apocalypse (reimi)
Reo Ueda
Citation : the very flower you chose that day, its only task was to decay
Age : dix-huit
Rang : A2
Susanoo
Reo Ueda
Il se hisse lentement jusqu’aux marches du temple hautement dressé face à lui. Sans un mot, il tire d’une de ses manches une pièce trouée, 5 yens jetés en obole au dieu vipérin. Il hésite un court instant avant d’enrouler ses doigts autour de la corde, car l’ironie le nargue : pour qui, et pour quoi, prierait-il à présent ? Les cloches sonnent dans l’immensité vide, trouvent leur écho dans le silence, et il ne pense à rien - personne - qui vaille. Il s’incline cependant, deux fois comme le veut la coutume, et ses mains elles aussi se rejoignent par deux fois dans un claquement sourd. Paupières closes, il souffle et l’air se condense en un mince nuage blanc qui s’évapore dans les hauteurs, ainsi que le fait sans doute sa prière. Son échine se courbe une dernière fois, ploie comme le veut la coutume face à la toute puissance d’un être supérieur… Ah ! si supérieur.
Quelques pensées, vicieuses et nuisibles, traversent sa conscience. Ces dernières semaines, et tout particulièrement ces derniers jours, se sont avérés plus tourmentés encore qu’à l’accoutumée. Ces songes portent l’habit carmin de la Mort, et le drapeau noir de son inéluctabilité, puis se tordent et prennent la forme d’un amour éreinté. Au creux de sa poche, un origami est froissé. Il se tourne, pour revenir sur ses pas, et là, en contrebas, il la devine.
Il avance sans presser le pas, une main posée sur le pommeau d’un sabre porté à sa ceinture. La lame siffle contre le fourreau lorsqu’il la tire pour en placer l'extrémité sous le menton de la jeune femme. Reimi, il amorce, le ton égal en dépit de son attitude. Tu as raison, je te hais. Et pourtant, me voilà. Quelle ironie. Un éclat de sarcasme perce entre ses lèvres. Il secoue la tête, puis range la lame à son côté. Il la discerne assez péniblement entre les ombres, mais toutefois juste assez pour reconnaître dans son regard le reflet tremblant du halo lunaire. Dis moi, qu’est-ce qui te hante à ce point que tu ne peux l’écrire, et que, d’entre tous, tu me demandes, à moi, de venir jusqu’ici ?
|
|