Une marée humaine s’offrait à son regard, infranchissable par la densité de ses vagues et la moindre tentative pour y pénétrer demeurait une épreuve à surmonter. Qiu avait accompli une mission, aussi douce avait-elle été de sa panoplie d’instruments et de ses psaumes, la mélodie qui résonnait dans sa tête n’avait pas suffi à calmer cette anxiété sociale. Il refusait de se noyer au milieu de tout ce monde, au-delà de sa taille il se sentait ridiculement petit et inapte à transpercer la foule qui le séparait de quelques raretés. Edo était parfait effervescent, parfois doux comme le fond d’une rivière victime de sécheresse. Quelques clapotis se débattaient à y insuffler la vie et lui, semblable à ces perturbateurs s’impatientait avec lenteur, près à déborder. Puis merde, j’en ai marre ! J’y vais !

De sa gracile silhouette, ses longs cheveux azurin détachés parcourent toute la longueur de son dos à en atteindre ses talons à lacets. Les cordes remontent le long de ses mollets et se terminent en nœud sur le pantalon noir dessinant ses formes par la proximité du tissu. Plutôt qu’une ceinture, c’est un corset qui rappelle ses bottines venant servir de transitions à sa chemise blanche dont le col se prolonge à son tour en nœud. Ses manches dévalent ses bras, plus amples pour lui permettre une liberté de mouvement appréciable et ne délogeant pas de s’installer où il le souhaite par la poigne plus soutenue à la lisière de ses mains. Enfin, c’est un verni sombre, tout en caresse qui est peint sur ses ongles en amande, rendant ses longs doigts fins interminables. Sa démarche est assurée et l’on veut bien le laisser passer s’il feint cette confiance possédée, certes, néanmoins peu usitée dans son cas. Il préfèrera généralement la discrétion par habitude malgré ses choix. Par-ci, par-là se perdent les bijoux, une chaine se courbe d’une bague à une boucle d’oreille tandis qu’à l’autre c’est un pendant qui est accroché. À son cou, légèrement visible par la chemise défaite d’un unique bouton, un ruban maintient les deux pans.

Félicitation, tu es arrivé de l’autre côté, maintenant tu as tout le loisir de siroter une boisson avant de te mettre en quête de nouveaux achats trop couteux pour ton compte en banque ! qu’importait au fond, il n’en avait jamais assez, rare plaisir qu’il voulait bien admettre comme péché mignon et qui ne trompait personne.