, où rien ne se révélait, de doux ni d’amer, étaient deux bijoux froids où se mêlaient l’émeraude et le fer. La course de sa voix sur ton échine la fit frissonner. Son aplomb exalte ton rictus à demi-confondu dans un sourire d’émerveillement. La provocation filait dans l’air avec sarcasme. L’épreuve de ses mots allaient lever le voile sur ce dernier mois. Mais encore une fois, l’ange le surprit. Ce n’était pas un abandon mais l’appréciation d’un défi. Tu le détaillais, sans laisser une miette de cette scène, pris dans un spectacle auquel tu aspirais tant. Et de ses ailes, Awataguchi rasait tantôt la terre, tantôt les cieux, tantôt le serpent qui rampait là.

L’intérêt éveillé avait vu juste. Fuyuki apparaissait différemment. Là où tu appelais le chaos et la violence, il régnait dans l'œil de la tempête. Les remous des torrents, des nuages, le vent, le cœur et ses raisons, la vague scélérate, il ferait face à bien des épreuves. Un héritier était né. Toi, au contraire, tu l’avais toujours été. Tu distinguais les cœurs envieux de ta position, là où lui allait affronter les manipulations pendant un temps. Un nom inconnu devenait le centre d’un clan puissant et réputé. Les mèches ors finiraient sûrement tâcher par le sang, ou les remords. Si ce n’était pas déjà son cas. Tu plissas les yeux, cherchas dans le tréfonds de ses rubis rubéfiés sa complexité. Pour une fois, tu n’y arrivas pas.

Un jour, vous serez ensemble dans le futur de vos familles. Un jour, tu devras te reposer sur lui comme tu le ferais avec Roku. Et cette confiance mutuelle se tissait dès aujourd’hui. Un oxymore de ténèbres et de lumière, qui allait sombrer le premier ? Aucun souhait, aucune oraison, rien ni personne ne pourrait vous aider. Ce qui vous attendait, aller bien au-delà et dirigerait ce monde. Tu savais qu’il n’était qu’une question de votre entente, de cette relation ô combien complexe que vous alliez entretenir. À présent, face à face, son parfum melliflu atteignit tes narines et taquina ta présence. Deux forces languissantes se cherchaient comme pour un baiser, se contraient comme deux ennemis et  se comprenaient comme deux âmes. Deux miroirs reflétant l’éternité, tu percevais ô combien la suite serait déterminante. Pour lui. Pour toi. Pour tous ceux qui vous entouraient.

Émeraudes contre rubis. Deux précieuses à l’incandescence vorace, à l’impétueuse ambition. Tu ne délaissas ce sourire éternel, observas avec attention les détails de son visage à présent si près. Un souffle traversas la barrière de tes lèvres. Vraiment pas mal. Vraiment, vraiment, pas mal. Le chef ou… l’homme ? Pouvais-tu encore t’appeler homme ? Tu te laissas aberrer par tes pensées, des souvenirs dont la chasteté fut chassé des années durant, où le sang empourprait ton corps comme une seconde peau. S’il n’y avait pas le chef, que restait-il ? Rien. Des mains souillées, vides de tout, que les communs des mortels n’avaient jamais serré. Broyer la mort idiote, abolir les mystères, de ses doigts tu ne pourras pas construire ton propre bonheur mais celui des autres. Car, ton existence elle-même résultait de ce besoin d’un chef infaillible. Un homme… Murmure fugace dans votre conversation, pensif, à l’éclat de quelqu’un qui ne l’avait peut-être jamais été.

Il lui demandait une chose qu’il ne donnait pas. Céder à sa demande revenait-il à bien plus qu’une histoire de politique ? Les faiblesses que tu serais prêt à lui accorder, pourraient un jour se retourner contre toi. Pour la première fois, l’Awataguchi semait les graines du doutes, à présent à toi de les arroser si tel était ton envie. Mais, tout le monde chez les Yamaguchi suivait celui qui prenait des risques. Tout ou rien, tes choix résultaient d’une adrénaline constante. Ton père si lâche aurait dédaigné cette proposition, serait parti avant même ce duel. Tu ne fuyais jamais, tu courrais sur ce fil de rasoir, funambulisme de ton destin sinistre. Ton torse vibra d’un ricanement. Bien, Fuyuki. On ne faisait pas demain en appréciant l’instant. On ne régnait pas sur un clan sans goûter à l’imprudence. Pire, tu connaissais les risques de l’amour mais tu possédais toujours l’amour du risque. Deux auras emplissaient la pièce, ton nom dans sa bouche sonnait différemment depuis votre dernière rencontre. Tu reposas ta tête sur le dessus de tes mains, dans l’intimité de deux entités. L’un en devenir, l’autre qui abaissait ses murailles pour la première fois.

J’abandonne tout pour toi. Un souffle, un pari. Depuis toujours, ton clan te considérait avec supériorité et impétuosité. D’une fierté immortelle, personne ne connaissait ce que tu allais lui confier, lui offrir en gage d’une alliance profonde… Roku, ton âme-soeur, l’avait entraperçut à de nombreuses reprises, mais la distance qu’il avait imposé entre vous te mettait sur ce piédestal solitaire. Redis mon prénom. Susurre-le jusqu’à ce qu’il change de sonorité dans le roulement de ta langue.

Non, il venait de prouver ton irréfutable demande. L’éclat sauvage, indomptable, Takumi l’avait choisi en gain de cause, avec parcimonie et savoir. Fuyuki ne tombait pas, ne chutait pas, il prenait son envole. Et pour la première fois, tu vis un leader qui le devenait. Si différent, si similaire, entre deux promontoires, à toi, à lui. Je te l’accorde, je ne sais guère ce qu’il reste sous le rôle du chef à part ce monstre qu’il dépeignent tous. Je ne doute pas de tes intentions et… Feu dans tes veines, souffle du dragon, serpent rampant dans tes vaisseaux. J’attends de voir la suite de ton destin. Car, si tout cela vaut ce pacte, j’ai autant à perdre que nous avons à gagner. Que cela soit nos rôles, ou nos personnes, c’est un chemin de non-retour que tu souhaites emprunter, Awataguchi.

Mais, tu t’exposais à ce danger. Parce que, peut-être, avant même d’en comprendre la profondeur, tu pariais sur l’avenir de cette relation. En réalité, qui étiez-vous ? De vos préjugés, à vos piques répétitives, bien plus de choses vous lieront. En étais-tu prêt ? Faire un contrat avec le serpent valait autant pour l’impur que pour le sang-pur, même pour ces iris transpirant de remords.

Abandonnons-nous à l’autre.

C’est un aller simple vers les enfers, Fuyuki.

© ASHLING POUR EPICODE


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