Tendre, la lame taillait précisément les ingrédients, que tu ajoutais avec précaution à ta préparation. Tes cours étaient terminés pour la journée et Eiji, tu pouvais enfin t’offrir un peu de temps pour concocter des potions : comme le bon passionné que tu es. Tu avais encore un peu de temps devant toi pour t’adonner à l’une de tes activités favorites. L’idée de boire une bonne tasse de thé dans le jardin t’avait traversé l’esprit, mais voilà quelques jours que tu avais besoin de te défouler.

En faisant des potions, évidemment.

Alors tu jouais de ton sabre, éminçant les feuilles de prunier que tu avais séchée l’an dernier, avant de déposer celui-ci dans son fourreau, ton poignet essuyant ton front. Ah, tu étais fier de toi, pas besoin de supporter des élèves de mauvaises humeurs qui voulaient mettre à mal tes nerfs, pas besoin non plus d’utiliser les ustensiles traditionnels afin de ne pas effrayer tes élèves.

Il faut dire, tu faisais des potions avec un tantou et un tachi, de quoi sembler étrange aux yeux de n’importe qui.

Ou peut-être fascinant ? Tu n’en savais rien mais tu ressentais sa présence depuis au moins une quinzaine de minutes et tu te demandais s’il allait oser venir ou s’il préférait regarder de loin. Mais, ayant vu rapidement son visage, tu savais par avance que c’était l’un de tes meilleurs élèves qui était devant la porte de ta salle.

« Rentrez voyons, ne restez pas dehors si vous voulez venir, jeune homme. »

Tetsuya Miura, l’un de tes meilleurs élèves, un garçon agréable que tu appréciais avoir en classe tant il semblait aimer les potions : et un élève rigoureux qu’il soit bon ou mauvais est un élève que tu ne peux qu’apprécier. Il n’était pas le plus bavard, mais tu aimais son assiduité et son désir d’apprendre l’art des potions, des élèves intéressés étaient toujours plaisants à avoir en cours : alors tu ne te gênais pas à l’inviter à te rejoindre dans ta salle.

Très vite, il sortait de sa cachette – ou plutôt ne restait plus derrière la porte à t’observer préparer des potions. Tu étais bien heureux de recevoir la visite d’un si bon élève, c’était bien moins épuisant que certains idiots qui venaient parfois t’enquiquiner. Alors qu’il se penchait, te saluant alors, tu offrais un doux sourire au garçon avant de lui faire un signe de tête en signe de salutation.

« Vous ne me dérangez aucunement Miura, vous êtes un bon élève alors je suis heureux de votre visite. »

Oui, Eiji, tu étais sincèrement heureux de ne pas voir une tête à claques ou un énième insolent venir te déranger pour tu ne sais quelle raison.

« Je vois, vous êtes réellement rigoureux dans l’apprentissage des potions, j’en suis terriblement heureux. Malgré votre discrétion je remarque vos efforts. Vos interventions sont toujours très bonnes. »

Alors, tu écoutais ton élève avant de sourire franchement, Tetsuya était réellement un bon élève, du moins, il semblait apprécier énormément l’art que sont les potions.

« Ce serait avec plaisir, surtout que je dois faire quelques potions pour la réserve. »

Tetsuya était un élève exemplaire, ou presque, très calme mais terriblement investi dans ses études. Tu appréciais sa ferveur en cours, son goût d’apprendre et de comprendre, de s’améliorer – du moins en potions. Il s’installe à tes côtés, s’intéressant à ce que tu étais alors en train de faire, il visait juste sur la potion en question, et un sourire se peignait sur ses traits.

« Tout juste, c’est bien de l’essence de dictame. »

Tu te décales un peu, espérant qu’il ait une meilleure vue sur le travail que tu es en train d’effectuer, déposant soigneusement le matériel que tu avais encore dans les mains. Il est vrai que l’infirmerie aurait bien besoin d’un plus grand stock de potions, ces derniers temps les élèves étaient turbulents, un peu énervés, et semblaient rendre visite un peu trop souvent aux infirmiers.

Aux paroles de ton élève, tu laisses échapper un faible ricanement, ce n’était pas si compliquer de savoir les raisons qui te poussait à faire de l’essence de dictame, même si tu pouvais bien en faire d’autres, le stock se faisait plus rare alors il devenait impératif d’en refaire.

« Que savez-vous sur cette potion, Miura ? »