Boss, who are you for real ?
c'est super sweet et en même temps, j'ai hâte que ces deux là apprennent à se connaître uwu
07.04.1998
Étonnement, il arrive que le temps se montre clément, suspendu dans un instant de flottement où il est bon de ne penser qu’à soi. En dehors de mon apprentissage et de celui des élèves, nombre de réflexions se dirigent vers ce clan dont je fais officiellement partie. Perdre mon nom m’a grandement affecté. À l’orée des sourires, ce sont des larmes que j’ai versées, accompagnée pourtant des miens, c’était sa main qui m’avait rassurée. Les perles de joie n’étaient qu’à demi vraies, moment fugace où je me suis permis un écart, une faiblesse à manifester une émotion vive et ravaler immédiatement la moindre imperfection.
Aujourd’hui, mon sourire est sincère et ma tendresse particulière à l’égard de cet accueil qui m’avait été réservé. Je quittais les glycines pour les érables aux feuilles écarlates sans trahir ces liens que j’avais tissés depuis l’enfance. Rien ni personne ne pouvait ni n’avait cette volonté de me les enlever. En cela, mes craintes s’étaient étiolées et le confort de sa protection m’avait revivifié. Je n’avais pas changé tant, convoitant toujours le moindre savoir, aiguisé de ma ruse, renarde qui ne se laisse pas facilement amadouer. Lui n’en a pas eu besoin et mes sentiments je les préservais de tous, apparaissant à leurs yeux comme étant imprévisible. Il n’y avait plus de cage, je n’avais désormais plus rien à craindre hormis peut-être cette épée de Damoclès au-dessus de ma tête.
Ainsi, les coups portés à l’entrée de la salle, j’attendis de pouvoir me confronter à celui qui saurait me répondre le plus clairement et sans détour. Chef de clan réputé, discret en dépit des prouesses que l’on voulait bien lui prêter, il n’avait fait preuve d’aucune violence envers sa promise et j’aime à croire que parmi les fragments composant sa personnalité celui qui prédomine n’est autre que ce calme incommensurable offert en permanence. Je me doute qu’il n’est pas insensible, il est important de savoir soustraire à la vue générale ce qui pourrait être menacé. Mais de son cœur je ne connais rien et j’aimerais pouvoir le découvrir pour m’assurer que le monstre n’est qu’une partie dormante. Je n’ai eu cette impression à aucun moment le concernant – si l’on omet les conflits opposant les différentes affiliations – et encore il a su faire preuve d’indulgence.
La pièce change sous mes yeux, sans doute plus agréable pour lui, et je n’ai aucunement à m’en plaindre, appréciant à mon tour le décor. « Monsieur Awataguchi » devais-je m’adresser à lui autrement désormais ? Sans complexe, je me pose la question et poursuis, lui souriant, quelque peu crispée et ce n’était nullement de son fait. « Puis-je vous parler un instant d’un sujet qui me préoccupe ? » Il avait parfaitement le droit de refuser, peu importe la raison, cependant j’avais initié la conversation une fois assurée de ne pas le déranger et je comptais bien trouver des réponses.
7 avril 1998
Des coups le firent sortir de ses songes, continuant la lecture de ses documents, il invitait simplement la personne à entrer sans plus de cérémonie. Il relevait son unique œil vers la jeune fille, la saluant d’un simple hochement de tête. Le chef des Awataguchi était tel un lac où nulle brise ne pouvait déranger le calme apparent. Il ne cédait jamais à quelconque émotion, que ce soit la tristesse, la panique ou bien l’agonie, chacune de ses actions étaient calculées pour l’avenir. Il n’était pas insensible, bien que de nombreuses choses n’évoquaient chez lui qu’un vulgaire haussement de sourcil, il lui arrivait de laisser des bribes de sourire décorer ses lèvres. Parfois, lorsqu’il avait le cœur à la confidence, il était possible de voir une grande solitude dans son regard, une tristesse inavouée, qu’il ne discernait peut-être pas lui-même.
Boss, who are you for real ?
elle lâche des bombes au calme, oops
07.04.1998
Je me fige lorsque mon nom est prononcé. Je ne répondrais à ce nom que dans la confidence des miens et celle des Awataguchi. Il sonne si lointain pourtant que j’en savoure l’écho avant de m’y soustraire. Mes talons claquent et s’épuisent en prenant place. De cette renarde confiante, je n’ai que le pelage. Sous ma peau s’écoule un torrent de feu que je maîtrise assez pour ne jamais l’exposer. S’il m’échappait en revanche, je me saurais incontrôlable. Fort heureusement, je n’ai rien à craindre de mon chef de clan. Il n’est trompeur qu’au profit des siens comme je le suppose pour chaque famille et j’en fais désormais partie.
« Bien, je vous remercie. Je sais que vous saurez m’apporter les réponses dont j’ai besoin sans détour, quand bien même cela me déplairait » peu m’importait l’issue de cette conversation, je pressens que mes devoirs ont aussi été les siens et ne suis dupe que pour ruser à mon tour. « Je porte désormais le nom de mon mari et de votre clan. Je saurais répondre aux attentes de mon clan, cependant il en demeure certaines que je ne suis prête à céder pour deux raisons. »
De ces lignées nobles, je retiens les faveurs et privilèges accordés en dédommagement pour le prix d’une vie de manipulation. Que ce soit pour le bien d’un seul ou celui de tous, ce sacrifice était toujours fait et à la tête de chaque décision il y avait un homme ou une femme pour en assumer le poids.
« Je ne veux pas d’enfant dans l’immédiat, quand bien même il s’agirait d’un devoir j’estime avoir le droit d’y songer et en prendre le temps nécessaire » pareil autorité pourrait être objet de sanction, mais je préfère la recevoir pour avoir été sincère que de réprimer cette frustration. « Par ailleurs, ces responsabilités impliquent Fuyuki et je ne m’opposerais jamais à ses choix » il y avait bien entendu des exceptions, cependant nous nous étions fait une promesse que je comptais tenir et je sais ce que lui coûte les faux semblants.
Cette liberté convoitée, je l’espérais pour nous deux, par extension pour bien plus de personnes dont les liens de sang et de clan sont un fardeau plus qu’un prestige. Je n’étais aux yeux des miens qu’une enfant dont on ignore les envies pour le bien de tous et parce que l’âge confère apparemment sagesse à mieux savoir que le principal concerné ce dont il a besoin. J’attendais, le dos droit, mes yeux fixés sur lui la sentence qui pourrait changer ma vie autant que celle de mon ange.
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